DISCOURS DU PREMIER MINISTRE JEAN CHRÉTIEN
À LA PONTIFICIA UNIVERSIDAD CATOLICA MADRE Y MAESTRA
Le 14 avril 2003
Saint-Domingue (République dominicaine)
Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, dans votre université – une
des plus renommées de la République dominicaine. Je vous félicite, vous, le
corps professoral et les étudiants, pour la tradition d'excellence que vous
avez établie.
Je suis particulièrement enchanté de recevoir, au nom du peuple canadien,
ce grade honorifique décerné par votre prestigieux établissement en
reconnaissance de la contribution du Canada au développement de la société
civile dans le monde entier. Je vous remercie de cet honneur que j'ai le plaisir
d'accepter au nom de mes concitoyens.
À la base de toute société civile forte, vous trouverez la diversité et
vous trouverez la participation. Tous les secteurs de la société doivent unir
leurs efforts pour édifier une société dont le tout est plus grand que la
somme des parties. Les syndicats, les organisations non gouvernementales, les
universitaires et les congrégations religieuses ont tous joué un rôle clé
dans le développement de sociétés tolérantes, pacifiques et prospères par
surcroît.
Je crois savoir que cette université, sous la direction de monseigneur
Agripino Núñez Collado, a servi de trait d'union entre la société civile et
les partis politiques de la République dominicaine. Ils se sont entendus sur
les priorités en matière de développement. Je salue cet effort de
collaboration et souhaite que d'autres pays de la région s'inspirent de cet
exemple.
Le Canada et la République dominicaine croient tous les deux que les
bienfaits de l'éducation vont bien au-delà de l'acquisition du savoir. En
effet, l'éducation est la pierre angulaire de la société démocratique et
civile et la matière première du progrès humain. La faculté d'apprendre est
une ressource inépuisable en chacun de nous.
Nous savons aussi que l'éducation est essentielle à la prospérité et à
la qualité de vie. L'éducation nous permet de renforcer les institutions
démocratiques, d'atténuer la pauvreté, d'encourager la croissance économique
et de veiller à la durabilité de nos ressources naturelles et de nos
collectivités.
Je suis enchanté de rencontrer aujourd'hui de grands éducateurs qui ont
consacré des décennies à améliorer la qualité de vie des Dominicains. Je
veux parler bien sûr de gens comme le père Quinn et les soeurs grises des
Soeurs de la charité.
Depuis 1953, le père Quinn se dévoue avec beaucoup de compassion, de
courage et de détermination auprès de la population de la République
dominicaine. Cet homme très respecté par tous ceux qui le connaissent a
contribué à obtenir une foule d'améliorations dans des domaines comme les
installations sanitaires, les soins de santé, le logement, le reboisement et
l'irrigation. Il a été et demeure une source d'inspiration pour beaucoup de
gens, et je me sens honoré d'avoir fait sa connaissance.
À l'instar du père Quinn, soeur Ann, soeur Lenore et d'autres se dépensent
sans compter depuis de longues années pour mettre l'instruction à la portée
des plus défavorisés. Les écoles ont essaimé grâce à leurs efforts, à
leur talents pédagogiques, à leurs valeurs profondément enracinées et à
leur courage.
Je suis sûr que le père Quinn, soeur Ann et soeur Lenore conviendraient
qu'aucune des congrégations religieuses n'aurait pu accomplir ce qu'elles ont
accompli sans l'aide et le soutien de nombreux Dominicains généreux et
dévoués. Ensemble, vous avez édifié une société de plus en plus forte qui
offre un modèle à l'ensemble des Amériques.
L'importance de l'éducation dans notre hémisphère a été reconnue au
dernier Sommet des Amériques, qui a eu lieu au Canada en avril 2001. Le plan
d'action du Sommet engage tous les leaders à effectuer des améliorations très
ambitieuses, mais réalistes, dans le domaine de l'éducation.
Je note avec plaisir que les ministres de l'Éducation des Amériques se sont
réunis deux fois depuis le Sommet et qu'ils ont convenu de mettre sur pied un
Comité interaméricain de l'éducation. Ce comité aidera à coordonner la mise
en oeuvre du programme d'action en matière d'éducation à l'échelle de
l'hémisphère. Nous prendrons tous connaissance avec grand intérêt des
recommandations que présentera le Comité lorsqu'il se réunira à Mexico en
août 2003.
Le programme d'action du Sommet des Amériques appelle tous les pays à
favoriser le développement économique, à renforcer la démocratie, à
promouvoir la saine gouvernance et à protéger les droits de la personne et les
libertés fondamentales. Je me réjouis en particulier du fait que nous
tiendrons un Sommet spécial des Amériques cet automne afin de dresser un bilan
et de déterminer les prochaines étapes. Je tiens à remercier la République
dominicaine de son appui ferme et constant en faveur du programme d'action du
Sommet.
La croissance et l'évolution des relations entre les Dominicains et les
Canadiens illustrent bien comment l'amitié et le partenariat peuvent porter
fruit. Des investissements canadiens considérables, un nombre record de
touristes canadiens et un accord de libre-échange en perspective sont autant de
facteurs qui contribuent au développement de ces relations florissantes.
Ensemble, à titre de partenaires et membres de notre grande famille des
Amériques, nous consolidons les assises d'une prospérité et d'une démocratie
durables.
Mais nous devons multiplier les efforts en vue d'étendre ces bienfaits à
l'ensemble de l'hémisphère que nous partageons.
De nombreux pays dans notre région traversent des temps difficiles. Votre
voisin immédiat, Haïti, est toujours aux prises avec des défis énormes. Si
de plus grands efforts ne sont pas faits pour mettre en oeuvre les résolutions
de l'Organisation des États américains, le pays sombrera plus profondément
dans le désespoir. Nous sommes conscients de la pression que cela exerce sur
vos propres institutions et nous cherchons des moyens de vous aider. Je suis
ravi d'apprendre que 5000 étudiants haïtiens fréquentent cette université.
Grâce à l'éducation qu'ils recevront et aux liens d'amitié qu'ils tisseront
ici, ces étudiants seront bien équipés pour contribuer à résoudre les
problèmes très sérieux qui se posent à Haïti. J'ai également été heureux
d'apprendre que cette université est l'un des principaux membres du Consorcio
Universitario Franco-Caribeño et que le Canada fera très bientôt partie de ce
groupe important.
L'éducation, je le rappelle, est la clé du développement et la pierre
angulaire de la société civile.
Nous avons une grande dette de reconnaissance envers les universités et les
éducateurs en raison de la contribution essentielle qu'ils apportent à
l'humanité. Les enseignants ouvrent des portes vers un meilleur avenir et une
meilleure qualité de vie. Ils ouvrent aussi nos esprits à toute la riche
diversité de notre monde et nous encouragent à apporter notre propre
contribution.
Les établissements d'enseignement supérieur, les congrégations religieuses
et tous ceux et celles qui consacrent leur vie à servir la collectivité
contribuent énormément au développement d'une société civile dynamique. Le
Canada et la République dominicaine valorisent cette contribution. Elle fait
partie de l'héritage que nos pays légueront aux générations de l'avenir.
Merci beaucoup.
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