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Discours du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion d’un dîner du Comité Canada-Israël

Le 6 mars 2002
Ottawa (Ontario)

Monsieur le Président, bienvenue au Canada. Votre visite nous honore. Vous avez rejoint l’illustre compagnie des premiers ministres et des présidents israéliens que le Canada a accueillis à bras ouverts. De David Ben Gourion à Chaïm Herzog en passant par Yitzhak Rabin, dont l’héritage personnel de courage et de sacrifice continue de nous inspirer.

Comme ces piliers d’Israël, avant d’accéder à la présidence, vous vous êtes distingué au service de la collectivité. Vous vous distinguez aussi de tous vos prédécesseurs par vos racines en Iran et par votre connaissance de la langue persane.

Ces faits témoignent de la diversité dynamique qui caractérise la société israélienne de nos jours.

Monsieur le Président, votre présence chez nous en ces heures sombres pour Israël illustre bien la fraternité durable entre le Canada et Israël. Une fraternité enrichie par des liens indéfectibles : ceux tissés par la parenté, par des valeurs de liberté et de démocratie partagées et par la défense de causes communes. Une fraternité qu’enrichit aussi l’existence au Canada d’une communauté juive dynamique au coeur de l’identité et de l’expérience canadiennes.

Cependant, c’est aussi une fraternité fondée sur le respect qui nous permet de discuter ouvertement de nos divergences, avec l’assurance que procure notre confiance mutuelle. À cet égard, je tiens à féliciter le Comité Canada-Israël du leadership avec lequel il a su communiquer aux Canadiens les défis qui se posent à Israël.

Monsieur le Président, on dit que l’amitié est un horizon qui s’élargit à mesure que nous nous en approchons. À mon avis, ces mots rendent parfaitement bien l’essence de l’amitié entre le Canada et Israël. Une amitié toujours plus forte, vieille de plus de 50 ans.

Nous étions à vos côtés quand le peuple juif a réalisé le rêve de mille générations : la renaissance d’une patrie juive. Depuis plus de cinq décennies, le droit d’Israël de vivre à l’intérieur de frontières sûres, en paix avec ses voisins, est resté l’élément central de la politique et de l’action canadiennes au Moyen-Orient.

Depuis les efforts qui ont valu le prix Nobel à Lester B. Pearson, l’engagement du Canada envers le maintien et la consolidation de la paix ne s’est jamais démenti.

Les soldats canadiens participent à des opérations de maintien de la paix dans le Sinaï et sur le plateau du Golan depuis plus de 25 ans et ils y resteront tant qu’il y aura un besoin. En tant que président du Groupe de travail sur les réfugiés, nous jouons un rôle de leaders dans la recherche d’une solution au problème des réfugiés palestiniens.

Le Canada et Israël ont partagé et goûté la vitalité de nos deux cultures. Les Canadiens se délectent de la richesse de la musique, du théâtre, de la littérature et de l’art israéliens. Nous lisons avec avidité les oeuvres de vos plus grands auteurs. Tout comme Mordecai Richler et Margaret Atwood sont très populaires en Israël. Les Canadiens vont voir les nouvelles pièces israéliennes et assistent à de nombreuses expositions israéliennes dans nos musées. De plus, l’orchestre de notre Centre national des arts, sous la direction de Pinchas Zukerman, a mené une mission particulièrement agréable de diplomatie culturelle au Moyen-Orient.

Nous sommes enchantés du vif intérêt que les Israéliens manifestent envers le Canada et qu’illustre le grand succès du programme d’études canadiennes à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Le Canada et Israël sont devenus de solides partenaires dans le domaine de l’innovation. Dans le cadre de la Fondation pour la recherche et le développement industriels Canada-Israël, nous avons établi des partenariats mutuellement avantageux dans le secteur de la santé et ailleurs.

Nous sommes également devenus des partenaires dans la prospérité. Les Canadiens ont activement favorisé le développement de l’économie diversifiée d’Israël au moyen de coentreprises, d’investissements et d’échanges commerciaux. Mais nos relations commerciales ont atteint un nouveau plateau avec la signature de l’Accord de libre-échange Canada-Israël en 1997. Il s’agit du premier accord de ce genre que le Canada ait conclu à l’extérieur de l’hémisphère occidental. Je suis très heureux de souligner que cinq ans plus tard, nos échanges bilatéraux sont sur le point de franchir la barre du milliard pour la première fois. C’est une augmentation de 100 p. 100 depuis la conclusion de l’Accord.

Le Canada s’est tenu coude à coude avec Israël dans la lutte pour défendre les droits des Juifs partout dans le monde. Nous nous sommes attachés à promouvoir la pleine participation d’Israël à l’ONU. Durant le triste spectacle de Durban l’an passé, nous avons défendu avec acharnement l’équité envers Israël. Et nous allons continuer de nous opposer à toute tentative pour miner la légitimité d’Israël au sein de l’ONU ou de tout autre forum international.

Mesdames et Messieurs, le Canada s’est réjoui des triomphes d’Israël. Nous avons partagé l’espoir incroyable qui a accompagné la visite d’Anouar Sadate à Jérusalem. Avec le monde entier, nous avons été encouragés au cours de la dernière décennie de voir se profiler une paix juste et durable.

Mais trop souvent depuis, nous avons compati à la douleur d’Israël quand la lueur de paix s’est estompée et que la terreur a été déchaînée contre son peuple. Nous continuons d’exprimer l’horreur et l’indignation que nous inspire le bilan de plus en plus lourd en vies innocentes. Trop d’Israéliens et trop de Palestiniens meurent. Trop de familles souffrent.

Rien dans notre expérience ne peut se comparer à la peur qui est le lot quotidien des Israéliens, à toutes les heures du jour. Pour eux, permettre à leurs enfants de se rendre dans une pizzeria ou une discothèque ou simplement d’aller jouer dans le parc peut être une question de vie ou de mort.

Permettez-moi de réaffirmer ce soir que rien ne saurait justifier des actes de terreur contre d’innocents civils.

Le Canada condamne sans équivoque le recours à la violence à des fins politiques par tout État ou groupe.

De plus, nous avons appelé Yasser Arafat, à titre de chef de l’Autorité palestinienne, à s’acquitter de ses responsabilités et à sévir fermement contre les groupes extrémistes qui continuent de trouver refuge dans les territoires placés sous son autorité.

Dans les circonstances éprouvantes des derniers mois, le Canada comprend combien il est difficile pour les Israéliens d’entendre les appels à la patience et à la retenue. Il n’est pas facile de parler de paix dans le deuil et au lendemain de nouveaux attentats-suicides. Cependant, mes amis, il faut continuer de parler de paix, car la paix est la seule issue possible.

Et pour citer Moshe Dayan : « Si vous voulez faire la paix, ce n’est pas à vos amis qu’il faut parler. Il faut parler à vos ennemis. » Et ils doivent avoir l’espoir et l’assurance qu’en rejetant les fausses promesses de la violence, ils offriront un meilleur avenir à leurs enfants.

Quand j’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères Pérès à New York il y a seulement quelques semaines, je l’ai félicité pour les efforts inlassables qu’il consacre à la recherche de solutions à ce conflit – des solutions qui apporteront la sécurité et la dignité à tous les peuples de la région.

Monsieur le Président, vous avez déclaré qu’il était essentiel de réfléchir de manière créatrice pour mettre un terme à la violence. Vous avez voulu vous rendre à Ramallah pour tendre la main en un geste de paix à vos voisins palestiniens. Vous avez exprimé votre ouverture à l’égard d’une proposition de l’Arabie saoudite. Je vous en félicite, car il est essentiel de donner une chance réelle à tous les espoirs de paix.

Ce sont des gestes courageux qui méritent d’être soulignés ce soir.

L’esprit qui vous a animé traduit le désir le plus profond d’Israël – celui de connaître la promesse de la paix. En tant qu’ami d’Israël, je vous donne ma parole ce soir que le Canada continuera de poursuivre cette promesse, par tous les moyens, jusqu’à ce qu’elle se matérialise enfin.

Seules les négociations peuvent conduire à une solution durable qui apporte la dignité et la sécurité à tous. Autant aux Israéliens qu’aux Palestiniens. Mais soyons clairs, en ce qui concerne le Canada, il ne saurait y avoir de paix juste ou durable sans que la pleine sécurité d’Israël ne soit garantie.

Comme je l’ai dit au début, Monsieur le Président, l’amitié entre le Canada et Israël est un horizon qui s’élargit à notre approche. L’espoir et le chagrin que nous avons partagés n’ont fait que resserrer les liens entre nous.

Le Canada est persuadé de la volonté d’Israël. Convaincu de votre aspiration à une paix juste. Et inspiré par le courage de votre peuple.

Puisse notre amitié continuer de se fortifier toujours!

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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants