Dîner du Forum d'affaires de l'APEC
Le 23 novembre 1996
Manille (Philippines)
C'est avec grand plaisir que je me retrouve parmi vous. Je comprends
maintenant pourquoi la générosité de l'hospitalité
philippine est légendaire.
Même le thème de la soirée, « Aurores
boréales dans des cieux méridionaux », fait
délicatement allusion au Canada. Je crains que l'an prochain,
à la même époque, nous n'offrions à
Vancouver des « Aurores boréales dans des cieux plutôt
froids »! J'espère, néanmoins, que nous saurons
vous réserver un accueil aussi chaleureux que celui que
nous avons reçu de nos hôtes philippins.
+ ceux d'entre vous qui n'ont jamais séjourné
à Vancouver, je peux donner l'assurance que le voyage en
vaut la peine. Je ne puis me résoudre à parler avec
modestie de Vancouver, car je crois tout à fait sincèrement
qu'elle est devenue l'une des villes les plus remarquables du
monde. Son cadre naturel est d'une beauté à couper
le souffle. Ces dernières années, elle a connu un
essor économique digne de mention. En sa qualité
d'important carrefour dans le secteur des transports et de centre
commercial international, elle est devenue, pour le Canada comme
pour une grande partie de l'Amérique du Nord, le point
d'accès aux pays du Pacifique.
J'espère pouvoir accueillir un grand nombre d'entre vous
à Vancouver en novembre prochain.
Ma présence aujourd'hui au Forum des gens d'affaires de
l'APEC suscite chez moi un grand enthousiasme. J'aimerais, pour
commencer, féliciter le président Ramos et la Fondation
APEC des Philippines d'avoir organisé la présente
rencontre. Réunir des représentants de haut niveau
du monde des affaires des deux rives du Pacifique, ce n'est pas
une mince tâche. C'est, au contraire, une réalisation
d'une grande importance.
Sur le plan concret, bien évidemment, ces assises nous
donnent l'occasion de tenir des discussions et de développer
des maillages au plus haut niveau. Des rencontres comme celle-ci
contribuent à nourrir les amitiés et les relations
nécessaires au renforcement la communauté de l'Asie-Pacifique.
De la même manière, l'APEC ouvre aussi des possibilités
de diplomatie interpersonnelle entre dirigeants.
Si nous dressons le bilan des progrès rapides accomplis
depuis la première réunion des dirigeants de l'APEC,
en 1993, nous pouvons constater que nous avons beaucoup progressé.
Après l'énoncé de prospective économique
de Seattle et le programme d'action d'Osaka, nous passons maintenant
au plan d'action de Manille.
Cela dit, il ne fait aucun doute que la réalisation dominante
de l'APEC réside dans l'engagement que nous avons pris
à Bogor, en Indonésie, d'arriver sans faute à
une libéralisation des échanges et de l'investissement
dans la région d'ici à l'an 2010 pour les économies
industrialisées et d'ici 2020 pour les économies
en développement. J'ai la conviction que sans le vigoureux
encouragement des représentants du secteur privé,
nous n'aurions pas fait montre d'une pareille audace.
Demain, lorsque nous entamerons le programme officiel des leaders
de l'APEC, nous ferons un pas important en vue de cimenter le
partenariat entre les entreprises et les pouvoirs publics. +
leur toute première séance, les leaders de l'APEC
débattront avec les membres du Conseil consultatif des
gens d'affaires les recommandations, audacieuses et novatrices,
que renferme leur premier rapport.
Je crois savoir que les représentants du Conseil consultatif
se trouvent au sein des délégations présentes
ici ce soir. Permettez-moi de profiter de l'occasion pour vous
féliciter de la manière impressionnante avec laquelle
vous avez abordé le mandat qui vous a été
confié. Votre rapport marque l'aboutissement d'une somme
de travail incroyable de la part de tous les membres, depuis votre
première réunion, en juin. Je souhaiterais remercier
en particulier le président, M. Ramal, ainsi que les deux
coprésidents, M. Morufushi, du Japon, et M. Riddle, du
Canada.
Le fait que vous consacriez à ce mandat une si grande partie
de votre temps et de votre énergie, aussi précieux
l'un que l'autre, démontre très clairement que le
milieu des affaires voit dans l'APEC un important moyen de soutenir
la croissance et la prospérité.
Je le crois également.
En tant que dirigeants politiques, nous sommes prêts à
faire de sorte que les institutions, l'environnement et les mécanismes
soient en place pour favoriser la croissance économique
de la région. Pour cela vous devez continuer à nous
expliquer quelles sont les entraves à vos propres activités
commerciales en Asie-Pacifique. Vous devez nous dire ce que nous
pouvons faire pour vous aider encore plus.
Le Canada assurera également, en 1997, la présidence
du Conseil consultatif des gens d'affaires de l'APEC. Je compterai
alors sur ses membres canadiens pour transmettre les avis provenant
du secteur privé aux dirigeants. Je chercherai des moyens
pour développer les échanges fructueux entre les
milieux d'affaires et les gouvernements. En bout de ligne, nos
efforts doivent permettre d'envisager un accroissement du commerce
dans la région, ils doivent favoriser la croissance économique
et la création d'emplois. C'est cela qui importe avant
tout.
L'APEC est un forum encore bien jeune, mais pendant sa courte
histoire, il a parcouru un long chemin. Je dois dire que je suis
impressionné par les réalisations de mes prédécesseurs.
Je le suis surtout quand je vois l'ampleur des tâches qui
attendent l'APEC et les priorités cruciales auxquelles
la région doit s'attaquer -- les infrastructures, l'environnement
et le développement urbain, pour n'en nommer que quelques-unes.
Et au moment où le Canada s'apprête à prendre
la relève à la direction de l'APEC, je ne perds
pas de vue ses caractéristiques fondamentales qui en font
une organisation internationale notamment son processus décisionnel
qui s'appuie sur la recherche du consensus. De toute évidence,
quelles que soient les approches que nous élaborerons,
elles feront intégralement l'objet de consultations au
sein de l'APEC.
Dans ce contexte, nous ne devons pas oublier que la coopération
économique n'est pas une fin en soi. Notre objectif commun
est d'améliorer la qualité de vie des citoyens de
nos pays. Nos populations souhaitent une meilleure alimentation,
une meilleure éducation, un environnement plus propre,
ils aspirent à une plus grande justice sociale et à
une meilleure administration publique.
La croissance économique contribue à l'amélioration
de la qualité de vie pour tous.
L'autre élément déterminant de l'APEC réside
dans la diversité de ses membres, qui représentent
des pays industrialisés aussi bien que des pays en voie
de développement.
Je suis à la tête d'un pays fondé sur le principe
voulant que des peuples différents peuvent oeuvrer de concert
au service des objectifs communs que sont la sécurité
et de la prospérité nationales. Je suis donc convaincu
que la diversité de l'APEC sera pour nous une source de
force.
+ la lumière de ces éléments, j'estime
que le Canada possède une expérience et des idées
qui l'aideront à s'acquitter du rôle qu'il aura bientôt
à jouer.
De cette diversité, par exemple, nous tirons l'essence
même des échanges commerciaux : un avantage comparatif.
Chacun de nous peut ainsi vendre ce qu'il produit plus efficacement,
à tous points de vue.
De surcroît, à mesure que nous achetons des intrants
à coût moindre chez nos partenaires, nous pouvons
produire et exporter des produits plus concurrentiels.
Et ce, tant et aussi longtemps que les échanges commerciaux
sont réglementés. Tant et aussi longtemps que nous
continuons d'éliminer barrières tarifaires et non
tarifaires.
Il importe que les membres de l'APEC agissent de manière
concertée afin d'accélérer le rythme des
négociations globales. Il nous faut maintenir la dynamique
qui a marqué nos réunions de Bogor, d'Osaka et de
Manille, et étendre ses effets à l'échelle
mondiale.
Selon le programme d'action d'Osaka, la mise en oeuvre de nos
engagements individuels et collectifs relativement à la
libéralisation commencera le 1er janvier 1997. J'ajoute
que le premier examen de cette mise en oeuvre se fera dans un
an, à Vancouver.
En préparant le plan d'action de Manille pour l'APEC, les
Philippines ont rendu un service essentiel à la région.
En outre, chacun des 18 membres de l'APEC a soumis un plan d'action
individuel dans lequel il met en relief les initiatives volontaires
qu'il entend prendre pour donner suite aux engagements pris à
Bogor.
Je prends acte avec satisfaction de cet ensemble de mesures. Le
Canada a contribué pleinement. Le plan d'action de Manille
n'est pas loin de nous donner un instantané de l'énorme
mouvement de libéralisation et de déréglementation
à l'oeuvre dans la région de l'Asie-Pacifique.
Toutefois, il ne s'agit pas d'un document définitif. Il
ne constitue que la première étape d'un processus
évolutif qui débouchera sur l'élimination
progressive des barrières d'ici l'an 2020.
Il y a un an, à Osaka, je me suis réjoui de voir
reprise par la Nouvelle-Zélande ma proposition voulant
que les ministres du Commerce des pays de l'APEC se rencontrent
pour faire en sorte que leurs pays se préparent ensemble
à la première Conférence ministérielle
d'examen de l'OMC, qui se tiendra à Singapour le mois prochain.
Le ministre canadien du Commerce international, M. Art Eggleton,
a proposé aux ministres du Commerce qu'ils se rencontrent
de nouveau l'an prochain, à Montréal, afin de continuer
de faire progresser cette cause. J'appuie vigoureusement cette
initiative.
Rappelons-nous, enfin, que si l'élimination des droits
de douane est importante pour le monde des affaires, les questions
de transparence et de tracasserie administrative détermineront,
dans une proportion aussi grande, si les milieux de l'entreprise
pourront ou non progresser.
Dans ses travaux sur les formalités douanières et
sur l'établissement de normes, l'APEC procure déjà
des avantages très concrets aux entreprises de la région.
Les autres principaux éléments de mon programme
de l'an prochain revêtent également une très
grande importance pour l'ensemble de la région. Comme vous
vous en souviendrez, l'an dernier, à Osaka, les leaders
de l'APEC ont souligné l'importance de certains enjeux,
en mettant en particulier l'accent sur les répercussions
de la croissance démographique et des transformations de
l'économie sur l'environnement, ainsi que sur les approvisionnements
en vivres et en énergie.
Le Canada a accepté de jouer un rôle directeur pour
ce qui est de l'examen de ces questions au cours de l'année
qui vient. Nous vous demanderons de vous joindre à nous.
Nous accueillerons à cette fin un important colloque de
représentants du monde des affaires, des pouvoirs publics
et des milieux universitaires. En effet, si le secteur privé
ne participe pas à l'examen de ces problèmes fondamentaux
d'infrastructures, il nous sera très difficile de trouver
des solutions.
Juste avant que je vienne à Manille, mon gouvernement a
déclaré que 1997 serait l'Année canadienne
de l'Asie-Pacifique. Ce sera une occasion pour les Canadiens d'un
bout à l'autre du pays de souligner les liens multiples
que nous entretenons avec cette région.
Je veux maintenant vous dire combien nous avons hâte de
vous accueillir au Canada l'an prochain et pas seulement au
mois de novembre où nous comptons diriger le deuxième
dialogue entre les leaders de l'APEC et le Conseil consultatif
de l'APEC.
J'espère que vous participerez également à
la multitude de manifestations que nous tiendrons pendant toute
l'année.
Nous avons fait en sorte que chacune des réunions ministérielles
sectorielles de l'APEC prévues pour l'an prochain comportera
un colloque auquel participera le secteur privé, et donnera
aux dirigeants du monde des affaires une occasion d'établir
des liens directs avec des partenaires possibles, ainsi qu'avec
les ministres de l'APEC chargés des transports, de l'environnement,
de l'énergie ainsi que de la petite et moyenne entreprise.
Ces réunions se dérouleront d'un bout à l'autre
du Canada.
L'année canadienne de l'Asie-Pacifique nous permettra de
célébrer comme il convient le commerce, la culture
et l'élargissement des horizons, et ce, dans toutes les
collectivités de notre grand pays. En effet, nous estimons
que les rapports du Canada avec le Pacifique méritent d'être
célébrés. Mes compatriotes et moi-même
avons hâte de vous accueillir, de contribuer au succès
de l'APEC, et de vous montrer que de Vancouver, en Colombie-Britannique,
à St. John's, à Terre-Neuve, le Canada tout entier
est un pays du Pacifique, et fier de l'être.
Je vous remercie.
|