DISCOURS DU PREMIER MINISTRE JEAN CHRÉTIEN
À L'OCCASION DU DÎNER DU PREMIER MINISTRE DE CALGARY
Calgary (Alberta)
Le 9 mai 2003
Je dois remercier ceux qui ont préparé cette merveilleuse vidéo. Elle
éveille de nombreux souvenirs. Mais je ne suis pas venu vous parler du passé.
Je suis venu vous parler des mesures que nous prenons pour préparer l'avenir
– du programme d'action ambitieux et dynamique que nous avons exposé dans le
discours du Trône de septembre dernier et que nous mettons maintenant en
oeuvre.
Nous nous sommes engagés dans le discours du Trône à mettre en oeuvre un
nouveau plan d'action pour les villes et un programme d'infrastructures
stratégiques. Cet après-midi, le Premier ministre Klein et moi avons annoncé
les contributions de nos gouvernements respectifs à la construction de voies de
contournement autour des villes de Calgary et Edmonton.
Ce projet améliorera la circulation et réduira la congestion dans les deux
centres-villes. Elle rendra les rues plus sûres et l'air plus pur. Il constitue
un exemple de partenariat entre gouvernements.
Le Canada peut envisager l'avenir avec beaucoup de confiance. J'ai toujours
dit que l'unité du pays est la priorité absolue du gouvernement, quel qu'il
soit. Or, le pays est aujourd'hui plus uni que jamais. Il n'y a plus de
gouvernement séparatiste au Québec. Jean Charest est un fier Québécois et un
fier Canadien.
Comme le Premier ministre Klein ou ses autres homologues, il voudra
promouvoir et défendre les intérêts de sa province.
Le Premier ministre du Canada, quel qu'il soit, et le Premier ministre du
Québec ou de l'Alberta ou de toute autre province ne s'entendront peut-être
pas toujours sur tout. Il en a toujours été ainsi. Et il en sera toujours
ainsi. Mais il est beaucoup plus facile de travailler ensemble quand les
gouvernements fédéral et provincial partagent le même engagement envers le
Canada. Les intérêts de nos concitoyens n'en sont que mieux servis.
Je tiens à souligner que quand nous ne sommes pas d'accord sur quelque
chose, cela ne nous rend pas moins Canadiens pour autant. Les points de vue des
différentes provinces de l'Ouest ne concordent pas toujours. Toutes les
questions ne font d'ailleurs pas l'unanimité à l'intérieur de l'Alberta
elle-même.
Je sais qu'il peut y avoir des désaccords à l'occasion entre le
gouvernement de l'Alberta et le gouvernement fédéral. Il y en aura toujours.
Mais il ne faut pas exagérer ces divergences. Ni mettre en cause l'unité
nationale ou parler d'aliénation.
À force de voir des manifestations d'aliénation dans tous les désaccords
relatifs à des politiques, nous risquons de faire naître ce sentiment. Au
lieu, il faudrait travailler de manière constructive à résoudre des
problèmes et à tirer parti des nouvelles possibilités.
Le fait est que l'unité est forte, et l'économie l'est aussi. Elle affiche
une croissance plus rapide que toute autre économie du G-8. Nous enregistrons
un taux record de création d'emplois ces dernières années.
Notre budget a été équilibré six années de suite. Et il le restera aussi
longtemps que nous pouvons le prévoir. Notre dette continue de fondre. De plus,
nous bénéficions des réductions d'impôt des budgets de 2000 et 2003.
Ici en Alberta, le dernier budget fédéral a mis en place un régime fiscal
que l'industrie pétrolière et gazière appuyait fortement. Ce régime l'aidera
à poursuivre sa croissance et son expansion et à constituer un moteur pour
l'économie nationale.
L'économie canadienne et la situation financière du pays sont enviés dans
les pays industrialisés du monde entier.
Il suffit de comparer la situation financière du gouvernement fédéral et
les déficits à Washington. Ou les budgets équilibrés dans toutes nos
provinces et la crise financière dans tous les États américains.
Grâce à cet état de choses, nous pouvons bâtir l'avenir que les Canadiens
souhaitent – et qu'ils méritent. C'était là le but de notre dernier budget.
Avec une économie prospère et des surplus, nous avons les moyens de faire
des choix. Et nous en avons fait. Nous avons choisi d'améliorer nos programmes
sociaux. Le budget de cette année était le budget le plus socialement
dynamique depuis notre arrivée au pouvoir en 1993. Il a grandement enrichi la
Prestation nationale pour enfants, et il prévoyait pour la première fois des
investissements fédéraux considérables dans les services de garde.
Les éléments de base sont maintenant en place pour assurer des chances
équitables à tous les enfants. Dans l'avenir, il faudra majorer de nouveau la
Prestation nationale pour enfants et investir davantage dans les services de
garde en vue d'atteindre l'objectif que nous visons depuis longtemps – celui
d'assurer l'égalité des chances au Canada et des possibilités toujours plus
grandes pour tous.
Je suis d'ailleurs convaincu que l'objectif d'assurer un bon départ dans la
vie aux enfants des familles à faible revenu doit être une priorité des
futurs gouvernements libéraux, et qu'il le sera. Tout comme notre gouvernement
en a fait une priorité.
Préparer le Canada pour l'avenir signifie mettre l'accent sur la santé.
L'Accord sur la santé de février cette année avait pour objectif principal
d'assurer l'accès à des services de haute qualité. Nous avons écouté les
Canadiens.
Nous avons entrepris de donner suite au rapport de la Commission Romanow. Les
Canadiens voulaient que nous préservions l'assurance-maladie. Ils voulaient
réduire les listes d'attente pour les soins médicaux. Ils voulaient un plan
d'action qui modernise pleinement l'assurance-maladie pour le 21e siècle, d'une
manière durable, innovatrice et imputable.
Le gouvernement fédéral et les provinces se sont entendus sur un plan
d'action pour atteindre ces objectifs prévoyant de nouveaux investissements
fédéraux de 34,8 milliards de dollars dans la santé au cours des cinq
prochaines années.
Ces investissements sont destinés aux soins à domicile, aux soins primaires
et aux médicaments abordables, de même qu'aux appareils diagnostiques et aux
outils informatiques qui sont essentiels pour assurer un accès rapide à des
services de haute qualité – c'est-à-dire pour réduire les listes d'attente,
ainsi qu'un engagement envers l'imputabilité et les rapports aux citoyens.
La mise en oeuvre de l'Accord sur la santé devra être une priorité pour le
gouvernement fédéral et les provinces au cours des années à venir.
Préparer l'avenir du Canada signifie mettre l'accent sur l'éducation. Viser
l'importation de cerveaux, par opposition à la fuite des cerveaux.
Nous avons choisi de créer les 2000 chaires de recherche du Canada,
d'investir davantage dans les conseils subventionnaires, de mettre sur pied les
Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation canadienne pour
l'innovation.
Je pourrais continuer ainsi. Nous avons choisi de veiller à ce que les
universités canadiennes figurent parmi les plus dynamiques au monde. Avec les
meilleurs professeurs, les meilleurs étudiants et les meilleures installations.
Nous voulons faire en sorte que le Canada soit à l'avant-garde du monde en
matière d'innovation, de recherche, de science et d'apprentissage. Et que tous
les jeunes Canadiens et Canadiennes aient accès à l'excellence et puissent
aspirer à l'excellence.
Permettez-moi de souligner un aspect du dernier budget qu'il convient aussi
de mettre en valeur. Il s'agit de la création de 2000 nouvelles Bourses
d'études supérieures du Canada au niveau du doctorat et de 2000 nouvelles
Bourses d'études supérieures du Canada au niveau de la maîtrise. Ces bourses
sont conçues pour garder les plus brillants étudiants canadiens dans les
universités canadiennes. Ce volet de notre programme d'action représente la
meilleure façon qui soit de préparer l'avenir.
Pendant ce temps, toutefois, le reste du monde continue d'avancer pour ce qui
est de favoriser l'économie du savoir et d'investir dans la puissance
intellectuelle des jeunes. Nous avons construit un programme fantastique, et
nous devons continuer à bâtir sur cette fondation au cours des prochaines
années. Il faut que les futurs gouvernements en fassent une priorité. Les
Canadiens ne méritent rien de moins.
Préparer l'avenir du Canada exige que nous portions une attention
particulière à l'environnement. Nous sommes profondément attachés à notre
patrimoine naturel et à la qualité de notre environnement.
Dans l'intérêt de nos enfants et des générations futures, nous nous
devons de mettre tout en oeuvre pour assurer que l'eau et l'air soient propres
et sécuritaires, pour préserver nos aires sauvages et pour relever les défis
du changement climatique.
Le développement durable n'est pas un slogan d'un jour. C'est la voie
canadienne. C'est trouver des solutions mondiales à des défis d'ordre
planétaire. Nous travaillons conjointement avec les États-Unis pour assurer la
qualité de l'air et de l'eau. Nous sommes également en train de parachever
notre réseau de parcs nationaux. Nous assumons également notre rôle comme
citoyen du monde. La ratification du Protocole de Kyoto a été un des moments
forts de la session parlementaire. Nous prenons rapidement des mesures
concrètes pour mettre en oeuvre notre plan d'action sur le changement
climatique, dont le financement a été prévu dans le dernier budget.
Je suis venu en Alberta plusieurs fois depuis que j'ai annoncé l'intention
du gouvernement de ratifier Kyoto. J'ai rencontré les représentants de
l'industrie pétrolière et gazière. La première rencontre n'a pas été des
plus faciles, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais nous avons travaillé
ensemble. Et nous avons démontré qu'avec un peu de bonne foi, nous pouvions
régler les problèmes. Je suis d'ailleurs ravi de voir tous les nouveaux
investissements annoncés dans les sables bitumineux.
En parlant de pétrole et de gaz, le projet de transporter le gaz de
l'Arctique vers le sud à partir du delta du MacKenzie se concrétise. Une
demande devrait être déposée bientôt. Le gouvernement fera le nécessaire
pour assurer l'efficacité et l'efficience du processus réglementaire. Nous
voulons que le gaz de l'Arctique soit acheminé rapidement.
Ensuite, nous voulons voir un second pipeline traverser le Yukon pour
transporter le gaz américain vers le sud.
Préparer l'avenir signifie promouvoir la confiance dans le processus
politique. Nous avons déposé un ensemble de mesures sur l'éthique devant le
Parlement. Nous nous attendons à ce qu'il devienne loi d'ici le congé d'été.
Aucun autre projet de loi actuellement à l'étude par la Chambre des
communes n'est plus important que la réforme du financement des partis
politiques. La transparence. Le plafonnement des contributions individuelles aux
partis politiques. L'interdiction applicable à toute contribution de la part de
sociétés, à part une petite exception de 1000 $ par année dans les
circonscriptions. L'augmentation du financement public des partis politiques.
Je tiens à remercier toutes les sociétés qui ont contribué au fil des ans
aux partis politiques. Elles ont rendu service au système politique. Cependant,
les temps changent, et à vrai dire, les perceptions du public changent. Le
temps de la réforme est venu. Mais cela ne se veut pas un reproche envers ceux
d'entre vous qui ont appuyé les divers partis.
Ce projet de loi représente l'une des réformes démocratiques les plus
marquantes depuis très, très longtemps. Elle constitue un engagement
fondamental du gouvernement. Il s'agit d'une question de confiance dans le
gouvernement à la Chambre des communes. Il sera adopté sous peu.
Je sais que la réforme du financement des partis est controversée. Mais
nous n'avons pas peur de nous attaquer à des questions controversées. C'est la
bonne décision.
Nous déposerons bientôt un projet de loi sur la décriminalisation de la
possession de petites quantités de marijuana, par exemple, pour éviter que les
jeunes ne traînent un casier judiciaire toute leur vie.
On parle beaucoup ces jours-ci du rôle du Canada dans le monde. Notre
gouvernement a été actif à cet égard. Ainsi, il a fait adopter un traité
international sur les mines terrestres. Il a contribué à l'établissement
d'une cour pénale internationale dont le juge en chef est un Canadien. Il a
préconisé l'Initiative pour l'Afrique. Il a participé à la guerre contre le
terrorisme.
Le Canada s'est acquis une place unique dans le monde, une place démesurée
par rapport à sa population, au poids de notre économie ou à la taille de
notre appareil militaire.
Nous avons acquis cette place grâce à un engagement inébranlable envers
les valeurs de la démocratie, les droits de la personne et le règlement
pacifique des conflits. Nous aidons le plus nos amis lorsque nous sommes
fidèles à ce rôle et aux valeurs qui le sous-tendent. Nous avons intérêt à
continuer de renforcer les institutions multilatérales, que ce soit pour
combattre le changement climatique ou les crimes de guerre ou pour prendre des
décisions liées à la guerre.
Nous allons travailler avec nos amis et alliés, et en particulier avec les
États-Unis, à l'aide humanitaire dans le cadre de la reconstruction de l'Iraq.
Nous allons continuer d'agir en leader dans la guerre contre le terrorisme.
Et nous allons continuer de jouer notre rôle dans le monde à la manière
canadienne. Au cours de l'été, nous allons envoyer des troupes en Afghanistan.
Rien n'illustre mieux ce rôle que notre engagement envers le partenariat de
pays africains qui ont besoin d'une aide internationale pour combattre le sida
et d'autres maladies et qui sont prêts à mettre en place une gouvernance
démocratique à titre de fondement du développement économique.
C'est la raison pour laquelle nous sommes en bonne voie de remplir notre
engagement de doubler notre aide internationale d'ici l'année 2010.
Mes amis, nous avons encore des tâches considérables à mener à bien avant
ma retraite. Nous avons un programme d'action dynamique à exécuter. Un
programme dont les libéraux sont fiers. Un programme auquel croient les
Canadiens. Et un programme qui laisse le Canada fort, rempli d'énergie et
confiant dans l'avenir.
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