Lettre que le Premier ministre Jean
Chrétien a fait parvenir aux leaders de la communauté juive canadienne.
Le 3 novembre 2000
Ottawa (Ontario)
Vous trouverez, ci-inclus, copie d’une lettre que le Premier ministre Jean
Chrétien a fait parvenir aux leaders de la communauté juive canadienne.
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Service de presse du CPM : (613) 957-5555
J'ai eu récemment l’occasion de m'entretenir avec les leaders de la
communauté juive canadienne, dont vous-même, au sujet de la politique du
Canada concernant la récente flambée de violence en Israël, en Cisjordanie et
dans la bande de Gaza. Cet entretien nous a été bénéfique à tous, je crois,
puisqu'il m'a permis de clarifier la position du gouvernement canadien et que
les leaders ont pu exprimer leur préoccupation vive et naturelle à l'égard de
l'incidence de cette nouvelle effusion de sang sur la sécurité d'Israël.
Je sais que l'objectif primordial du gouvernement canadien et de la
communauté juive canadienne au Moyen-Orient est le même, à savoir assurer une
paix juste, durable et globale. Ces dernières semaines, l'espoir d'atteindre
cet objectif problématique s'est estompé. Lors de notre rencontre, j'ai
compris combien il est frustrant pour vous que les risques sans précédent qu'a
pris le gouvernement israélien et les compromis courageux qu'il a offerts en
vue de la paix n'aient pas été payés de retour. Notre gouvernement comprend
ce sentiment de frustration. Nous regrettons que le vote du Canada sur la
résolution 1322 du Conseil de sécurité des Nations Unies ait ajouté à votre
détresse et à votre frustration.
Pour la plupart des Canadiens, le processus de paix au Moyen-Orient est une
notion abstraite. Nombreux sont ceux qui ne saisissent pas bien les risques que
suppose la voie de la paix ni le prix humain que coûte chaque nouvel échec. La
voie de la paix exige un courage incroyable, une immense patience et une
persévérance infinie. Mais je crois fermement que, en dépit de toutes les
frustrations amères qui lui sont associées, cette voie est la seule que
peuvent prendre les peuples du Moyen-Orient pour assurer le brillant avenir dont
parlait le regretté Yitzhak Rabin lorsqu'il appelait à la cessation
définitive de l'épanchement « de sang et de larmes ». C'est la voie que le
Canada conseille et continuera de conseiller à toutes les parties de suivre.
En ce qui concerne notre vote sur la résolution 1322 du Conseil de
sécurité des Nations Unies, j'ai eu le sentiment au sortir de notre entretien
que les leaders de la communauté juive canadienne comprenaient qu'un seul vote
à l'ONU ne peut pas définir – ni redéfinir – la longue et profonde
amitié qui unit le Canada et Israël. Notre engagement à l'égard d'Israël
date de longtemps et demeurera un pilier de la politique canadienne au
Moyen-Orient. Depuis la résolution 1322, par exemple, le Canada a contesté une
résolution que nous estimions être nettement inéquitable (S-5/1) à la
Commission des droits de l'homme, à Genève. Et nous n'avons pas appuyé une
résolution récente de l'Assemblée générale des Nations Unies (A/ES-10/L.6)
parce qu'elle n'ajoutait rien aux efforts que nous déployons tous pour que la
violence cesse et que les négociations reprennent.
Notre entretien m’a aussi donné l'occasion de faire part aux leaders des
diverses initiatives que j'ai prises à la demande du premier ministre Barak.
Les demandes de celui-ci et mon empressement à y répondre témoignent de
l'amitié qui nous unit personnellement et qui unit aussi le Canada et Israël,
et dont je suis très fier.
Enfin, je vous rappelle, comme je vous l'ai dit lors de notre rencontre, que
ma porte et la porte de notre gouvernement sont toujours ouvertes. La
communauté juive canadienne sera toujours la bienvenue et nous l'encourageons
à nous faire part de ses espoirs et de ses inquiétudes. Notre objectif commun,
tel qu'exprimé lors de notre rencontre, est que le Canada facilite le processus
de paix entre Israël et ses voisins.
C'est pour nous non seulement un devoir, mais encore un honneur.
Je vous prie d'accepter, Monsieur le Président, l'expression de mes
sentiments distingués.