Journée internationale de la Francophonie
Le 20 mars 1997
Ottawa (Ontario)
C'est avec grand plaisir que j'ai accepté l'invitation
du ministre responsable de la Francophonie, M. Don Boudria, et
du Président de la section canadienne de l'Assemblée
Internationale des parlementaires de langue française (AIPLF),
le sénateur Jean-Robert Gauthier, à vous adresser
la parole à l'occasion de la Journée internationale
de la Francophonie.
Je voudrais saluer ici les représentants de la section
canadienne de l'AIPLF, qui remettront dans quelques minutes les
décorations de l'Ordre de la Pléiade, Ordre dont
j'ai eu l'honneur d'être décoré il y a quelques
années.
Je veux également saluer leur président, le sénateur
Jean-Robert Gauthier. C'est un ami et collègue de longue
date, qui est malheureusement retenu chez lui par une maladie
contre laquelle il lutte, avec le courage qu'on lui connaît,
depuis plusieurs mois. Le dynamisme de M. Gauthier a beaucoup
à voir avec l'importante collaboration de l'AIPLF aux entreprises
de la Francophonie. Je pense particulièrement aux nombreuses
missions d'observation d'élections auxquelles les parlementaires
canadiens participent et au programme de documentation pour les
parlementaires des pays du Sud.
Je veux aussi remercier l'Association canadienne d'éducation
de langue française, le maître d'oeuvre de la Semaine
nationale de la Francophonie. C'est un événement
qui vise à célébrer et mettre en valeur la
langue et la culture d'expression française dans toutes
les régions du pays.
Ce sont bien cette culture et cette langue françaises,
partagées par plus de 8 millions et demi de Canadiennes
et de Canadiens dans tout le pays, qui sont d'abord à l'origine
de la participation canadienne à la Francophonie depuis
ses tout débuts.
La Francophonie est une zone d'influence naturelle pour le Canada.
Elle constitue une tribune multilatérale où le Canada
est à même de jouer pleinement son rôle. Elle
est aussi une enceinte de concertation et de dialogue sur les
problèmes qui nous préoccupent et sur les valeurs
que nous souhaitons partager.
Sous l'impulsion des Sommets, la Francophonie, dont la vocation
était traditionnellement culturelle, a beaucoup évolué
au cours des dernières années. Le Canada s'est fait
l'ardent promoteur de cette évolution car il voyait une
occasion de rendre la Francophonie plus pertinente, crédible
et performante. Nous avons vu la possibilité d'en faire
un véritable outil multilatéral de concertation,
d'échanges et de coopération.
La Francophonie est devenue un outil de coopération oeuvrant
dans des domaines hautement techniques. Elle a effectué
un virage vers la modernité et elle a mis les communications
au service du développement.
Dans ce domaine, les principales réalisations qui nous
viennent à l'esprit sont la télévision internationale
francophone TV5, la production audiovisuelle des pays du Sud,
les radios communautaires, la formation à distance, l'information
scientifique et technique, et l'accès aux inforoutes. Cette
évolution ne s'est pas faite dans le seul domaine de la
coopération.
L'accentuation du caractère politique de la Francophonie
constitue également un développement important,
car si elle veut asseoir son autorité, elle doit renforcer
sa capacité d'intervention politique et de diplomatie préventive.
Dans ce contexte, la prévention des conflits nous paraît
être un domaine d'intervention important. Nous avons tous
à l'esprit les crises très graves qui ont secoué
le Rwanda et le Burundi, et celle qui aujourd'hui fait rage au
Zaïre. Ces crises ont souligné l'importance pour la
Francophonie de renforcer sa capacité de contribuer à
leur résolution, en tenant compte du rôle primordial
et des initiatives d'autres organisations multilatérales
comme l'ONU et l'OUA.
La Francophonie a évolué au fil des sommets et il
en sera de même au Sommet de Hanoï en novembre prochain.
Ce VIIe Sommet présidera à l'adoption d'une nouvelle
Charte de la Francophonie qui redessinera la structure de l'organisation,
notamment par la création de la fonction de Secrétaire
général de la Francophonie, qui va de pair avec
le désir de rendre la Francophonie plus politique. Ce nouveau
porte-parole sera élu par les chefs d'État et de
gouvernement eux-mêmes, et apportera à la Francophonie
une visibilité et un impact accrus.
La dimension économique du développement en est
une importante. Il ne faut pas se surprendre que nos partenaires
vietnamiens, comme hôtes du prochain sommet, aient proposé
un thème à caractère économique. En
fait, le thème sera le Renforcement de la coopération
et de la solidarité francophone pour la paix et le développement
économique et social.
Nous croyons que nous pouvons suivre nos amis vietnamiens dans
cette voie et que des percées peuvent être réalisées.
Nous devrons faire preuve d'imagination pour trouver, malgré
nos moyens modestes, un domaine d'intervention susceptible de
générer un impact économique et un développement
durable, tout en favorisant le développement des ressources
humaines. Il faudra bien sûr accorder aux échanges
commerciaux et aux transferts de technologie toute l'importance
qu'ils méritent.
Chers amis de la Francophonie, vous vous souvenez certainement
tous que le deuxième Sommet de la Francophonie, en 1987,
avait eu lieu à Québec et qu'il avait connu un succès
éclatant. Douze ans après Québec, nous avons
décidé de récidiver. En effet, au moment
du Sommet de Hanoï, nous serons de nouveau candidat pour
accueillir le VIIIe Sommet en 1999, cette fois à Moncton,
au Nouveau-Brunswick.
Ce sommet, tout en confirmant le rôle important que joue
le Canada en Francophonie, permettra au Nouveau-Brunswick de mieux
se faire connaître dans le monde entier. Il semble que M.
McKenna mobilisera toute la population acadienne, et, quand on
connaît le sens de l'accueil et de la fête qui caractérise
les Acadiens, il ne faudra pas se surprendre si certains de nos
visiteurs décident de rester au Nouveau-Brunswick.
En terminant, je veux vous dire toute la fierté que j'éprouve
de participer à cette Journée internationale de
la Francophonie. Comme Canadien francophone, et aussi comme Premier
ministre, je suis heureux que le Canada appartienne à la
grande famille francophone universelle qui, j'en suis persuadé,
va prendre de plus en plus d'importance dans le village virtuel
qu'est devenu le monde moderne.
Je vous remercie.
- 30 -
|