Déjeuner du Forum des dirigeants d'entreprise Philippines-Canada
Le 15 janvier 1997
Manille (Philippines)
Au nom d'Équipe Canada, permettez-moi de vous dire avec
quel plaisir nous nous arrêtons dans votre beau pays. Au
Canada, les Philippins sont reconnus pour leur chaleureuse hospitalité,
et cela s'est confirmé au cours de notre visite ici. Je
vous remercie de votre accueil chaleureux.
Les Canadiens et Canadiennes sont enthousiasmés par les
développements aux Philippines. La révolution du
« pouvoir du peuple », il y a dix ans, a été
une inspiration pour tous les Canadiens, ainsi qu'une leçon
de la détermination et du courage de la population philippine.
Le Président Ramos a fait preuve de cette même détermination.
Il a travaillé d'arrache-pied pour résoudre les
problèmes de société et de développement
de votre pays. Et dans le processus de paix, il a obtenu des résultats
historiques qui ont abouti à la réconciliation politique
dans votre pays.
Ces réformes ont fait renaître l'espoir et l'optimisme
aux Philippines. Et les réformes économiques mises
en oeuvre par le Président Ramos et son gouvernement ont
jeté les bases nécessaires pour assurer la croissance
à long terme. Et le Canada tient à y être.
En 1995, votre taux de croissance a atteint 5,5 p. 100 et, en
1996, il a franchi les 7 p. 100 soit la cinquième année
de suite où la croissance économique s'est accélérée.
Bien que je sois en visite aux Philippines pour promouvoir les
exportations canadiennes, j'aimerais bien pouvoir importer ces
taux de croissance au Canada.
Les potentialités des Philippines se concrétisent
et le monde en prend bonne note les médias appellent maintenant
les Philippines le « nouveau tigre ». Et son rugissement
est impressionnant.
Équipe Canada se trouve aux Philippines pour aider à
faire en sorte que ce progrès se poursuive et que le partenariat
entre le Canada et les Philippines continue de croître.
Ce partenariat repose sur des bases solides. Le Canada a été
l'un des premiers gouvernements à reconnaître l'administration
Aquino en 1986 et notre ambassadeur a été le premier
représentant étranger à présenter
ses lettres de créances à la nouvelle administration.
Nous avons été le premier pays à offrir des
crédits à l'exportation au nouveau gouvernement.
Depuis lors, la valeur de nos échanges bilatéraux
s'est accrue d'un facteur six, et elle d'élevait à
825 millions de dollars en 1995. Au cours de la même période
la valeur des exportations canadiennes a été multipliée
par sept, passant de 46 millions de dollars en 1985 pour atteindre
328 millions de dollars en 1995. Le Canada est un important investisseur
dans votre pays où l'on note la présence de sociétés
telles la Sun Life, la Manulife et la Banque de Nouvelle-Écosse
qui sont implantées ici depuis longtemps. Plus de vingt
sociétés canadiennes ont ouvert des bureaux ici.
Mais les meilleurs partenariats peuvent encore s'améliorer.
Et c'est la mission d'Équipe Canada. Nous sommes plus de
quatre cent représentants canadiens les dirigeants politiques
du pays, des dirigeants municipaux, des représentants des
milieux de l'enseignement et des centaines de gens d'affaires.
Nous sommes tous porteurs du même message : nous voulons
voir croître le partenariat Canada-Philippines.
Le Canada est un chef de file dans l'édification et la
conception d'infrastructure économique. Dans les domaines
du transport, des télécommunications, des technologies
de l'information, de l'énergie, de la construction et matériaux
de construction. Par exemple, la déréglementation
du secteur des télécommunications a permis à
des sociétés canadiennes de décocher un grand
nombre de contrats d'équipement. Bon nombre de ces entreprises
sont représentées au sein d'Équipe Canada.
Nous offrons également d'excellents produits de consommation.
Aujourd'hui, aux Philippines, il y a des épiceries qui
vendent des produits canadiens : des pommes, du porc et du boeuf,
des aliments congelés, de l'huile de canola, des croustilles
et des pâtes alimentaires, même de la gomme et de
la bière !
Le Canada est également concurrentiel dans certains importants
créneaux du marché philippin. Permettez-moi de vous
donner deux exemples. Les Philippines, avec leur main-d'oeuvre
compétente et talentueuse, sont un centre de production
de dessins animés. Or, dans le domaine de l'animation,
le Collège Sheridan de Toronto produit des diplômés
spécialisés en animation qui travaillent aux Philippines
à titre de dessinateurs et d'illustrateurs. Ils produisent
des dessins animés pour des clients tels Disney.
Un autre exemple est la société Sea Form Systems
Asia Inc, une entreprise de services commerciaux de plongée
et de construction spécialisée dans la restauration
de quais et de jetées. Grâce à une technologie
mise au point au Canada, cette entreprise est très active
aux Philippines et ailleurs en Asie. Le président de la
compagnie, M. Dan Young, est également président
de la Chambre de commerce canadienne aux Philippines.
Un autre secteur en croissance pour le Canada aux Philippines,
et un secteur prioritaire d'Équipe Canada, est celui des
services éducatifs. Le Canada dispose d'établissements
d'enseignement et de services de formation spécialisée
de premier ordre, et serait prêt à accueillir un
plus grand nombre d'étudiants philippins au Canada. Les
représentants de plusieurs établissements d'enseignement
nous accompagnent au cours de cette mission d'Équipe Canada.
Nombre des membres d'Équipe Canada représentent
des petites et des moyennes entreprises. Ce secteur est le moteur
de l'économie canadienne. Leur présence témoigne
de la volonté des entreprises canadiennes de plus petite
taille d'exporter leurs compétences et leur savoir-faire
outre-mer, et de se tailler une place dans le marché mondial.
Équipe Canada compte également dans ses rangs cette
année nombre de jeunes entrepreneurs. Et cela parce que
nous accordons une grande priorité à la création
d'emplois chez les jeunes, ainsi qu'à l'amélioration
de leurs perspectives d'avenir.
De petites entreprises à la recherche de débouchés
importants. De jeunes hommes et femmes qui transforment des idées
nouvelles en applications commerciales. Des établissements
d'enseignement modernes qui offrent des formations nécessaires
pour réussir dans une économie de l'ère de
l'information. Et certaines des sociétés parmi les
plus fortes et les plus réputées dans les secteurs
des ressources et de la fabrication.
C'est cela Équipe Canada. Et sa mission consiste à
élargir le partenariat entre les Philippines et le Canada
à atteindre de nouveaux sommets dans un nouveau millénaire.
Une chose est indispensable à tout partenariat véritable:
des valeurs communes. Et les valeurs que nous partageons sont
évidentes dans la façon dont nous abordons un des
plus difficiles et des plus tragiques problèmes rattachés
à la pauvreté et au développement : soit
l'exploitation des enfants et la main-d'oeuvre enfantine.
J'applaudis le gouvernement du Président Ramos qui a mis
en oeuvre un plan quinquennal pour lutter contre l'exploitation
sexuelle des enfants et d'autres formes d'exploitation de l'enfance.
Je salue également l'adoption de la nouvelle législation
pour lutter contre les mauvais traitements infligés aux
enfants, l'exploitation et la discrimination, ainsi que la prostitution.
Les Philippines sont l'un des pays qui bénéficiera
d'un programme de l'Organisation internationale du Travail (OIT)
qui a pour objectif d'éliminer le travail des enfants un
programme où le Canada a joué un rôle de premier
plan.
De fait, nous avons travaillé de concert avec les Philippines
dans ce domaine de façon concrète, tangible. Comme
le programme que subventionne le Canada pour éduquer et
donner plus de pouvoir aux enfants de la rue de même qu'aux
parents qui dirigent des comités locaux de protection de
l'enfance, et pour former de jeunes défenseurs des droits
des enfants de la rue. Ces enfants éduquent d'autres enfants,
tissent un réseau d'entraide et aident ces derniers à
mieux comprendre leurs droits ainsi qu'à mieux les faire
respecter.
Nous cherchons à faire reconnaître la question des
droits de l'enfant comme un dossier prioritaire des affaires étrangères.
Et nous avons présenté un projet de loi qui servirait
un avertissement sans équivoque aux Canadiens qui pourraient
être poursuivis s'ils participent, à l'étranger,
à des activités commerciales à caractère
sexuel avec des enfants.
Par l'entremise de l'Agence canadienne de développement
international, nous appuyons nombre de mesures mises en oeuvre
dans plusieurs pays pour favoriser un accès abordable à
l'éducation primaire, en particulier pour les filles, pour
améliorer le statut et le rôle de la femme en tant
que partenaire à part entière dans le développement,
et pour soutenir le bon gouvernement et les droits de la personne.
Notre engagement en faveur du développement n'est qu'une
des nombreuses valeurs que nous partageons. De fait, nous appartenons
tous les deux à ce qui devient rapidement une communauté
la communauté d'Asie-Pacifique. Et le Canada compte bien
en être un membre actif et à part entière.
Il y a quelques semaines à Vancouver, la porte d'accès
du Canada au Pacifique, j'ai déclaré 1997 l'Année
canadienne de l'Asie-Pacifique. Tout au long de l'année,
le Canada soulignera son appartenance au Pacifique ainsi que la
contribution remarquable des Canadiens d'origine asiatique.
Nous voulons sensibiliser davantage les Canadiens et Canadiennes
à l'importance de l'Asie-Pacifique pour notre économie
et notre société.
Le point saillant de l'Année de l'Asie-Pacifique sera la
présidence canadienne du forum de coopération économique
Asie-Pacifique (APEC), un honneur par lequel nous succéderons
aux Philippines. Il ne sera pas facile de succéder au Président
Ramos. Il a imprimé une direction forte en faisant progresser
le programme de libéralisation du commerce et de l'investissement.
Je compte poursuivre dans cette voie et, partant de ses succès,
faire avancer le programme.
Nous pouvons, par la collaboration, préparer un avenir
où la croissance économique conduira à la
prospérité et au bien-être des populations
de la région. Avec les autres membres de l'APEC, nous devons
faire en sorte d'atteindre notre objectif de libéralisation
des échanges et de l'investissement d'ici l'an 2010 pour
les pays industrialisés et d'ici l'an 2020 pour les pays
en développement.
Grâce à ces initiatives et aux autres activités
prévues pendant l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique,
le Canada veut montrer l'importance que revêt à nos
yeux la communauté du Pacifique, aussi bien aujourd'hui
que demain.
Nous soulignerons aussi le rôle de premier plan joué
par les Philippins dans la société canadienne. Les
Canadiens d'origine philippine ont contribué au resserrement
des échanges bilatéraux et de l'investissement,
aussi bien grâce à leurs liens familiaux aux Philippines
qu'à leur grande connaissance des pratiques d'affaires
dans nos deux pays. Selon moi, il s'agit de notre carte caché
dans les relations avec les Philippines. Il y a plus de 250 000
Canadiens d'origine philippine. Ils apportent à la société
canadienne leur vitalité et leur esprit d'entreprise.
De fait, le secrétaire parlementaire du Premier ministre
du Canada est un Canadien d'origine philippine. Le Docteur Rey
Pagtakhan, né à Cavite, est aujourd'hui un député
respecté du Parlement canadien. Je suis heureux de pouvoir
compter sur ses conseils judicieux à la Chambre des communes.
Et tous les membres d'Équipe Canada peuvent se réjouir
de sa présence parmi nous au cours de cette mission.
Rey est un résidant de Winnipeg, une grande ville de l'Ouest
canadien. Les Philippins contribuent à la vie canadienne
à Winnipeg depuis plusieurs années, tout comme à
Toronto, Vancouver, Calgary, Montréal et Edmonton. De plus,
ils maintiennent des rapports très forts et très
humains avec les Philippines.
Et ces rapports humains sont le fondement de relations solides
entre les personnes et entre les pays. Ce sera le thème
principal de notre année de l'Asie-Pacifique. Et c'est
aussi le point fort de cette mission d'Équipe Canada. Rassembler
et mieux comprendre l'autre. Ouvrir des horizons et créer
des emplois pour nos populations respectives. Former une véritable
communauté des nations du Pacifique.
C'est le sens à donner à Équipe Canada. C'est
l'expression d'une volonté qui continuera de croître
pendant de nombreuses années.
|