L'IMMIGRATION ET LE MULTICULTURALISME AU
CANADA
Présenté par Jean Chrétien au Sommet de Londres sur la gouvernance
progressiste
Le 12 juillet 2003
Londres (Royaume-Uni)
La diversité culturelle, ethnique et linguistique du Canada a toujours
caractérisé notre tissu national. Les pionniers anglais et français, les
Autochtones et les générations successives d'immigrants venus d'Asie, d'Europe,
d'Afrique, d'Amérique latine et d'ailleurs ont créé la mosaïque de
populations qui, par son dynamisme, a bâti le Canada. Il y a trente ans, nous
sommes devenus le premier pays du monde à adopter une politique nationale de
multiculturalisme. Au cours des trois dernières décennies, notre réalité
multiculturelle a trouvé son expression dans notre Constitution et dans un
éventail de lois, de règlements et de pratiques. Nous disposons maintenant
d'un cadre législatif qui permet aux divers groupes de notre population de
travailler et de vivre ensemble dans un climat de respect et de tolérance.
Le multiculturalisme et nos politiques en matière d'immigration visent à
créer un sentiment d'allégeance et de responsabilité envers le Canada, mais
sans exiger pour cela le rejet d'autres identités et d'autres appartenances. En
fait, notre but est justement de valoriser la riche floraison de nos traditions
et de nos racines culturelles. Et c'est cet idéal qui a rendu de plus en plus
commode l'intégration des nouveaux arrivants dans la société canadienne. Pour
cela, bien sûr, nous avons dû tirer les leçons de nos propres défis et de
nos propres luttes.
Mais heureusement, nous étions guidés par quelques grands principes : le
respect et la tolérance mutuels, la civilité et le règlement pacifique des
différends, ainsi que le recours au dialogue interculturel. Les Canadiens sont
fiers de leur société multiculturelle, chérissent les principes qui la
sous-tendent et apprécient les bienfaits qu'elle leur procure.
En outre, notre diversité apparaît de plus en plus comme un atout, chez
nous comme dans le monde entier. Notre croissance démographique a ralenti. Par
conséquent, l'essor de l'économie axée sur le savoir et les services accroît
l'importance d'attirer de l'étranger des personnes qualifiées, créatives et
résolues. Or, notre diversité et notre désir d'accueillir les nouveaux venus
contribuent à faire du Canada un pôle d'attraction pour de nouveaux talents et
de nouveaux investissements. Autrement dit, nos politiques en matière
d'immigration et de multiculturalisme renforcent notre capacité de contribuer
efficacement aux activités des institutions internationales et au règlement
des grands problèmes mondiaux.
Depuis qu'il existe, le Canada a toujours été une société hétérogène.
À l'arrivée des Européens, le territoire était déjà occupé par plus de
cinquante nations autochtones qui parlaient plus de trente langues différentes.
Et leurs ancêtres habitaient ces contrées depuis plus de dix mille ans. Ce
sont les pionniers français et anglais qui ont posé les fondements juridiques
de notre dualité linguistique.
Nos régions de l'Ouest ont d'abord été peuplées par des colons venus de
l'Europe de l'Est. D'autres immigrants sont ensuite venus de Chine, d'Italie, de
Grèce, de l'Inde, des Antilles et d'autres régions du monde pour se bâtir une
nouvelle vie et fonder chez nous des communautés florissantes. Et ils
continuent de contribuer à façonner notre pays.
La politique multiculturelle du Canada reflète cette histoire d'une
diversité de peuples et de cultures qui, depuis le début, ont trouvé le moyen
de vivre ensemble en faisant preuve de tolérance et de respect mutuels. À la
différence d'un grand nombre de démocraties modernes venues au jour avec une
tradition, une culture ou une religion propre qui constitue une sorte de ciment
social, le Canada a bâti son identité sur sa diversité, son ouverture sur le
monde et sur ses principes.
Les architectes de l'État-nation canadien avaient bien compris cette
réalité. Georges-Étienne Cartier, l'un des Pères de la Confédération,
faisait remarquer : " Nous aspirons à une nationalité politique
indépendante de l'origine nationale ou de la religion de quiconque. "
Notre identité est fermement enracinée dans les principes du nationalisme
civique. C'est un espace négocié qui repose sur des valeurs essentielles. Fait
unique, c'est grâce à cet espace que nous avons réussi à nous définir en
tant que Canadiens, et que notre diversité est devenue une composante naturelle
de la société canadienne.
L'une des principales conséquences de l'extrême diversité régionale,
culturelle et linguistique du Canada est le fait que les Canadiens n'ont jamais
pu considérer leur citoyenneté comme une chose acquise. Les Canadiens ont
toujours été obligés de réfléchir au dialogue interculturel et d'accommoder
une diversité de points de vue. Résultat : nous avons bâti des institutions
et des politiques pragmatiques dont le but était de rapprocher des avis souvent
opposés.
