DISCOURS DU PREMIER MINISTRE JEAN CHRÉTIENà L’Occasion du Dîner du Premier Ministre
Le 28 novembre 2002
Saint-Jean (Nouveau-Brunswick)
Ce soir, j’aimerais vous parler de certains des principaux éléments du
programme d’action libéral. Des enjeux comme l’économie, l’innovation,
les enfants, les villes, la ratification du Protocole de Kyoto, la protection de
l’environnement et le renouvellement du régime de santé – pour nos enfants
et pour les générations à venir.
Quand je suis devenu Premier ministre, le Canada était un pays très
différent de ce qu’il est aujourd’hui. Plus fragile. Moins uni. Moins
confiant.
Eh bien, comme les choses ont changé en neuf ans!
En 2002, l’économie canadienne crée des emplois plus vite qu’elle ne l’a
fait depuis des décennies. Les taux d’intérêt, les taux hypothécaires sont
très modérés. Le revenu disponible des particuliers progresse d’année en
année depuis cinq ans.
Le nombre d’enfants dont la famille est sous le seuil de faible revenu a
diminué de 25 p. 100 entre 1996 et 2000, passant de 16,7 p. 100
à 12,5 p. 100.
L’unité nationale est plus forte que jamais. Le pays est aujourd’hui
particulièrement fort et confiant.
Pendant le récent ralentissement mondial, notre économie s’est
brièvement contractée, alors que l’économie américaine reculait lors des
trois premiers trimestres de 2001.
Peu de temps après mon accession au poste de Premier ministre, le Wall
Street Journal qualifiait le Canada de candidat au tiers monde. J’avoue
avoir ressenti une grande fierté avant-hier quand le Fonds monétaire
international a publié un rapport sur le Canada.
Voici ce qu’il dit : « Dans la foulée d’une performance
macroéconomique exceptionnelle depuis le milieu des années 1990, l’économie
canadienne a remarquablement bien résisté au repli mondial. La performance
solide de l’économie est attribuable en grande partie à un cadre
stratégique judicieux et à l’habile mise en oeuvre des politiques. Les
perspectives macroéconomiques du Canada demeurent favorables. »
Ces résultats sont en grande partie le fruit de notre engagement
inébranlable envers la discipline financière. Nous avons réduit les impôts,
effectué des remboursements sur la dette et équilibré les finances.
Le programme d’action libéral reconnaît que pour maintenir un bilan
financier et économique sain nous devons continuer d’investir dans notre
société : dans l’apprentissage, dans la santé, dans nos enfants et dans l’environnement.
Et regardons ce que nous avons accompli : la Prestation nationale pour
enfants, la préservation du Régime de pensions du Canada, le Programme d’aide
préscolaire aux Autochtones, le réseau scolaire Rescol, les bourses d’études
du millénaire, nos investissements dans les universités, l’argent que nous
avons consacré à la santé, nos investissements dans le développement de la
petite enfance, un nouveau Cadre stratégique pour l’agriculture, la loi sur
la clarté, le Fonds d’innovation du Canada atlantique.
Mais pour conserver la confiance du public, il ne suffit pas d’avoir fait
avancer les choses. Il faut continuer d’avancer.
Car, mes amis, il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir.
Il y a encore trop de familles et d’enfants pauvres. Ces enfants ont besoin
d’un bon départ dans la vie. Ils ont besoin de l’aide du gouvernement.
Investir dans les gens, c'est à la fois une bonne politique économique et
une bonne politique sociale. Nous devons offrir les meilleures perspectives
possibles à nos enfants — notre avenir en dépend. Comme société, nous
devons tâcher de donner à tous les enfants du Canada, où qu'ils se trouvent,
le meilleur départ possible dans la vie et la chance de réaliser pleinement
leur potentiel, afin qu’ils puissent contribuer pleinement à la société
canadienne.
C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés dans le dernier
discours du Trône à bonifier de nouveau la Prestation nationale pour enfants
en faveur des familles à faible revenu, comme nous l'avons fait à plusieurs
reprises ces dernières années.
Le discours du Trône, il y a deux mois, mettait l’accent sur la santé,
les enfants, l’infrastructure, l’environnement et l’innovation.
Les villes comme Saint-Jean jouent un rôle important dans le développement
économique du pays. C’est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral
procède aussi à la mise en oeuvre d’une stratégie urbaine.
Nous sommes en bonne voie de préparer un budget qui donnera suite à ces
priorités d’une manière qui assurera l’imputabilité, la viabilité et l’équilibre
budgétaire à long terme.
J’aimerais passer maintenant à une question d’une importance capitale
pour l’avenir. La Chambre des communes a commencé à débattre de la
ratification du Protocole de Kyoto.
