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Notes pour une allocution devant l'Univesité hébraïque de Jerusalem

Le 10 avril 2000
Jérusalem  

Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Debout ici devant vous, dans ce haut-lieu du savoir, en présence de certains des plus brillants cerveaux d’Israël, je me sens profondément reconnaissant pour ce grand honneur. Un honneur qui en dit long.

Pas sur Jean Chrétien. Bon nombre des enseignants que j’ai eus dans ma jeunesse, sans parler de ma famille, ont été étonnés de me voir finir l’école même. En fait, il en dit long sur la profondeur des liens qui font d’Israël et du Canada les plus grands amis et partenaires.

Les attaches entre nous vont au-delà des simples relations officielles. Elles reposent sur la famille, sur l’histoire et sur un ensemble de valeurs communes. Elles sont incarnées par l’Association israélienne d’études canadiennes au Centre Halbert de cette université – une des meilleures associations d’études canadiennes à l’extérieur du Canada. Je tiens à souligner la présence de Ralph Halbert et de représentants des Amis canadiens de l’Université hébraïque.

Israël compte une communauté canadienne dynamique. Quant à la communauté juive du Canada – tout aussi dynamique –, elle représente pour nous une richesse inestimable.

Nous partageons le même engagement envers la démocratie. Nos sociétés diverses et multiculturelles ont compris que la mondialisation croissante rehausse l’importance de la collaboration et de la coopération. Nous partageons d’abord et avant tout un engagement immuable envers l’État de droit. Si nous ne parvenons pas toujours à faire correspondre la réalité à nos idéaux, nous demeurons néanmoins profondément déterminés à les atteindre.

Je me réjouis tout particulièrement du fait que l’une des réalisations de mon mandat de ministre de la Justice dont je tire la plus grande fierté – notre Charte des droits et libertés – ait servi d’inspiration aux législateurs israéliens. À cet égard, je suis ravi d’avoir eu l’occasion de rencontrer le juge Aharon Barak, président de la Cour suprême d’Israël, au cours de mon séjour. Cette rencontre est le fruit de nombreuses années de collaboration entre les juristes d’Israël et du Canada.

J’aimerais prendre un instant pour rendre un hommage particulier à Irwin Cotler, un des membres de notre gouvernement. Depuis sa récente élection, il a consacré des sommes considérables d’énergie à promouvoir cette coopération.

Mesdames et Messieurs, les étudiants de cette université représentent la nouvelle génération de leaders d’Israël. Ils sont l’avenir. Mais il faut venir ici – au Moyen-Orient, en Israël, dans les pays voisins – pour saisir pleinement la force de l’histoire.

En me rendant ici, j’ai senti la riche présence des cultures anciennes et les profondes croyances transmises de génération en génération. En contemplant Jérusalem – foyer spirituel des juifs, des musulmans et des chrétiens –, j’ai cru contempler des siècles et des millénaires. Et j’ai été rempli d’admiration pour tous ceux et celles qui, en Israël et dans l’ensemble du Moyen-Orient, s’attachent à construire ensemble une paix juste et globale qui préserve la dignité pour tous.

Pendant plus de 50 ans, le peuple d’Israël a déployé des trésors de courage et de vision. Pour survivre. Pour bâtir une démocratie moderne et dynamique. Et, maintenant, pour transformer ses adversaires en partenaires.

Le chemin n’a pas toujours été facile. Les grandes joies ont alterné avec les déceptions douloureuses. Pourtant, Israël et ses voisins ont gardé le cap. Ils ont fait des progrès qui auraient paru impossibles à imaginer dans le passé. Des traités de paix avec l’Égypte et la Jordanie. Le processus d’Oslo. L’établissement de relations avec de nombreux États arabes. L’Autorité palestinienne. Et des progrès soutenus, bien que souvent difficiles, vers une paix véritable avec la Syrie, le Liban et les Palestiniens.

En tant qu’ami et partenaire, le Canada s’est associé aux joies et aux peines. Nous avons été attristés par la disparition d’Itzhak Rabin. Et nous avons été encouragés par le courage et la vision avec lesquels le Premier ministre Barak a suivi ses traces. Le Canada était à vos côtés dès le début, en 1947. Et nous sommes à vos côtés depuis. Pendant votre lutte pour protéger les droits des juifs partout dans le monde. Pendant votre combat pour faire révoquer la déplorable résolution de l’ONU apparentant le sionisme au racisme. Pendant tout ce temps, le Canada a fermement défendu le droit d’Israël de vivre en paix. Et nous resterons fermes.

Le Canada restera toujours un ami et un partenaire pour Israël. En même temps, il est un ami pour les voisins arabes d’Israël. C’est la raison pour laquelle nous avons consacré tant d’efforts à promouvoir le dialogue et l’harmonie dans la région. Ainsi, nous avons pris part à toutes les opérations régionales de maintien de la paix. De plus, au sein du Groupe de travail sur les réfugiés que nous présidons, nous contribuons à améliorer les conditions de vie des réfugiés et à proposer des solutions à plus long terme qui respectent les droits et la dignité de la personne.

À l’ère de la mondialisation, où les conflits régionaux peuvent ébranler le monde entier, il est encore plus impératif pour le Canada de jouer un rôle. Voilà pourquoi je visite non seulement Israël et l’Autorité palestinienne, mais aussi l’Égypte, le Liban, la Jordanie, la Syrie et l’Arabie saoudite.

Hier, j’ai rencontré le Premier ministre Barak. Aujourd’hui, le Président Arafat. J’ai le sentiment très net qu’en dépit des difficultés actuelles, le progrès vers une paix juste et globale est indéniable. Nous ne devons jamais nous laisser gagner par le découragement.

C’est donc à titre d’ami, de partenaire et d’artisan de la paix que le Canada est déterminé à favoriser une nouvelle prospérité et une réconciliation durable en Israël et dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Quand je parle de prospérité, je parle en premier lieu de l’Accord de libre-échange Canada-Israël. Depuis 1997, il nous a permis d’approfondir nos liens économiques et d’accroître de façon considérable les échanges entre nous. Ainsi, le commerce bilatéral de produits et de services a presque atteint le milliard de dollars en 1999.

Les nouveaux partenariats commerciaux se multiplient. Dans les secteurs du tourisme, de l’aérospatiale, des télécommunications, des biens de consommation, du génie et des transports. Nos entreprises de haute technologie n’ont pas tardé à former des alliances. Les chercheurs du Technion et de l’Institut Weizman ont entrepris de mettre au point des technologies avec des partenaires à l’École polytechnique de l’Université de Montréal et à l’Université de Waterloo.

En plus, j’ai le grand plaisir d’annoncer la reconduction d’un programme très fructueux de coopération technique. Avec la collaboration et la participation financière égale du gouvernement d’Israël, nous avons accepté de financer la Fondation pour la recherche et le développement industriels Canada-Israël pour les cinq prochaines années. Depuis sa création, la Fondation a permis à des partenaires canadiens et israéliens de s’associer pour développer près d’une trentaine de projets commerciaux viables à la fine pointe de la technologie.

Alors même que le Canada et Israël progressent ensemble vers une plus grande prospérité, nous n’oublions pas que bon nombre des plus proches voisins d’Israël accusent du retard. Ce n’est souhaitable pour personne. Un climat politique sain ne peut exister sans un climat économique sain. Il nous faut donc établir des partenariats afin d’avancer sur le sentier de la prospérité.

L’Agence canadienne de développement international et la Société pour l’expansion des exportations se tiennent prêtes à offrir leur soutien. Mais je vois aussi venir le jour où les entreprises canadiennes s’associeront à des partenaires israéliens et palestiniens. Une telle collaboration permettrait de répartir les dividendes de la paix dans toute la région.

À cette fin, l’automne prochain, notre ministre du Commerce international, accompagné d’une délégation de gens d’affaires canadiens, visitera la région pour favoriser l’établissement d’alliances stratégiques et la création de partenariats.

De plus, à l’invitation des ministres israéliens et palestiniens, j’ai le plaisir d’annoncer que sous l’impulsion du secteur privé, le Canada intensifiera ses efforts en faveur d’une coopération commerciale trilatérale afin d’étendre la recherche et le développement, la production et la formation aux zones industrielles palestiniennes.

D’autre part, j’appuie sans réserve la proposition des ministres israéliens et palestiniens d’inclure l’Autorité palestinienne au sein de la Fondation pour la recherche et le développement industriels Canada-Israël.

Afin de construire une paix durable, nous devons non seulement faire cause commune sur le plan économique, mais aussi promouvoir le dialogue et surmonter les différences. C’est précisément l’objectif que poursuit depuis 1992 notre fonds pour le dialogue et le développement dans la région. Et je suis heureux d’annoncer que le fonds continuera ses activités dans le cadre d’une nouvelle phase de quatre ans, à laquelle participeront, nous l’espérons, de nouveaux partenaires de la Syrie et du Liban.

Israël et ses voisins doivent pouvoir compter sur l’aide internationale pour préserver la paix dont ils se rapprochent. Nos gardiens de la paix ont servi avec distinction dans toute la région, dans le Sinaï et, depuis la création de la Force des Nations Unies chargée d'observer le dégagement, sur le plateau du Golan. Demain, j’irai y saluer les troupes qui font honneur à notre nation.

Et je vous donne ma parole aujourd’hui que – si on le leur demande – les Canadiens seront là pour maintenir la paix dès qu’un accord global aura été conclu.

Mesdames et Messieurs, dans Pirkei Avot, l’Apprentissage des pères, il est écrit :

« Ne condamnez aucun homme et ne considérez rien comme impossible. Car, il n’y a aucun homme qui n’ait pas d’avenir et rien qui ne vienne à son heure. »

Je crois que la paix est toute proche. Une longue mémoire et une profonde amertume ont trop contribué à façonner le présent. Vous choisissez maintenant de déterminer le cours de l’histoire plutôt que de suivre le courant.

La transition vers la paix n’est pas facile. Les cicatrices laissées par les souffrances des générations ne guériront pas du jour au lendemain. Mais avant trop longtemps, les frontières s’ouvriront dans cette région. Pour laisser passer les gens, les marchandises et les idées.

Le Canada compte persévérer dans ses efforts en faveur de la compréhension entre Israël et ses voisins. Avec tous les moyens, toute l’énergie et toute la bonne volonté à notre disposition, nous resterons fidèles à notre engagement de vous aider à réaliser votre rêve le plus cher.

Votre rêve de paix. Maintenant et pour toujours.

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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants