Notes pour une allocution à l'occasion d'un dîner de gens d'affaires Canada-Égypte
Le 12 avril 2000
Le Caire
Un nouveau siècle vient de commencer. Nous entrons dans un nouveau
millénaire. Et les regards du monde sont tournés vers les peuples du Moyen-Orient
– des peuples façonnés par la sagesse et par les conflits millénaires –
qui s’apprêtent à ouvrir une ère nouvelle.
Une ère de paix. De salaam.
Tout comme les Égyptiens, les Canadiens se réjouissent de la perspective de
voir s’instaurer la paix. Nous ne sous-estimons pas pour autant les obstacles
qui barrent encore la route. Nous ne doutons pas non plus qu’il faudra
beaucoup de sagesse et de courage de la part de tous avant de goûter les
bienfaits d’une paix juste, durable et globale. Le leadership de l’Égypte,
et du Président Moubarak, restera essentiel à l’atteinte de l’objectif que
nous souhaitons tous.
Si j’ai entrepris cette tournée du Moyen-Orient – la plus vaste jamais
effectuée par un premier ministre canadien – c’est pour réaffirmer notre
engagement immuable envers le processus de paix. Cependant, je viens aussi
parler de ce qui doit venir après un accord de paix. Une fois les cérémonies
de signature terminées. Une fois les diplomates et CNN repartis.
Il sera alors temps de montrer à la population de la région les bénéfices
de son investissement dans la paix. De favoriser la prospérité. De faire acte
de confiance et de réconciliation.
Quand l’Égypte se porte bien, dit-on, le Moyen-Orient aussi. Une longue
tradition de leadership régional et une économie qui se redresse feront de l’Égypte
le pivot de la réconciliation et de la prospérité à long terme dans l’ensemble
du Moyen-Orient.
Mesdames et Messieurs, le Canada se tient prêt, en bon partenaire, à aider
l’Égypte à réaliser son plein potentiel. Nos deux pays entretiennent depuis
longtemps des relations chaleureuses et cordiales. Par conséquent, la
perspective de la paix donne un nouveau dynamisme à notre partenariat. Un
dynamisme que symbolise bien la construction de la nouvelle ambassade du Canada
ici au Caire.
Le programme de réformes économiques amorcé par le Président Moubarak
joue un rôle catalyseur à cet égard. La déréglementation et la
privatisation ont ranimé les traditions commerciales et l’esprit d’entreprise
de l’Égypte. Le sens des affaires des marchands de l’Égypte est reconnu
depuis l’Antiquité; aujourd’hui, ils se préparent clairement à conquérir
les marchés mondiaux.
Je félicite le Président d’avoir eu la prévoyance d’amorcer ces
réformes. Les Canadiens savent par expérience que de tels changements ne se
font pas toujours facilement ni en douceur. Mais nous savons aussi que les
récompenses en valent la peine. Quand nous avons formé le gouvernement en
1993, nous étions aussi aux prises avec de graves difficultés économiques.
Grâce à l’appui et à la discipline des Canadiens, nous les avons surmontés.
En l’espace de sept ans, nous sommes passés de la pire récession depuis
les années 1930 à la plus longue période d’expansion économique depuis les
années 1960. Le Canada mérite de nouveau sa réputation mondiale de milieu
très propice aux affaires.
De même, les milieux d’affaires canadiens ont pris bonne note de l’effort
de réforme en cours chez vous. Et ils envisagent avec un nouvel enthousiasme la
perspective de faire des affaires en Égypte. Des entreprises canadiennes sont
aujourd’hui implantées en Égypte d’Alexandrie au désert méridional de
Ouwaynat Est.
Le commerce entre nos deux pays est clairement en hausse. Les exportations
canadiennes vers l’Égypte ont progressé de près de 60 p. 100
depuis 1994. Pendant la même période, la valeur des exportations égyptiennes
au Canada a plus que doublé. Non seulement le commerce entre nous s’intensifie,
mais il se diversifie aussi pour englober les technologies de pointe en plus des
marchandises traditionnelles, soit le papier journal, le bois d’oeuvre et les
produits alimentaires.
Par exemple, une compagnie canadienne a fourni le logiciel qui permettra aux
bourses du Caire et d’Alexandrie d’informatiser les opérations boursières.
Une autre a installé les premières tours mobiles de communication et de
contrôle de la circulation aérienne en Égypte.
Au cours de la dernière année seulement, plus d’une douzaine d’entreprises
canadiennes ont ouvert des bureaux régionaux ici. Dans la gestion hôtelière.
Dans l’industrie du pétrole et du gaz. En ingénierie. Une de nos entreprises
fournira de l’eau potable à des centaines de milliers d’Égyptiens à l’extérieur
du Caire pendant plusieurs années.
D’ailleurs, un certain nombre d’entreprises canadiennes sont ici aujourd’hui.
Elles sont venues promouvoir des partenariats et des alliances stratégiques qui
seront avantageux pour nos deux économies.
Nos gouvernements doivent continuer de mettre en place un cadre qui encourage
le commerce et l’investissement. En 1996, par exemple, nous avons conclu avec
l’Égypte un accord sur l'encouragement et la protection des investissements.
De plus, le Canada cherche à établir un partenariat plus étroit avec l’Égypte
dans le domaine de l’environnement. À cette fin, un nouvel accord de
coopération dans le domaine des technologies environnementales a été signé
pendant ma visite. Cet accord permettra d’entreprendre des projets
environnementaux cofinancés dans les domaines de l’énergie propre, du
changement climatique et de la gestion des déchets.
Le Canada salue aussi les efforts déployés par l’Égypte en vue de
favoriser l’entrepreneurship au sein de sa population. Ici encore, nous
échangeons nos idées et nos expériences. J’ai accueilli avec plaisir ce
matin la signature d’un accord visant à encourager l’expansion des petites
et moyennes entreprises.
L’entrepreneurship mobilise les ressources humaines. Or, les ressources
humaines de l’Égypte sont sa plus grande richesse. Vous accordez de plus en
plus d’importance à l’éducation, et le Canada peut apporter une
contribution très utile à cet égard. Nous sommes très fiers du fait que
trois de vos ministres sont diplômés de l’Université McGill. D’autre
part, les collèges et universités canadiennes collaborent avec les écoles
égyptiennes et avec le ministère de l’Éducation en vue d’offrir des
possibilités d’apprentissage plus nombreuses à un plus grand nombre d’Égyptiens.
Il ne fait pas de doute que notre relation commerciale se développe. Mais
nous devons intensifier nos efforts. Par conséquent, j’ai le plaisir d’annoncer
que notre ministre du Commerce international conduira une délégation
commerciale en Égypte cet automne. Et j’invite votre ministre du Commerce à
en faire autant au Canada.
Mesdames et Messieurs, le Moyen-Orient a besoin d’une Égypte forte et
prospère. Et l’Égypte a besoin d’un Moyen-Orient où les fruits de la
prospérité sont partagés. Or, la clé est le commerce.
À l’heure actuelle toutefois, le commerce parmi les pays du Moyen-Orient
ne compte que pour 7 p. 100 du volume des échanges internationaux des
pays de la région. Il y aurait clairement moyen de faire mieux. Les défis sont
certes considérables, mais les retombées le seraient aussi. L’accroissement
du commerce permet non seulement de renforcer les économies et de créer des
emplois, mais aussi de réduire l’isolement. C’est là une des plus grandes
leçons que le XX
siècle nous a apprises.
L’Égypte en est clairement consciente. Elle a d’ailleurs déjà fait
preuve de leadership en offrant d’accueillir le prochain Sommet économique
Moyen-Orient Afrique du Nord. Dans le cadre de ce processus, des chefs d’entreprise
de la région et d’ailleurs, y compris du Canada, convergeront sur Le Caire
afin d’y poser les fondements d’une nouvelle prospérité dans toute la
région. Le Canada applaudit les efforts déployés par l’Égypte en vue d’intégrer
de nouveau cette question à l’ordre du jour régional.
Le Canada voit un grand potentiel économique en Égypte et au Moyen-Orient,
et des possibilités très attirantes. Pour que la paix s’installe durablement,
il faudra qu’elle s’accompagne d’une nouvelle prospérité. Et il ne
pourra y avoir de nouvelle prospérité sans une stabilité et une paix
durables.
Le Canada se tient prêt à soutenir l’Égypte dans ces efforts. Nous ne
sommes jamais restés indifférents devant les problèmes qui affligent le Moyen-Orient.
L’Égypte se souviendra que notre contribution au maintien de la paix dans
la région remonte à la création de la Force d’urgence des Nations Unies en
1956 – une initiative pour laquelle mon ami et mentor Lester Pearson s’est
vu décerner le prix Nobel. Depuis cette époque, la présence des casques bleus
canadiens dans la région a été ininterrompue. Le Canada est prêt à les
garder dans la région tant qu’il y aura du travail utile à faire.
Les sages conseils et le soutien de l’Égypte nous ont été précieux dans
notre rôle de président du Groupe de travail sur les réfugiés. Cette
tradition de collaboration dans la région s’étend aujourd’hui au monde
entier. En effet, nous oeuvrons ensemble au sein de l’Organisation mondiale du
commerce et en mission de paix en Afrique centrale et ailleurs.
Mesdames et Messieurs, au seuil d’un nouveau siècle, le Canada et l’Égypte
peuvent contempler fièrement le bilan de nos efforts communs en faveur de la
paix et de la prospérité au Moyen-Orient dans le cadre d’un partenariat qui
a su résister au temps.
Pendant que nous poursuivons notre progression vers la paix, nous pouvons
aussi profiter des occasions que nous avons de porter notre relation à un
niveau supérieur. D’ouvrir le chantier d’une prospérité sans précédent.
En Égypte et au-delà de ses frontières.
Tous les rêves sont permis, à condition que le Moyen-Orient rassemble le
courage et la vision nécessaires pour franchir la distance qui le sépare
encore de la paix. Le meilleur reste à venir!
- 30 -