L'un des buts essentiels du multiculturalisme est de créer une capacité de
dialoguer et de s'exprimer entre membres de communautés diverses. Nous avons
voulu créer les conditions requises pour exploiter nos possibilités et pour
participer pleinement à la vie de la société canadienne. Ces buts sont
inscrits dans notre Charte canadienne des droits et libertés, notre Loi
sur les langues officielles et notre Loi sur le multiculturalisme
canadien.
Notre longue expérience à composer avec nos divisions culturelles,
linguistiques, religieuses et régionales a créé un ensemble commun de valeurs
et de principes qui régissent nos échanges et déterminent notre citoyenneté.
La courtoisie, le respect mutuel et la capacité de régler pacifiquement la
plupart de nos conflits sont les fruits d'un long dialogue et de négociations
ardues entre les Autochtones, les pionniers français et anglais, et les
générations de nouveaux arrivants qui les ont suivis. Rien de tout cela ne
suggère que la tâche a toujours été facile. Au contraire, des leçons
difficiles ont marqué notre histoire.
Nous avons eu des crises qui ont divisé le pays, notamment la conscription
au cours des deux guerres mondiales, et plus tard la menace de séparation du
Québec. Nous avons appris à trouver des solutions par la voie de la
discussion. Et chaque fois que notre engagement envers le maintien de notre
diversité a été mis à l'épreuve, la société canadienne en est sortie
grandie. Les divergences autrefois incompatibles avec nos normes traditionnelles
font maintenant partie intégrante de notre nouvelle réalité interculturelle.
Par exemple, l'un de nos symboles les plus chers, la Gendarmerie royale du
Canada, a évolué au point d'admettre dans ses rangs un gendarme coiffé d'un
turban et portant la dague d'apparat des Sikh.
Nous connaissons depuis longtemps la contribution essentielle de notre
politique multiculturelle à l'édifice social et culturel de la société
canadienne. Mais nous avons également découvert que la combinaison de nos
politiques en matière d'immigration et de multiculturalisme a procuré des
avantages concurrentiels à une société de plus en plus mondialisée.
Le recensement de 2001 dénombre plus de 200 origines ethniques et plus de
100 langues maternelles. En fait, 47 % de la population font état d'origines
ethniques autres que britannique, française ou canadienne, et 36 % des
Canadiens citent plus d'une origine ethnique. Vers 2016, les minorités visibles
devraient former plus d'un cinquième de la population canadienne. Aujourd'hui,
nos 31 millions d'habitants constituent une mosaïque culturelle, ethnique et
linguistique unique au monde.
Cette diversité s'accompagne de liens étroits avec un nombre impressionnant
de pays et de cultures, d'où l'importance de nos liens économiques, sociaux et
culturels avec pratiquement toutes les régions du monde. Le Canada est un pays
de plus en plus intéressant et de plus en plus passionnant. Nous bénéficions
aussi d'un vaste bassin de compétences et d'innovation. En outre, nos deux
langues internationales et le monde entier résumé dans nos frontières
représentent un avantage essentiel dans la conquête des marchés
internationaux. Mais il y a aussi d'autres avantages.
Le Canada, comme bien d'autres pays industrialisés, fait face à une
décroissance démographique. Notre population active augmentera beaucoup plus
lentement que par le passé, et la main-d'oeuvre disponible ne répondra plus
aux besoins de notre économie. Vers 2011, c'est l'immigration qui déterminera
la croissance en chiffres nets de toute la population active du Canada,
et la croissance démographique totale d'ici 2031. Le Conference Board du Canada
prévoit une pénurie de main-d'oeuvre évaluée à près d'un million de
travailleurs d'ici 20 ans si des mesures décisives ne sont pas prises pour
augmenter le nombre d'immigrants qualifiés. Cela nous mettra en concurrence
avec d'autres pays dont la situation est semblable à la nôtre.
À ce propos, nous croyons que nos politiques en matière d'immigration et de
multiculturalisme, des politiques solidement enracinées, offriront au Canada un
avantage concurrentiel. Notre Loi sur l'immigration et la protection des
réfugiés sert de fondement à un système d'immigration renouvelé. Cette
loi reflète une volonté d'équilibre entre le souci de faciliter la sélection
des immigrants, y compris les travailleurs qualifiés du monde entier, et le
besoin d'assurer la santé, la sécurité et la protection de tous les Canadiens.
