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À l'occasion de l'installation de la Gouverneure générale Adrienne Clarkson


Le 7 octobre 1999
Ottawa (Ontario)

Votre Excellence Madame Adrienne Clarkson,

Il me fait grand plaisir de vous offrir les meilleurs voeux du gouvernement, du Parlement et du peuple canadien au moment où vous prêtez le serment d'office.

Je tiens aussi à exprimer ma reconnaissance au très honorable Roméo LeBlanc et à Madame Fowler LeBlanc.

Avec une dignité tranquille et une grâce sans faille, ils ont laissé une empreinte ineffaçable sur cette haute fonction. Je pense notamment à la création du Prix du Gouverneur général pour l'entraide, qui rend enfin hommage à nos bénévoles – ces innombrables Canadiens dont les actes quotidiens de générosité et de compassion représentent si bien notre caractère national.

Lors de sa nomination en 1995, ce fier Canadien est devenu le premier fils de l'Acadie à occuper la fonction de Gouverneur général. Aussi, je sais combien cela a dû lui faire chaud au coeur, à la toute fin de son mandat, de participer au VIIIe Sommet de la Francophonie dans son Nouveau-Brunswick natal.

J'ai été ému par la fierté dont il rayonnait lors de la rencontre historique entre le Président français Jacques Chirac et notre communauté acadienne. J'ai aussi été marqué par l'émotion avec laquelle M. Chirac a renouvelé le lien fraternel qui unit pour toujours les Acadiens au foyer de nos ancêtres, de même que par l'éloge que le Président français a fait des réalisations exemplaires du Canada.

Je sais que, pour M. LeBlanc, il s'agissait vraiment d'un instant à savourer dans une longue carrière au service du peuple canadien, laquelle a été marquée par de très nombreux moments forts.

Mesdames et messieurs, nous voici rassemblés pour rendre hommage à une personne dont le talent, le discernement et les réalisations commandent l'admiration. Et qui représentera désormais notre chef d'État au Canada.

Son accession au poste de gouverneur général n'est en fait qu'une étape remarquable de plus dans un parcours personnel extraordinaire. Celui-ci remonte au jour où, toute petite, elle s'est embarquée à bord d'un bateau de réfugiés à destination du Canada, chassée de son foyer par les privations et la cruauté d'une guerre terrible.

Après des débuts aussi peu propices, sa vie a tracé un arc nettement ascendant. Un arc parallèle au développement du Canada tel que nous le connaissons aujourd'hui.Un pays cosmopolite. À l'aise dans sa diversité. Entièrement disposé à reconnaître pleinement les droits de tous ses citoyens, autant dans ses lois que dans ses institutions. En pratique aussi bien qu'en théorie.

Elle et sa famille ont d'abord été refoulées lorsqu'elles ont cherché refuge au Canada, parce qu'elles étaient d'origine chinoise. Sa présence ici aujourd'hui montre combien nous avons fait de chemin comme nation. Une nation bâtie par les immigrants. Par ceux qui ont été attirés ici par un rêve national, et par un refuge sûr.

Je n'ai pas besoin de dire aux Canadiens ce qu'ils savent déjà de Madame Clarkson. La liste de ses réalisations comme journaliste et commentatrice parle d'elle-même. J'aimerais quand même dire quelques mots au sujet de la qualité particulière qui la rend si digne d'accéder à cette fonction à cette époque de notre histoire.

Nous vivons à l'ère de la mondialisation. À l'ère du village planétaire, où les personnes et les nations se rapprochent comme jamais auparavant. Par-delà les fuseaux horaires, les frontières et les cultures. Et où nous nous demandons quelle place cela laissera pour la diversité. Quel espace nous aurons pour assurer la protection et le rayonnement de nos propres moyens d'expression et de nos propres expériences.

Rares sont ceux qui, comme Madame Clarkson, ont perçu l'harmonie profonde de cet ensemble de moyens d'expression et d'expériences, qui confère à la culture canadienne sa saveur sans pareil.

Douée d'une intuition extraordinaire, elle a su mettre ses talents au service de la création de lieux d'expression pour nos artistes, nos musiciens et nos auteurs. Des quatre coins de notre grand pays. De toutes les origines et de tous les milieux. Un tel dévouement au service de la collectivité, de telles preuves d'affection à l'égard de son pays d'adoption, font d'elle une candidate éminemment qualifiée pour les fonctions qu'elle s'apprête à assumer.

Par-dessus tout, je considère que le choix de Madame Clarkson pour la fonction de gouverneur général contient un message frappant. Il exprime clairement notre volonté collective de faire en sorte que nos auteurs, nos artistes et nos oeuvres continuent d'enrichir notre expérience commune. Et de rayonner dans l'ensemble du village planétaire.

Mesdames et messieurs, le 20e siècle qui s'achève a été celui de la grandeur et de l'horreur. Des rêves lumineux et des sombres cauchemars. Nous avons souvent eu des raisons de croire qu'il ne restait pas d'espoir pour le monde.

Selon moi, le succès du Canada a été de prouver, à nous-mêmes et au monde entier, qu'il y a toujours de l'espoir. L'espoir de lendemains plus heureux, de perspectives meilleures, de tolérance et de bonne entente.

Madame Clarkson, vos expériences et votre succès me confirment dans ma conviction.

Au nom de tous les Canadiens, je vous remercie d'avoir accepté ces nouvelles responsabilités. J'adresse mes remerciements et mes meilleurs voeux à M. Saul aussi. Je sais qu'il sera pour vous un compagnon idéal au cours des jours à venir.

Je vous souhaite tout le succès possible au service du meilleur pays au monde.

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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants