À l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie
Le 18 mars 1999
Ottawa (Ontario)
Je suis heureux de me retrouver parmi vous, encore une fois cette année, pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie.
Cette journée est d'abord une occasion de célébrer fièrement un des éléments fondamentaux de notre identité nationale: la langue et la culture françaises.
Au Canada, nous sommes 7 millions de Canadiens-français et des centaines de milliers d'autres Canadiens apprennent le français pour participer pleinement à la francophonie de notre pays. C'est donc aujourd'hui aussi une belle occasion de célébrer la richesse et la diversité des collectivités francophones du Canada. Des collectivités qui se distinguent notamment les unes des autres par leur histoire, et par la manière dont elles ont choisi de vivre et de s'épanouir dans un environnement et des circonstances très variées.
Aussi je crois que nous devons avoir aujourd'hui une pensée particulière pour les hommes et les femmes qui ont travaillé avec ardeur pour bâtir les collectivités de langue française au Canada, et qui ont contribué à l'essor de la francophonie canadienne.
L'un des plus grands d'entre eux nous a quitté cette semaine. Je parle bien sûr de Gratien Gélinas, un véritable pilier de la culture canadienne, un homme dont les oeuvres ont été présentées partout au pays dans les deux langues officielles.
Gratien Gélinas a profondément marqué la vie culturelle de notre pays, comme en témoignent plusieurs de ses réalisations.
Il a notamment fondé et dirigé la Comédie canadienne; il a aussi fondé, avec d'autres, l'École nationale de théâtre du Canada; il a été Président de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne, l'ancêtre de Téléfilm Canada; et enfin, il a été membre du Conseil d'administration de l'Office national du film.
Aujourd'hui, je tiens donc à rendre un hommage particulier à cet homme qui était un grand Canadien- français fier de l'être. Des hommes comme lui transmettent une énergie qui continuera de favoriser l'épanouissement de la francophonie canadienne.
Pour cela, il a fait plus que sa part, et c'est le devoir des gouvernements de faire aussi la leur.
Et c'est ce que nous avons d'ailleurs fait récemment en annonçant des sommes supplémentaires pour la promotion des langues officielles dans les régions où elles sont minoritaires. Et nous avons fait en sorte que la promotion de la langue française, qui est, je le répète, un élément fondamental de l'identité canadienne, ne soit plus l'affaire d'un seul ministère, mais la responsabilité de tous les ministères fédéraux.
Dans le domaine de la culture, il faut continuer à bâtir sur nos très nombreux succès. Le Canada s'est doté, au fil des ans, d'institutions qui ont grandement contribué à la promotion et au rayonnement de la culture francophone au pays et à travers le monde. Nous n'avons qu'à penser à Radio-Canada, ou au Conseil des arts du Canada, et à des organisations comme Téléfilm Canada et l'Office national du film, dont je parlais plus tôt.
C'est dire à quel point la francophonie est une richesse pour le Canada. Et que son épanouissement permet aux Canadiens de s'ouvrir toujours davantage sur le monde.
Ainsi, en cette période marquée par la mondialisation et l'ouverture des frontières, la francophonie canadienne constitue une force importante pour notre pays, en nous reliant à la Francophonie internationale.
Le Canada s'est d'ailleurs associé très tôt à la Francophonie internationale. En 1970, nous avons été un membre fondateur de l'Agence de coopération culturelle et technique. Depuis lors, nous avons continué de jouer un rôle de premier plan au sein de l'organisation.
Plus récemment, nous avons appuyé les efforts visant à doter la Francophonie internationale d'un mandat politique plus large. Ce mandat rejoint étroitement les préoccupations du Canada, surtout au moment où nous occupons un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. En effet, le mandat élargi porte sur la promotion de la paix par la prévention et la résolution de conflits, la promotion des droits de la personne et l'appui aux processus de démocratisation.
Ce volet de l'action de la Francophonie internationale est utile et pertinent. Jusqu'à présent, l'organisation a mené neuf missions d'observation, dont une conjointe avec les Nations Unies. Le Canada est fier de participer à ces initiatives, qui nous permettent de continuer à faire avancer nos priorités sur la scène internationale.
Notre appartenance à ce réseau de 52 pays et gouvernements ayant la langue française en partage comporte aussi d'autres avantages.
En septembre prochain, la ville de Moncton au Nouveau-Brunswick aura le privilège d'accueillir le Sommet de la Francophonie. L'ordre du jour de ce Sommet sera très varié. Nous aurons entre autres l'occasion de discuter de questions relatives aux jeunes, aux nouvelles technologies, à la culture, à l'éducation et à l'économie. Nous espérons que ce sommet nous permettra de faire avancer un certain nombre de dossiers qui touchent non seulement les Canadiens et les Canadiennes, mais des gens du monde entier.
Ainsi, nous voulons travailler avec nos partenaires du Sommet, pour trouver des moyens de promouvoir et d'assurer la sécurité des jeunes dans les pays aux prises avec des conflits armés. L'objectif du Canada est de faire en sorte que ces jeunes puissent grandir dans un environnement qui réponde à leurs besoins et qui favorise leur épanouissement.
Nous voulons également poursuivre nos efforts en vue de promouvoir la diversité culturelle. Ces efforts commencent d'ailleurs à porter fruits sur la scène internationale. Et les pays membres de la Francophonie ne sont pas étrangers à ce succès. Ils se sont toujours montrés sensibles à cette question très importante.
Le défi pour les chefs d'État et de gouvernement qui se réuniront à Moncton sera donc de réitérer cette volonté de participer aux grands enjeux. Des enjeux qui dépassent le cadre géographique de la Francophonie et qui touchent l'ensemble de la communauté internationale. Ils devront aussi continuer de guider et d'encourager le Secrétaire général, Boutros Boutros-Ghali, dans la poursuite de ces objectifs.
Nous sommes à quelques mois du Sommet, et nous célébrons aujourd'hui la dernière Journée internationale de la Francophonie avant le nouveau millénaire. À cette occasion, j'invite tous les Canadiens et toutes les Canadiennes à célébrer la francophonie d'ici et d'ailleurs, ainsi que son dynamisme au pays et au-delà de nos frontières.
Et je vous souhaite à tous et à toutes une excellente Journée internationale de la Francophonie.
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