En outre, notre politique de multiculturalisme s'harmonise avec les buts de
cette Loi. Celle-ci nous offre une image inédite de l'immigration, celle
d'un projet d'intégration immédiate. Contrairement à un grand nombre de
nations européennes, nous n'avons pas adopté la notion de * statut provisoire
+. Nous considérons les personnes qui réclament un statut comme de futurs
citoyens, prêts à contribuer au mieux-être de notre société. Dès le
début, nous investissons également dans le capital humain de nos nouveaux
arrivants grâce à des programmes d'installation qui comportent des cours de
formation linguistique et de perfectionnement professionnel.
Nous avons cherché à devenir plus habiles dans notre façon d'attirer et de
retenir des immigrants qualifiés. Nos efforts ciblés ont donné des résultats
positifs. Sur au moins 226 000 immigrants et réfugiés accueillis au Canada en
2000, environ 60 % faisaient partie de la catégorie économique. Dans la même
catégorie, la proportion était de 50 % pour l'Australie et de 12 % pour les
États-Unis.
Un universitaire américain, Richard Florida, affirme que la créativité est
l'un des indicateurs les plus probants de la réussite économique dans le cadre
de notre nouvelle économie mondiale. Il soutient aussi que les villes-régions
sont les mieux placées pour attirer et retenir ce type de talent. Il souligne,
cependant, que le talent créateur n'est pas attiré par n'importe quel type de
ville-région. Du fait de leurs compétences, ces membres très recherchés de
la population active sont extrêmement mobiles. Dans le choix de leur lieu de
résidence, le caractère social de la collectivité environnante a autant
d'importance que leur activité professionnelle. Le respect de la diversité, la
richesse culturelle, le dialogue interculturel, l'esprit d'ouverture - telles
sont les qualités recherchées par les talents créateurs. Les personnes dont
les capacités sont appréciées ou qui trouvent, pour leur énergie créatrice,
des débouchés, des ouvertures et des perspectives dans une collectivité
donnée choisiront celle-ci pour s'y installer et pour y vivre.
Nous assistons actuellement à une profonde mutation économique. Autrefois,
on choisissait d'aller vivre là où les possibilités d'emploi étaient bonnes.
Aujourd'hui, on va travailler là où il semble qu'il fait bon vivre. Florida
fait la constatation suivante : les villes-régions qui combinent une grande
qualité de vie avec le respect de la diversité et l'aptitude à s'y accommoder
sont probablement celles qui réussiront le mieux à attirer les talents
nécessaires pour alimenter la croissance de la nouvelle économie.
Les recherches viennent confirmer ce que les Canadiens pressentent depuis un
certain temps. La diversité n'est pas seulement utile pour enrichir notre
bien-être social et culturel; elle crée aussi un avantage concurrentiel. Les
économies nationales les plus prometteuses sont celles qui sauront reconnaître
et exploiter des politiques économiques, sociales et culturelles équilibrées.
La conception canadienne du multiculturalisme a ainsi acquis plus d'importance
en devenant une politique qu'il faut non seulement maintenir, mais également
renforcer.
Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli au cours des trente
dernières années, mais nous reconnaissons que nos politiques en matière
d'immigration et de multiculturalisme sont en constante évolution, et que de
nouveaux défis nous attendent. Nous ne nous contentons pas des succès passés,
car une société vraiment pluraliste ne peut se permettre de relâcher ses
efforts.
Nos immigrants de fraîche date ont un niveau de scolarité supérieur, en
moyenne, à celui de la population née au Canada. En 2000, 58 % des immigrants
d'âge actif avaient, en arrivant, un diplôme d'études postsecondaires, contre
43 % pour la population canadienne existante. Cependant, les immigrants pourvus
d'un diplôme universitaire doivent parfois attendre dix ans pour gagner autant
que leurs homologues canadiens. Par ailleurs, en 1996, il y avait un écart de
presque 20 points de pourcentage entre le taux d'emploi des travailleurs
canadiens ayant une formation universitaire et les immigrants de même niveau.
Il est évident que l'intégration au marché du travail présente des lacunes
qui entraînent la sous-utilisation des capacités de certains immigrants.
Étant donné la demande croissante en faveur de personnes hautement qualifiées,
nous reconnaissons que nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller un seul
de ces talents. Et nous avons déjà pris des mesures supplémentaires pour
assurer l'aide nécessaire et la reconnaissance des titres. Nous ne pouvons pas
nous permettre de faire moins.
L'une de nos plus grandes tâches consiste à bâtir un système efficace et
complet d'évaluation et de reconnaissance des titres étrangers. Les services
d'évaluation sont en voie d'être élargis dans nos provinces. Le gouvernement
fédéral, les provinces et les territoires, les organismes de réglementation
et les employeurs collaborent plus étroitement en vue d'améliorer la
reconnaissance des titres étrangers avant et après l'arrivée des immigrants.
Le Canada continuera résolument de travailler en ce sens au cours de la
période qui s'annonce.
