Le 13 février 2001
Beijing (Chine)
Nous voici à notre point de départ, à Beijing, où nous avons mené la
toute première mission d’Équipe Canada en 1994.Depuis ce temps, nous avons
parcouru des milliers de kilomètres. Et nous avons conclu une foule d’ententes.
Vous verrez de nouveaux visages parmi nous, mais le principe de base sur lequel
repose le succès de la formule Équipe Canada reste inchangé : quand les
Canadiens travaillent en équipe sur le marché mondial, ils gagnent à coup
sûr.
Équipe Canada est la preuve que de grandes choses peuvent résulter d’idées
simples en apparence. Nous avons formé un partenariat extraordinaire. Un
partenariat qui transcende les différences régionales, linguistiques et
partisanes. Et qui unit les forces de gouvernements novateurs et des meilleures
entreprises canadiennes afin de créer des débouchés à l’étranger et des
emplois chez nous.
Ce n’est pas un hasard si la Chine a été choisie comme première
destination d’Équipe Canada. Les relations entre nos pays sont profondément
ancrées dans l’histoire. Il y a quarante ans, le Canada s’est élevé
contre la mentalité de la guerre froide et a fourni du blé pour satisfaire les
besoins de la population chinoise pendant une période très difficile.
L’automne dernier, les Canadiens ont pleuré la disparition de l’homme
qui, le premier en Occident, a mis fin à l’isolement que la Chine a connu
pendant la guerre froide : Pierre Elliott Trudeau. Et nous venons de
célébrer le trentième anniversaire de l’une de ses plus grandes
réalisations. À cet égard, je suis très heureux de souligner la présence
parmi nous ce soir d’un grand Canadien – l’honorable Mitchell Sharp –
qui, à titre de ministre des Affaires extérieures, a été le maître d’oeuvre
des efforts de M. Trudeau en vue de l’établissement des relations
diplomatiques entre nos deux pays en 1970.
Mes amis, le Canada et la Chine ont souvent fait oeuvre de pionnier ensemble.
Mais le passé n’est qu’un prologue. Je suis venu vous parler de l’avenir
et des façons dont nos pays peuvent continuer d’innover ensemble au XXI
siècle.
Il ne se passe pas une journée, semble-t-il, sans que nous entendions parler
d’une nouvelle percée technologique qui amplifie le champ de nos
connaissances, accélère la cadence du changement social et économique et
élargit les horizons des entreprises et des nations.
Monsieur le Premier ministre, Équipe Canada est au coeur de la stratégie
canadienne face à la mondialisation.
Tout comme les efforts déployés par nos gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux pour faire du Canada un des pays les plus propices
aux investissements et aux affaires. Ainsi, nous avons équilibré les budgets,
réduit la dette publique et diminué les impôts, et nos taux d’intérêt
sont faibles. En fait, notre économie est en très bonne position pour
traverser une période de ralentissement à court terme de la croissance aux
États-Unis.
Les sociétés canadiennes ont également su s’adapter à la vitesse des
changements. En adoptant les technologies de pointe et en offrant des produits
et des services novateurs. Et nous avons transporté ces savoir-faire en Chine.
Le savoir-faire canadien – nos avions de transport régional, nos
automobiles, nos trains et nos conteneurs – sert au transport des voyageurs et
des marchandises dans toutes les régions de Chine. Aux yeux des Chinois, le mot
« Canada » symbolise une technologie à la fine pointe qui permet d’obtenir
des résultats efficaces et durables dans les secteurs de l’énergie, des
mines, de la foresterie et de la construction, des systèmes environnementaux,
de l’agriculture et de la génétique animale.
J’ai eu le plaisir de visiter tout près d’ici le site d’un projet
canadien de haute technologie. Un projet qui illustre parfaitement l’ingéniosité
dont nous faisons preuve ensemble. Il s’agit d’une entreprise conjointe qui
assure l’expédition quotidienne de laitues fraîches de première qualité
aux épiceries de Beijing.
C’est le genre de vision et de dynamisme dont une foule d’entreprises
canadiennes ont déjà fait preuve en Chine. Et ce n’est qu’un petit aperçu
du potentiel énorme qui attend les sociétés canadiennes qui arrivent ici, non
seulement avec des produits et des services exceptionnels, mais aussi avec la
détermination d’établir des relations de confiance et de bonne entente
mutuellement avantageuses.
C’est le genre d’expérience réussie qu’Équipe Canada est bien
déterminée à renouveler.
D’ailleurs, nous avons assisté aujourd’hui à la signature de plus de
cent cinquante nouveaux accords qui conduiront à la mise sur pied de nombreuses
autres entreprises conjointes par des partenaires canadiens et chinois.
Monsieur le Premier ministre, notre visite nous a également permis de
constater par nous-mêmes l’immense envergure de la grande stratégie de
développement de l’Ouest de la Chine et les défis imposants qu’elle
présente. Le Canada sait combien il faut de volonté pour veiller au partage de
la prospérité et des chances à l’échelle d’un vaste territoire. Il est
extraordinaire de penser que la Chine tente de maîtriser en l’espace de
quelques décennies des défis que nous avons mis beaucoup plus longtemps à
surmonter.
Je suis persuadé que bon nombre des solutions que vous cherchez pour
atteindre vos objectifs de développement ambitieux pourraient provenir des
membres d’Équipe Canada.
Monsieur le Premier ministre, depuis que la Chine a manifesté pour la
première fois son intention d’adhérer au GATT, le Canada a été solide dans
son appui à la préparation de cette étape historique dans l’ouverture de la
Chine sur le monde.
L’accession à l’Organisation mondiale du commerce aidera la Chine à
parachever ses structures juridiques, améliorant ainsi ses règles commerciales
et leur application. À mon sens, cela s’inscrit dans un programme beaucoup
plus vaste axé sur le développement de l’État de droit, de sorte que les
citoyens et les entreprises puissent tabler sur un traitement juste et
équitable devant les tribunaux. Selon moi, la réalisation de tels progrès
touche au coeur du dialogue et des échanges que nous entretenons au sujet de l’importance
des droits individuels et de la libre expression des idées.
J’ai parlé de cette question plus tôt aujourd’hui au Collège national
de la magistrature. Et j’en parlerai de nouveau plus tard cette semaine
lorsque je prendrai la parole devant des étudiants à Shanghai.
Monsieur le Premier ministre, la perspective de l’accession de la Chine à
l’OMC nous réjouit. Mais notre appui ne s’arrêtera pas là. Si cela vous
paraît utile, nous continuerons à fournir des conseils et du soutien dans l’avenir.
Le Canada et la Chine comprennent aussi l’importance d’une population
très instruite et innovatrice pour le succès dans la nouvelle économie. La
Chine a pris l’engagement audacieux d’augmenter de beaucoup la participation
aux études supérieures, et de mettre ses écoles et ses universités à l’heure
de l’Internet et de la technologie de pointe.
À ce chapitre aussi, les Canadiens vous offriront volontiers leur soutien.
Nous sommes à l’avant-garde du monde en matière d’enseignement à
distance. Nos universités et collèges ont noué des liens étroits. De
nombreux autres liens dans le domaine de l’éducation ont été rendus
officiels aujourd’hui.
Nos entreprises aussi contribuent à bâtir des ponts dans ce domaine. Nous
avons parmi nous ce soir un groupe d’étudiants de l’Université Qinghua de
Beijing qui se sont vu décerner des bourses par la compagnie Nortel.
Monsieur le Premier ministre, en tant que dirigeants, nous comprenons
également qu’un air pur, une eau salubre et un environnement sain sont le
plus précieux héritage que nous puissions léguer à nos enfants. Pour cette
raison, nos gouvernements se sont engagés depuis longtemps à collaborer
étroitement et de façon concrète dans le domaine environnemental. Et j’ai
pleine confiance que le savoir-faire et la technologie du Canada pourront
continuer à aider la Chine à assurer un développement durable pour l’avenir.
Monsieur le Premier ministre, à l’ère des communications instantanées et
du village planétaire, il est clair que non seulement nos pays et nos
entreprises, mais aussi nos citoyens, peuvent travailler en partenariat mieux
que jamais. Un des appareils personnels de communication sans fil qui fait
actuellement fureur sur le marché nord-américain est un produit canadien, le
« Blackberry ». Mais peu de gens savent qu’il est le fruit du
travail réalisé par un étudiant diplômé de Chine à l’Université de
Waterloo au Canada.
À Calgary, des ingénieurs canadiens ont mis au point le système qui s’impose
dans l’industrie pour l’affichage des caractères chinois sur les
téléphones cellulaires et les ordinateurs. Et des chercheurs canadiens et
chinois travaillent en collaboration en temps réel, par la voie de l’Internet,
à Beijing et Ottawa sur des innovations technologiques inconcevables il y a
quelques années encore.
Monsieur le Premier ministre, je suis sûr que, comme moi, la cadence des
changements de nos jours vous laisse parfois perplexe. En fait, rien n’illustre
le rythme des changements dans la nouvelle économie mieux que la présence au
sein d’Équipe Canada du président d’une entreprise de conception de site
Web âgé que de 13 ans!
Mais malgré toute la complexité moderne et malgré toutes nos technologies
sophistiquées, je trouve réconfortant de savoir que de grandes choses peuvent
encore résulter d’idées toutes simples.
Des idées comme Équipe Canada. Il en est ainsi de l’amitié entre le
Canada et la Chine. Une amitié qui démontre que l’ouverture vaut mieux que l’isolement.
Que le respect et le dialogue sont plus puissants que les propos enflammés et l’affrontement.
Que la franchise n’empêche pas d’être de bons partenaires.
Nous partageons une histoire bien remplie. Mais ce n’est qu’un prologue.
Le meilleur reste à venir.
- 30 -