Notes pour une allocution à l'occasion d'un
dîner officiel offert par Monsieur Lionel Jospin, Premier ministre de la
République française
Le 22 juin 2000
Paris, France
Je suis heureux de me retrouver ici parmi vous, et particulièrement à votre
invitation, Monsieur le Premier Ministre. Je garde un souvenir très chaleureux
de votre visite officielle au Canada en décembre 1998. Une visite qui nous a
donné l’occasion d’enrichir encore davantage la longue histoire d’amitié
entre nos pays.
Nous poursuivons aujourd’hui sur cette lancée. Nos discussions tenues plus
tôt dans la journée assureront une coopération encore plus large entre nos
deux pays. Une coopération qui vise le mieux-être de nos populations tout en
bâtissant un monde meilleur.
Monsieur le Premier ministre, l’édifice consacré à la diplomatie
française qui nous accueille ce soir est tout indiqué pour réaffirmer nos
convictions mutuelles.
Lors de votre visite en 1998, vous aviez souligné, avec raison, que le
Canada et la France portent « un même regard sur le monde instable qui nous
entoure ».
À l’époque, une crise financière faisait rage en Russie et en Asie du
Sud-Est. Une crise qui a eu des impacts sérieux sur la vie de gens partout à
travers le monde. Un an plus tard, la difficile réunion ministérielle de l’OMC
à Seattle nous a rappelé à tous combien il est absolument essentiel d’engager
un dialogue avec toutes les composantes de la société au sujet de la
mondialisation des échanges commerciaux. Nous devons aussi poursuivre nos
efforts pour mieux faire comprendre les bienfaits que peuvent procurer les
institutions internationales que nous avons créées. Et redoubler nos efforts
pour améliorer le fonctionnement de ces institutions en les rendant plus
efficaces et plus transparentes.
Monsieur le Premier ministre, la mondialisation nous offre des défis
intéressants. Mais elle ne sera profitable que si tous les pays, y compris les
moins développés, peuvent en partager les avantages. Voilà d’ailleurs un
sujet que nous avons eu l’occasion d’aborder ensemble, il y a quelques
heures, dans le cadre de nos discussions sur les grands dossiers internationaux.
Le Canada est profondément convaincu qu’il est nécessaire d’élargir le
dialogue international si nous voulons relever les défis de la mondialisation
et en intensifier les retombées positives. C’est dans ce but que nous avons
proposé la création du G20, qui tiendra sa deuxième réunion au mois d’octobre
prochain, à Montréal. Nous entendons profiter de notre rôle à la présidence
de ce groupe pour promouvoir une plus grande coopération économique. Une
coopération qui s’appuie sur une cohérence et une synergie accrues
entre les institutions internationales quand elles interviennent auprès des
pays en voie de développement.
Monsieur le Premier ministre, je suis heureux que la France aussi tienne à
jouer un rôle de premier plan au sein des instances internationales. Dès
juillet, vous présiderez l’Union européenne pour une période de six mois
– un rendez-vous très important pour l’Europe. Les pays de l’Union sont
en pleine réflexion quant au type de construction politique souhaitable pour le
continent. Cela pourrait entraîner des débats sur les relations entre les
gouvernements des pays de l’Union européenne, de même qu’entre les
différents niveaux de gouvernement. Ces discussions ne seront certainement pas
faciles. Mais toute la sympathie de vos amis du Canada vous est acquise.
La présidence de la France sera aussi une belle occasion d’ajouter un
autre volet à notre collaboration. Nous examinerons entre autres la mise en
place d’un mécanisme de consultation spécifique Canada/Union européenne en
matière de sécurité et de défense.
Ces pistes s’ajoutent à notre coopération déjà dynamique en matière de
paix, de sécurité et d’appui à la démocratie dans le monde. Nous avons
travaillé ensemble dans la campagne contre les mines antipersonnel. Et nous
avons milité côte à côte en faveur du respect des pratiques
internationalement reconnues pour la protection des droits de la personne.
Voilà deux beaux exemples qui démontrent clairement la conviction commune à
nos pays que les sociétés prospères et pacifiques doivent respecter les
principes de la primauté du droit et de la bonne gouvernance.
Monsieur le Premier Ministre, vous avez affirmé à Ottawa que « la culture
est toujours une rencontre et elle est, à ce titre, constitutive de la
démocratie ». C’est également ce que nous pensons. Il est essentiel de
poursuivre nos efforts concertés de promotion de la diversité culturelle et du
plurilinguisme. L’UNESCO, la Francophonie et le réseau international des
ministres de la culture sont autant de lieux où les voix de nos pays peuvent s’exprimer
de concert.
Nos gouvernements travaillent ensemble dans nombre de secteurs. Il est donc
tout naturel que les liens qui nous unissent dépassent les seuls liens
nationaux, et touchent à la fois nos entreprises et nos citoyens.
Je suis particulièrement heureux que les échanges commerciaux entre nos
deux pays aient atteint un niveau record en 1999, et que les investissements ne
cessent de croître. En fait, la France est déjà la quatrième plus importante
source d’investissements au Canada. Et ces liens économiques gagneront
certainement en importance à mesure que nos populations se rapprocheront.
C’est d’ailleurs pourquoi nous avons résolu de multiplier les échanges
entre les jeunes, les étudiants, les professeurs, les chercheurs, et les
artistes du Canada et de la France. Un nouveau programme Vacances-Travail vise
cet objectif. Et nous envisageons la signature d’un avenant sous l’accord de
coopération de 1956. De plus, les relations scientifiques et techniques
bénéficieront d’un nouveau fonds France-Canada pour la recherche.
Notre objectif est clair : nous tenons à étendre le dialogue entre nos deux
pays à toutes les sphères d’activités. Les sphères politiques et
économiques bien sûr, mais aussi culturelles et intellectuelles. C’est pour
cette raison que l’inauguration d’une Chaire d’études canadiennes à l’Université
de Paris III Sorbonne Nouvelle revêt tant d’importance à mes yeux, tout
comme la création de chaires semblables dans nombre d’universités
françaises. Ces programmes sont pour moi la promesse d’un brillant avenir
dans les relations entre nos pays.
Mesdames et Messieurs, je vous invite à vous joindre à moi
et à lever vos verres à l’amitié historique entre le Canada et la France.
Et à son nouvel envol à l’aube du XXI