Un discours du Premier ministre Jean
Chrétien au Sommet mondial pour le développement durable
Le 2 septembre 2002
Johannesburg (Afrique du Sud)
Ce sommet représente une étape cruciale. La communauté des nations s’est
donné rendez-vous à Johannesburg afin de parvenir à un consensus sur les
mesures concrètes que nous devons prendre ensemble pour accomplir notre devoir
commun le plus fondamental. Celui de léguer un monde plus propre et plus sain
à nos enfants et aux générations qui suivront.
Avant la publication en 1987 de Notre avenir à tous, la notion de
développement durable était un sujet de discussion pour l’élite. Elle est
désormais au coeur des préoccupations internationales.
Si l’évolution a été aussi rapide c’est parce que, quand on parle de
développement durable, essentiellement, c’est l’avenir même de la planète
qui est en jeu. Elle traduit une prise de conscience mondiale du fait que l’air
pur, l’eau salubre et les aliments sûrs sont des besoins universels et que la
bonne intendance de l’environnement constitue une obligation universelle.
Les Canadiens ont l’esprit pragmatique. À nos yeux, les objectifs les plus
admirables ne seront pas suffisants pour assurer un meilleur avenir à nos
enfants. Ils doivent s’accompagner de résultats concrets. Nous préférons
les actes aux paroles. Nous voyons dans les partenariats le meilleur moyen de
réaliser le développement durable. Des partenariats où aucun secteur de la
société en particulier n’a le monopole de la vertu, de la sagesse, ni de la
créativité.
Voilà pourquoi je suis si heureux de constater le nombre de plans d’action
concrets et de partenariats innovateurs qui résulteront de ce Sommet. Cela
correspond à l’orientation que nous adoptons au Canada.
Les Canadiens à tous les niveaux – autant le gouvernement fédéral que
les provinces et les municipalités, les entreprises privées et les
universités – investissent dans de nouvelles idées et solutions d’avenir.
Des piles à combustible alimentées à l’hydrogène aux techniques
avant-gardistes de gestion des déchets, le Canada crée, aujourd’hui, les
technologies durables de demain.
Les groupes communautaires et les entreprises ont établi des formes de
collaboration tout à fait inédites. Les peuples autochtones, grâce à la
relation particulière qu’ils entretiennent avec la terre, enrichissent notre
connaissance de l’environnement.
Le Canada est également convaincu que tous les peuples de la terre doivent
sentir que leur propre avenir est en jeu. Pour cela, ils doivent pouvoir
espérer une vie meilleure. Il faut donc reconnaître que tout autant que de
saines pratiques environnementales, la paix, la sécurité, la bonne gouvernance,
le respect des droits humains et l’État de droit, sont les conditions
préalables d’un avenir durable.
Voilà pourquoi au sommet qui a eu lieu cette année au Canada, les pays du
G8 se sont engagés à établir un nouveau partenariat avec l’Afrique.
Dans le cadre de ce partenariat, et sous réserve de notre cadre financier,
le Canada a affecté 6 milliards de dollars en ressources nouvelles et
actuelles sur une période de cinq ans à l’établissement des conditions
préalables au développement durable en Afrique.
Nous comptons également doubler notre aide au développement par rapport aux
niveaux actuels d’ici l’année 2010. De plus, nous avons annoncé pendant
cette conférence que nous allons plus que doubler notre contribution annuelle
au Fonds pour l’environnement du PNUE.
Les pays en développement ne pourront pas se sortir de la pauvreté si on ne
leur accorde pas un accès élargi aux marchés mondiaux. À compter du 1er janvier
2003, le Canada éliminera les droits de douane et les contingents sur la
presque totalité des produits provenant des pays les moins avancés.
Les subventions à l’agriculture dans les pays nantis demeurent un obstacle
fondamental. Nous engageons les pays industrialisés à faire de l’élimination
de ces subventions une de leurs premières priorités.
Afin de préserver la biodiversité mondiale, il faut conserver les aires
biologiques uniques et protéger l’eau pure, les espèces et leurs habitats.
Pour démontrer l’engagement du Canada envers cette sage intendance de la
nature, j’annonce aujourd’hui que nous allons compléter notre réseau de
parcs nationaux au cours des prochaines années.
Des phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde ont fait ressortir
la réalité du changement climatique de même que la nécessité d’une action
concertée à l’échelle mondiale. Les Canadiens sont très conscients de
cette nécessité.
En tenant compte des abondantes consultations que nous menons auprès des
autres gouvernements et des divers intervenants, nous mettons la dernière main
à un plan de mise en oeuvre qui nous permettra d’atteindre les objectifs du
Protocole de Kyoto.
Quand ces consultations seront terminées, d’ici la fin de l’année, le
Parlement du Canada sera appelé à voter sur la ratification du Protocole de
Kyoto.
Mesdames et Messieurs, l’ordre du jour du Sommet de Johannesburg était
vaste et complexe. Il s’est accompli beaucoup de travail. Mais à nous
partirons d’ici en sachant qu’il reste encore beaucoup de travail à faire
et encore plus déterminés à le mener à bien.
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