À l'occasion de la cérémonie d'ouverture du VIIIe Sommet de la Francophonie
Le 3 septembre 1999
Moncton (Nouveau-Brunswick)
En 1987, le Canada a eu le privilège d'accueillir le deuxième Sommet de la Francophonie dans la ville de Québec et, à mes yeux, il était important que ce huitième Sommet se déroule en terre d'Acadie. Car c'est ici que Samuel de Champlain a fondé Port-Royal, la première communauté nord-américaine de langue française, il y a presque 400 ans.
Aujourd'hui, je tiens à féliciter et à remercier les descendants de ces Acadiens, ainsi que toute la population de Moncton et du Nouveau-Brunswick, pour leur collaboration à l'organisation de ce huitième Sommet.
Peu importe où ils vivent, les francophones du Canada partagent avec toutes les populations représentées à ce Sommet un espoir commun : que la langue que nous partageons devienne un instrument de rassemblement et de développement encore plus puissant. La nouvelle génération de Canadiens et de Canadiennes, en particulier, nous enseigne que la langue ne doit pas être une barrière, mais un pont entre les individus et les communautés; un pont également entre les cultures.
En évoquant ainsi l'histoire du Canada, je vous ai certainement rappelé que mon pays est bien jeune. C'est vrai. Mais cela en fait aussi un pays aux possibilités apparemment sans limites. Un pays où il est donc encore permis de rêver.
La Francophonie aussi est une jeune organisation. Il n'y avait donc pas de meilleur endroit que le Canada, ni de meilleur forum que ce Sommet, pour nous pencher sur la jeunesse, sur les possibilités qui s'offrent à elle et sur les rêves qu'elle caresse pour l'avenir.
J'en profite pour féliciter et remercier notre Secrétaire général, qui a déployé une énergie et une efficacité remarquables pour préparer ce Sommet et accueillir des représentants de la jeunesse du monde.
Au nom de tous les participants à ce Sommet, je veux aussi saluer les jeunes qui sont parmi nous aujourd'hui. Car je crois et je souhaite que la participation de la jeunesse à l'évolution de la Francophonie assurera à cette organisation le dynamisme et la pertinence nécessaires à son succès.
En cette fin de siècle, nous célébrons les grandes réussites du génie humain et nous saluons l'avenir prometteur qui s'offre aux jeunes. Mais nous devons aussi noter que l'humanité n'a pas encore triomphé de la pauvreté. Une pauvreté qui afflige des populations entières, et qui doit nous inspirer une nouvelle détermination à favoriser l'aide au développement et la coopération économique.
Nous devons aussi poursuivre nos efforts pour soulager le fardeau de la dette qui pèse sur plusieurs de nos pays. Nous applaudissons d'ailleurs l'Initiative de Cologne prise par le G-8 en ce sens.
Nous savons que la paix et la sécurité sont indispensables au développement durable et à la coopération. Que la démocratie, le respect des droits de la personne et des libertés fondamentales, la primauté du droit et la bonne gouvernance forment les fondations sur laquelle s'érigent les sociétés prospères et pacifiques. Des sociétés que nous léguerons aux jeunes, qui sont aux coeur de nos préoccupations à ce Sommet.
Je souhaite que chacun d'entre nous déploie tous ses efforts afin de léguer aux générations futures une Francophonie qui repose solidement sur les valeurs de la démocratie. Une Francophonie composée de pays où la primauté du droit et le respect des droits de la personne sont des principes bien ancrés – ce qui n'est pas toujours le cas actuellement – et où les pratiques internationales universellement reconnues à cet égard sont respectées.
Cette responsabilité devrait constituer le coeur de notre mission politique, ici à Moncton, tout comme à l'avenir, au fur à mesure que notre organisation grandira et gagnera en maturité.
Nos travaux et nos réflexions se dérouleront aussi dans le contexte de la mondialisation des économies. Une mondialisation remplie de promesses, mais qui comporte aussi des risques, dont on parle moins.
Parmi ceux-ci, nous devons en particulier nous inquiéter du danger de l'exclusion. L'exclusion d'abord des pays qui ne possèdent ni les ressources, ni les outils pour participer aux réseaux qui se tissent entre les continents. L'exclusion aussi de tous ces individus qui n'ont pas accès à la formation élémentaire qui leur permettrait de réaliser tout leur potentiel dans une économie mondiale fondée sur le savoir.
La mondialisation, c'est aussi l'utilisation quasi-universelle de l'anglais dans les technologies de communication et la force nouvelle que celles-ci lui confèrent. Cela présente aussi un nouveau défi à la langue française - comme d'ailleurs à des centaines d'autres langues.
À titre de chefs d'États et de gouvernements, nous nous devons de veiller à ce que la Francophonie devienne donc encore plus dynamique et plus efficace - notamment grâce à la contribution des jeunes, comme je le soulignais plus tôt.
Je suis très heureux, d'ailleurs, de noter que notre famille s'élargit encore avec la participation à ce Sommet de la Lituanie, de la République tchèque et de la Slovénie. Au nom de tous les pays participants et observateurs je leur souhaite la plus cordiale bienvenue.
La présence de ces amis, et de tous ceux qui sont venus se joindre à nous depuis 13 ans, nous rappelle que la francophonie est née et continue de grandir dans la diversité culturelle. Dans le grand brassage des identités nationales, nous devons plus que jamais favoriser le dialogue entre les cultures, car la diversité culturelle constitue une des grandes richesses de la Francophonie et de la communauté internationale dans son ensemble.
J'aimerais d'ailleurs exprimer dès maintenant le souhait que nos discussions à ce Sommet nous mènent consacrer la prochaine réunion ministérielle de la Francophonie à l'étude des questions liées à la diversité culturelle et à développer notre cohésion interne sur cette question.
En terminant, je veux exprimer le voeu que ce dernier Sommet francophone du 20e siècle – du millénaire pour ceux qui voient loin – puisse donner aux jeunes du monde entier ce dont ils ont le plus besoin: l'espoir.
L'espoir que le développement, la sécurité et la paix envelopperont aussi bientôt la totalité du globe.
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