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Adresse du Premier ministre en réponse au discours du Trône

J’aimerais commencer, au nom de tous les députés et de l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes, par exprimer toute notre reconnaissance envers ceux et celles qui ne sont pas de retour dans cette Chambre. Nous les remercions des services qu’ils ont rendus à leurs commettants et à leur pays.

Octobre 06, 2004
Ottawa (Ontario)


Le texte prononcé fait foi




Monsieur le Président, d’abord, permettez-moi de féliciter le député de Davenport et la députée de Gatineau d’avoir proposé et appuyé l’adresse en réponse au discours du Trône.


J’aimerais commencer, au nom de tous les députés et de l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes, par exprimer toute notre reconnaissance envers ceux et celles qui ne sont pas de retour dans cette Chambre. Nous les remercions des services qu’ils ont rendus à leurs commettants et à leur pays.


Je tiens, en particulier, à souhaiter la bienvenue aux députés qui ont été élus pour la première fois – leurs nouvelles voix fortes seront entendues dans ces lieux. La population nous a confié la tâche de la servir, de la représenter, de débattre et de voter ici, dans ses intérêts. Je vous encourage à lui faire honneur.


Parmi les nouveaux députés, 34 sont nés à l’extérieur du Canada, dans 20 pays différents. Ils ont tous choisi de venir s’établir ici – quel bel hommage à la nature diverse, multiculturelle du Canada. Notre Parlement ne peut qu’être enrichi par leur présence.


Monsieur le Président, la trente huitième législature a entamé ses travaux. Les représentants élus de ce grand pays sont rassemblés à nouveau dans cette Chambre, où Lester Pearson avait jadis annoncé la création du régime public d’assurance maladie, où John Diefenbaker s’était levé le jour de la Fête du Dominion pour présenter une déclaration des droits, où Tommy Douglas nous avait dit qu’il était encore temps de construire un monde meilleur.


En nous levant ici, aujourd’hui, pour prendre la parole, en participant à cette cérémonie de renouvellement, nous suivons une tradition encore plus vieille que notre pays. En ce jour, le Parlement est au cœur du dialogue national. Qu’il puisse y demeurer.


Les réalisations accomplies dans cette Chambre et dans notre pays ne seront pas celles d’une seule personne ou d’un seul parti. Nous agissons ici, et nous prenons la parole, au nom de la population canadienne, près de trente deux millions de personnes. Nos réalisations, nos réussites, mais aussi nos échecs, feront partie de l’héritage commun de notre époque.


Que transmettrons nous, en tant que Canadiens, à ceux et celles qui, un jour, travailleront à notre place et vivront là où nous vivons? De quelle sorte de Canada s’agira t il? Rendrons nous hommage aux sacrifices consentis dans le passé en léguant un pays encore meilleur aux générations à venir?


Pour que notre réponse soit oui, et il faut qu’elle soit oui, nous avons, nous les membres de ce Parlement minoritaire, un rôle crucial à jouer afin de bâtir une économie du XXIe siècle, de protéger et de renforcer nos fondations sociales, et d’assurer au Canada un rôle influent dans le monde qui suscite notre fierté.


Je sais que bon nombre de personnes, dans cette Chambre et partout au pays, se demande si nous pouvons faire fonctionner ce Parlement dans l’intérêt des Canadiens. Si, pour ne pas en rester à de belles paroles, nous pouvons faire de la coopération une réalité.


Ici dans cette Chambre, chacun ressent vivement ses convictions et les exprime avec vigueur. C’est un lieu où priment la passion et l’esprit partisan. Cela ne changera pas, et il ne faudrait pas que cela change non plus.


Cela dit, dans un Parlement minoritaire, nous avons tous la responsabilité de veiller à ce que le Parlement fonctionne pour le compte de la population. Et nous nous acquitterons de cette responsabilité – si nous adoptons et mettons à profit les réformes démocratiques qui ont été lancées pendant la dernière session, si nous sommes prêts à favoriser le progrès plutôt que l’esprit partisan.


Monsieur le Président, la gouverneure générale a parlé hier des valeurs que nous partageons dans ce pays. Elle a mentionné aussi la détermination du présent gouvernement à rassembler les Canadiens et les Canadiennes dans un but commun et à bâtir un meilleur avenir pour tous.


Dans la poursuite de ces objectifs, entendons nous pour dire que tout ce que nous voulons faire au Canada, toute l’aide que nous voulons apporter ailleurs dans le monde, ne seront réalisables si nous nous laissons enfermer, une fois de plus, dans le cercle vicieux de l’irresponsabilité financière.


Le maintien d’un budget équilibré assure le foisonnement des possibilités pour les Canadiens. Il traduit la volonté du gouvernement de tout mettre en œuvre pour créer les conditions dans lesquelles les Canadiens pourront prospérer.


Je suis membre d’une génération qui, pendant des décennies, a emprunté sur le lendemain afin de supporter le coût des besoins et des désirs de son époque. Pendant vingt sept  années consécutives, notre gouvernement national n’a pas voulu, ou n’a pas pu, joindre les deux bouts. Le résultat : une dette nationale constamment à la hausse et une économie sous performante. Les Canadiens, quant à eux, éprouvaient de plus en plus de difficultés à se trouver un emploi et à le garder, à se payer une maison, à régler leurs factures.


Nous étions pris dans un piège fabriqué par nous mêmes – un cercle vicieux dans lequel notre déficit chronique contribuait à la léthargie de l’économie, ce qui augmentait encore davantage les déficits, et créait ensuite un plus grand malaise.


Nous ne pouvions pas laisser les choses telles quelles. Nous ne les avons pas laissées telles quelles.


Il y a dix ans, nous apposions une date d’expiration sur le déficit fédéral. Nous avons alors déclaré notre intention d’éliminer le déficit, et c’est ce que nous avons fait. Et à mesure que le budget s’assainissait, à mesure que les Canadiens se sentaient davantage sécurisés par les finances de leur pays, l’économie reprenait vigueur. Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont bas. L’inflation est faible. Le taux de chômage est près de 40 pour cent de moins qu’il y a dix ans.


Hausse de notre niveau de vie : nous sommes au premier rang des pays du G-7.


Création d’emplois : la plus rapide parmi les pays du G-7.


Surplus budgétaire : nous sommes le seul pays du G-7 à en avoir un.


Aujourd’hui, une nouvelle confiance anime les Canadiens. Nous mettons l’accent sur les possibilités. Nous sommes prêts à affronter la concurrence, à nous dépasser, à montrer ce nous avons à offrir.


Le cercle vicieux a été brisé. Maintenant, les Canadiens profitent des avantages d’un cercle vertueux. Notre budget équilibré contribue à l’essor d’une économie dynamique. Une économie qui accroît la confiance du milieu des affaires et des consommateurs, ce qui, en retour, renforce encore davantage notre réussite économique.


Ce cercle vertueux nous a permis de baisser les impôts de façon équitable et d’investir dans les programmes sociaux de base. Nous allons continuer dans cette veine. Cela dit, le cercle vertueux n’est pas un droit sacré. Afin de protéger l’avenir collectif des Canadiens, nous continuerons de prévoir une réserve pour les éventualités – une pratique qui nous a permis d’éviter les déficits tandis que d’autres pays y sont retournés. Nous allons suivre un mode de gestion transparent et responsable, et traiter l’argent des contribuables avec respect. Nous continuerons, en outre, de rembourser la dette nationale – et nous allons la réduire à 25 % du produit intérieur brut au cours de la prochaine décennie.


Nous n’agirons pas de la sorte pour épater les économistes du monde, mais bien pour nous assurer que les générations futures de Canadiens sont davantage libres de prendre leurs propres décisions.


À cette même fin, en notre capacité de gouvernement, nous veillerons à ce que le Canada et les Canadiens demeurent concurrentiels dans l’économie mondiale. Nous aiderons les travailleurs à se perfectionner et mettrons du capital de risque à la disposition des petites entreprises. Nous faciliterons l’intégration rapide des nouveaux immigrants au marché du travail. Nous irons de l’avant avec le Bon d’études du Canada, afin d’aider les familles à faible revenu à économiser en vue des études postsecondaires de leurs enfants. Et nous poursuivrons les efforts fructueux de notre gouvernement dans le financement de l’innovation et de la recherche et développement, afin que le Canada demeure à la fine pointe des nouvelles technologies.