L'évolution de l'immigration et de l'urbanisation sollicite également notre
politique en matière de multiculturalisme. Par-delà nos institutions
judiciaires, notre démocratie repose sur les attitudes des citoyens, sur leur
désir de participer à la vie politique et sur leur capacité de travailler
ensemble. À mesure que le Canada et d'autres démocraties modernes deviennent
plus diversifiées et que les populations se concentrent dans certaines
collectivités, la promotion de la citoyenneté responsable devient de plus en
plus importante.
La responsabilité citoyenne exige l'instauration d'un climat constructif et
d'une attitude favorable au discours public. Le droit de discuter librement et
ouvertement dans un contexte marqué par la diversité exige des citoyens leur
engagement réciproque dans un climat de respect mutuel. Nous devons trouver un
bon équilibre entre notre respect de la diversité et notre besoin d'une
citoyenneté commune. Ainsi devons-nous veiller, dans nos nouvelles politiques,
à encourager et à renforcer la compréhension entre nos diverses communautés,
et à promouvoir les droits et les responsabilités d'une citoyenneté partagée.
La nouvelle Loi sur la citoyenneté que nous proposons mettra l'accent
sur les responsabilités liées au fait d'être Canadien et sur l'engagement à
l'égard du Canada.
Notre expérience canadienne de la diversité nous a aidés à faire entendre
une voix distincte sur la scène internationale. Les Canadiens ont ainsi
découvert que le dialogue, l'accommodement réciproque et la coopération par-delà
les différences sont également nécessaires dans le reste du monde. Dans le
caucus libéral, vingt-cinq députés ne sont pas nés au Canada. Dans un pays
où nous avons fait de la diversité un atout, nous croyons pouvoir aider les
pays ou les communautés qui sont en butte à des divergences historiques
lorsqu'ils cherchent à bâtir des États stables et démocratiques. Aussi
sommes-nous fiers d'avoir pu aider les Africains du Sud à élaborer leur
nouvelle constitution fédérale après la fin de l'apartheid. Nous sommes
également heureux d'avoir aidé la Chine dans la révision de son code pénal.
Le Canada a aidé à fonder les Nations Unies, dont il est depuis longtemps
l'un des principaux soutiens. Nous l'avons fait à cause de notre désir de
bâtir un monde plus sûr dans le cadre d'un système international basé sur la
primauté du droit. Nous savons que le multilatéralisme est dans l'intérêt de
tous. Notre expérience nationale chèrement acquise et le respect bien ancré
de certains principes - règlement pacifique des différends, respect mutuel et
dialogue interculturel - éclairent notre participation aux forums
multilatéraux. Nous croyons que ces valeurs sont essentielles à la création
d'un monde plus sûr, plus paisible et plus prospère.
Les principaux enjeux de notre époque sont les maladies infectieuses,
l'environnement, la criminalité internationale et le terrorisme. Ces questions
sont trop vastes pour que même les pays les plus puissants en viennent à bout
seuls. Par exemple, nos interventions collectives contre le terrorisme doivent
également comporter des interventions collectives contre les ferments du
terrorisme. Or, ces interventions ne sont possibles qu'en ralliant des moyens et
des efforts multilatéraux pour favoriser le dialogue et le respect
interculturels.
Le 11 septembre a mis à rude épreuve nos dialogues interconfessionnels et
interculturels, au Canada comme ailleurs. C'est une situation inquiétante. En
tant que Canadiens, si nous voulons faire davantage pour partager nos
expériences constructives avec le monde entier, nous devons apprendre à
repérer les faiblesses de nos propres structures. Tandis que les tensions
s'aggravent à l'étranger, nous travaillons à faire en sorte qu'elles ne
s'aggravent pas chez nous. La responsabilité citoyenne exige de tous les
Canadiens l'engagement de demeurer vigilants face au moindre signe
d'intolérance dans nos propres communautés.
Les efforts déployés au Canada pour faciliter la participation de
communautés diverses à tous les aspects de la vie de la société canadienne,
promouvoir le dialogue interculturel, la civilité et le respect mutuels, et
renforcer le sentiment d'appartenance ont contribué à faire en sorte que le
Canada devienne une société pacifique, prospère et démocratique. L'identité
canadienne s'est toujours définie par ses différences, et les différences
suscitent des défis; mais elles sont également une formidable source de
puissance économique et sociale. Nos politiques en matière d'immigration et de
multiculturalisme sont le résultat direct de nos luttes et de notre engagement
historiques les uns envers les autres. Ce sont ces politiques qui ont forgé la
solidarité sociale dont témoignent les Canadiens. La diversité, le respect et
la tolérance ont également façonné un climat propice à la créativité et
à la croissance. Nous croyons que notre engagement et nos politiques axés sur
la diversité sont des tâches de longue haleine qui exigent une vigilance et
une réflexion permanentes. Mais notre expérience nous enseigne que les
résultats en valent la peine.
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