Allocution du Premier
ministre Jean Chrétien
à l’occasion d’une visite à la Mosquée centrale d’Ottawa
Le
21 septembre 2001
Je vous remercie de m’avoir reçu ici
aujourd’hui.
Je suis venu en tant que Premier
ministre – votre Premier ministre – afin de vous porter un message de
réconfort et de tolérance.
Je sais que depuis le 11 septembre
2001, les musulmans partout au Canada vivent des jours de grande tristesse et d’angoisse,
parce que les tueurs inhumains qui ont commis les atrocités de New York et de
Washington ont invoqué le nom et les paroles de l’islam pour se justifier.
Beaucoup de vos coreligionnaires ne se
sont pas sentis libres d’exprimer leur sympathie et leur solidarité envers
les victimes, et ce, en dépit du fait que de nombreux musulmans ont aussi péri
dans ces attentats. Mais il y a pire : certains d’entre eux ont été la
proie de dénonciations et d’actes de violence. Des actes qui n’ont pas leur
place au Canada, ni dans aucun pays civilisé. Et qui m’ont fait honte en tant
que Premier ministre.
Je voulais me tenir à vos côtés
aujourd’hui. Et réaffirmer avec vous que l’islam n’a rien à voir avec le
massacre qui a été planifié et exécuté par les terroristes et par leurs
maîtres.
Comme toutes les religions, l’islam
est fondé sur la paix, sur la justice et sur l’harmonie entre tous les
peuples. Je partage votre tristesse de voir qu’une des grandes religions
mondiales a été injustement salie par cette horreur.
Avant tout, je voulais me tenir à vos
côtés pour condamner les gestes intolérants et haineux qui ont été commis
à l’endroit de votre communauté depuis les attentats. Sachez bien que je
tourne le dos aux gens qui ont agi ainsi. Je les méprise. Et j’appelle la
police et les tribunaux à sévir contre eux.
Notre gouvernement a démontré l’importance
qu’il attache à cette question en modifiant le Code criminel pour punir plus
sévèrement les auteurs de crimes haineux.
Ceux qui commettent de tels actes
croient peut-être servir une juste cause en se conduisant ainsi. Mais rien ne
pourrait être plus faux. Parce qu’en cédant à la haine et à une soif
irraisonnée de vengeance, ils servent la cause des terroristes en les aidant à
exporter leur haine. À mes yeux, ils déshonorent la mémoire des victimes.
Je l’ai dit et je le répète : nous
luttons contre le terrorisme. Et non contre une religion ou une communauté. Le
Canada n’invoquera pas la sécurité nationale pour justifier l’abandon des
valeurs de liberté et de tolérance qui nous tiennent à coeur. Nous n’allons
surtout pas tomber dans le piège de l’exclusion. Comme nous l’avons fait
dans le passé.
Encore une fois, nous sommes tous des
Canadiens. Nous faisons front tous ensemble contre ce fléau. Le deuil frappe la
famille canadienne tout entière. Le pays tout entier se dresse contre l’esprit
tordu des terroristes. Et tous ensemble, coude à coude, nous allons mener la
lutte pour la justice.
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