Réception à l'Hôtel de ville de Paris
Le 22 janvier 1997
Paris (France)
C'est un grand honneur que vous nous faites ce matin en nous permettant
d'amorcer notre visite officielle en France à l'Hôtel
de Ville de Paris.
Au cours des années, nous avons construit une histoire
ensemble -- une histoire de coopération qui a grandement
contribué à la croissance de nos deux peuples. Nos
villes, nos institutions, nos pays font face à de nouveaux
défis qui demandent une réorganisation de nos ressources,
de nouveaux efforts, et surtout, de la créativité
et de l'imagination.
On le voit, Monsieur le Maire, les liens que l'histoire a tissés
entre nos concitoyens sont uniques. Cet attachement profond explique
les multiples réseaux qui se sont constitués au
fil des ans dans tous les domaines de l'activité humaine.
Des réseaux qui seront très utiles pour s'attaquer
aux défis nombreux que pose notre époque.
Parmi eux, l'emploi, surtout chez les jeunes, est au centre des
principales préoccupations que nous partageons.
Et une partie de la solution réside dans notre capacité
d'augmenter notre coopération économique et commerciale.
C'est là un thème important que j'aurai l'occasion
de soulever à plusieurs reprises au cours de ma visite.
Je viens tout juste de terminer dans l'enthousiasme la troisième
tournée d'Équipe Canada en Asie. Avec presque tous
les premiers ministres des provinces, des maires et environ 450
gens d'affaires, le Canada y a mené la plus importante
mission économique de son histoire. C'est une région
du monde qui connaît actuellement un développement
économique accéléré et où Français
et Canadiens pourraient travailler ensemble.
Lors de mon voyage à Paris en décembre 1994, j'avais
profité de la tribune que m'offrait le Sénat pour
promouvoir le renforcement des liens économiques et commerciaux
qui nous unissent. J'avais alors proposé que nous examinions
ensemble les avenues susceptibles de stimuler les échanges
entre nos pays et de libéraliser le commerce entre l'Europe
et l'Amérique.
Mes propositions, reçues d'abord avec un certain scepticisme,
ont fait leur chemin depuis et reçu des appuis solides
en France, ailleurs en Europe et aux États-Unis. Je note
d'ailleurs avec satisfaction que nos gouvernements se sont donnés
l'objectif d'accroître le commerce bilatéral, voire
de le doubler d'ici l'an 2000. La libéralisation des échanges,
l'élimination des barrières tarifaires et non tarifaires
occupent une place centrale dans le Plan d'Action que le Canada
a signé, grâce à l'appui de la France, avec
l'Union européenne le 17 décembre dernier.
Mais n'oublions pas que le développement économique
doit s'inscrire dans un cadre respectueux de l'environnement.
Il s'agit là d'un autre défi que nous devons relever
avec détermination. Ceci est particulièrement vrai
pour nos grandes villes qui doivent assurer la qualité
de vie de leurs citoyens. Je sais, Monsieur le Maire, que vous
partagez ce souci. Dans un contexte de restrictions budgétaires
souvent sévères, nos grandes agglomérations
comme Paris, Montréal, Toronto, Lyon ou Vancouver sont
aux prises avec les difficultés d'assainir l'environnement.
Comment concilier la protection de l'environnement avec l'intensification
de l'activité économique urbaine, souvent source
de pollution, mais également d'une certaine prospérité
pour nos concitoyens? Comment assurer des services de haute qualité
à des coûts raisonnables pour le contribuable? Comment
assurer le bien vivre collectif, tout en respectant la liberté
de chacun? Les réponses à ces questions ne sont
pas simples mais elles passent de plus en plus par le biais d'innovations
technologiques moins polluantes. Dans l'intérêt de
nos municipalités et de nos campagnes nous devons encourager
une coopération accrue entre chercheurs canadiens et français,
entre sociétés qui peuvent former des alliances
stratégiques pour assurer un développement durable.
Cette coopération existe déjà mais mérite
l'appui des milieux politiques.
La sécurité dans les rues de nos villes pose également
un autre défi. De plus en plus, les grandes villes sont
confrontées à la montée de la violence gratuite,
et certaines d'entre elles aux horreurs du terrorisme aveugle.
A cet égard, ce n'est pas sans peine que j'évoquerai
le récent attentat commis dans le métro parisien.
Des innocents ont été blessés. Il y a eu
perte de vie. Parmi eux, des Canadiens. Cette tragédie
illustre bien la fragilité de notre vie en commun dans
les grandes villes, la fragilité de la liberté et
du destin. Il nous appartient de chercher ensemble des solutions
pour assurer la sécurité du village global, tout
en évitant de l'emprisonner. La liberté, le plaisir
de déambuler sur les quais de la Seine ou de magasiner
sur la rue Sainte-Catherine à Montréal font partie
de cette qualité de vie qu'il nous appartient de préserver.
Sur le plan de la coopération internationale, il est utile
de rappeler que votre prédécesseur, M. Jacques Chirac
et l'ancien maire de Québec, M. Jean Pelletier ont fondé
ensemble en 1979 l'Association internationale des Maires francophones
(l'A.I.M.F.). Depuis, cette Association s'est développée
pour devenir un réseau décentralisé de coopération
très efficace.
L'A.I.M.F. fournit un cadre aux villes riches et pauvres pour
s'entraider, partager leurs expertises, et mettre en commun leurs
ressources. Je note avec plaisir que l'Agence canadienne de développement
international (ACDI) s'est associée aux projets de coopération
en milieu urbain dans l'hémisphère Sud, notamment
en Afrique.
La Francophonie est un autre exemple de coopération internationale
fructueuse. Montréal sera d'ailleurs l'hôte en mai
prochain, d'une importante conférence du monde francophone
sur le thème des inforoutes. Et après Hanoï,
nous espérons voir se tenir à Moncton en 1999, le
prochain Sommet de la Francophonie. Le Canada et les gouvernements
participants du Québec et du Nouveau-Brunswick sont résolument
engagés au sein de la Francophonie, et nous nous réjouissons
du rôle encore plus politique que l'organisation sera appelée
à jouer à l'avenir.
Votre ville, Monsieur le Maire, offre un exemple de convivialité,
de tolérance, et de généreuse ouverture sur
le monde. A l'échelle internationale, Paris est
depuis toujours une référence obligée dans
de nombreux secteurs de l'activité humaine. Pensons aux
arts, aux sciences, à l'architecture et à la gastronomie
par exemple. C'est également un phare lorsqu'on parle du
respect de l'individu et de ses valeurs fondamentales. La Déclaration
universelle des Droits de l'Homme y a trouvé naissance
et demeure aujourd'hui encore cet idéal que poursuit l'humanité.
En terminant, Monsieur le Maire, et en accord avec la tradition,
permettez-moi au nom du Canada de rendre hommage à Paris
et à ses dirigeants.
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