Adresse en réponse au discours du Trône
Le 28 février 1996
Ottawa, Ontario
Cette nouvelle session du Parlement marque le début de
la deuxième moitié du mandat de notre gouvernement.
Nous sommes à mi-chemin. Il faut fixer de nouveaux objectifs.
Relever de nouveaux défis. Et nous appuyer sur ce que
nous avons accompli depuis deux ans et quatre mois.
On dit souvent que pour savoir où on va, il faut se rappeler
par où on est passé. J'ajouterais qu'il faut se
rappeler d'où on est parti. Monsieur le président,
je me souviens très bien d'où est parti notre gouvernement
il y a un peu plus de deux ans.
Nous avons hérité d'un pays aux prises avec de graves
difficultés économiques. Le taux de chômage
dépassait 11 p. 100. Le déficit atteignait 42 milliards
de dollars -- et il se creusait d'année en année.
Mais le malaise économique dont nous avons hérité
ne montrait que la moitié du tableau. La méfiance
et le cynisme des Canadiens envers leur gouvernement était
tout aussi profonds et destructeurs. Des ministres du gouvernement
fédéral ne croyaient même pas au Canada.
Entachés par le scandale, des ministres démissionnaient
l'un après l'autre. Et les affaires du gouvernement étaient
dominées par les lobbyistes et les entremetteurs.
Telle était la situation quand nous avons pris le pouvoir
en 1993. Notre gouvernement s'est retroussé les manches
et mis au travail pour renverser la vapeur. Et nous avons réussi
à la renverser.
Nous sommes arrivés avec un plan d'action -- le Livre rouge.
Au cours de la dernière session, nous avons adopté
près de 100 projets de loi d'initiative ministérielle
et mis en oeuvre près des trois quarts des engagements
que nous avions pris dans le Livre rouge.
Mais ces statistiques ne disent pas tout. Elles ne disent pas
que plus d'un demi-million d'emplois ont été créés
dans l'économie canadienne depuis que nous formons le gouvernement.
Que le taux de chômage a reculé de deux points --
et est descendu sous la barre de 10 p. 100 pour la première
fois depuis cinq ans. Qu'après des années de promesses
et de mesures reportées à plus tard, le gouvernement
fédéral a finalement entrepris l'assainissement
des finances publiques.
A la fin du nouvel exercice, nous aurons ramené
le déficit de 6 à 3 p. 100 du PIB, comme nous l'avions
promis dans le Livre rouge -- de 42 à 24,3 milliards de
dollars. Et l'an prochain, nous l'aurons réduit d'un autre
point de pourcentage et ramené à 2 p. 100, à
son niveau le plus bas en vingt ans. Et il continuera de descendre.
Nous y sommes parvenus, non pas contre la volonté des
Canadiens, mais plutôt grâce à leur soutien
actif.
La tâche n'a pas été facile. Mais je tiens
à souligner le travail du ministre des Finances, qui a
su faire accepter des budgets sévères mais équitables.
Et je veux remercier les Canadiens pour leur compréhension
et leur détermination.
Parce que nous avons expliqué clairement aux Canadiens
-- et les Canadiens ont compris -- que réduire le déficit
n'est pas une fin en soi. Que nous n'avons pas poursuivi cet
objectif par caprice. Ni pour des raisons idéologiques.
Mais parce que c'est une étape nécessaire pour
restaurer la santé économique du Canada -- pour
assurer une croissance durable et des emplois pour les Canadiens.
Accepter des déficits élevés année
après année voulait dire accepter des taux d'intérêt
élevés. Cela voulait dire des taux hypothécaires
plus élevés pour les Canadiens propriétaires
de leur maison. Cela voulait dire d'autres sacrifices pour les
jeunes familles qui voulaient acheter leur première maison.
Cela voulait dire que des milliers de petites entreprises et
de fermes ne pouvaient ni grandir ni prendre de l'expansion --
et créer des emplois.
Accepter des déficits élevés année
après année nous a aussi forcés à
emprunter à l'étranger pour financer nos dettes.
Cela nous a rendus trop vulnérables face aux marchés
financiers étrangers. Cela a limité notre souveraineté
économique. Et la note a été salée
pour tous les Canadiens.
Voilà pourquoi nous avons travaillé tellement fort
-- et nous continuerons de travailler fort -- pour réduire
le déficit. Et nos succès jusqu'ici sont en train
de se transformer en avantages réels et durables -- pour
tous les Canadiens. Nous avons parcouru beaucoup de chemin.
Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines, mais pour la
première fois depuis longtemps, nous entrevoyons la lumière
au bout du tunnel, comme le ministre des Finances le montrera
la semaine prochaine dans son budget.
Dans le Livre rouge, nous écrivons ce qui suit : «
notre politique de relance économique et de responsabilité
budgétaire nous permettra de baisser les taux d'intérêt
réels et de juguler l'inflation, ce qui améliorera
notre compétitivité face à nos principaux
partenaires commerciaux. »
C'est précisément ce qui arrive. Les taux d'intérêt
ont grandement baissé. L'inflation au Canada est à
son niveau le plus bas depuis des décennies -- un niveau
plus bas que dans pratiquement tout autre pays industrialisé.
Depuis mars l'an dernier, les intérêts à court
terme ont baissé de trois points de pourcentage. Cela
représente un fléchissement de 2,5 points de pourcentage
de plus que ce qui a été observé aux États-Unis.
Aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus d'écart entre
les taux d'intérêt à court terme canadiens
et américains.
La façon dont nous remettons de l'ordre dans les finances
publiques en dit long sur nos valeurs, celles du gouvernement
et de la société que nous formons. Nous aurions
pu sabrer aveuglément dans les dépenses -- en frappant
tous les citoyens indistinctement avec la même intensité.
Mais cela n'aurait pas été équitable. En
tant que Canadiens, nous chérissons les valeurs communautaires,
telles que l'égalité des chances, la tolérance
et la compréhension -- la compassion et le soutien aux
plus vulnérables. Nous croyons à la notion de respect
sous toutes ses formes. Les Canadiens sont déterminés
à remporter la lutte contre le déficit. Mais comme
notre gouvernement, ils refusent absolument de le faire sur le
dos des démunis -- ce dont nous sommes fiers.
Pour cette raison, par exemple, nous avons réduit les dépenses
militaires et accru les dépenses liées aux programmes
d'emploi pour les jeunes. Nous avons comprimé les subventions
aux entreprises de plus de 50 p. 100, mais nous avons
investi dans un Programme national d'infrastructure qui se traduit
par des projets d'investissement dans chaque province canadienne.
Ce programme a contribué à la création de
dizaines de milliers d'emplois, et aura des retombées économiques
étalées sur les prochaines décennies. Pour
cette raison encore, nous avons éliminé les échappatoires
comme les fiducies familiales, mais financé de nouvelles
mesures telles que le programme de nutrition prénatale
et le programme Bon départ pour les Autochtones, et rétabli
le programme national d'alphabétisation.
Toujours pour cette raison, nous avons éliminé l'exemption
pour gains en capital de 100 000 dollars et relevé à
12 milliards de dollars le plafond prévu dans la Loi sur
les prêts aux petites entreprises. Nous avons instauré
des compressions dans la fonction publique fédérale
mais lancé des mesures telles que le Service Jeunesse Canada
et le Programme jeunes stagiaires pour permettre à des
milliers de jeunes d'acquérir l'expérience nécessaire
pour décrocher -- et conserver -- leur premier emploi.
Monsieur le Président, c'est ce souci de l'équilibre
et des priorités qui est la marque de commerce de notre
gouvernement. Une lutte énergique et sérieuse contre
le déficit. C'est ainsi que nous avons réussi à
renverser la vapeur. Mais avec compassion, compréhension
et désireux d'investir dans les gens -- comme nous l'avions
proposé dans le Livre rouge. Nous avons prouvé qu'un
gouvernement peut être un gestionnaire économique
et financier dur, équitable et efficace tout en étant
progressiste et humain. C'est pour cela, plus que tout le reste,
que les Canadiens ont voté quand ils nous ont choisis pour
diriger le Canada il y a un peu plus de deux ans. Et c'est cela,
plus que tout le reste et je le dis avec fierté, qui constitue
la grande réalisation de la première moitié
de notre mandat.
J'ai mentionné au début que notre gouvernement avait
hérité d'un déficit budgétaire de
nos prédécesseurs, mais aussi d'un discrédit
politique. Les Canadiens désespéraient de leurs
institutions politiques. Ils ne croyaient plus en leur gouvernement.
Ils ne faisaient plus confiance aux représentants élus.
Monsieur le Président, on peut être d'accord ou pas
avec nos politiques. Mais après plus de deux ans au pouvoir,
personne ne peut mettre en doute l'honnêteté et l'intégrité
de notre gouvernement et de ses ministres. Personne. Et cela,
Monsieur le Président, c'est une réalisation dont
je suis très fier, mais qui donne aussi aux Canadiens une
raison de croire à nouveau à leur gouvernement.
Les Canadiens savent que, quand notre gouvernement donne sa parole,
il tient promesse.
Avoir rétabli la réputation du gouvernement du Canada
en tant que gestionnaire financier et économique compétent.
Avoir redonné à la population le sentiment que
le gouvernement est une institution honnête. Voilà,
je crois, nos réalisations à mi-mandat. Ce sont
des réalisations dont nous sommes très fiers.
Elles préparent le terrain pour la deuxième moitié
de notre mandat. Hier, le discours du Trône énonçait
les grandes mesures que prendra le gouvernement au cours de la
session qui commence. Ces mesures poursuivent le travail que
nous avons amorcé il y a deux ans. Elles étaient
promises dans le Livre rouge. Elles favorisent la croissance
économique et la création d'emplois. Elles favorisent
l'unité. Elles favorisent la sécurité des
Canadiens et de leurs familles.
Nous avons été élus pour restaurer la santé
économique du Canada. Je le répète, le chômage
a beaucoup baissé depuis que nous avons pris le pouvoir
en 1993. Mais il n'est pas assez bas à notre goût
-- ni au goût des Canadiens. Trop de Canadiens sont encore
sans travail. Beaucoup trop de Canadiens craignent encore de
perdre leur emploi.
Par-dessus tout, nous voulons que les jeunes Canadiens participent
activement à notre économie. Ils veulent du travail.
Ils méritent de travailler. Les jeunes veulent espérer
en l'avenir -- pas craindre l'avenir. C'est à nous tous
de créer cet espoir et ces débouchés pour
eux.
Le chômage chez les jeunes n'afflige pas seulement le Canada.
Il existe partout dans le monde industrialisé, dans tous
les pays. Dans de nombreux pays, la situation est bien pire que
chez nous. Mais cette comparaison ne devrait pas nous consoler.
Parce que nous ne devrions pas mesurer le succès ou l'épanouissement
de nos jeunes par rapport à celui des jeunes d'autres pays.
Nous devrions le mesurer par rapport à nos propres espoirs
et nos propres ambitions et par rapport à notre sens du
devoir en tant que gardiens de la société dont ils
hériteront. Si nous voulons que le Canada continue de
grandir et de prospérer, si nous voulons vraiment un pays
d'espoir et de confiance, notre seule garantie, c'est une jeunesse
qui travaille fort dans des emplois utiles, des emplois qui ont
un avenir.
Au cours des deux premières années de notre mandat,
le gouvernement a pris de nombreuses mesures pour promouvoir activement
un climat favorable à la création d'emplois. Et
il a remporté des succès.
Mais un gouvernement ne crée pas des emplois -- il crée
un climat qui permet au secteur privé de créer des
emplois.
Et c'est ce que nous avons fait -- et ce que nous continuons de
faire -- jeter les bases d'une croissance de l'emploi durable.
Nous avons maintenant besoin d'un partenariat -- d'un partenariat
actif -- avec les autres gouvernements et le secteur privé
pour que cette croissance durable de l'emploi se concrétise.
Nous avons eu un avant-goût de ce partenariat. Nous savons
qu'il peut bien fonctionner, quand on y met la détermination
et l'effort voulus.
Depuis des années, rien n'avait donné aux Canadiens
un sentiment de fierté et d'accomplissement aussi grand
que les missions commerciales d'Équipe Canada dans des
marchés étrangers comme la Chine et l'Inde. Ces
deux missions commerciales, conjuguées avec la mission
commerciale que j'ai dirigée en Amérique latine
il y a un an, ont rapporté 20 milliards de dollars de contrats
commerciaux aux entreprises canadiennes. Cela veut dire des milliers
d'emplois pour le Canada, et l'occasion de prendre pied sur certains
des marchés étrangers dont la croissance est la
plus rapide au monde.
Mais je crois qu'au-delà des statistiques impressionnantes
des missions d'Équipe Canada, ce qui importe le plus c'est
ce que ressentent les Canadiens quand ils voient le premier ministre
de leur pays, les premiers ministres provinciaux et des chefs
de petites et grandes entreprises travailler ensemble pour créer
des emplois pour les Canadiens. Il y avait là des personnalités
politiques d'à peu près tous les partis, des représentants
de presque tous les types d'entreprises, petites et grandes, qui
oeuvraient tous dans le même sens. Pour une fois, la classe
politique a cessé de se pointer du doigt et les gens d'affaires
ont cessé de blâmer le gouvernement et tout le monde
a mis l'épaule à la roue -- a travaillé au
sein de la même équipe, pour atteindre les mêmes
buts.
Les Canadiens avaient l'habitude de voir les gouvernements se
faire concurrence et les premiers ministres se quereller -- mais
avec Équipe Canada, ils nous ont vus travailler ensemble.
Ils ont aimé ce qu'ils ont vu. Ils en redemandent.
Je crois que nous pouvons et devons prouver aux Canadiens que
nous -- le gouvernement fédéral, les gouvernements
provinciaux et le secteur privé -- n'avons pas besoin d'aller
à l'étranger pour pouvoir travailler ensemble.
Équipe Canada a bien travaillé à Beijing,
Mumbai ou Buenos Aires. Mais elle peut travailler tout aussi
bien à Burnaby, Brampton ou Bromont.
Nous devrions mettre le même esprit d'équipe à
l'oeuvre ici, chez nous, pour créer des emplois dans un
vrai partenariat national. Je m'engage, ici et maintenant, devant
tout le pays, à consacrer toutes les ressources du gouvernement
fédéral à la création de ce partenariat.
Et j'invite le secteur privé et les gouvernements provinciaux
à se joindre à nous.
Au secteur privé, je propose un défi bien précis.
Pendant des années et des années, vous avez demandé
au gouvernement fédéral de mettre de l'ordre dans
ses finances. Vous avez fait campagne contre les déficits.
Vous nous avez prévenus contre les incidences négatives
des dépenses publiques trop élevées sur l'économie.
Vous nous avez demandé de nous retirer des domaines dont
le secteur privé s'occupe mieux que nous.
Vous avez affirmé que, quand nous aurions fini ce travail,
le secteur privé créerait des emplois.
Je vous dis que le gouvernement fédéral a livré
la marchandise. Maintenant, les Canadiens demandent au secteur
privé de faire sa part.
C'est à votre tour maintenant de montrer que vous faites
confiance au Canada et aux Canadiens -- surtout aux jeunes Canadiens.
Vous devez reconnaître -- tout comme nous avons pris les
devants pour éliminer le déficit budgétaire
-- que vous avez une responsabilité pour éliminer
le déficit humain... du chômage. Aucun bilan fidèle
ne peut ignorer les coûts élevés et croissants
du chômage chronique. C'est mauvais du point de vue humain.
C'est mauvais du point de vue économique et c'est mauvais
du point de vue commercial. C'est mauvais du point de vue moral.
Et vous avez la responsabilité -- tout comme moi et mes
collègues du gouvernement -- de déployer l'énergie
et les efforts qu'il faut pour résoudre ce problème.
Voilà pourquoi nous avons annoncé dans le discours
du Trône d'hier que le gouvernement doublerait, cette année,
sa contribution à la création d'emplois d'été
dans les secteurs privé, public et sans but lucratif, et
pourquoi nous avons mis au défi le secteur privé,
les provinces et les municipalités d'en faire autant.
Nous devons encourager et aider les jeunes qui paient leurs études
universitaires -- et c'est un moyen important pour y parvenir.
Je veux annoncer aujourd'hui une autre initiative. Dans les semaines
à venir, je vais demander aux milieux des affaires de se
joindre au gouvernement, pour lancer sur la scène nationale
une mission d'Équipe Canada, orientée vers la création
d'emplois pour les jeunes Canadiens principalement dans le secteur
privé. Ce sera un appel aux entreprises, grandes et petites,
à investir dans l'emploi pour les jeunes Canadiens. Cela
pourrait créer plusieurs dizaines de milliers de nouveaux
emplois et stimuler la croissance économique et la demande
des consommateurs. Et surtout, cela prouverait aux millions de
Canadiens et de Canadiennes que leur pays fonctionne pour eux,
pas seulement pour les puissants et les privilégiés.
Et je lance également un défi aux provinces. Je
les mets au défi de retrouver le dynamisme et la volonté
qui ont fait fonctionner Équipe Canada -- pour faire de
ce concept quelque chose de permanent. Dans nos efforts pour
redéfinir et préciser nos responsabilités,
collaborons également à mettre en oeuvre ce programme
axé sur la création d'emplois. Ce n'est sans doute
pas aussi exaltant que nos querelles, et sûrement pas aussi
facile. Mais nous avons déjà montré que
nous pouvons collaborer pour créer des emplois et assurer
des retombées économiques.
Les Canadiens méritent que nous fassions l'effort nécessaire.
Les Canadiens méritent aussi la sécurité
que leur apportent nos mesures sociales. Une économie
forte et prospère assure la viabilité de programmes
sociaux de qualité. C'est pour cela que l'assainissement
des finances publiques est un élément indispensable
au maintien des programmes sociaux qui sont si chers aux Canadiens.
Mais l'engagement de notre gouvernement à l'égard
des mesures sociales ne s'arrête pas là. Nous sommes
également conscients que l'avenir à long terme des
programmes sociaux, pas seulement l'avenir immédiat, dépend
de notre planification. C'est une responsabilité que nous
prenons très au sérieux.
Cette préoccupation est particulièrement aiguë
en ce qui a trait aux pensions de l'État. Tout le monde
reconnaît que l'évolution démographique de
notre société nous force à faire des changements
pour assurer la viabilité de notre système de pensions
de vieillesse pour les futures générations de Canadiens.
Nous avons d'ailleurs amorcé des discussions avec les provinces
pour que le Régime de pensions du Canada, que nous gérons
conjointement avec les provinces, soit en mesure d'aider les travailleurs
canadiens qui y versent leurs cotisations. Nous avons également
invité la population à prendre part à ces
discussions.
La prochaine étape consiste à nous assurer que les
prestations versées aux personnes âgées en
vertu de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément
de revenu garanti sont viables aujourd'hui et qu'elles le seront
dans l'avenir. Nous nous sommes engagés en ce sens. Et
nous agirons. Nous avons le devoir de planifier en fonction de
l'avenir, et nous prenons cela au sérieux.
Nous honorerons un autre engagement -- un engagement que j'ai
moi-même pris en cette Chambre, au nom de ce gouvernement.
J'ai fait une promesse aux personnes âgées et je
la répète aujourd'hui : vos prestations de Sécurité
de la vieillesse et de Supplément de revenu garanti ne
seront pas réduites.
Et nous continuerons d'assurer la santé et la viabilité
de l'assurance-maladie -- la mesure sociale que nous chérissons
le plus. Ce gouvernement fera en sorte que le système
de soins de santé soit à la disposition de tous
les Canadiens -- sans distinction entre riches et pauvres. Nous
maintiendrons de façon significative la composante en espèces
au titre du Transfert canadien en matière de santé
et de programmes sociaux. Ainsi, nous conserverons une voix forte
en ce qui concerne l'assurance-maladie et pourrons ainsi maintenir
un système de soins de santé gratuit et universel
partout au Canada.
Parce que l'assurance-maladie est aussi canadienne que le sol
sur lequel nous marchons et que l'eau qui coule dans nos rivières
et nos lacs. Elle fait partie de notre identité actuelle
et de nos aspirations. Elle nous distingue des autres pays.
Elle nous rassemble quel que soit l'endroit où nous vivons
au Canada. Nous veillerons à ce qu'elle continue encore
longtemps à rassembler les Canadiens.
Parce que rassembler les Canadiens pour qu'ils fassent cause commune
et maintenir l'unité canadienne doit être prioritaire
pour tout gouvernement en cette Chambre.
Le référendum du 30 octobre dernier nous a montré
que l'on ne peut pas prendre notre pays, aussi magnifique soit-il,
pour acquis. Chaque jour, nous devons nous rappeler pourquoi
il fait si bon vivre au Canada. Nous devons nous rappeler ce
que nous avons en commun ; les valeurs que nous chérissons
: la tolérance, le respect, la générosité
et le partage. Nous devons nous rappeler ce que des générations
de Canadiens ont accompli pour faire de notre pays l'envie du
monde. Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons continuer de
croire en cette grande entreprise collective et forger de nouveaux
liens entre nous.
Un Canada uni est une plus noble entreprise que la vision étroite
à laquelle adhèrent ceux qui sont prêts à
briser ce pays.
Le Canada est un grand pays au territoire vaste habité
par une population diversifiée. Trente millions d'habitants
d'origines diverses qui cohabitent paisiblement dans un pays dont
l'ONU estime qu'il est le meilleur pour sa qualité de vie.
C'est un très grand succès à l'échelle
mondiale. Un succès sur lequel on ne peut simplement s'asseoir.
Un succès sur lequel il faut continuer à bâtir.
A l'échelle des nations, le Canada est un pays encore
bien jeune en adaptation constante dans un environnement qui change
rapidement. L'économie mondiale se transforme et devient
de plus en plus interdépendante alors que de plus grands
ensembles se forment comme en Europe par exemple. A lui
seul, le Canada constitue un grand ensemble formé des provinces
et des territoires qui sont venus s'ajouter les uns aux autres
au fil du temps pour en faire l'une des sept puissances les plus
industrialisées au monde. Le Canada a grandi très
vite. Il est maintenant tout à fait normal de s'interroger
sur son fonctionnement. La mondialisation de l'économie
force les gouvernements de par le monde à se redéfinir.
Ce qui demeure constant dans notre histoire, c'est notre capacité
à nous adapter à de nouvelles circonstances et aux
nouvelles réalités sans perdre de vue nos valeurs
et nos principes. Les Pères de la Confédération
nous ont légué un cadre qui est toujours aussi valide
aujourd'hui qu'il l'était il y a 130 ans.
Ils ont prévu des dispositions pour que les provinces soient
fortes, autonomes et capables d'offrir des services et de les
adapter aux conditions locales. Ils ont prévu des dispositions
pour que les provinces puissent évoluer et s'épanouir
d'une façon qui leur est propre. L'ensemble du Canada
bénéficie de la création par la Saskatchewan
d'un régime universel d'assurance-maladie. L'ensemble
du Canada bénéficie de la situation géographique
de la Colombie-Britannique qui en fait un pays du Pacifique.
A une époque où l'on demande aux gens de
développer leur conscience planétaire et d'intervenir
localement, la notion de provinces fortes est plus importante
que jamais.
Mais les pères de la Confédération ont aussi
prévu un gouvernement national unique, élu directement
par les Canadiens. Une instance qui intervient directement au
nom de tous les Canadiens sur les grands enjeux de l'heure. Ce
gouvernement sera encore tout aussi important au XXIe
siècle. Et nous préserverons le rôle de ce
gouvernement national :
- par le renforcement de notre économie et de notre union
économique afin que notre pays connaisse la prospérité,
pour nous et pour nos enfants;
- par une meilleure solidarité sociale au Canada -- en
préservant et en modernisant l'union sociale pour que notre
société demeure bienveillante et généreuse
à la grandeur du pays;
- par la mise en commun de nos richesses nationales qui nous permettront
d'atteindre efficacement nos objectifs communs;
- par la protection et la promotion des valeurs et de l'identité
canadiennes dans la fierté de notre diversité; et
- par la défense de la souveraineté du Canada et
une représentation efficace des Canadiens sur la scène
mondiale.
Ensemble, nous moderniserons notre fédération en
tenant compte de notre diversité, avec confiance en nos
moyens à l'approche du XXIe siècle.
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