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LETTRE DU PREMIER MINISTRE CHRÉTIEN 
À L'HONORABLE GARY DOER, 
PREMIER MINISTRE DU MANITOBA

Le 4 août 2000
Ottawa (Ontario)

Vous trouverez, ci-inclus, copie d’une lettre que le Premier ministre Chrétien a fait parvenir aujourd’hui à l’honorable Gary Doer, Premier ministre du Manitoba, qui présidera la Conférence annuelle des Premiers ministres la semaine prochaine, à Winnipeg.

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Service de presse du CPM : (613) 957-5555

[Traduction]

Monsieur le Premier ministre,

Il m’a semblé utile de vous communiquer, à vous et à vos collègues participant à la Conférence annuelle des premiers ministres provinciaux la semaine prochaine à Winnipeg, mon point de vue sur quelques-unes des grandes priorités pour les Canadiens. Je suis ravi que vous ayez décidé de mettre l’accent sur la consolidation de notre système de soins de santé. Je sais que vous envisagerez également les modalités d’une collaboration sur d’autres aspects, afin de répondre aux besoins des Canadiens, de les aider à se préparer à la nouvelle économie du savoir qui caractérisera le XXIsiècle, et de renforcer et renouveler les politiques et les programmes de façon à en assurer la pertinence, l’efficacité et la viabilité.

Vous vous réunissez au moment où s’ouvrent de vastes perspectives grâce aux efforts déployés ces dernières années pour assainir notre situation financière et jeter les bases d’un progrès économique et social soutenu. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont eu à faire des choix difficiles pour bien gérer leurs finances. Les décisions qui ont été prises ont certes créé des difficultés ou imposé des sacrifices aux Canadiens. Faute de ressources, il nous a fallu reporter d’importants investissements.

À l’heure où nous offrons des réductions d’impôt et procédons à de nouveaux investissements dans l’intérêt des Canadiens, nous ne devons pas compromettre les progrès accomplis sur le plan financier ni les réformes structurelles que nous avons réalisées. Nous savons maintenant qu’il nous faut choisir nos priorités avec soin et que l’argent n’est pas nécessairement une solution à tous les problèmes. À cette fin, tous les gouvernements conviennent de l’importance de faire avancer les priorités communes que sont la santé, les enfants et l’infrastructure, et je crois que nous pouvons faire des progrès tangibles dans chacun de ces domaines si nous continuons de travailler ensemble et de bien cibler nos efforts.

Cette année, le système de santé du Canada est le principal sujet à l’ordre du jour de la Conférence des premiers ministres, et à juste titre. Notre système de soins de santé nous a bien servis et il a donné au Canada un avantage concurrentiel. Face à l’évolution sociale, économique et technologique, il nous faut collaborer à renforcer et à renouveler notre système de santé pour répondre aux besoins des générations actuelles et à venir. Nos enjeux sont très élevés car nous devons veiller à ce que le système respecte les cinq principes de l’assurance-maladie et assure à tous les Canadiens un accès opportun à des services de qualité qui soient en même temps viables.

Les ministres de la santé du pays ont travaillé d’arrache-pied pour planifier le renouveau de notre système de santé national. Il y a deux semaines, ils se sont réunis à Ottawa. J’ai reçu le rapport de cette réunion, où l’on indiquait que des réformes considérables étaient déjà entamées dans diverses administrations et que les ministres de la santé étaient déterminés à travailler de concert pour généraliser et accélérer ce renouveau.

Les ministres ont trouvé plusieurs terrains d’entente : réforme des soins primaires; bassin et répartition des infirmiers, infirmières, médecins et autres fournisseurs de soins; produits pharmaceutiques; infrastructures et équipements médicaux; technologies de l’information et des communications; promotion de la santé et mieux-être; indicateurs de rendement.

Les ministres de la santé ont décidé de rédiger, le plus rapidement possible, un texte contenant les éléments d’une entente en santé qui pourrait être ratifiée par les premiers ministres lorsque nous nous réunirons le mois prochain — sous réserve d’une entente sur le financement.

