À l'occasion du 15e congrès biennal mondial des bénévoles de l'Association internationale pour l'effort volontaire (IAVE)
Le 24 août 1998
Edmonton (Alberta)
Les années 90 ont été une période marquée par de vastes réformes et changements dans le monde entier -- et le Canada n'a pas fait exception. Une période où nous avons dû nous poser des questions difficiles - que nous avons évitées pendant trop longtemps - sur le rôle qui nous appartient.
Après avoir cru le contraire pendant des décennies, nous avons dû reconnaître qu'en toute franchise, les gouvernements ne possèdent ni les ressources ni la sagesse nécessaire pour tout faire. Que les projets qui paraissent intéressants lorsqu'ils sont imaginés dans des capitales lointaines ne correspondent pas souvent ni aux besoins quotidiens ni aux circonstances de nombreux citoyens. Que la tâche de rendre la société plus prospère, plus humaine et plus solidaire n'est pas notre apanage exclusif.
Pour améliorer la qualité de vie, il faut que chacun y mette du sien et fasse cause commune. Chacun de nous a un rôle unique à jouer à cet égard. Un rôle qui fait appel à l'expérience, à l'imagination et à l'engagement de tous.
C'est la raison pour laquelle je me réjouis de m'adresser aujourd'hui au congrès mondial de 1998 de l'Association internationale pour l'effort volontaire. Votre association est l'exemple le plus visible d'une profonde source universelle de dévouement qui embellit la vie des gens partout dans le monde. Une source à laquelle l'actuel gouvernement du Canada veut puiser plus que tout autre gouvernement avant lui.
Le Canada a toujours pu compter sur des légions actives et créatives de bénévoles. Ces innombrables hommes et femmes qui - sans se faire remarquer - donnent librement de leur temps: ceux qui aident les malades et les démunis, qui luttent contre le crime et la violence, qui mettent notre culture en valeur ou qui travaillent au développement économique de nos quartiers, de nos villes, de notre pays.
Cela constitue l'un des piliers les plus solides de notre édifice social et illustre le sens humanitaire pour lequel le Canada est reconnu partout. Cela est également l'une des principales raisons pour lesquelles les Nations unies classent toujours le Canada en tête pour sa qualité de vie.
Dans notre pays, nous avons toujours rendu hommage et admiré le travail accompli par les bénévoles. Mais, en toute franchise, nous n'avons pas su tirer pleinement parti de leurs énergies et de leur créativité. Les gouvernements ont considéré votre secteur surtout comme la sphère des idéaux les plus élevés et des intentions les plus nobles, et non comme une source précieuse de perspectives et d'expérience.
Ils ont eu tort à mon avis. Et notre gouvernement s'efforce de réparer cette erreur.
Nous avons invité le secteur bénévole à former un partenariat avec nous. A échanger des idées et des projets pour l'avenir. A unir leurs forces aux nôtres.
Nous avons mené des consultations. Nous avons écouté. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler de certaines des principales mesures que nous avons prises pour concrétiser le partenariat que nous envisageons.
Tous les délégués ici présents savent qu'une action bénévole efficace s'appuie sur la volonté de faire du bien et sur les ressources pour traduire cette volonté en gestes concrets.
Comme vous le savez, rien n'engage plus clairement l'esprit et l'intérêt du public dans une cause que le fait d'y contribuer. Lorsque l'on consacre effort et argent à une cause, on se l'approprie en quelque sorte. On s'investit soi-même dans la poursuite des buts du projet.
Un tel engagement donne le goût d'en faire encore davantage. Il fait naître un sentiment de dévouement personnel à la collectivité, ce qui est le signe d'une société en santé.
Dans la foulée de notre Table ronde sur le secteur bénévole, en 1996, notre gouvernement a adopté plusieurs nouvelles mesures, notamment des incitations fiscales, pour encourager les dons aux oeuvres de bienfaisance par les particuliers et par les entreprises. Pour favoriser ce sentiment de dévouement personnel.
Si une action bénévole efficace repose sur les dons, elle s'appuie aussi sur la confiance que ces dons sont utilisés à bon escient. Nos partenaires bénévoles nous ont fait part de leurs préoccupations à ce sujet. Par conséquent, nous nous sommes engagés à explorer avec eux de nouveaux mécanismes de supervision et de réglementation des organismes de bienfaisance enregistrés.
L'inforoute ouvre un univers entièrement nouveau dans l'espace cybernétique à l'action bénévole, à l'échange de renseignements et d'idées, au recrutement de sang neuf et à l'exploitation de nouvelles sources de fonds.
Dans le cadre de nos efforts en vue de faire du Canada le pays le plus branché au monde d'ici l'an 2000, nous avons entrepris de créer ensemble le réseau que nous appelons VolNet. Ce réseau dédié est conçu pour relier les organisations bénévoles entre elles et à l'Internet.
