Déclaration du Premier ministre Jean Chrétien
Le 30 octobre 1995
Chers concitoyens, chers concitoyennes,
Je veux d'abord remercier tous ceux qui ont travaillé avec acharnement, dans une campagne difficile, dont l'avenir de notre pays était l'enjeu.
Je tiens toutefois à remercier particulièrement Monsieur Daniel Johnson, pour le travail exceptionnel qu'il a effectué à titre de chef des Québécoises et des Québécois pour le NON.
Ses qualités de leader, son intégrité et sa détermination ont été une source d'inspiration constante pour tous ceux et celles qui l'ont suivi dans cette campagne éprouvante. Le Québec et le Canada lui doivent énormément.
Je tiens également à remercier ma collègue, Madame Lucienne Robillard, dont le dynamisme et l'énergie ont encore une fois confirmé sa réputation de travailleuse infatigable et Monsieur Jean Charest pour la vigueur et la conviction avec lesquelles il a participé à cette grande et difficile campagne.
En démocratie le peuple a toujours raison. Ce soir il n'y a qu'un seul gagnant, c'est lui le peuple. Ce soir, plus que jamais, nous avons toutes les raisons d'être fiers de la démocratie canadienne.
Vous le savez, il n'y a pas beaucoup de pays au monde où l'on peut débattre paisiblement, sereinement et sans violence, d'un enjeu aussi important que l'existence même du pays.
Encore une fois, nous avons montré au monde entier les grandes valeurs de tolérance, d'ouverture et de respect mutuel qui animent notre pays, le Canada.
Nous arrivons au terme d'une campagne longue et émotive. Les divisions ne sont jamais faciles, elles ne sont jamais sans douleur. Mais nous pouvons en sortir plus forts. A mes concitoyens et concitoyennes du Québec qui ont appuyé le OUI, je dis que je comprends votre profonde volonté de changement.
Pour la deuxième fois en 15 ans nous venons de traverser une période difficile dans une atmosphère très émotive. Il nous faut maintenant envisager des solutions innovatrices pour ne plus jamais retomber dans pareille crise existentielle.
L'heure est maintenant venue de la réconciliation.
Il est temps de mettre de côté nos divisions.
Au gouvernement du Québec, je dis que le moment est venu de travailler ensemble. Les Québécois et Québécoises se sont exprimés. Nous devons respecter leur verdict. Le moment est venu de tourner la page.
La population du Québec souhaite que nous travaillions ensemble. Elle veut que nous poursuivions dans la voie du changement -- ensemble.
Ce soir, je demande au Premier ministre du Québec de joindre les efforts de son gouvernement à ceux du gouvernement du Canada pour répondre ensemble aux besoins réels et pressants des citoyens du Québec.
C'est à nous à Ottawa et à Québec que revient la responsabilité de répondre à leurs attentes. M. le Premier ministre du Québec, je vous tends la main.
Travaillons ensemble pour le bien-être de nos concitoyens qui ne demandent que ça.
Tous les niveaux de gouvernement doivent maintenant orienter leur énergie vers les priorités immédiates des citoyens. Ces priorités, nous le savons tous, tournent autour de l'emploi et de la croissance économique si nécessaire pour améliorer la situation globale de nos concitoyens.
L'avenir de tous les Canadiens est réuni autour des valeurs qu'ils partagent.
Où les possibilités et la foi en un avenir meilleur pour nous et nos enfants, nous unissent tous. Où, ensemble, nous pouvons nous tourner vers l'extérieur et affronter le monde entier avec confiance et fierté.
À tous les Canadiens, je dis qu'une majorité de Québécois ont choisi le Canada en partie grâce à l'extraordinaire témoignage d'amitié et de bonne volonté que vous avez manifesté la semaine dernière. Des Canadiens comme vous et moi, du Québec et de tout le Canada, se sont levés et nous ont montré ce que représente ce pays. De façon spontanée. Avec beaucoup d'émotion et de fierté.
Gardons la même attitude au cours des semaines, des mois et des années à venir.
C'est l'attitude que nous devons adopter, pas seulement en période de crise, mais également pour bâtir collectivement notre avenir en faisant preuve de respect mutuel, de générosité et d'une capacité à comprendre le point de vue de l'autre.
Aux Canadiens et Canadiennes qui ont manifesté leur attachement au Québec, nous avons tous promis que le Canada changerait. Vous avez demandé aux Québécois de ne pas laisser tomber le Canada. Vous avez été entendus. Maintenant, c'est à vous de ne pas les laisser tomber.
Travaillons ensemble pour apporter les changements nécessaires pour garder notre pays uni. En particulier, cela comprend la reconnaissance du caractère distinct de la société québécoise.
Ce soir les Québécois et Québécoises ont réaffirmé la valeur de tout ce que nous avons bâti ensemble. Nous devons dès demain poursuivre la réalisation de notre grand pays. Continuons d'apporter ce qui lui est nécessaire à l'aube du 21e siècle. Continuons à bâtir ce pays qui fait l'envie du monde entier. Nous avons du pain sur la planche. Il est temps de nous remettre au travail.
Bonsoir.
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