Déjeuner de l'Association des gens d'affaires Canada-Singapour
Le 14 novembre 1998
Singapour
On me dit que vous formez l'auditoire le plus nombreux de l'histoire des déjeuners de l'Association des gens d'affaires Canada-Singapour. Je suis honoré que vous vous soyez déplacé en si grand nombre. J'espère seulement que ce n'est pas parce que certains d'entre vous attendez ici depuis l'annulation de ma dernière visite! Mais la troisième fois aura été la bonne.
A en juger par l'atmosphère qui règne ici aujourd'hui, l'attente en valait certainement la peine.
Plusieurs d'entre vous étaient là ce matin lorsque j'ai eu le privilège d'inaugurer la Maison du Canada. C'est notre manière d'exprimer à quel point les Canadiens tiennent à jouer un rôle de premier plan ici. Un pays qui est le coeur de l'activité économique asiatique dans les domaines de la finance, des transports et des télécommunications. Et un pays qui, tout comme le Canada, cherche à devenir une plaque tournante pour la nouvelle économie de l'information.
L'Asie-Pacifique traverse actuellement une période marquée par l'incertitude. Et cette incertitude met certaines amitiés et certains partenariats à l'épreuve comme jamais auparavant en ces temps modernes. Mais il est essentiel que nous travaillions ensemble afin de rétablir la stabilité et la confiance, et de remettre l'ensemble de la région de l'Asie-Pacifique sur la bonne voie. En plus de faire avancer les objectifs de progrès et de prospérité que nous poursuivons ensemble, étape par étape, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Ce sont les intentions qui m'animent dans le cadre de cette visite à Singapour. Je désire travailler avec des gens pragmatiques. Des gens animés par une volonté mondialement reconnue d'atteindre une meilleure qualité de vie.
Tel que je le disais plus tôt, Singapour a beaucoup à offrir pour quiconque désire faire des affaires. Parce que la prospérité de nos pays dépend fortement des échanges commerciaux, le Canada et Singapour ont en commun un intérêt à promouvoir la libéralisation des marchés et de l'investissement.
Au Canada, nous pensons toutefois qu'il existe un potentiel plus grand encore de coopération avec Singapour. Un potentiel qui ne peut être possible qu'entre des pays qui partagent des valeurs plus fondamentales que les seuls intérêts commerciaux.
L'harmonie et la paix qui existe au sein de nos pays entre des gens d'origines, de cultures et de religions diverses font du Canada et de Singapour des modèles pour le monde entier. Et nous partageons la ferme croyance que le gouvernement peut contribuer au développement de l'identité nationale et chercher à offrir de meilleures perspectives pour la population.
L'importance que nous accordons à l'éducation, particulièrement dans le contexte de la nouvelle économie du savoir, est sans doute le meilleur exemple de ces valeurs que nous partageons. Nous travaillons tous deux très fort afin que nos populations puissent accéder rapidement à l'autoroute de l'information. Et que tous puissent tirer profit des vastes connaissances et des nombreuses possibilités qu'offre de plus en plus le réseau Internet.
Nous sommes tous deux conscients de l'importance de l'éducation et de la formation afin que nos jeunes puissent tirer profit de cette nouvelle réalité. Et qu'il est nécessaire de s'engager fermement sur la voie de la formation continue afin que nous puissions suivre le rythme des changements.
C'est pourquoi le Canada et Singapour mettent en oeuvre des stratégies afin que nos populations soient les plus branchées au monde. Au Canada, notre stratégie se nomme Un Canada branché.
En septembre dernier, à l'occasion de la conférence de Softworld à St-John's (Terre-Neuve), j'ai rendu publique la stratégie du Canada en matière de commerce électronique. Il m'avait d'ailleurs fait grand plaisir de constater la présence d'une excellente délégation en provenance de Singapour. Presque au même moment, Singapour annonçait sa propre stratégie en matière de commerce électronique. Et je dois vous dire à quel point j'étais heureux d'y constater la reconnaissance de la relation spéciale qu'entretiennent nos pays dans le domaine des technologies de l'information.
Mesdames et messieurs, ces intérêts communs expliquent amplement la volonté du Canada d'être encore plus présent à Singapour, tout comme celle des Canadiens de développer et d'explorer les nouvelles possibilités qui s'offrent ici.
Nous tenons à vous faire connaître le Canada tel qu'il est. Non pas celui du vieux cliché selon lequel notre économie ne serait fondée que sur les ressources naturelles. Mais le vrai Canada, celui qui possède une économie dynamique et orientée vers l'avenir, au sein de laquelle les ressources naturelles ne comptent que pour 12% du PIB. En fait, l'une des plus grandes priorités de notre gouvernement a été la promotion de l'innovation et de l'économie du savoir.