Mon collègue Allan Rock, le ministre de la santé, a maintenant fait circuler un document où il a tenté de refléter le consensus de ses homologues et d’esquisser les grandes lignes d’un système de santé repensé : vision, principes, priorités, plan d’action, mécanismes de financement et d’imputabilité. Je crois que si les premiers ministres acceptent de collaborer à un tel projet de renouvellement, les Canadiens ne peuvent qu’être gagnants.

Nous admettons tous que notre système de santé a besoin d’un investissement considérable. Cependant, un tel investissement ne répondra aux besoins des Canadiens — aujourd’hui et demain — que s’il s’appuie sur une vision et un plan communs et que si nous nous engageons collectivement à rendre compte aux Canadiens des résultats ainsi obtenus. Si les premiers ministres s’entendent sur ce plan, l’investissement fédéral au titre de la santé pourra être sensiblement accru, en grande partie grâce à la bonification du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS).

Il ne fait aucun doute que tous les Canadiens tiennent énormément à leur système de santé, mais ce n’est pas la seule priorité. En tant que premiers ministres, nous savons qu’il est impossible de canaliser tous nos nouveaux investissements vers un seul secteur. Le TCSPS couvre l’éducation postsecondaire, les services sociaux ainsi que les soins de santé. Si le financement du TCSPS est accru de façon significative, nous, premiers ministres, avons également l’obligation de mieux faire dans chacun de ces secteurs. De fait, dans la nouvelle économie du savoir, il importe que les Canadiens aient accès non seulement à un système de santé public de qualité, mais aussi qu’ils puissent faire des études postsecondaires de qualité sans devoir s’endetter indûment; il faut aussi que tous les enfants puissent partir du bon pied dans la vie. C’est tout cela qui fait l’avantage concurrentiel du Canada.

Pour sa part, le gouvernement du Canada a ajouté des milliards de dollars à ses investissements dans l’infrastructure de recherche, le soutien aux études postsecondaires et la Prestation nationale pour enfants.

En plus de vouloir renouveler le régime de santé, les gouvernements ont convenu de travailler ensemble au bien-être de nos enfants, ce qui les amènera à investir et à planifier pour aider toutes les familles canadiennes à élever des enfants en bonne santé, aptes à apprendre et à s’épanouir plus tard dans la vie. C’est pourquoi, ensemble, nous avons créé la Prestation nationale pour enfants, première étape du Programme d’action national pour les enfants. Pour assurer l’épanouissement de ces derniers, il nous faut instaurer un système intégré de développement de la petite enfance qui fournira à toutes les familles du Canada l’information, le soutien et les services dont elles ont besoin pour offrir un maximum de chances à leurs enfants. À cette fin, j’espère que nous pourrons adopter à notre réunion de septembre un cadre commun pour le développement de la petite enfance, y compris des indicateurs adéquats qui nous permettront de suivre nos progrès afin de mieux cibler nos investissements communs.

Ces dernières années, tous les gouvernements ont dû reporter des investissements à l’égard d’infrastructures qui étaient pourtant essentielles à la santé, au mieux-être et à la prospérité économique des Canadiens. L’économie du XXIe siècle exige en effet une infrastructure moderne. Nos fonctionnaires discutent depuis un bon moment déjà des modalités d’un nouveau programme à coûts partagés (fédéral-provincial-territorial-municipal) pour les travaux d’infrastructure, et je m’attends à ce que nous puissions signer de nouvelles ententes dès septembre.

Je fais parvenir copie de la présente lettre à tous les premiers ministres et chefs de gouvernement, à titre d’information.

En vous souhaitant une conférence annuelle qui soit couronnée de succès, je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de mes sentiments distingués.

 

(ORIGINAL SIGNÉ PAR LE

TRÈS HONORABLE JEAN CHRÉTIEN)


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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants