Dîner offert par le Premier ministre de la République française
Le 22 janvier 1997
Paris (France )
Je voudrais d'abord vous exprimer ma reconnaissance, celle de
mon épouse et des membres de ma délégation
pour votre généreuse et chaleureuse hospitalité.
Je ne doute pas que je parle également au nom des gens
d'affaires canadiens qui sont venus à Paris pour cette
occasion.
Aujourd'hui, au terme de nos travaux, nous nous sommes entendus
sur une Déclaration de partenariat. C'est un ambitieux
programme de travail qui devrait baliser l'action de nos deux
gouvernements à l'approche du 21e siècle. Nous nous
sommes fixé des objectifs non seulement ambitieux mais
réalistes compte tenu du savoir-faire et de la volonté
de coopération qui existe entre nos deux pays.
Nous sommes prêts à relever un tel défi. D'ailleurs
les défis ne nous font pas peur. Les Canadiens sont en
effet en train d'en relever un de taille. Depuis son élection
en 1993, mon gouvernement a mené une politique très
stricte de rigueur budgétaire et de redressement financier,
accompagnée d'initiatives importantes touchant à
la redéfinition du rôle du gouvernement. Cela n'a
pas toujours été facile et a exigé des sacrifices
de tous les Canadiens, mais je dois dire que leur appui n'a jamais
manqué.
Maintenant, nous nous apprêtons enfin à en récolter
les résultats. Notre confiance en nous-mêmes et notre
optimisme sont revenus. Notre croissance économique pourrait
être de plus de 3 à 4 % cette année et notre
déficit en 1997-1998 sera de moins de 2 % du PIB. La vitalité
du commerce extérieur demeure le moteur de notre économie.
Nous constatons une saine reprise de la demande intérieure.
Le Canada suscite maintenant les commentaires élogieux
de la presse financière internationale, mais le tout ne
s'est pas fait sans peine. Et je veux d'ailleurs rendre hommage
à mes compatriotes qui ont fait preuve de beaucoup de compréhension
et de discipline au cours de cette période difficile.
Nous sommes ici aujourd'hui pour approfondir et moderniser les
relations entre nos pays. D'un commun accord, il faut tourner
nos énergies vers l'avenir et miser sur la confiance entre
partenaires privés et publics. Le dynamisme que vous, monsieur
le Premier ministre et les autres membres du gouvernement, avez
inspiré au renouveau de nos relations lors de votre trop
bref séjour au Canada l'été dernier demeure
une source d'inspiration pour faire plus et mieux.
L'entreprise privée témoigne de ce nouveau dynamisme.
La délégation de gens d'affaires canadiens, qui
sont ici pour cette visite, regroupe une bonne vingtaine de chefs
d'entreprises. Elles sont grandes, moyennes et petites, et évoluent
dans les secteurs des technologies de l'information, de l'aéronautique,
du tourisme et des finances. Demain, au moins six d'entre elles
vont signer des ententes commerciales et des contrats, ou vont
annoncer une acquisition ou un nouveau partenariat.
Voilà l'une des formes de coopération les plus dynamiques
et c'est sur ce genre de formules que nous devrons compter à
l'avenir. J'ai aussi été frappé par la visite
de pas moins de 700 gens d'affaires canadiens à Paris en
octobre, à l'occasion du Salon de l'alimentation. Ils étaient
là non seulement pour acheter vos produits fins, mais aussi
pour vous vendre les nôtres.
Grâce au tout nouveau cadre de coopération qui vient
d'être annoncé dans le Plan d'action entre le Canada
et l'Union européenne, un dialogue va s'engager entre les
gens d'affaires des deux côtés de l'Atlantique.
Nous allons leur demander d'identifier les axes de coopération
à approfondir et les barrières tarifaires et non
tarifaires qui continuent d'entraver leurs efforts de coopération.
Lors d'une visite antérieure à Paris en décembre
1994, j'avais formulé le souhait d'une libéralisation
accélérée des échanges entre l'Union
européenne et l'ALENA. Cette idée a avancé
depuis et je crois toujours que c'est une formule gagnante, car
elle vise à nous rapprocher et à développer
un modèle de coopération qui pourra inspirer d'autres
régions du monde.
En parlant d'Union européenne, on ne peut éviter
de parler de blocs, d'ensembles commerciaux. Nous sommes tous
deux membres d'entités très dynamiques, l'Union
européenne et l'ALENA, qui absorbent une part de plus en
plus grande de nos échanges.
Ces entités ont globalement une influence bénéfique
réelle dans la mesure où elles n'entravent pas la
libéralisation du commerce international poursuivie par
l'Organisation mondiale du commerce.
1996 a été une année favorable à la
libéralisation des échanges. Nous avons eu la réunion
ministérielle de l'OMC à Singapour qui a été
un succès. Le Canada a signé des accords de libre-échange
avec Israël et le Chili. Dans le cas du Chili, nous voulions
éviter d'être à la remorque du calendrier
électoral américain. Nous avons mis les bouchées
doubles et nous avons réussi.
Permettez-moi maintenant de dire quelques mots sur nos voisins
du Pacifique et de vous parler d'Équipe Canada. Je viens
de visiter la Corée, les Philippines et la Thaïlande
avec mes collègues premiers ministres des provinces et
plus de 450 chefs d'entreprise. Équipe Canada nous a permis
d'indiquer de façon percutante l'intérêt que
nous portons à cette région en pleine expansion.
La synergie créée par une telle représentation
a permis aux gens d'affaires de tisser des liens plus étroits
entre eux et bien entendu avec leurs partenaires asiatiques. Ces
liens commerciaux permettront aux gens de mieux se connaître
et contribueront à faire accepter les valeurs fondamentales
liées au respect des droits de la personne.
En associant l'Asie à la libéralisation des échanges,
nous contribuons à la mondialisation transparente des règles
du marché.
Cette région du monde est à ce point importante
pour nous que nous avons décidé de faire de 1997
l'Année canadienne de l'Asie-Pacifique.
Compte tenu de la complémentarité de nos expertises,
je crois que nous pourrions y travailler ensemble.
Par ailleurs, l'entreprise canadienne a fortement augmenté
ses investissements en France.
L'investissement est devenu le moteur principal du commerce international.
De plus en plus, le commerce suit l'investissement. Comme nous
souscrivons à l'objectif de doubler notre commerce bilatéral,
nous devons trouver des initiatives pour stimuler l'investissement.
Le Canada considère la France comme un marché prioritaire
avec lequel nous chercherons à accroître les échanges,
le partage de technologies et les investissements. Nous élaborons
en ce moment un plan stratégique en vue de stimuler le
commerce avec la France, plan qui s'inscrit parfaitement dans
le cadre des initiatives issues de notre Déclaration de
partenariat.
L'inauguration aujourd'hui-même du nouveau Centre culturel
canadien avec son Centre des nouveaux médias m'amène
à souligner le rôle des échanges culturels
et, de plus en plus, de nos industries culturelles dans nos relations.
Je tiens aussi à vous remercier personnellement, Monsieur
le Premier ministre, de tous vos efforts pour faciliter la réouverture
du Centre culturel canadien à Paris. Le Canada et la France
ont la sagesse d'avoir en commun la profonde conviction que les
gouvernements ont un rôle à jouer dans la protection
et la promotion de la culture et de ses industries. Cela nous
met en position de jouer un rôle loin d'être négligeable
dans les échanges internationaux de produits culturels.
Nous coproduisons et nous coopérons, mais là aussi
nous pouvons et devons faire plus. Je compte beaucoup sur notre
Centre des nouveaux médias pour ouvrir de nouvelles voies,
créer de nouveaux partenariats.
Laissez-moi conclure en vous disant que l'accélération
du rapprochement canado-français que nous connaissons depuis
quelques années est pour moi et l'ensemble des Canadiens
fort stimulant. Dans toute sa diversité, le Canada est
un pays profondément attaché à son identité
européenne. Et si nous nous rapprochons de l'Asie et du
Pacifique, ce n'est pas pour nous éloigner de vous et nous
pensons qu'il en est de même pour vous.
La mondialisation des échanges et l'explosion des communications
ont profondément modifié nos vies. Je pense que
ces grands développements et les nouveaux défis
qu'ils posent vont continuer de nous rapprocher, car nous devrons
faire preuve ensemble de créativité et solidarité.
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