Déjeuner offert par M. Reiji Suzuki, gouverneur de la préfecture d'Aichi,
Le 28 novembre 1996
Nagoya (Japon)
Vous me faites un grand honneur en me donnant l'occasion de prendre
la parole devant un auditoire aussi remarquable.
J'ai déjà eu le plaisir de séjourner dans
votre pays à de nombreuses reprises, mais il s'agit cette
fois de ma première visite officielle en ma qualité
de Premier ministre du Canada.
Je tenais, pendant ce voyage, à souligner que le Canada
comprend qu'on ne saurait limiter le Japon à Tokyo. En
effet, notre gouvernement a constaté, il y a déjà
un certain temps, que le dynamisme des régions, abstraction
faite, donc, de la capitale, ne cessait de croître.
La région entourant Nagoya en donne un exemple tout à
fait éloquent. On y retrouve de nombreux secteurs qui présentent
un énorme intérêt pour le Canada. Fait renversant,
l'économie de votre région est plus importante que
celles de pays aussi importants que la Corée ou l'Australie.
Le Canada a ouvert un consulat à Nagoya au début
de la décennie. Depuis, notre consul, Monsieur Bob Mason,
et son équipe n'ont pas ménagé leurs efforts
afin de représenter toujours mieux les intérêts
du Canada ici.
Leur travail acharné porte ses fruits : grâce à
eux, on connaît mieux notre pays à l'échelle
locale.
Aujourd'hui, j'aborderai le thème du commerce entre nos
deux pays. La raison est que je crois qu'une économie forte
est l'essence même d'une société forte. L'accroissement
des échanges nous permet de créer des emplois et
des revenus pour nos populations. Et, en retour, cela nous donne
les moyens d'atteindre les objectifs que nous poursuivons tous
en matière de développement social, culturel et
environnemental. Demain, j'aborderai certains de ces grands thèmes
à l'Université de Meiji.
Notre action est axée sur certains secteurs présentés
dans un Plan d'action pour le Japon. Nous avons retenu
sept secteurs, puis nous avons préparé des stratégies
commerciales correspondant à chacun d'entre eux.
Ce plan donne des résultats : les entreprises canadiennes
connaissent mieux le marché japonais, elles adaptent leurs
produits en fonction des préférences de votre population,
et elles recherchent systématiquement de nouveaux débouchés
commerciaux chez vous, y compris dans la région du Chubu.
Le Japon est, en importance, notre deuxième partenaire
commercial, après les États-Unis. Nous exportons
presque davantage vers votre pays que vers tous les autres pays
d'Asie réunis.
L'an dernier, nos exportations vers le Japon ont fait un bond
de 24 p. 100 et ont dépassé le plateau des 12 milliards
de dollars, tandis que le total de nos échanges bilatéraux
a avoisiné les 24 milliards de dollars. Ces échanges
sont relativement équilibrés.
La région du Chubu est devenu un important marché
d'exportation pour le Canada. Nos exportations directes vers elle
ont progressé de 77 p. 100 de 1992 à 1995, s'établissant
ainsi à 2,21 milliards de dollars.
Les échanges commerciaux bidirectionnels entre notre pays
et la région du Chubu dépassent maintenant les 5,7
milliards de dollars.
Les produits destinés au secteur du bâtiment ont
procuré au Canada un succès d'une importance décisive
dans votre région. Depuis 1993, un nombre dépassant
largement la trentaine d'entrepreneurs en construction et de fournisseurs
canadiens de matériaux dans ce domaine ont établi
des rapports commerciaux avec plus de 50 entrepreneurs sur place.
On a construit ici, l'an dernier, environ 300 maisons préfabriquées
au Canada à partir de produits fournis par des entreprises
de diverses provinces de notre pays.
Ces résultats constituent l'aboutissement d'efforts et
de détermination. Non seulement notre consul, Monsieur
Bob Mason, apporte-t-il du travail chez lui, mais sa maison a
valeur de vitrine de la technologie canadienne du bâtiment.
Je m'explique.
La construction de la maison du Canada à Nagoya, où
Bob habite avec son épouse Janette, a marqué le
coup d'envoi de notre approche vigoureuse du marché local
des produits destinés au secteur du bâtiment. Cette
maison compte plus de 40 produits livrés par des fournisseurs
canadiens.
Au cours des deux années et demie qui se sont écoulées
depuis que Monsieur et Madame Mason ont emménagé
dans la maison du Canada à Nagoya, plus de 6 300 représentants
d'entreprises y sont venus. Imaginez un peu toutes ces paires
de chaussures laissées au « genkan » [hall d'entrée]!
Le parc des maisons d'importations du JETRO, l'Office japonais
du commerce extérieur, abrite des maisons-témoins
fabriquées au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique,
ainsi qu'un immeuble de bureaux en provenance de l'Alberta. Je
me rendrai à ce parc dans le courant de la journée.
Dans le domaine des produits alimentaires, on a vendu au détail
pour la première fois dans votre région, en 1993,
du boeuf canadien. Nous avons présenté sur votre
marché un certain nombre de nos produits : bière,
jus et vins, dont nos vins de glace, célèbres dans
le monde entier, de même que l'huile de canola, des confitures,
du miel et du sirop d'érable. Des entreprises canadiennes
ont également répondu à l'attrait qu'exercent
sur les consommateurs japonais les produits de la pêche,
notamment le homard, le saumon, le mactre d'Amérique et
le crabe.
Nos deux pays collaborent également dans les importants
secteurs de l'automobile et de l'aérospatiale.
Votre région est fière, à juste titre, d'abriter
le siège du constructeur Toyota. Le Canada est fier, lui
aussi, de compter une usine d'envergure mondiale de Toyota à
Cambridge, en Ontario. Cette usine a remporté à
maintes reprises des prix pour l'excellence de sa production,
et son rendement à l'exportation est tout à fait
remarquable.
Toyota a accordé un autre de vote de confiance au Canada
en renforçant sa présence non seulement à
Cambridge, mais aussi par le biais de ses installations de fabrication
de roues en aluminium CAPTIN, à Delta, en Colombie-Britannique.
D'autres investisseurs de votre région ont récemment
élargi leur champ d'activité au Canada. Ces entreprises
prennent acte du fait que le Canada a la bonne fortune d'être
plus que généreusement doté en ressources
naturelles, qu'il compte une population active instruite et très
qualifiée, ainsi qu'un secteur de la technologie de pointe
qui se trouve à l'avant-garde dans de nombreux secteurs
industriels.
Ce matin, j'ai également eu l'occasion, lors d'une visite,
de mettre en relief un autre exemple de la collaboration entre
nos deux pays : le partenariat entre votre société
Mitsubishi Heavy Industries et notre groupe Bombardier.
Cette collaboration va de la promotion des ventes du bombardier
à eau CL-415 à la production conjointe de l'appareil
Dash 8-400 et de l'avion à réaction d'affaires Global
Express.
Dans le cas du Global Express, ces deux entreprises travaillent
ensemble à construire ce qu'on considère comme étant
le meilleur avion de sa catégorie dans le monde.
La coopération gagne également du terrain dans des
domaines où le Canada possède des atouts, comme
ceux des télécommunications, de la micro-électronique
et des logiciels.
Le tourisme constitue, lui aussi, un important domaine en expansion.
Dix pour cent de tous les touristes japonais au Canada proviennent
de la région du Chubu.
Le Japon représente maintenant la première source
de recettes obtenues de touristes d'outre-mer au Canada. Un nombre
de 670 000 Japonais se sont rendus au Canada en 1995, une progression
de 19 p. 100 par rapport à l'année précédente.
Au cours du premier semestre de l'année en cours, nous
avons observé une nouvelle augmentation de 13 p. 100, en
comparaison de la même période, l'an dernier.
Hier, à Tokyo, j'ai fixé un objectif réaliste
dans quelques années, soit d'un million de touristes japonais
chaque année au Canada.
Mon gouvernement voit dans le tourisme beaucoup plus qu'une simple
activité commerciale. Le fait que davantage de citoyens
du Japon visitent notre pays constitue un important facteur de
renforcement de nos rapports personnels avec votre pays.
Parmi ceux qui ont séjourné au Canada récemment,
je mentionne la mission commerciale des dirigeants du monde japonais
des affaires, sous l'égide de la Keidanren. J'ai eu l'honneur
de rencontrer ce groupe à Tokyo hier. C'est avec beaucoup
de satisfaction que j'ai entendu ses observations positives sur
le renouveau de l'économie canadienne.
L'économie canadienne est saine et vigoureuse. Le déficit
a été réduit de façon draconienne.
Les taux d'intérêt sont à leur plus bas niveau
depuis quatre décennies. Il n'y a virtuellement pas d'inflation.
Le Canada offre un climat accueillant et réceptif aux investisseurs
étrangers. L'esprit d'entreprise canadien est bien en vie
et en santé. À un rythme sans précédent,
les Canadiens créent de nouvelles compagnies, développent
de nouveaux produits, et trouvent de nouveaux marchés chez
nous et à l'étranger.
Les investisseurs du Japon peuvent tirer parti de l'ALENA, qui
procure aux entreprises établies au Canada un accès
plus sûr à un marché de plus de 360 millions
de consommateurs.
L'ALENA vient renforcer une argumentation déjà fort
convaincante en faveur de l'investissement au Canada. Nous constatons
avec plaisir que les investisseurs de votre région sont
sensibles à ce message.
À l'échelle internationale, le Canada et le Japon
sont des défenseurs de premier plan de la libéralisation
des échanges commerciaux, que ce soit dans leur action
individuelle ou par leur coopération au sein d'instances
comme le G7, l'OMC, l'OCDE et l'APEC.
Cela dit, c'est à l'échelle des rapports bien précis
en matière de commerce et d'investissement, comme ceux
qui unissent le Canada et la région entourant Nagoya, qu'on
peut vraiment constater et sentir l'importance de la libéralisation
du commerce et de l'investissement.
La capacité de tenir ses promesses revêt une importance
cruciale pour les consommateurs exigeants comme le sont ceux du
Japon. Nous avons démontré à votre région
que nous possédons cette capacité. Les populations
du Canada et de la région du Chubu sont plus prospères
grâce à notre coopération économique.
L'accroissement des échanges commerciaux avec la région
de l'Asie-Pacifique représente une priorité personnelle
pour moi, en ma qualité de Premier ministre. Cela tient
au fait que pour le Canada, les exportations ont représenté
le plus important élément contribuant à la
création d'emplois. Or, la création d'emplois et
la croissance économique sont prioritaires pour mon gouvernement.
La croissance des rapports entre nos deux pays suscite chez moi
un grand enthousiasme. Le Japon est le plus important partenaire
du Canada de ce côté-ci du Pacifique. Je vois dans
les relations canado-japonaises un modèle applicable à
nos rapports avec nos autres partenaires. J'ajoute que j'ai la
conviction qu'il existe encore de nombreuses autres possibilités
de mener une action de coopération mutuellement bénéfique.
Nous vivons dans un monde dont les composantes sont de plus en
plus liées les unes aux autres. Au moment où le
XXIe se profile à l'horizon, il ne fait aucun doute qu'aucun
pays ne peut aller de l'avant en faisant cavalier seul. Nous allons
avancer ensemble.
Ce fut pour moi un honneur que de vous adresser la parole aujourd'hui.
Je vous remercie.
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