Discours du Premier
ministre Jean Chrétien à
l’occasion d’un déjeuner d’Équipe Canada
Le 15 février 2001
Shanghai (Chine)
Je suis très heureux d’être de retour à Shanghai pour la deuxième
visite d’Équipe Canada dans votre ville extraordinaire.
Monsieur le Maire, je sais que vous l’avez entendu mille fois, mais je ne
peux pas m’empêcher de vous le dire moi-même : les changements qui
continuent de transformer Shanghai et le delta du fleuve Yangzi sont
stupéfiants.
La dernière fois que je suis venu avec les premiers ministres, en 1994, nous
avons passé tout notre séjour à Puxi. Et je me souviens de la vue que nous
avions de Pudong, de l’autre côté du fleuve. C’était une forêt de grues
de construction et de structures à demi-achevées éparpillées dans les
champs. À cette époque, les beaux hôtels qui hébergent cette fois Équipe
Canada 2001 n’existaient que dans la tête des architectes. Comme bien d’autres
nouvelles structures remarquables, ils se dressent aujourd’hui autour de nous.
Ils sont de classe internationale. Et Shanghai peut être fière à juste titre
d’avoir eu la vision stratégique et la capacité de réaliser tous ces
projets. Je tire moi-même une certaine fierté du fait que des Canadiens ont
conçu beaucoup des immeubles impressionnants qui font la beauté du district
financier de Pudong, y compris la Bourse de Shanghai.
Au moment de notre dernière visite, Shanghai attirait déjà les gens d’affaires
et les investisseurs dans cette région – la plus prospère et la plus axée
sur les affaires de toute la Chine. Les entreprises canadiennes y étaient
déjà établies en grand nombre. Elles avaient compris que la « Tête du
dragon » serait le principal moteur de la croissance dans le delta du
Yangzi.
En Chine, le foyer des affaires est Shanghai. La gamme des produits et
services que nous exportons vers cette région se diversifie et évolue de plus
en plus. Au milieu des années 1990, la pâte de bois, le blé et l’engrais
comptaient pour la majeure partie des exportations du Canada vers cette ville.
Ces produits restent importants. Mais les produits de grande valeur composent
maintenant le gros de nos exportations. L’an dernier, la première catégorie
d’importations en provenance du Canada était celle des pièces d’automobile
pour l’usine de montage de General Motors à Shanghai. Et la plupart de nos
exportations en équipements perfectionnés et en technologies de l’information
sont destinées à Shanghai.
Nos deux gouvernements entretiennent des rapports uniques. Des rapports
ouverts, honnêtes, amicaux. La plupart des provinces et territoires, sinon
tous, ont établi des liens ou en discutent. Et de nouveaux partenariats seront
établis aujourd’hui entre Terre-Neuve et le Zhejiang, d’une part, et le
Manitoba et l’Anhui, d’autre part.
Mais, de plus en plus, ce sont les nouvelles technologies et la curiosité de
nos gens qui nous rapprochent. Par exemple, la veille du jour de l’An, la tour
du CN à Toronto et la Perle de l’Orient à Shanghai ont tenu une cérémonie
de jumelage qui a été transmise aux participants canadiens et chinois que des
milliers de kilomètres séparaient. Des familles se sont retrouvées sur écran
géant. Les gens ont évoqué Norman Bethune et l’évolution de notre amitié
au cours des 30 dernières années.
Notre capacité unique de communiquer ainsi – de personne à personne –
nous offre une occasion sans précédent de progresser ensemble dans l’avenir.
Shanghai et Montréal nous donnent un autre exemple de ce que le Canada et la
Chine peuvent accomplir ensemble. Les deux villes sont des ports et des plaques
tournantes du transport de classe internationale. L’une et l’autre
continuent d’apporter une contribution dynamique aux révolutions économiques
qui ont façonné nos deux pays.
Hier, le maire Bourque et le maire Xu ont renouvelé une vision commune pour
l’avenir. Une vision qui utilise des outils de pointe pour aider à rapprocher
les gens de Montréal et de Shanghai.
Le pavillon technologique des Jardins de Montréal fera mieux connaître le
Canada à la Chine. Il offrira aux sociétés canadiennes une vitrine pour
mettre leur savoir-faire en valeur.
Les liens entre nous se multiplient au rythme de l’intensification de nos
relations.
À l’occasion de la visite d’Équipe Canada en 1994, nous avons eu le
plaisir de célébrer le jumelage des ports de Shanghai et de Vancouver. Depuis
ce temps, les échanges entre ces ports de transbordement ont augmenté en
flèche, permettant ainsi de financer l’amélioration des infrastructures
portuaires et de créer des emplois des deux côtés du Pacifique. Les navires
transportent des produits chinois au Canada et en reviennent chargés de plus de
100 conteneurs par mois.
Il y a trois mois, Air Canada a commencé à offrir une liaison quotidienne
directe entre Vancouver et Shanghai – votre seule liaison transpacifique
quotidienne.
Par voie maritime ou aérienne, le volume des échanges entre nos pays
augmente de jour en jour. Et pas seulement dans le secteur des
télécommunications ni des pièces d’automobile. Les produits alimentaires
canadiens répondent de plus en plus aux goûts des consommateurs chinois. Par
exemple, aujourd’hui, nous allons consommer des fruits de mer de la côte Est
et de la côte Ouest, du boeuf de l’Alberta et du sirop d’érable du
Québec, le tout arrosé de vins de l’Ontario. Tous ces produits sont
disponibles ici. Nous voici à des milliers de kilomètres de chez nous, et dans
quelques instants nous allons prendre un bon repas canadien, quoique servi et
apprêté avec de délicieux accents chinois.
Nous entamons une nouvelle ère dans nos relations commerciales. Avec l’accession
de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, les tarifs vont baisser et
les consommateurs et les entreprises chinois auront plus facilement accès à
nos produits et services. L’accession à l’OMC s’inscrit dans un programme
d’action plus vaste axé sur le développement de l’État de droit, de sorte
que les citoyens et les entreprises puissent compter sur un traitement juste et
équitable devant les tribunaux. L’accession ne manquera pas de favoriser et
de renforcer le processus de réforme économique en cours en Chine. Un
processus mené de main de maître par le Premier ministre Zhu et qui a stimulé
le dynamisme économique et commercial du delta du Yangzi.
En tant que centre financier, Shanghai aura un rôle clé à jouer dans la
transition au régime de l’OMC.
La Bourse de Shanghai constitue un autre élément central du portrait. Son
pendant torontois lui a fourni des programmes d’aide et de perfectionnement
pour la gestion de ses opérations.
Le secteur de l’assurance-vie n’existe vraiment que depuis huit ans en
Chine, et déjà, l’entreprise conjointe Zhong Hong Canada-Chine emploie
quelque 2000 personnes dans ses bureaux de Shanghai.
Je suis persuadé que le savoir-faire du Canada dans ce secteur continuera de
contribuer à donner une nouvelle dimension à la sécurité financière et
sociale de la population chinoise.
Shanghai, je le répète, est le foyer des affaires en Chine. Je veux aussi
que mes amis chinois sachent aujourd’hui que le Canada est prêt à faire des
affaires dans l’économie mondiale.
Équipe Canada 2001 n’est qu’un exemple de notre énergie et de notre
dynamisme.
Tout autant que les efforts déployés par nos gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux en vue de faire du Canada un des pays les plus
propices aux investissements et aux affaires. Ainsi, nous avons équilibré les
budgets, réduit la dette publique et diminué les impôts, et nos taux d’intérêt
sont faibles. En fait, notre économie est en très bonne position pour
traverser une période de ralentissement à court terme de la croissance aux
États-Unis.
Je sais que les entreprises chinoises, et celles de Shanghai en particulier,
ont une vision de plus en plus mondiale. China Worldbest, un important fabricant
chinois de textiles, s’est engagé à construire une usine près de
Drummondville, au Québec. Ce projet créera plus de 350 nouveaux emplois
spécialisés et établira une tête de pont en Amérique du Nord pour l’industrie
chinoise du textile.
Au moment où les grandes sociétés chinoises envisagent d’étendre leurs
activités internationales, je suis convaincu que vous saurez trouver des
partenaires et des appuis parmi vos amis canadiens. En fait, vous n’avez pas
besoin de regarder plus loin que mes partenaires d’Équipe Canada ici
présents. Bon nombre d’entre eux sont des chefs de file mondiaux dans leur
domaine.
Je vous invite également à songer au Canada d’abord pour mettre sur pied
de nouvelles entreprises conjointes ou nouer des alliances stratégiques. À
songer au Canada d’abord pour répondre à vos besoins en matière de
technologies et de procédés de pointe. Et à songer au Canada d’abord et
avant tout pour des partenaires qui offrent non seulement les meilleurs produits
et services, mais aussi la volonté d’établir des relations de confiance et
de bonne entente mutuellement avantageuses.
À mesure que la Chine continuera de se développer, de se moderniser et d’ouvrir
son marché et son économie au monde, je suis persuadé que l’importance de
la région du delta du Yangzi et de la ville de Shanghai ne fera que grandir.
En octobre cette année, Shanghai accueillera le prochain Sommet de l’APEC.
On n’aurait pas pu mieux choisir que ce grand centre international. Ce sera un
grand plaisir pour moi d’effectuer ma quatrième visite à titre de Premier
ministre à cette occasion.
Monsieur le Maire, ce sera également un grand plaisir de vous revoir au mois
d’octobre et de m’émerveiller de tous les changements qui se seront
produits d’ici là.
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