À l'occasion du Sommet sur le Pacte de stabilité de l'Europe du Sud-Est
Le 30 juillet 1999
Sarajevo (Bosnia-Herzégovine)
Je suis honoré de représenter le Canada à l'occasion de l'inauguration du Pacte de stabilité de l'Europe du Sud-Est, et de démontrer ainsi notre engagement en faveur d'un avenir plus sécuritaire et plus sûr pour tous les peuples des Balkans.
À l'aube d'un siècle nouveau, nous avons l'occasion d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire des Balkans. Et de laisser derrière la sombre image d'une région définie par des haines anciennes.
Nous avons tous été témoins des faits désolants qui ont marqué les dix dernières années de l'histoire des Balkans. Des gens qui cohabitaient dans un certain climat d'harmonie et de prospérité se sont attaqués mutuellement, se livrant à des crimes sauvages contre l'humanité sous l'enseigne de l'intolérance ethnique. Ils se sont ainsi engagés sur la voie du chaos et du conflit à l'instant même où le reste de l'Europe choisissait de s'unir pour mieux prospérer.
Nous laisserons aux historiens le soin d'expliquer comment cela a pu se produire. Mais nous pouvons déjà en tirer certaines leçons. Lorsqu'elle est en mesure d'agir, la communauté internationale refusera d'observer passivement la violence ethnique. Nous nous opposerons à toute tentative de la part de démagogues nationalistes visant à justifier une telle violence, à terroriser leur propre peuple, à déstabiliser les pays voisins, et à mettre en péril la sécurité de l'Europe.
Le Canada rejette la notion selon laquelle les conflits dans les Balkans sont inévitables. Notre histoire prouve que des cultures différentes peuvent s'unir et travailler ensemble dans l'harmonie pour accomplir de grandes choses. Ici même en Europe, d'anciens ennemis se sont tendu la main pour créer l'OTAN, l'Union européenne et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Ce faisant, ils ont contribué à implanter davantage les conditions d'atteinte de la sécurité, de la prospérité et de la démocratie sur ce continent.
Le Pacte de stabilité vise justement à favoriser cet esprit. Le Canada salue le rôle de premier plan joué par l'Union européenne dans l'élaboration et la mise en oeuvre du Pacte. Et nous sommes prêts à apporter notre contribution. Toutefois, pour que le Pacte soit une réussite, ses principes et ses objectifs doivent être adoptés par tous les pays. Tous unis, nous y arriverons. Si nous sommes divisés, ce sera l'échec.
Nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons enfin accueillir la Yougoslavie au sein du Pacte de stabilité. Mais il lui faudra de nouveaux dirigeants. Et seul le peuple yougoslave est en mesure de prendre cette décision.Les Yougoslaves ont déjà beaucoup souffert des politiques destructrices de Slobodan Milosevic. Nous avons bon espoir qu'ils ne choisiront pas de s'engager sur la voie d'un triste avenir, dont l'unique promesse est celle de vivre dans la pauvreté, à l'écart de la famille des nations européennes et de la communauté internationale.
Il ne faut surtout pas sous-estimer les défis qui nous attendent. La tâche est énorme. Pour l'accomplir, l'ensemble de la région doit mobiliser tout son courage et toute sa sagesse. Et la communauté internationale doit continuer à démontrer un engagement à toute épreuve. Mais nous pouvons y arriver. Et nous y arriverons.
De leur côté, pour réussir, les pays de la région doivent développer leur démocratie, s'engager à respecter les droits de la personne, se tourner vers l'économie de marché et réduire leurs dépenses en armements.
Sur cette route, comme l'ensemble de la communauté internationale, je vous promets aujourd'hui que le Canada sera à vos côtés tout au long de votre progression.
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