Allocution du Premier ministre Jean
Chrétien à l'occasion du Sommet du Conseil de l’Atlantique
Nord
Le 21 novembre 2002
Prague (République tchèque)
La dernière fois que nous nous sommes réunis, à Rome, nous avons souscrit
à un nouveau partenariat avec la Russie. Cet accord historique a mis fin aux
dernières divisions qui subsistaient de la guerre froide. Ici à Prague, l’OTAN
procédera au plus grand élargissement de son histoire. Nous allons démontrer,
ainsi que nous l’avons fait à Rome, que nous pouvons trouver de nouvelles
façons de travailler ensemble à l’instauration d’une paix et d’une
prospérité accrues dans la région euro-atlantique.
Jamais cette unité n’a été plus essentielle qu’en ces temps troublés.
De nouvelles menaces terrifiantes planent sur nos pays. Il suffit de penser aux
événements tragiques du 11 septembre, à l’attentat de Bali et au sinistre
message audio célébrant ces attaques.
Le terrorisme, Mesdames et Messieurs, incarne le mal absolu. Il représente
une attaque contre les valeurs civilisées et il appelle une riposte ferme et
déterminée de la part de toutes les sociétés civilisées. Il n'a aucune
justification morale ni conscience. Il ne repose sur aucun droit, aucune raison.
Il frappe toujours des innocents. Mais devant cette menace, les Canadiens
restent convaincus de l’importance des approches multilatérales à l’égard
des questions internationales. L'action collective produit, selon moi, une plus
grande sécurité à long terme et est plus efficace qu'une action unilatérale.
Au cours de ce siècle, c’est par l’action collective qu’il faut
répondre à ceux qui tentent de compromettre la paix. Nous ferons peser notre
puissance collective et notre poids moral sur quiconque menace directement notre
sécurité. C’est à cette fin que l’OTAN a été fondée en 1949. C’est
pour cette raison que le travail de l’OTAN conserve toute sa pertinence et son
utilité.
Je suis persuadé que, dans nos efforts pour améliorer notre alliance, nous
allons trouver des moyens plus efficaces et plus efficients de répondre à nos
besoins en matière de sécurité. Grâce à de nouveaux partenariats et à de
nouvelles initiatives, nos efforts seront couronnés de succès.
Si les pays des Balkans ont amorcé le processus de guérison, c’est en
grande partie grâce à notre présence militaire. Il reste encore beaucoup de
travail à faire dans cette région, ne vous y trompez pas. À cause d’engagements
internationaux de plus en plus nombreux, il sera difficile de maintenir la
présence militaire à son niveau actuel dans la région. Les populations
locales doivent prendre en mains leur propre redressement – c’est la seule
façon d’assurer une paix durable. Bien que nous puissions être fiers de ce
que nous avons accompli jusqu’à présent, nous devons continuer de
réfléchir aux voies de l’avenir dans cette région du monde.
Monsieur le Secrétaire général, je vous félicite de l’ordre de
priorité que vous avez établi pour le travail de l’OTAN. Avec la diversité
des tâches à entreprendre, cette institution doit pouvoir s’attaquer aux
problèmes de l’heure, tout en se préparant à relever les futurs défis. Par
conséquent, le Canada apportera sa contribution. Nous accueillons favorablement
la proposition de mettre sur pied une force d’intervention rapide. De plus,
nous appuyons l’Engagement de Prague sur les capacités. Nous devons préparer
nos forces militaires à affronter les menaces qui pourront survenir. Ainsi, l’OTAN
pourra jouer pleinement son rôle au moment et à l’endroit où il le faudra.
Cependant, les Canadiens sont conscients que la sécurité ne se limite pas
à l’action militaire. L’action militaire à elle seule ne permet pas de
parvenir à des solutions à long terme. Nous avons appris à nos dépens que l’action
militaire est un instrument trop imparfait pour remédier aux problèmes d’un
monde complexe. Les États à la dérive – essentiellement des zones sans
gouvernement – offrent un terreau fertile aux terroristes.
Au sein de l’Alliance, avec la Russie, avec nos partenaires de l’Europe
centrale et orientale et de la région méditerranéenne, n’oublions jamais l’essence
de l’édification de la paix. C’est la raison pour laquelle je préconise l’élargissement
de l’OTAN. Le fait de rapprocher les nouveaux membres et nos partenaires du
respect des droits humains, de la saine gouvernance et de la primauté du droit
atténue bon nombre des conditions qui font naître l’extrémisme et la
violence.
Monsieur le Secrétaire général, nous avons découvert de nombreuses
façons de travailler ensemble. De nombreuses façons de rendre plus sûr un
monde qui nous paraît complexe. Nous pouvons tous convenir que nous avons fait
de grands progrès ces dernières années. La prochaine fois que nous nous
réunirons, j’espère poursuivre dans cette voie.
Merci.
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