Le Canada se classe premier parmi les pays du G7 pour le taux de pénétration dans ses foyers des ordinateurs personnels, des services de câblodistribution et de la téléphonie. Nous sommes également premiers quant au potentiel technologique. Et grâce à notre programme innovateur du nom de Rescol, chacune de nos plus de 16 000 écoles et bibliothèques seront branchées au réseau Internet avant la fin de l'année. Nous serons le premier pays du G7 à accomplir cela. Nous l'aurons fait avant les Américains, et avant les Britanniques.
Nous prenons des mesures pour faire avancer la recherche de calibre internationale dans nos universités. Et les technologies de pointe sont de plus en plus au coeur de notre économie. Nous sommes des leaders mondiaux en matière de technologie de l'information et de télécommunications. Notre industrie aérospatiale est la troisième en importance au monde. Des compagnies telles que Nortel Netyworks, Newbridge et Bombardier dont les représentants sont parmi nous ont des projets à l'échelle de la planète et les moyens pour les réaliser. Nous sommes à l'origine des meilleurs produits et services multimédia au monde. Et les recherches menées au Canada repoussent les frontières de la biotechnologie.
Ces qualités rejoignent tout naturellement le génie singapourien en matière de production manufacturière, de marketing et de distribution, en plus de pouvoir contribuer au développement de vos infrastructures en matière de technologie de l'information.
De plus, nous avons une arme secrète à Singapour : nos très nombreux amis. Dix mille personnes qui ont vécu et qui ont étudié au Canada. Je sais que plusieurs personnes parmi vous ont étudié au Canada. Et je sais que plusieurs d'entre vous occupez des postes importants, qui comportent de nombreuses responsabilités. Je suis convaincu que vous pouvez agir en tant qu'ambassadeurs du Canada, et que vous êtes en mesure de répandre notre message à vos amis et à vos collègues.
Comme vous pouvez le constater, mesdames et messieurs, le Canada et Singapour ont d'excellentes raisons de préserver les liens d'amitié qui nous unissent. Et d'être optimistes quant à notre potentiel de coopération étroite en ces temps critiques pour la région de l'Asie-Pacifique et le reste du monde.
Je ne chercherai pas à minimiser les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Les problèmes sont sérieux. Il nous faudra un certain temps, et beaucoup d'efforts pour les résoudre. L'APEC, l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique, nous offre la chance de construire sur la base de progrès que nous avons accomplis l'an dernier à Vancouver, de maintenir le rythme au plan de la libéralisation des échanges et de travailler à la réforme des systèmes financiers.
Par-dessus tout, nous devons nous occuper des difficultés concrètes et quotidiennes que vivent bien des gens à cause de la crise. De la douleur d'une mère qui n'a plus les moyens de nourrir ses enfants. De celle d'un étudiant qui doit laisser l'école afin d'aider financièrement sa famille. Des plaidoyers des dépossédés pour le changement. L'aspect humain de la crise se lit dans leur visage. Et nous devons nous en occuper.
Alors que nos relations s'approfondissent et gagnent en maturité, nous devons également travailler à lever les obstacles qui freinent l'élan de nos populations et de nos sociétés. Nous devons accepter le fait qu'en l'absence de progrès humain, la prospérité perde tout son sens. Qu'en l'absence d'une véritable volonté de bien gouverner, de garder un esprit ouvert, de respecter des droits de la personne et le principe de la primauté du droit, le progrès humain se voit freiné. Et que la liberté d'exprimer des opinions contradictoires est, bien franchement, une condition essentielle pour que nous puissions arriver à des solutions durables.
Ce n'est pas une question de valeurs occidentales ou de valeurs orientales, mais bien de valeurs universelles. Cela concerne le monde dans lequel toutes nos populations veulent vivre au siècle prochain.
Nous continuerons à promouvoir, partout dans notre région, ces valeurs universelles de respect des droits de la personne et du principe de la primauté du droit, de bonne gouverne et de transparence. Car c'est là notre obligation en tant qu'amis et partenaires dans un avenir commun.
Mesdames et messieurs, le Canada croit que l'Asie est promise à un bel avenir, et que son potentiel est grand. Notre optimisme quant au revirement de la situation va donc de soi. Les assises économiques demeurent solides. Tout comme l'éthique du travail remarquable et le taux élevé d'épargne dont font preuve les populations asiatiques. Cette région entière demeure hautement éduquée et motivée, et elle conserve son puissant esprit entrepreneurial.
Nous apercevons aussi des signes qui laissent entendre que le pire est peut-être derrière nous. La route menant à la reprise sera longue, et comportera son lot de difficultés. Mais il est indéniable qu'il s'agit de la seule voie possible. Certains pays ont même déjà entrepris le voyage.
Le Canada a pris un engagement à l'égard de la région. Et nous sommes déterminés à jouer un rôle important dans la communauté Pacifique, au cours d'un nouveau siècle offrant de multiples possibilités et une grande prospérité pour l'ensemble de nos populations.
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