C’est pourquoi, Monsieur le Président, j’annonce aujourd’hui que le gouvernement du Canada confiera un mandat aux académies canadiennes des sciences. Notre but est de former une alliance nationale regroupant les sociétés de premier plan dans les domaines des sciences et de l’ingénierie. Cette alliance autonome recevra des fonds de soutien de 35 millions de dollars sur les dix prochaines années pour ses activités.


Les nouvelles académies des sciences fourniront des conseils spécialisés sur le volet scientifique d’importants dossiers nationaux et internationaux, et elles donneront une voix prestigieuse au Canada au sein du chœur des groupes scientifiques internationaux.


Monsieur le Président, le Canada a entendu cette année deux discours du Trône. Il y a eu une élection générale. Les Canadiens et les Canadiennes connaissent les positions de ce gouvernement ainsi que les engagements nous avons pris auprès d’eux, aux chapitres des soins de santé, des questions autochtones, de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants, des villes et des collectivités, de l’environnement et de la scène internationale. Désormais, notre attention portera exclusivement sur le travail qui nous attend.


Dès cet été, nous avons répondu à la préoccupation principale des Canadiens et des Canadiennes : nous avons travaillé avec les provinces et les territoires afin de conclure un accord de dix ans sur l’amélioration des soins de santé.


Cet accord sera l’élément central de la réduction des temps d’attente pour des procédures médicales cruciales comme les soins cardiaques et oncologiques, les remplacements d’articulations, la restauration de la vue et l’imagerie diagnostique. Il établit des exigences rigoureuses en matière de rapport de rendement – des exigences qui comprennent, par exemple, des points de repère fondés sur des preuves et des cibles qui devront être rendues publiques. Ces mesures donneront l’impulsion au changement, augmenteront la responsabilité à l’égard des Canadiens et mettront l’accent sur les besoins du patient. L’accord permettra aussi d’améliorer l’accès aux professionnels de la santé et de procéder à l’expansion des soins à domicile et du programme d’assurance médicaments. Il répondra, de plus, aux besoins de santé particuliers des Autochtones et des résidents du Grand Nord.


L’accord sur la santé prend source dans des objectifs communs tout en reconnaissant les différents besoins et circonstances propres à chaque province et territoire. En reconnaissant ces particularités, l’approche asymétrique mise sur la force de notre diversité.


Cet accord de dix ans apportera un changement tangible. Il a été signé par tous les premiers ministres, et il bénéficie du soutien des intervenants dans le secteur de la santé, partout au pays.


Au cours des dix prochaines années, la contribution fédérale aux soins de santé augmentera de 41 milliards de dollars. C’est une forte somme, mais nous sommes d’avis, en tant que gouvernement, que notre investissement doit suffire à renforcer le système public et à effectuer une véritable réforme. Il s’agit de la priorité numéro un de ceux et celles qui nous ont élu.


En outre, j’ai mis de l’avant, pendant la réunion des premiers ministres, une proposition visant à répondre aux préoccupations de mes homologues concernant le financement et la prévisibilité de la péréquation et de la formule de financement des territoires – des programmes dont l’inconstance cause des difficultés aux provinces et aux territoires qui ont à assurer la planification et la préparation des budgets dans les domaines de la santé, de l’éducation et d’autres priorités publiques.


Le 26 octobre, je rencontrerai les premiers ministres dans le but d’entreprendre une réforme de la péréquation qui sera la plus approfondie que nous ayons connue depuis sa création il y a près de cinquante ans. Cette réforme améliorera les services offerts à la population canadienne.


Essentiellement, le gouvernement fédéral tirera pleinement parti de ses pratiques prudentes de gestion et de l’assainissement de ses finances, et il assumera la lourde tâche de prendre une part plus large du risque qui accompagne la gestion des aléas économiques de ce pays.


Monsieur le Président, avant notre réunion sur la santé, les premiers ministres et moi même avons rencontré les dirigeants autochtones et avons convenu de mettre au point un plan visant à améliorer la santé des Autochtones. Le gouvernement du Canada a alors annoncé un nouvel investissement de l’ordre de 700 millions de dollars – montant qui servira à promouvoir la santé, à prévenir les maladies et à donner de meilleurs résultats en matière de santé chez les Autochtones.


Mais une bonne santé n’est qu’un des éléments requis pour assurer que, dans l’avenir, les  Autochtones évoluent sous le signe de la prospérité plutôt que dans la pauvreté. Notre gouvernement continuera de cibler les éléments qui sont les plus susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie : l’apprentissage toute une vie durant, des logements plus salubres et plus abordables, de bons emplois et de l’eau propre. Nous continuerons aussi de veiller à ce que – petit à petit, de jour en jour – l’écart entre les perspectives d’avenir des Autochtones et celles des autres Canadiens diminue. Nous attendons avec intérêt la tenue d’une deuxième conférence entre les dirigeants autochtones et les premiers ministres, où nous souhaitons nous entendre sur un plan d’action global pour le compte de tous les peuples autochtones.


Monsieur le Président, pendant la campagne électorale, nous avons souvent parlé aux Canadiens du besoin d’un Nouveau Pacte pour les villes et les collectivités, les endroits où nous vivons, travaillons et élevons nos familles, où s’épanouissent nos industries culturelles, où les nouveaux Canadiens enrichissent notre façon de voir les choses, où les politiques nationales ont des répercussions sur la vie des individus.


C’est une question qui devait être soulevée dans un contexte national. Les collectivités du Canada, grandes et petites, rurales et urbaines, se heurtent à des problèmes très variés et les solutions exigées sont très différentes. Néanmoins, elles jouent toutes un rôle clé dans l’atteinte de nos objectifs sociaux et dans le maintien de notre compétitivité économique. Et elles subissent de fortes pressions financières.


Elles ont de la difficulté à trouver les fonds nécessaires pour construire de bonnes routes, pour entretenir la propreté des parcs, pour fournir de meilleurs services de transport. Elles sont aux prises avec le besoin de trouver les moyens de fournir des logements abordables. Notre gouvernement comprend ce qui se passe. Il est passé de la parole aux actes.


Le Nouveau Pacte pour les villes et les collectivités a pour but d’améliorer la vie des Canadiens en améliorant les endroits où ils vivent. Nous l’avons mis en œuvre dans notre premier budget avec le remboursement de la TPS aux municipalités. Cette mesure représente un investissement fédéral dans les collectivités de près de 7 milliards de dollars sur dix ans. Nous continuerons sur cette lancée cet automne.  Nous travaillerons alors avec les provinces, les villes et les collectivités à mettre au point le mécanisme et les modalités du transfert d’une part de la taxe fédérale sur l’essence. Lorsque ces mesures seront en vigueur dans leur intégralité, il s’agira d’un investissement fédéral supplémentaire de 2 milliards de dollars par année.


Monsieur le Président, avec le remboursement de la TPS et le transfert d’une partie de la taxe fédérale sur l’essence, les municipalités pourront compter sur une nouvelle source permanente de revenus. Notre objectif est de nous assurer que ces fonds sont suffisamment prévisibles et fiables pour que chaque collectivité, si elle le désire, puisse aller sur les marchés financiers et utiliser cette contribution fédérale continue, pour accéder à des fonds de façon plus immédiate. Elles en auront le choix et la liberté.


Nous allons aussi collaborer avec les autres ordres de gouvernement en matière d’infrastructure et de développement régional. Nous restons déterminés à renforcer nos régions ressources, à assurer qu’elles bénéficient, d’une part, des technologies modernes, et, d’autre part, des avantages de la valeur ajoutée à nos principales forces, telles que l’agriculture, les pêches et la panoplie de nos ressources naturelles. Car le Canada n’est jamais aussi fort que lorsque toutes ses parties sont fortes.


J’aimerais vous parler maintenant d’une région qui présente des défis particuliers, mais aussi un formidable potentiel : le Grand Nord. J’ai travaillé, quand j’étais jeune adulte, sur un bateau remorqueur qui naviguait de la rivière Mackenzie à la mer de Beaufort. Comme tous ceux qui passent du temps dans le Nord, j’ai été émerveillé par cette terre majestueuse, par la notion même de son immensité. J’ai renoué avec la mer de Beaufort cet été pendant un voyage de quelques jours dans les Territoires du Nord Ouest, au Nunavut et au Yukon. J’ai eu l’occasion de converser avec des aînés et de me promener dans la toundra. À Whitehorse, un garçon âgé de huit ans m’a offert une boule de gomme, tout comme son oncle qui, dans sa propre enfance, en avait donné une à Pierre Trudeau. Je ne savais pas si je devais la remettre aux Archives nationales ou la manger.


La terre du Nord est d’une splendeur mythique – des montagnes qui percent les nuages, de profondes vallées creusées par les glaciers, des icebergs sculptés par le vent et les vagues. Mais elle fait partie aussi d’un monde qui se trouve sur les premières lignes écologiques, c’est un endroit fragile où l’on peut constater les effets perturbateurs de la pollution et du réchauffement de la planète.


Si le Nord moderne a conservé les échos d’un monde ancien, la région est néanmoins très prometteuse pour l’avenir. En tant que gouvernement, nous travaillerons avec les territoires et les groupes autochtones afin de développer davantage l’économie du Nord –et nous le ferons d’une manière qui est respectueuse de l’environnement et à l’avantage des habitants.


Le gouvernement du Canada s’est engagé à soutenir la science et la recherche dans le Nord, que ce soit seul ou en collaboration avec nos partenaires circompolaires. Et que cela ne fasse l’objet d’aucun doute : nous comptons bien protéger notre souveraineté dans l’Arctique.


En nous tournant vers l’avenir, Monsieur le Président, nous sommes conscients du fait que notre succès et notre qualité de vie sont de plus en plus liés à notre relation avec notre environnement. Les décisions que nous prenons aujourd’hui ont des répercussions profondes sur l’avenir. Nous devons aligner nos politiques et nos incitatifs pour positionner le Canada comme un leader dans les domaines de l’énergie renouvelable, de l’efficacité énergétique et de la conservation.


La gestion de l’environnement est un élément essentiel de notre patrimoine. Il s’agit à la fois d’une valeur commune et d’un impératif fondamental. C’est vital non seulement pour notre santé et notre bien être, mais aussi pour notre économie et notre compétitivité. C’est vital pour la capacité de nos villes à attirer des individus talentueux et des investissements.


Voilà pourquoi l’accord de Kyoto sur le changement climatique est important pour le Canada, un accord encore plus significatif suite à la décision de la Russie de le ratifier. Voilà aussi pourquoi nous comptons consacrer une partie importante du produit de la vente de nos actions dans la société Pétro-Canada, au moins 1 milliard de dollars, au soutien, au développement et à la commercialisation des technologies environnementales – des technologies qui aideront non seulement le Canada, mais aussi d’autres pays, à assainir l’environnement.


Monsieur le Président, pendant la campagne nous avons fait part aux Canadiens et aux Canadiennes de notre plan concernant la création d’un programme national d’apprentissage et de garde de jeunes enfants – un système de haute qualité, ouvert et accessible à tous, abordable et axé sur le développement.


C’est un projet de taille. Il faudra y consacrer beaucoup de temps. Mais cela vaudra la peine et cela vaudra l’investissement, en raison des avantages que cela rapporterait – au chapitre de l’économie, bien sûr, mais surtout en ce qui concerne la vie et l’avenir des plus jeunes Canadiens.


L’une des réalisations du gouvernement libéral dont je suis le plus fier a trait à la création en 1997 de la Prestation nationale pour enfants. Il s’agissait, là aussi, d’un programme modeste à l’origine. Mais voyez comme il a progressé. Voyez aussi comment il a réussi à changer les choses dans la vie des familles et des enfants. D’ici 2007, la contribution annuelle du gouvernement, par l’entremise de la prestation, s’élèvera à plus de 10 milliards de dollars – un montant qui aide directement les enfants qui en ont le plus besoin.


Notre plan pour l’apprentissage et la garde de jeunes enfants suivra cet exemple. Il évoluera une fois mis en place, pour ainsi aider plus de familles et favoriser l’apprentissage d’un plus grand nombre d’enfants.


Comme le programme sera axé sur le développement et l’apprentissage pendant la petite enfance, les enfants qui y participeront seront prêts à apprendre dès qu’ils prendront le chemin de l’école. Cette mesure leur donnera un bon départ et les mettra sur la voie de la réussite toute leur vie durant.


Le programme sera accessible à tous, offrant ainsi des chances égales aux enfants désavantagés de naissance ou par leurs antécédents.


De plus, le programme sera abordable et de haute qualité. Il permettra aux parents qui le souhaitent de jouer un plus grand rôle dans la population active rémunérée, rassurés comme ils le seront de savoir que leurs enfants sont gardés dans un milieu affectueux et stimulant.


Nous comptons travailler en collaboration avec nos partenaires provinciaux et territoriaux pour faire de ce programme une réalité. Nous y tenons, car nous croyons qu’un bon programme national d’apprentissage et de garde pour nos enfants constitue le meilleur investissement qui soit dans leur avenir et dans le nôtre. 


Je suis convaincu que, à l’instar de ceux qui étaient ici au moment de la création du système public de santé et qui, des dizaines d’années plus tard, reviennent avec tant de fierté sur ce tournant dans l’histoire des politiques sociales au Canada, les membres de cette Chambre se souviendront, eux aussi, de cette réalisation sociale mémorable.


Monsieur le Président, le gouvernement ne peut pas tout faire, et il ne devrait pas s’y essayer non plus. Entendons-nous pour dire que lorsque nous affrontons des défis ensemble, en tant que société, nous réussissons parce que des citoyens, dans toutes les régions du pays, ont pris leurs responsabilités et sont passés à l’action. Cela se voit dans le secteur bénévole florissant. Dans l’économie sociale dynamique et en pleine expansion, où des Canadiens et des Canadiennes, de tous les âges, s’unissent pour former de nouvelles entreprises publiques afin de lutter contre la pauvreté et de promouvoir la responsabilité sociale.


C’est dans le même esprit, Monsieur le Président, que nous allons travailler de concert avec les provinces, les territoires et les groupes d’intervenants, à accroître le soutien accordé aux aidants naturels – aux Canadiens et aux Canadiennes qui se dévouent bénévolement, qui s’occupent d’un parent âgé ou d’un membre adulte de la famille atteint d’un handicap.


C’est la raison pour laquelle nous allons bonifier le Supplément de revenu garanti pour les personnes âgées – afin de tenir compte du fait que le taux de croissance des salaires est plus élevé que celui de l’inflation.  Cela fera en sorte que nos aînés les plus démunis puissent mieux vivre, en toute dignité.


Monsieur le Président, nous vivons à une époque où les changements aux chapitres de la politique, de l’économie et de la sécurité sont de plus en plus bouleversants, où les lignes de faille dans le monde apparaissent de plus en plus instables et nombreuses. Cela se voit dans nos manchettes quotidiennes. Nous éprouvons l’anxiété d’un monde nerveux.


En tant que Canadiens, nous devons intervenir au delà de nos frontières pour protéger nos valeurs et nos intérêts – notre sécurité face au terrorisme et à la menace grandissante de la prolifération nucléaire, et nos relations commerciales avec les États Unis, le Mexique et le monde.


Les intérêts du Canada s’imposeront dans tout ce que nous entreprenons – et il en sera ainsi dans le cas de la défense antimissile balistique. C’est pourquoi, comme nous l’avons déjà annoncé, cette question sera débattue à la Chambre avant que le gouvernement ne prenne sa décision.


Mais, il nous faut aussi mettre de l’avant les préoccupations des peuples en difficulté, ceux qui recherchent la liberté, la stabilité, la démocratie et, surtout, une meilleure vie.


Le Canada a répondu à l’appel lancé dans le monde pour combattre le sida, et il montre la voie à suivre dans la lutte contre cette maladie dans les pays en développement. Le Canada a répondu à l’appel lancé en Afghanistan. Il a répondu à l’appel lancé en Haïti. De braves militaires et policiers canadiens aident actuellement à instaurer la paix et à édifier des institutions essentielles aux États prospères.


Notre gouvernement élargira la capacité du Canada de jouer des rôles cruciaux de ce genre en augmentant de 8 000 le nombre de membres des forces régulières et de l’armée de réserve. Nous continuerons à exhorter le monde à agir dans un effort collectif fondé sur notre humanité commune.


Nous défendrons, en particulier, la réforme des Nations Unies. Nous défendrons l’établissement de lignes directrices qui permettront à la communauté internationale d’intervenir plus rapidement et plus efficacement dans des États souverains où les dirigeants causent des souffrances humaines à grande échelle ou ne réussissent pas à y mettre fin, comme la tragédie qui se déroule au Darfour.


Pendant la fin des années 90, lors de réunions du FMI et de la Banque mondiale, le Canada a joué un rôle de direction clé dans des démarches visant à réduire la dette des pays les plus pauvres du monde. Bon nombre d’entre eux se trouve en Afrique, et nous continuerons de les aider. Au Sommet du G 8 à Kananaskis, le Premier ministre Chrétien a exhorté les gouvernements des pays les plus riches à se pencher avec compassion sur les besoins de l’Afrique et de son peuple. Nous allons poursuivre les efforts en cours.


Nous sommes prêts à aller de l’avant en nous appuyant à la fois sur notre engagement à l’égard de l’Afrique et sur notre tradition dans le domaine du maintien de la paix. Je suis fier de pouvoir annoncer à la Chambre que nous avons offert de former des spécialistes militaires africains aux meilleures façons de procéder pour gagner la paix et la maintenir. Ces personnes pourront, en retour, mettre sur pied et former des forces locales efficaces et adaptées aux réalités culturelles, géographiques et historiques des conflits sur ce continent.


Il existe tant d’instruments de guerre dans le monde. Que le Canada puisse continuer d’être un instrument de paix.


Les priorités de notre gouvernement répondent aux objectifs de notre pays : la prospérité, les possibilités et la sécurité pour le Canada d’aujourd’hui, pour le Canada de demain. Un système de soutien à la petite enfance pour que nos enfants aient le meilleur départ possible dans la vie. Des villes et des collectivités vibrantes où il fait bon vivre. De meilleurs soins de santé afin que les Canadiens soient assurés que le système sera en place lorsqu’ils en auront besoin, là où ils en auront besoin.


Voilà les questions qui figurent aujourd’hui parmi les grandes priorités des Canadiens. Elles relèvent de secteurs où les provinces et les territoires exercent des responsabilités de première ligne, de secteurs où ils sont imputables à l’égard de leur population. En tant que gouvernement, nous ne souhaitons pas, et nous n’avons pas l’intention, d’empiéter sur leurs champs de compétence. Mais nous ne croyons pas non plus que les Canadiens veuillent que le gouvernement fédéral soit absent des dossiers qui, collectivement, nous tiennent le plus à cœur.


Monsieur le Président, aucune réalisation n’est hors de notre portée si nous unissons nos efforts dans un même but – si un gouvernement national fort définit et défend nos intérêts communs, et si chacun d’entre nous se mobilise autour d’objectifs nationaux.


Lorsque nous, les premiers ministres, nous sommes rencontrés à Ottawa pour discuter des soins de santé, nous avons trouvé un point commun dans les besoins et les désirs des Canadiens. Les personnes autour de la table ont défendu le système public de santé, ont défendu notre pays et ont signé un accord pour assurer de meilleurs soins de santé aux Canadiens, un accord qui durera dix ans.


Lorsque le gouvernement du Canada réunit ses treize partenaires territoriaux et provinciaux, lorsqu’il s’entend avec eux sur un plan décennal qui permettra de réduire les temps d’attente et d’améliorer l’accès aux professionnels de la santé – cela témoigne de la force de notre fédération.


Le Canada est effectivement plus grand que la somme de ses parties. Exercer un vrai leadership national, c’est reconnaître la diversité de nos provinces et l’accepter comme atout, comme source de créativité et d’innovation. Mais en même temps, exercer un vrai leadership national, c’est proposer une destination, c’est mobiliser la volonté populaire et obtenir le consensus nécessaire pour y arriver ensemble.


L’importance de la volonté nationale se manifeste dans l’accord sur la santé. Grâce à cette entente, il faudra rendre plus de comptes aux Canadiens. Des données sur les temps d’attente seront publiées. Des points de repères et des objectifs seront établis qui permettront de vérifier les progrès accomplis et de stimuler l’ingéniosité.


