Conseil de commerce Canada-Inde
Le 13 janvier 1996
New Delhi (Inde)
Au nom de l'Équipe Canada, je suis heureux de participer
à cette réunion spéciale du Conseil commercial
conjoint (Joint Business Council). Le Conseil commercial conjoint
et le Conseil de commerce Canada-Inde accomplissent un travail
important, c'est-à-dire réunir des dirigeants d'entreprise
et conseiller judicieusement les gouvernements.
La longue histoire des relations entre l'Inde et le Canada est
fondée sur la coopération et reflète des
valeurs communes. Nous partageons un engagement envers les principes
démocratiques, l'unité dans la diversité,
la primauté du droit, et l'appartenance au Commonwealth.
Dans les années 50, les premiers ministres Nehru et Saint-Laurent
étaient de grands amis et ensemble ils ont été
cofondateurs du Plan Colombo destiné à soutenir
le développement économique des nouveaux pays indépendants
du Commonwealth. A cette époque le Canada se comptait
parmi les trois principaux fournisseurs de produits d'importation
à l'Inde. Dans les années qui ont suivi, notre coopération
au sein des Nations unies et d'autres organisations a davantage
renforcé nos liens.
Au fil des ans, les programmes d'aide à l'Inde ont servi
au financement de plus de 10 % de sa puissance hydroélectrique.
Ils ont permis à des milliers d'universitaires indiens
de poursuivre leur formation ou leurs études en Inde, et
ont soutenu financièrement la plantation de plus de 190
millions d'arbres dans des terres incultes.
Le Canada a, en quelque sorte, « assisté à
la naissance », à la création de l'Inde moderne.
Mais comme nous le savons tous, l'élargissement de nos
rapports ne s'est pas poursuivi au cours des dernières
décennies. Et même si cela tenait à des raisons
bien tangibles, la conséquence aura tout de même
été une amitié en suspens. Tel est le prix
que nos deux pays ont eu à payer.
C'est pour cela qu'Équipe Canada est ici en Inde : pour
insuffler dans nos relations le regain de vie et le nouveau dynamisme
dont elles ont besoin. Pour renouer cette amitié au moment
où nos pays traversent une période de changements
spectaculaires.
Pour la plus longue partie de notre histoire, le Canada a privilégié
ses relations avec l'Europe et les États-Unis. Le Canada
a d'abord été une colonie française, puis
britannique. La plupart des Canadiens étaient soit d'origine
britannique, soit d'origine française. Pendant nombre d'années,
les États-Unis et l'Europe ont été nos principaux
partenaires commerciaux. Nous portions davantage notre regard
vers l'Atlantique que le Pacifique.
Toutefois, le Canada a considérablement changé au
fil des ans. Les Canadiens reconnaissent que nous sommes également
un pays du Pacifique et ils se réjouissent des horizons
que cela leur ouvre.
Les données les plus récentes indiquent que les
Canadiens d'origine britannique et française représentent
moins de 50 % de notre population. Au cours des dix dernières
années, la région Asie-Pacifique est devenue la
principale source d'immigration au Canada. Cette région
est également devenue, après les États-Unis,
notre deuxième plus important partenaire commercial.
Aujourd'hui, plus d'un demi-million de Canadiens d'origine indienne
apportent une contribution importante au monde des affaires et
à la vie publique au Canada. Ils jouent également
un rôle très important dans l'élargissement
de nos relations avec l'Inde et les autres pays d'Asie. De fait,
on retrouve deux députés canadiens nés en
Inde au sein de cette délégation d'Équipe
Canada : Herb Dhaliwal et Gurbax Malhi.
Lors de l'accession au pouvoir de notre gouvernement en novembre
1993, j'ai nommé Raymond Chan au poste de secrétaire
d'État pour la région Asie-Pacifique, une première
visant à reconnaître l'importance grandissante de
cette région pour le Canada. Il est également avec
nous aujourd'hui.
Je suis très honoré d'être accompagné
par la plupart des premiers ministres des provinces canadiennes,
par des ministres du gouvernement fédéral, ainsi
que par des centaines de dirigeants d'entreprise canadiens. Notre
concept d'Équipe Canada vise à montrer au monde
entier, en particulier à l'Asie, que les gouvernements
fédéral et provinciaux du Canada collaborent entre
eux et avec les milieux d'affaires pour soutenir les investissements
et renforcer nos liens commerciaux avec l'étranger.
Les Canadiens sont enthousiastes devant les perspectives que leur
offre la région Asie-Pacifique. C'est avec ce même
enthousiasme qu'ils accueillent la mise en place de politiques
axées sur la libéralisation des échanges.
Nous félicitons votre gouvernement d'avoir fait preuve
de discernement en amorçant ces réformes.
Le Canada appuie ces efforts et encourage l'Inde à poursuivre
dans cette voie. Dans une large mesure, ces réformes ont
joué un rôle catalyseur pour l'essor de la collaboration
économique et commerciale entre nos deux pays.
Nos sommes conscients que, dans un pays qui compte 900 millions
d'habitants, les défis de nature économique à
relever sont colossaux. L'ardeur et l'énergie avec lesquelles
la population indienne s'y est attaquée ont d'ailleurs
fait une très forte impression sur nous.
Par exemple, lors de mes discussions avec les dirigeants indiens,
ils m'ont souligné leurs efforts pour mettre fin à
cette tragédie humaine que représente l'exploitation
économique des enfants. Le Canada, au même titre
que d'autres pays, tente d'apporter son aide au moyen de programmes
de développement ciblés de façon particulière.
Et, bien entendu, nous devons tous travailler pour enrayer les
causes profondes de ce terrible problème, soit la pauvreté
et le sous-développement.
Nombre de représentants des milieux d'affaires relèvent
ce défi. Le logo Rugmark est un témoignage important
des efforts qui sont faits pour lutter contre l'exploitation des
enfants.
Il en va de même des efforts de nombreuses sociétés
canadiennes qui s'interdisent l'importation de produits fabriqués
par la main-d'oeuvre enfantine.
Le Gouvernement du Canada est disposé à chercher
de nouveaux moyens pour combattre l'exploitation des enfants en
resserrant ses propres restrictions à l'importation.
Et, nous sommes fermement engagés à soutenir la
croissance économique, ainsi que les initiatives de développement,
d'alphabétisation et d'éducation qui finiront par
venir à bout de ce fléau.
Cette question illustre comment un accroissement des échanges
et des liens commerciaux... et un élargissement des tous
nos liens peuvent améliorer la qualité de vie dans
l'un et l'autre pays. Et cela c'est la raison d'être d'Équipe
Canada.
Les gouvernements et le secteur privé au Canada ont collaboré
à l'élaboration d'une nouvelle stratégie
qui se nomme Pleins feux sur l'Inde. Cette stratégie
permettra de coordonner les efforts des gouvernements fédéral
et provinciaux ainsi que du secteur privé pour profiter
des nouveaux débouchés.
Des visites de haut niveau de délégations canadiennes
et indiennes, des séminaires, des ateliers et autres initiatives
appuieront les activités commerciales.
Et les résultats sont probants. Pour les huit premiers
mois de 1995, on note un accroissement de 64 % des exportations
canadiennes vers l'Inde, de même qu'un accroissement de
25 % des exportations indiennes vers le Canada.
Par ailleurs, selon le ministère indien de l'Industrie,
pour le premier semestre de 1995, les investissements canadiens
en Inde ont été huit fois plus élevés
qu'au semestre correspondant l'an dernier. De fait, le Canada
est le quatrième plus important investisseur direct en
Inde.
Tout cela sert de toile de fond à cette Équipe Canada
dont la représentation impressionnante comprend des premiers
ministres provinciaux, des ministres fédéraux et
des centaines de gens d'affaires représentant des sociétés
canadiennes parmi les plus prestigieuses et les plus prospères
des sociétés désireuses de faire affaire
avec des sociétés indiennes et de participer à
l'expansion des échanges et des investissements.
Nombre de ces sociétés représentent les secteurs
de l'énergie, des télécommunications, des
services environnementaux, de l'agroalimentaire, des services
financiers et des transports. C'est dans ces secteurs que nous
croyons être en mesure d'étendre nos relations commerciales.
Ces entreprises veulent forger des liens qui propulseront nos
intérêts commerciaux vers de nouvelles cimes.
Nous pouvons déjà en observer plusieurs exemples.
Au cours de ma visite, j'ai assisté à la signature
d'ententes entre des sociétés canadiennes et indiennes
totalisant 444 millions de dollars. Ces ententes étaient
de toutes sortes grandes et petites et visaient plusieurs secteurs
d'activité.
Il s'agissait tantôt de déclarations d'intention,
de lettres d'intérêt ou de protocoles d'entente qui
sont la promesse d'une collaboration prochaine et de retombées
avantageuses pour chacune des deux parties.
Ces accords soutiendront la création d'emplois et la croissance
économique tant pour les Indiens que les Canadiens, et
ce, pour de nombreuses années.
C'est pourquoi, j'aimerais annoncér aujourd'hui un nouvel
objectif en matière d'échanges commerciaux entre
nos deux pays un objectif dont j'ai fait part aux dirigeants de
votre gouvernement lors de nos discussions. Un objectif que je
pose en défi à relever aux gens d'affaires de nos
deux pays.
Je crois que nous pouvons et que nous devrions doubler le volume
des échanges entre le Canada et l'Inde au cours des deux
prochaines années. Et que nous devrions le quadrupler au
cours des cinq prochaines années.
Compte tenu du dynamisme de nos économies, de notre savoir-faire,
de nos valeurs communes, et de notre engagement envers la libéralisation
des échanges, l'emploi et la croissance, je crois que ces
objectifs sont plus que réalisables. Par ailleurs, la qualité
de vie de nos populations respectives demande à ce que
nous nous mettions au travail.
Je crois qu'Équipe Canada a jeté des bases sur lesquelles
nous pouvons bâtir. Bâtir de nouveaux liens et renforcer
les liens entre nos deux pays. Inaugurer une renaissance des rapports
entre l'Inde et le Canada. Un partenariat qui améliore
la prospérité et la qualité de vie des citoyens
de nos deux pays.
Et je crois que, de la même manière dont nous identifions
les décennies suivant l'indépendance comme les beaux
jours de nos relations, nous nous souviendrons d'Équipe
Canada et de cette mission comme d'un point tournant qui nous
a fait entrer dans une nouvelle ère de coopération
entre nos deux pays.
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