Dans l’intérêt des générations qui suivront, il incombe à la
génération actuelle de Canadiens de s’atteler à la tâche. Et c’est un
défi que les Canadiens sont prêts à relever.
Nous avons dix ans pour respecter nos obligations aux termes du Protocole.
Nous pouvons progresser ensemble. Nous allons ratifier Kyoto et respecter nos
obligations à l’aide d’un plan conçu au Canada.
Les nombreuses bonnes idées de l’industrie et des gouvernements des
provinces nous permettront de faire un bon bout du chemin. La technologie nous
amènera encore plus loin.
Si nous travaillons ensemble, si nous saisissons les opportunités et si nous
laissons de côté la rhétorique, je suis persuadé que le Canada sera à la
hauteur du défi.
Nous allons atteindre nos objectifs d’une manière responsable, dans l’intérêt
de l’économie, de l’environnement et des générations qui suivront.
Mes amis, j’aimerais vous parler maintenant d’une question qui revêt une
importance fondamentale pour les Canadiens : la santé.
Aujourd’hui, Roy Romanow a rendu public le rapport de la Commission royale
sur l’avenir des soins de santé – un jalon très important sur la voie de
la réforme et de la viabilité à long terme du régime public d’assurance-maladie
au Canada.
Je tiens à féliciter monsieur Romanow ce soir pour son excellent travail.
Pas simplement parce qu’il a livré son rapport en respectant le délai et le
budget alloués, mais en raison de la qualité de son travail, de l’étendue
de ses consultations et du caractère réfléchi de ses recommandations.
Comme de raison, je ne suis pas encore en mesure de commenter en détail ces
recommandations. Nous venons tout juste de recevoir son rapport. Nous devons l’examiner
attentivement. Le lire dans le contexte des rapports précédents. Travailler
avec les provinces. Écouter les intervenants. Et, je suppose que je dois parler
au ministre des Finances aussi!
Je peux cependant affirmer que le Rapport Romanow établit un plan directeur
exhaustif pour l’évolution du régime public d’assurance-maladie au 21e
siècle. Et ce que j’ai vu jusqu’ici me plaît. Le rapport s’inscrit dans
le prolongement de l’accord de septembre 2000 sur la santé qu’ont conclu
tous les premiers ministres.
Les nouveaux investissements devront être axés sur le changement. Et sur
les résultats. Comme celui d’assurer aux citoyens l’accès à des soins de
santé de qualité 24 heures par jour, 7 jours sur 7.
C’est l’objectif de la réforme des soins primaires. Les soins à
domicile à l’intention des malades qui viennent de sortir de l’hôpital.
De meilleurs appareils diagnostiques en plus grand nombre. Des services
améliorés pour les Canadiens dans les régions rurales et isolées. Des
solutions au problème du coût des médicaments. Une imputabilité et une
transparence accrues.
Je vais vous promettre une chose ce soir : le Rapport Romanow ne dormira
pas sur une tablette. Nous allons agir sans tarder.
Le rapport de monsieur Romanow de même que le rapport du Comité sénatorial
et divers rapports provinciaux aideront les gouvernements à élaborer une
approche nationale en vue de répondre aux besoins des Canadiens en matière de
soins de santé.
Notre gouvernement apportera sa contribution. Nous allons consacrer nos
énergies à travailler avec les provinces au cours des prochaines semaines à
élaborer une approche fédérale-provinciale. Tous les premiers ministres –
que nous soyons en désaccord ou non sur d’autres sujets – m’ont assuré
de leur entière collaboration dans l’établissement d’un plan de réforme
du système de santé. Et ils peuvent compter en retour sur ma pleine
collaboration.
La politique partisane n’a pas sa place dans ce dossier. Ce n’est pas le
moment de tenter de marquer des points politiques.
Chacun sait que l’argent ne permettra pas de régler tous les problèmes
dans le secteur de la santé.
Chacun reconnaît aussi qu’un plan d’action concret pour moderniser l’assurance-maladie
et pour réaliser des changements importants à long terme nécessitera de l’argent.
Si nous avons un plan en vue de changements importants à long terme et si
tous les gouvernements s’entendent sur ce plan, je peux assurer les Canadiens
ce soir que les dollars fédéraux nécessaires seront disponibles.
Les premiers ministres se réuniront à la fin de janvier afin de parvenir à
une entente sur un plan global de modernisation de l’assurance-maladie. La
réunion doit être un succès. Elle sera un succès. Les Canadiens ne se
contenteront pas de moins que cela de la part de leurs dirigeants. Le dirigeant
qui ferait obstacle au succès d’une réunion sur la santé aurait un prix
politique très élevé à payer.
Je peux assurer les Canadiens et Canadiennes qu’à l’issue d’une
réunion fructueuse, nous serons prêts à verser la part fédérale du
financement de ce plan à long terme.
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