L’importance de la volonté nationale se manifeste aussi dans la définition de la place qu’occupe le Canada dans le monde. Plus que jamais, notre prospérité et notre sécurité – la qualité de vie dans nos collectivités et la vitalité de nos familles – dépendent de notre capacité d’accéder aux marchés, de faire concurrence avec détermination et débrouillardise, d’attirer des individus talentueux et des investissements, de concevoir des démarches multilatérales pour la paix, la sécurité, les droits de la personne et la gestion de l’environnement.


Enfin, l’importance de la volonté nationale se manifeste dans la protection des valeurs qui définissent qui nous sommes et nous inspirent.


Nos libertés fondamentales sont enchâssées dans notre Charte des droits et libertés – entendons nous pour dire qu’en tant que nation constituée de minorités, nous ne devons jamais permettre que ces droits fondamentaux soient compromis si nous voulons conserver notre caractère national et notre liberté individuelle.


Entendons-nous pour dire que la fierté suscitée par notre diversité, notre dualité linguistique et la richesse multiculturelle de notre société, et la satisfaction que nous éprouvons à nous présenter dans le monde comme un pays inclusif, entendons nous pour dire que ces sentiments vont, en fin de compte, s’évaporer et disparaître si nous relâchons notre vigilance, si nous ne luttons pas avec acharnement contre le racisme et l’exclusion, si nous ne nous tournons pas ensemble vers le visage de la haine pour déclarer : ce n’est pas le Canada que nous connaissons.


Monsieur le Président, j’aimerais conclure sur le point suivant : Le 28 juin, chacun d’entre nous s’est vu accordé le privilège de siéger dans cette Chambre et la possibilité de faire une différence dans la vie des Canadiens, et dans la vie du Canada. Le message des électeurs est clair : les Canadiens veulent que leur gouvernement fasse mieux. Nous avons bien entendu leur message, et nous le garderons à l’esprit. Leurs exigences sont tout aussi claires : notre gouvernement et tous les partis ici présents devront assurer le bon fonctionnement de ce Parlement minoritaire dans l’intérêt des Canadiens et des Canadiennes.


De mon côté, la campagne électorale s’est achevée dans un sprint de 24 heures d’un bout à l’autre du Canada, dans les deux sens – une course contre la montre qui a débuté à Halifax et a pris fin à Montréal, et entre les deux villes, huit arrêts, deux océans, 10 000 kilomètres et à peu près 30 tasses de café.


Nous nous sommes mis en route tôt le matin. Nous avons traversé la Nouvelle Écosse en autobus. Ensuite, nous sommes montés à bord l’avion nolisé pour la campagne et nous sommes arrêtés à Gatineau. L’avion a atterri aussi à Toronto et à Winnipeg. À la tombée de la nuit, nous voyagions à destination de Vancouver, où nous avons dîné à minuit.


Pendant le vol qui nous ramenait vers l’Est, le silence régnait dans l’avion pour la première fois en 36 jours. Oui, Monsieur le Président, les journalistes eux mêmes avaient finalement succombé à la fatigue. Nous sommes arrivés à Montréal à l’aube d’une belle journée d’été. J’ai pu, aux petites heures du matin, réfléchir à tout ce que j’avais vu et entendu au cours des cinq semaines de la campagne, au cours des sept mois que je venais de vivre en tant que Premier ministre, au cours des seize années que j’ai passées comme député.


Et je me souviens d’avoir pensé : Quel pays extraordinaire. Quel pays vaste, divers et magnifique. Et quel privilège nous avons tous de vivre ici, de sentir ce vent d’audace qui souffle sur notre pays, de pouvoir aider notre pays à atteindre l’excellence. Ce sentiment ne m’a jamais quitté, ni pendant la longue nuit où nous attendions les résultats électoraux, ni dans les semaines qui ont suivi. Je n’ai jamais perdu ce sentiment.


Notre objectif pendant cette législature, dans tout ce que nous entreprendrons, doit être de faire en sorte que les générations futures aient tout lieu d’éprouver les mêmes sentiments à l’égard de leur pays. De ressentir ce que nous ressentons. De connaître cet élan de fierté, cette poussée de confiance, ce sentiment indéfinissable, mais incontestable, que nous faisons tous partie de quelque chose de spécial.


La construction d’un pays encore meilleur commence dès aujourd’hui. Mettons nous à l’œuvre.



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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants