DISCOURS DU PREMIER MINISTRE JEAN CHRÉTIEN
À L'OCCASION DU DÎNER DE LA FEUILLE D'ÉRABLE
Le 29 avril 2003
Ottawa (Ontario)
Je dois remercier ceux qui ont préparé cette merveilleuse vidéo. Elle éveille
de nombreux souvenirs. Mais je ne suis pas venu vous parler du passé. Je suis
venu vous parler des mesures que nous prenons pour préparer l'avenir – du
programme d'action ambitieux et dynamique que nous avons exposé dans le
discours du Trône de septembre dernier et que nous mettons maintenant en
oeuvre.
Je viens de revenir de Toronto, où le Cabinet tout entier, au nom du pays
tout entier, a témoigné sa solidarité avec les Torontois. Nous y avons annoncé
d'autres mesures pour combattre le SRAS et nous avons réaffirmé que Toronto
est un endroit sûr, que ce soit pour y travailler ou y vivre ou pour s'y rendre
en visite.
Nous en avons aussi profité pour rendre hommage de nouveau au dévouement
remarquable des travailleurs des services de santé de première ligne.
Le Canada peut envisager l'avenir avec beaucoup de confiance. J'ai toujours
dit que l'unité du pays est la priorité absolue du gouvernement, quel qu'il
soit. Or, le pays est aujourd'hui plus uni que jamais.
Près de huit années ont passé depuis le référendum au Québec. Beaucoup
d'efforts ont été déployés depuis pour promouvoir l'unité nationale. La loi
sur la clarté est en place.
Mais surtout, aujourd'hui, M. Charest a été assermenté à titre de Premier
ministre du Québec. Nous lui offrons nos meilleurs voeux à cette occasion.
C'est un fier Québécois et un fier Canadien. Nous allons pouvoir travailler très
bien ensemble.
En tant que premier ministre d'une province, il voudra promouvoir et défendre
les intérêts de sa province. Le Premier ministre du Canada, quel qu'il soit,
et le Premier ministre du Québec ou de toute autre province ne s'entendront
peut-être pas toujours sur tout. Il en a toujours été ainsi. Et il en sera
toujours ainsi. Mais je sais que le gouvernement fédéral et le gouvernement du
Québec partagent maintenant le même engagement envers le Canada. Les intérêts
de nos concitoyens n'en seront que mieux servis.
Et il sera d'autant plus facile de travailler ensemble.
Autant notre unité est forte, autant notre économie l'est aussi. Elle
affiche une croissance plus rapide que toute autre économie du G-8. Nous
enregistrons un taux record de création d'emplois ces dernières années. Notre
budget a été équilibré six années de suite. Et il le restera aussi
longtemps que nous pouvons le prévoir. Notre dette continue de fondre. De plus,
nous bénéficions des réductions d'impôt des budgets de 2000 et 2003.
L'économie canadienne et la situation financière du pays sont enviés dans
les pays industrialisés du monde entier. Elles nous permettent de bâtir
l'avenir que les Canadiens souhaitent – et qu'ils méritent. C'était là le
but de notre dernier budget.
Avec une économie prospère, nous pouvons améliorer nos programmes sociaux.
Le budget de cette année était le budget le plus socialement dynamique depuis
notre arrivée au pouvoir en 1993.
Le budget a grandement enrichi la Prestation nationale pour enfants, et il prévoyait
pour la première fois des investissements fédéraux considérables dans les
services de garde.
Les éléments de base sont maintenant en place pour assurer des chances équitables
à tous les enfants.
Au cours des dernières années, le nombre d'enfants vivant sous le seuil de
la pauvreté au Canada a reculé de 16 à moins de 12 p. 100. Nous pouvons et
nous devons faire mieux.
Il faudra simplement majorer de nouveau la Prestation nationale pour enfants
et investir davantage dans les services de garde. Une économie en plein essor
nous donnera les moyens financiers d'accroître ces investissements en vue
d'atteindre l'objectif que nous visons depuis longtemps – celui d'assurer l'égalité
des chances au Canada et des possibilités accrues pour tous.
Je suis d'ailleurs convaincu que l'objectif d'assurer un bon départ dans la
vie aux enfants des familles à faible revenu doit être une priorité des
futurs gouvernements libéraux, et qu'il le sera. Tout comme notre gouvernement
en a fait une priorité.
Préparer le Canada pour l'avenir signifie mettre l'accent sur la santé.
L'Accord sur la santé de février cette année avait pour objectif principal
d'assurer l'accès à des services de haute qualité, et comporte un plan
d'action pour y parvenir. Nous avons écouté les Canadiens.
Nous avons entrepris de donner suite au rapport de la Commission Romanow. Les
Canadiens voulaient que nous préservions l'assurance-maladie.
Ils voulaient réduire les listes d'attente pour les soins médicaux.
Ils voulaient un plan d'action qui modernise pleinement l'assurance-maladie
pour le 21e siècle, d'une manière durable, innovatrice et imputable.
Le gouvernement fédéral et les provinces se sont entendus sur un plan
d'action pour atteindre ces objectifs prévoyant de nouveaux investissements fédéraux
de 34,8 milliards de dollars dans la santé au cours des cinq prochaines années,
ainsi qu'un engagement envers l'imputabilité et les rapports aux citoyens.
Ces investissements sont destinés aux soins à domicile, aux soins primaires
et aux médicaments abordables, de même qu'aux appareils diagnostiques et aux
outils informatiques qui sont essentiels pour assurer un accès rapide à des
services de haute qualité – c'est-à-dire pour réduire les listes d'attente.
La mise en oeuvre de l'Accord sur la santé devra être une priorité pour le
gouvernement fédéral et les provinces au cours des années à venir.
Préparer l'avenir du Canada signifie mettre l'accent sur l'éducation. J'ai
été ravi de voir que la vidéo de ce soir montre les mesures que prend notre
gouvernement en faveur de l'importation de cerveaux, par opposition à la fuite
des cerveaux.
Je n'ai pas besoin d'insister de nouveau sur l'importance des 2000 chaires de
recherche du Canada. Ni des investissements dans les conseils subventionnaires.
Ni des Instituts de recherche en santé du Canada que nous avons créés. Ni de
la Fondation canadienne pour l'innovation. Je pourrais continuer ainsi. Mais le
but est clair : veiller à ce que les universités canadiennes soient parmi les
meilleures au monde. Avec les meilleurs professeurs, les meilleurs étudiants et
les meilleures installations. Veiller aussi à ce que le Canada soit à
l'avant-garde du monde en matière d'innovation, de recherche, de science et
d'apprentissage. Et à ce que tous les jeunes Canadiens et Canadiennes aient accès
à l'excellence et puissent aspirer à l'excellence.
Permettez-moi de souligner un aspect du dernier budget qui n'a pas reçu
l'attention qu'il méritait. Il s'agit de la création de 2000 nouvelles Bourses
d'études supérieures du Canada au niveau du doctorat et de 2000 nouvelles
Bourses d'études supérieures du Canada au niveau de la maîtrise. Ces bourses
sont conçues pour garder les plus brillants étudiants canadiens dans les
universités canadiennes. Ce volet de notre programme d'action représente la
meilleure façon qui soit de préparer l'avenir.
Pendant ce temps, toutefois, le reste du monde continue d'avancer pour ce qui
est de favoriser l'économie du savoir et d'investir dans la puissance
intellectuelle des jeunes. Nous avons construit un programme fantastique, et
nous devons continuer à bâtir sur cette fondation au cours des prochaines années.
Il faut que ce soit une priorité pour les futurs gouvernements. Les Canadiens
ne méritent rien de moins.
Préparer l'avenir du Canada exige que nous portions une attention particulière
à l'environnement. Nous sommes profondément attachés à notre patrimoine
naturel et à la qualité de notre environnement.
Dans l'intérêt de nos enfants et des générations futures, nous nous
devons de mettre tout en oeuvre pour assurer que l'eau et l'air soient propres
et sécuritaires, pour préserver nos aires sauvages et pour relever les défis
du changement climatique.
Le développement durable n'est pas un slogan d'un jour. C'est la voie
canadienne. C'est trouver des solutions mondiales à des défis d'ordre planétaire.
Nous travaillons conjointement avec les États-Unis pour assurer la qualité de
l'air et de l'eau. Nous sommes également en train de parachever notre réseau
de parcs nationaux.
Nous assumons également notre rôle comme citoyen du monde. La ratification
du Protocole de Kyoto a été un des moments forts de la session parlementaire.
Nous prenons rapidement des mesures concrètes pour mettre en oeuvre notre plan
d'action sur le changement climatique dont le financement a été prévu dans le
dernier budget.
Préparer l'avenir signifie promouvoir la confiance dans le processus
politique. Nous avons déposé un ensemble de mesures sur l'éthique devant le
Parlement. Nous nous attendons à ce qu'il devienne loi d'ici le congé d'été.
Aucun autre projet de loi actuellement à l'étude par la Chambre des
communes n'est plus important que la réforme du financement des partis
politiques. La transparence. Le plafonnement des contributions individuelles aux
partis politiques. L'interdiction applicable à toute contribution de la part de
sociétés, à part une petite exception de 1000 $ par année dans les
circonscriptions. L'augmentation du financement public des partis politiques.
Ce projet de loi représente l'une des réformes démocratiques les plus
marquantes depuis très, très longtemps. Elle constitue un engagement
fondamental du gouvernement. Il s'agit d'une question de confiance dans le
gouvernement à la Chambre des communes. Il sera adopté sous peu.
Je sais que la réforme du financement des partis est controversée. Mais
nous n'avons pas peur de nous attaquer à des questions controversées. C'est la
bonne décision.
De plus, nous déposerons bientôt un projet de loi sur la décriminalisation
de la possession de petites quantités de marijuana, par exemple, pour éviter
que les jeunes ne traînent un casier judiciaire toute leur vie pour rien.
Parallèlement, nous aurons une stratégie antidrogue pour décourager l'usage
de la drogue chez les jeunes et qui visera les trafiquants.
On parle beaucoup ces jours-ci du rôle du Canada dans le monde. Notre
gouvernement a été actif à cet égard. Ainsi, il a fait adopter un traité
international sur les mines terrestres. Il a contribué à l'établissement
d'une cour pénale internationale dont le juge en chef est un Canadien. Il a préconisé
l'Initiative pour l'Afrique. Il a participé à la guerre contre le terrorisme.
Le Canada s'est acquis une place unique dans le monde, une place démesurée
par rapport à sa population, au poids de notre économie ou à la taille de
notre appareil militaire.
Nous avons acquis cette place grâce à un engagement inébranlable envers
les valeurs de la démocratie, les droits de la personne et le règlement
pacifique des conflits. Nous aidons le plus nos amis lorsque nous sommes fidèles
à ce rôle et aux valeurs qui le sous-tendent. Nous avons intérêt à
continuer de renforcer les institutions multilatérales, que ce soit pour
combattre le changement climatique ou les crimes de guerre ou pour prendre des décisions
liées à la guerre.
Nous allons travailler avec nos amis et alliés, et en particulier avec les
États-Unis, à l'aide humanitaire dans le cadre de la reconstruction de l'Iraq.
Nous allons continuer d'agir en leader dans la guerre contre le terrorisme.
Et nous allons continuer de jouer notre rôle dans le monde à la manière
canadienne. Rien n'illustre mieux ce rôle que notre engagement envers le
partenariat de pays africains qui ont besoin d'une aide internationale pour
combattre le sida et d'autres maladies et qui sont prêts à mettre en place une
gouvernance démocratique à titre de fondement du développement économique.
C'est la raison pour laquelle nous sommes en bonne voie de remplir notre
engagement de doubler notre aide internationale d'ici l'année 2010.
Mes amis, nous avons encore des tâches considérables à mener à bien avant
ma retraite. Nous avons un programme d'action dynamique à exécuter. Un
programme dont les libéraux sont fiers. Un programme auquel croient les
Canadiens. Et un programme qui laisse le Canada fort, rempli d'énergie et
confiant dans l'avenir.
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