Déclaration du Premier Ministre Jean
Chrétien
Le 21 août 2002
Chicoutimi (Québec)
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes tous dans la vie publique pour une raison unique : celle de
servir notre pays et d’en faire un meilleur endroit pour y vivre.
Notre responsabilité à tous et chacun est de se concentrer sur notre
programme de gouvernement, de mettre en oeuvre les engagements que nous avons
pris auprès des Canadiens et Canadiennes.
Bref, de gouverner.
Cet été nous ne nous sommes pas concentrés sur notre tâche de gouverner.
Nous ne faisons pas notre travail. Les Canadiens et Canadiennes n’aiment pas
ça.
Les libéraux n’aiment pas ça. Aucun d’entre nous dans cette pièce n’est
à l’aise. Je ne le suis certainement pas.
Aline a toujours été à mes côtés. J’ai toujours dit que c’était mon
Roc de Gibraltar. Il y a deux ans nous avons convenu que je ne chercherais pas
à obtenir un quatrième mandat.
En effet, peu de temps après la dernière élection, nous avons réservé un
appartement à Ottawa afin d’y vivre une fois que mon travail serait accompli.
Mon opinion était qu’il ne serait pas dans le meilleur intérêt politique
du Parti libéral que j’annonce publiquement mes intentions avant un moment
plus avancé de mon mandat.
Au cours de l’été, j’ai discuté avec plusieurs d’entre vous.
Certains m’ont demandé de me présenter de nouveau. D’autres m’ont dit de
ne pas le faire.
Tous m’ont demandé de compléter le travail pour lequel nous avons été
élus.
Vous m’avez également demandé de faire connaître mes intentions le plus
rapidement possible. Je vous ai entendu.
Hier soir, je vous ai parlé de mon devoir envers notre pays, envers le Parti
libéral et envers la fonction de premier ministre.
Depuis 40 ans, le Parti libéral est une famille pour moi. Ses meilleurs
intérêts sont profondément inscrits en moi.
J’ai longuement réfléchi au moyen d’y ramener l’unité. De mettre fin
à la guerre intestine. De reprendre des amitiés interrompues.
J’ai pensé au temps que cela nous prendrait pour accomplir le travail pour
lequel nous avons été élus. Pour compléter le programme du gouvernement que
j’ai énoncé hier.
Pour les enfants qui vivent dans la pauvreté, pour les Autochtones, pour la
santé, pour l’environnement, pour les infrastructures urbaines, pour l’éthique
dans le secteur public.
J’ai pris en compte ma responsabilité envers mon successeur, d’assurer l’intégrité
de la fonction que je tiens des Canadiens. Une fonction qui n’est pas
négociable.
Voici la conclusion à laquelle je suis arrivé :
Je ne me représenterai pas.
Je remplirai mon mandat et me consacrerai entièrement à gouverner jusqu’en
février 2004. A ce moment-là mon travail sera accompli et à ce moment-là mon
successeur sera choisi.
Cela se passera après que trois des Partis d’opposition auront choisi
leurs chefs. Les libéraux sauront donc à quoi s’en tenir.
Et cela laissera suffisamment de flexibilité au nouveau premier ministre
pour choisir la date des prochaines élections.
Tout ce que nous avons accompli jusqu’à présent comme gouvernement, nous
avons pu le faire grâce à l’unité de notre caucus.
Pour cela, vous avez toute ma gratitude et je remercie chacun d’entre vous
du fond du coeur.
Mais notre parcours n’est pas terminé. Nous avons encore beaucoup de
travail à accomplir ensemble au cours des 18 prochains mois pour le Canada. J’ai
besoin de chacun d’entre vous pour terminer ce travail.
Et à ce moment, à l’âge de 70 ans, je regarderai le chemin parcouru avec
beaucoup de satisfaction et je me reposerai, confiant en l’avenir du Canada
qui est sans limite.
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