Session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le développement durable
Le 24 juin 1997
New York (New York)
Il y a cinq ans, les nations du monde se sont réunies à Rio afin de dresser
un plan -- un plan audacieux -- en vue d'un développement durable à la grandeur
de la planète pour répondre aux besoins économiques, sociaux et environnementaux
de cette génération et des générations futures.
Nous voici en session extraordinaire, pour renouveler les engagements pris
à Rio, et pour tenir les promesses faites à ceux et celles dont la qualité
de vie future dépend de la justesse de nos choix, et des résultats obtenus.
Depuis Rio, nous avons marqué des points à bien des égards : la protection
de la couche d'ozone, la conservation des stocks de poisson chevauchants,
le contrôle de la pollution.
Partout dans le monde, de plus en plus, on s'accorde pour dire que les
dommages causés à l'environnement par certains constituent une menace pour
tous.
Depuis Rio, nous avons montré ce dont les nations sont capables lorsqu'elles
unissent leurs efforts.
Cela dit, il faut admettre que certains des objectifs que nous nous sommes
fixés lors de cette rencontre n'ont pas encore été atteints.
Les forêts du globe continuent de dépérir à un rythme alarmant. La gestion
du développement durable dans ce secteur est une grande priorité canadienne.
Cette session extraordinaire nous offre, à n'en pas douter, une occasion
unique de favoriser l'aboutissement d'une convention internationale sur
les forêts par la mise sur pied d'un comité de négociation intergouvernemental.
Notre gouvernement est d'avis qu'une entente solide ayant force exécutoire,
une entente fondée sur les principes énoncés à Rio, constitue le moyen
le plus sûr de susciter à l'échelle internationale cette volonté politique
qui s'impose pour stopper le déboisement.
Pareille convention aiderait également le Canada à atteindre ses propres
objectifs en matière de gestion des ressources forestières.
Comme la plupart des autres pays industrialisés, le Canada sera incapable
d'atteindre le degré de stabilisation des émissions de gaz à effet de serre
qu'il comptait atteindre d'ici l'an 2000. La structure de notre économie
pose à cet égard des problèmes particuliers.
Les coûts humains et économiques sont tout simplement trop élevés pour
que nous n'intervenions pas dès maintenant.
Au Canada, l'expérience nous enseigne que la meilleure façon de régler
les questions épineuses consiste à élaborer un plan d'action pratique,
graduel, proposant des objectifs provisoires réalistes à moyen terme. C'est
la façon avec laquelle nous éliminons notre déficit.
Le succès attire le succès, et la confiance fait renaître la confiance.
C'est ainsi que les choses progressent. Nous pensons que ce principe pourrait
s'appliquer à la résolution du problème du changement climatique.
C'est pourquoi notre gouvernement appuie l'établissement, dans un cadre
ayant force de loi, d'objectifs à moyen terme visant à réduire les émissions
de gaz à effet de serre après l'an 2000.
Nous souhaitons également de toute urgence la mise en oeuvre, à l'échelle
régionale et internationale, d'actions dans le domaine des polluants organiques
persistants.
Les émanations chimiques toxiques traversent les frontières. Elles sont
même projetées suffisamment loin pour contaminer la chaîne alimentaire
dans l'Arctique. Seule la coopération internationale peut venir à bout
d'une telle menace.
Le Canada fera sa part en renforçant sa législation sur les produits chimiques
toxiques et le contrôle de la pollution.
Nous travaillons actuellement à mettre en oeuvre la Convention sur la biodiversité.
Nous avons en main une stratégie en matière de biodiversité ratifiée par
chacun des gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que par le
gouvernement fédéral. Et nous adopterons bientôt une loi visant à sauvegarder,
sur tout son territoire de compétence fédérale, les espèces menacées d'extinction
et leur habitat -- une législation qui avait d'ailleurs été déposée lors
de la dernière législature.
Nous croyons que la nouvelle approche stratégique pour gérer les enjeux
urgents relatifs à l'eau douce est un pas dans la bonne direction. Nous
maintenons notre engagement à améliorer la situation des océans.
Personnellement, je continue d'accorder beaucoup d'importance à la création
de nouveaux parcs nationaux ainsi qu'à la protection des parcs et réserves
déjà en place.
Le développement durable est devenu une préoccupation constante de l'ensemble
des ministères et organismes fédéraux, qui doivent tous élaborer en cette
matière des stratégies qui sont ensuite soumises à un commissaire indépendant
pour examen.
Monsieur le Président, notre tâche ne se limite pas à assainir l'environnement.
Il est évident que notre sécurité écologique est aussi importante que notre
sécurité économique.
Préserver les réserves alimentaires mondiales dépasse ce que l'on peut
attendre d'une nation seule.
Que l'on pense, par exemple, aux réserves alimentaires de l'Afrique, menacées
par le rétrécissement des zones fertiles. La Convention sur la désertification
constitue une étape importante dans le règlement de ce problème. Je tiens
d'ailleurs à renouveler l'offre du Canada d'installer le secrétariat responsable
à Montréal.
Pour les défavorisés de ce monde, un développement durable sans progrès
économique sonne aussi creux qu'un slogan facile. C'est la raison pour
laquelle le Canada a fait de l'allégement de la pauvreté le fer de lance
de ses efforts d'aide internationale.
Parmi les orateurs précédents, d'autres ont souligné les tragédies humaines
et le tort écologique causés par les mines antipersonnel. Nous nous accordons
tous pour reconnaître que ce fléau ne peut être enrayé que par une intervention
de la communauté internationale, et nous nous réjouissons de l'appui croissant
dont bénéficie la démarche d'Ottawa. Je demande à tous les pays de se joindre
à nous en décembre lorsque nous ouvrirons à la signature un traité pour
interdire le stockage, le transfert, la production et l'utilisation des
mines antipersonnel.
Il convient également que nous fassions front commun contre la pauvreté
en favorisant les investissements directs dans les pays en développement.
La société tout entière doit nous soutenir dans nos efforts. Au Canada,
je suis fier de le dire, nous croyons en une participation à tous les niveaux
aux efforts déployés par les Nations unies en matière de développement
durable.
Monsieur le Président, cette session extraordinaire a pour objet la réalisation
des engagements pris à Rio.
Partant de Rio, nous devons maintenant obtenir des résultats. Grâce à une
approche pragmatique et graduelle des problèmes, il nous faut viser des
résultats mesurables et faire rapport des progrès accomplis. À eux seuls,
les objectifs les plus louables ne sauraient assurer un monde meilleur
à nos enfants. Ce qui importe ce sont des résultats tangibles.
Pour nos enfants, pour nos petits-enfants, pour les générations futures,
nous avons le devoir de créer un monde plus sain, un monde plus propre.
Notre travail ne sera pas de tout repos, mais nous devons aller au bout
de ce que nous avons commencé... ensemble.
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