Démission du chef d'état-major de la Défense nationale
Le 8 octobre 1996
Ottawa (Ontario)
Le Premier ministre Jean Chrétien a annoncé aujourd'hui
qu'il a accédé à la demande du général
Jean Boyle de le relever de ses fonctions de Chef d'état-major
de la Défense.
Ci-joint, copie des lettres qu'ont échangées le
Premier ministre et le général Boyle.
Service de presse du CPM : (613) 957-5555
le 8 octobre 1996
Le très honorable Jean Chrétien, C.P., C.R.
Premier ministre du Canada
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A5
Monsieur le Premier ministre,
J'ai conclu avec beaucoup de regret que je ne puis plus continuer
de servir en tant que Chef d'état-major de la Défense.
Ce fut une décision très difficile à prendre.
Mais, après mûre réflexion, j'ai conclu qu'il
fallait donner au nouveau ministre de la Défense nationale,
M. Douglas Young, toute la latitude nécessaire pour gérer
efficacement son portefeuille. M. Collenette parti, je crois que
je deviendrais de plus en plus le sujet de controverse, que j'empêcherais
M. Young d'assumer pleinement son rôle et ses responsabilités,
et que je ne pourrais concentrer toute mon attention sur les questions
importantes à régler au sein des Forces canadiennes.
Les hommes et les femmes des Forces canadiennes, qui poursuivent
leur travail exceptionnel au Canada et à l'étranger
et dont le professionalisme et l'intégrité n'ont
jamais été contestés, méritent un
leadership libre de ce genre de controverse publique. Je n'ai
d'autre choix que de vous demander de me relever de mes fonctions.
Depuis ma nomination, j'ai servi au meilleur de mes compétences
et je me suis acquitté loyalement de toutes mes responsabilités.
Je n'ai rien à me reprocher durant toute cette période,
mais je reste troublé par les conclusions sans fondement
qu'ont tiré certains critiques au sujet de mon rendement.
J'aimerais vous remercier de m'avoir permis de servir le Canada
à titre de Chef d'état-major de la Défense,
ainsi que de m'avoir toujours soutenu, vous, M. Collenette et
le gouvernement du Canada, dans des circonstances très
difficiles.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier ministre, mes
salutations distinguées.
Le général J.E.J. Boyle
le 8 octobre 1996
Général Joseph Edouard Jean Boyle, CMM, CD
Chef d'état-major de la Défense
Quartier général de la Défense nationale
101, promenade Colonel By
Ottawa (Ontario)
K1A 0K2
Mon Général,
C'est avec grand regret que j'en suis arrivé à partager
votre conclusion et que je dois vous relever de vos fonctions
de Chef d'état-major de la Défense. Vous avez servi,
bien au-delà de votre simple devoir, une institution fière
dans des moments difficiles.
Je sais à quel point vous êtes dévoué
aux Forces canadiennes et combien vous vous êtes consacré
à leur transmettre un sens profond de leur mission. Au
cours de votre longue carrière vous avez servi le Canada
avec distinction, à l'étranger comme au pays. Lors
d'affectations opérationnelles, lors de votre service en
Europe, au commandement du Collège Militaire Royal et dans
des postes de haute responsabilité à la Défense
nationale, vous avez donné de vous même généreusement
et sans réserve dans l'esprit des valeurs les plus élevées
du service public.
Je vous suis reconnaissant d'avoir accepté d'être
Chef d'état-major de la Défense. Vous avez servi
avec courage, dignité et intégrité dans des
moments difficiles pour vous comme pour les Forces canadiennes.
Vous vous êtes non seulement attaqué au passé,
mais avez insisté pour affronter fermement l'avenir. Vous
avez assumé vos responsabilités sans broncher, malgré
les sacrifices que cela vous a imposé, à vous et
à votre famille.
C'est donc en rendant hommage à votre service distingué
pour le Canada, et en vous exprimant mes meilleurs souhaits pour
votre avenir, que j'accepte votre démision.
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