DISCOURS
À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU
SOMMET DU MILLÉNAIRE DE
L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES
Le 7 septembre 2000
New York
Monsieur le Président,
Je débuterai en exprimant notre
profonde indignation à l’égard du meurtre de travailleurs humanitaires
innocents et non armés au Timor occidental. Ceux qui attaquent le personnel des
Nations Unies attaquent cette organisation, et s’opposent par le fait même
aux principes et aux objectifs que nous sommes venus réaffirmer. Il en incombe
au gouvernement indonésien de traduire en justice les responsables de ces
crimes.
Au seuil d’un nouveau millénaire,
les Nations Unies représentent l’institution mondiale indispensable. Et l’engagement
du Canada envers les objectifs et la vision qui rassemblent ses États membres
est inébranlable.
Je salue la décision du Secrétaire
général de profiter de cette année charnière pour concentrer notre attention
sur la réforme de l’ONU. Je tiens à l’assurer que le Canada tâchera d’apporter
une contribution créatrice à cet effort.
L’engagement du Canada envers l’ONU
traduit les valeurs et les expériences qui nous unissent. Du fait de sa riche
diversité, notre pays a à coeur la liberté, la tolérance, la justice et l’égalité.
Nous connaissons l’esprit de solidarité que fait naître le partage des
bienfaits de la prospérité. Nous avons appris par expérience tout ce que l’ingéniosité
et la créativité humaines peuvent accomplir une fois libérées des entraves
de la pauvreté, de l’insécurité et de la guerre.
Pour le nouveau siècle, la vision du
Canada est celle d’un monde où ces bienfaits profitent à tous les citoyens
de la planète.
L’ONU nous offre le meilleur moyen de
mobiliser les volontés d’agir et de réaliser cette vision. Mais elle doit d’abord
se résoudre au changement.
La montée des nationalismes ethniques,
comme par exemple dans les Balkans ou en Afrique centrale, entache notre
humanité. Elle rend également beaucoup plus complexes les opérations de
maintien de la paix, dont les mandats doivent désormais inclure la protection
des civils en danger et s’accompagner des ressources nécessaires.
Le Canada a été l’un des principaux
architectes du maintien de la paix. Nous sommes aussi l’un des participants
les plus actifs aux opérations de paix. À ce titre, nous encourageons tous les
États membres à se laisser guider par les recommandations du groupe de travail
du Secrétaire général sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Nous devons redoubler d’efforts afin
de couper les agents de la violence et des conflits de leurs sources d’approvisionnement.
En mettant un terme à la prolifération des armes légères et des armes de
petit calibre et en contrôlant le commerce illicite des diamants.
Il nous faut continuer à faire de la
sécurité des personnes notre grande priorité. La Convention d’Ottawa sur l’interdiction
des mines terrestres et l’accord sur le statut de la Cour criminelle
internationale sont des étapes importantes à ce chapitre. Dans quelques jours
s’ouvrira au Canada la Conférence internationale sur les enfants touchés par
la guerre.
J’ai également le plaisir d’annoncer
que le Canada, avec l’appui de fondations intéressées, pilote un projet
visant à mettre sur pied une commission internationale indépendante sur l’intervention
et la souveraineté des États. Notre ministre des Affaires étrangères
exposera sous peu la raison-d’être et le mandat de cette commission.
Nous visons tous à atténuer la
pauvreté dans le monde. Nous devons répandre les bienfaits de la
mondialisation en mettant l’accent sur l’élément humain.
Les pays les plus pauvres doivent avoir
accès à des débouchés pour leurs produits. L’initiative en faveur des pays
pauvres très endettés doit vigoureusement accélérer, approfondir et élargir
l’allégement de la dette. Nous devons faire en sorte que le développement à
l’échelle mondiale ne se fasse pas aux dépens de l’environnement.
Il nous faut aussi combler les écarts
découlant de la révolution de l’information en veillant à ce que tous
profitent des retombées de celle-ci. C’est pour cette raison que le Canada
appuie la création d’un service des technologies de l’information aux
Nations Unies.
Comme le disait l’ancien Premier
ministre canadien Lester Pearson : « L’ONU doit être un orchestre
symphonique et non un quatuor à cordes. » Pour cela, elle doit pouvoir
compter sur des appuis aussi bien politiques que financiers. Tous les membres
doivent absolument verser leur quote-part.
Monsieur le Président, si nous en
avons la volonté et la détermination, les Nations Unies resteront l’institution
mondiale indispensable au XXIe siècle.
Quant au Canada, il est déterminé à
être pour l’ONU un partenaire indispensable.
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