Nous avons promis d'affecter 15 millions de dollars sur trois ans à VolNet. L'objectif initial que nous nous sommes fixé est ambitieux, soit brancher 10 000 organisations bénévoles d'ici l'an 2000.
En juin, notre ministre de l'Industrie a annoncé la mise sur pied d'un comité consultatif sur VolNet formé de 30 représentants de nos partenaires clés du secteur bénévole, notamment de la santé, des services sociaux, des groupes religieux et des arts. Ce comité nous fournira le plus large éventail de vues possible sur les meilleures façons de matérialiser ce projet.
Mesdames et messieurs, aujourd'hui, le dernier élément de notre partenariat a été mis en place. Il s'agit de la publication de l'Enquête nationale sur le don, le bénévolat et la participation.
Nous savons que les Canadiens ont toujours été animés d'un profond esprit communautaire qui transcende les clivages traditionnels de région, de langue et de fortune.
Nous pouvons l'observer en temps de crise : lors des feux forêts dévastateurs qui ont ravagé la Colombie-Britannique et l'Alberta, à la suite des récentes inondations au Saguenay et dans la vallée de la rivière Rouge, ou pendant la terrible tempête de verglas qui a paralysé de grandes parties de l'Ontario et du Québec l'hiver dernier, par exemple.
Nous pouvons également l'observer de façon plus discrète et continue, en réponse à des crises et à des besoins moins visibles, mais non moins pressants.
L'Enquête vise à aider le secteur bénévole à bâtir sur ce fond solide de générosité canadienne. Il s'agit de l'enquête la plus complète jamais réalisée au Canada - peut-être même dans le monde - sur nos façons de donner, de nous dévouer et de participer à la vie de la société.
En tant que Premier ministre du Canada, j'ai été ravi - mais non surpris - d'apprendre que non seulement l'esprit bénévole est fort au Canada, mais il s'accentue. Et l'intérêt que les jeunes Canadiens porte au bénévolat augmente aussi. Une génération trop souvent -- et à tort -- décrite comme celle qui préfère recevoir que donner.
Ces résultats donneront matière à des enquêtes plus ciblées. Celles-ci, à leur tour, stimuleront les idées et l'action.
Par exemple, nous examinerons de plus près le bénévolat parmi les jeunes Canadiens - et en particulier le lien entre le bénévolat et le marché du travail. Les réponses nous diront comment nous pouvons travailler ensemble à promouvoir l'un et l'autre.
Nous faisons le nécessaire pour assurer une grande diffusion des résultats parmi nos partenaires bénévoles - grands et petits - dans tout le pays. Ils y trouveront peut-être des réponses aux questions particulières qui les préoccupent et des solutions aux difficultés propres à leur contexte.
Mesdames et messieurs, le thème de ce congrès porte directement sur la signification et le rôle du bénévolat à la veille d'un nouveau millénaire.
Nous sommes à la charnière de deux époques. L'occasion est propice au changement et au renouveau.
Pour le gouvernement, c'est le moment de repenser son rôle. D'accepter que nous ne puissions pas tout faire. De canaliser nos efforts sur les secteurs prioritaires où nous pouvons améliorer concrètement la vie des Canadiens et des Canadiennes.
Je crois que notre gouvernement a su relever ce défi.
Tout en mettant un terme à une génération d'extravagances financières, nous avons fait des investissements qui contribueront à la prospérité et à la sécurité des Canadiens. Et qui nous prépareront à entrer de plain-pied dans le XXIe siècle.
C'est ainsi que nous investissons dans les connaissances et l'innovation. Dans la lutte contre la pauvreté des enfants. Dans la protection et dans la modernisation de notre régime national de soins de santé. Dans la promotion de la croissance économique et de la création d'emplois.
Nos engagements sont clairs et solides. Et notre bilan l'est tout autant.
Par conséquent, lorsque je parle de notre volonté de bâtir un partenariat nouveau et durable, c'est bien un partenariat que je veux dire.
Une alliance véritable à l'échelle de notre société. Entre tous les gouvernements du Canada, le secteur bénévole, les entreprises et les Canadiens engagés. Où tous se donnent la main pour bâtir un pays meilleur.
Mesdames et messieurs, nous sommes fiers des grands progrès que nous avons accomplis avec le secteur bénévole. Nous avons fait beaucoup de chemin. Mais nous sommes encore loin du but.
Nous devons promouvoir le bénévolat dans nos rangs, organiser des programmes d'échanges conjoints, ramener notre réflexion et notre planification économique à la dimension communautaire.
Il reste que l'époque où le secteur bénévole au Canada a été oublié et négligé est bel et bien révolue.
Nous pouvons accomplir beaucoup plus de choses en unissant nos efforts que si chacun reste de son côté. Les possibilités n'ont d'autres limites que celles de notre imagination.
Nous devons faire de notre mieux pour les Canadiens : ils n'en méritent pas moins.
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