Allocution du Premier ministre Paul Martin à l’occasion du dévoilement du portrait officiel de l’ancienne Première ministre Kim Campbell
Novembre 30, 2004
Ottawa (Ontario)
Le texte prononcé fait foi Très honorable Kim Campbell, très honorable Joe Clark, députés et sénateurs :
D’abord, j’aimerais vous souhaiter la bienvenue au dévoilement du portrait officiel de la 19e Première ministre du Canada, la très honorable Kim Campbell, une femme qui a entrepris sa carrière en tant que chargée de cours en politique, et dont l’héritage comme première femme Premier ministre assure qu’elle fera toujours l’objet de cours.
Il y a vingt ans, Kim Campbell était commissaire au conseil scolaire de Vancouver. C’était sa première charge élective – et il était évident d’après sa passion, son enthousiasme et ses compétences que ce ne serait pas sa dernière.
En effet, en 1988, elle a été élue à la Chambre des communes, et peu de temps après, on lui confiait un rôle dans le Cabinet fédéral, celui de ministre d’État aux Affaires indiennes et du Nord canadien. En 1990, elle était nommée ministre de la Justice et procureure générale. Trois ans plus tard, elle devenait la première femme ministre de la Défense nationale de ce pays. Puis, le 25 juin 1993, Avril Phaedra Douglas Campbell a prêté serment à titre de Première ministre du Canada.
J’ai trouvé, pendant les années que j’ai passées en politique, qu’une personne révèle une bonne partie de son caractère par la façon dont elle réagit devant l’adversité et la déception. C’est peut être pourquoi j’ai gardé un souvenir si net des paroles qu’a prononcées Kim Campbell le soir du 25 octobre 1993.
Cette soirée avait sûrement apporté son lot d’adversité et de déception. Mais lorsque les résultats de l’élection ont été connus, la Première ministre Campbell s’est levée devant la nation. Elle souriait. Et voici les premiers mots qu’elle a dit au peuple canadien : « Heureusement que je n’ai pas vendu ma voiture. »
Bien d’autres personnes à sa place auraient pu succomber au désespoir, et non seulement ce soir-là, mais dans les mois et les années qui ont suivi. Mais vous, Madame, n’avez pas réagi ainsi. Vous avez persévéré avec grâce et bonne humeur, animée d’ambition et de curiosité. Vous avez mené à succès une nouvelle carrière en tant que représentante de notre pays à l’étranger et professeure à l’Université Harvard, et vous défendez sans relâche le rôle de la femme, que ce soit dans le cadre de la gouvernance ou dans l’exercice du pouvoir, partout dans le monde.
À l’école Kennedy, en votre capacité de présidente du conseil pour les femmes dirigeantes du monde, en tant que membre active du Club de Madrid, un organisme formé d’anciens chefs d’État et de gouvernement, vous avez apporté une contribution positive et précieuse qui permet d’approfondir notre compréhension de la culture politique, du pouvoir politique et du leadership dans les sociétés démocratiques. Plus que ça, vous avez suscité la fierté des Canadiens.
Le plus impressionnant, peut-être, est la fois où je vous ai vu participer avec Michael Moore à une émission débat – et dans la substance et dans le ton, vous avez plus que tenu votre bout. Même pour une ancienne politicienne, on imagine difficilement un défi plus formidable.
Ce corridor contient les portraits de quelques-uns des grands dirigeants de ce pays, qui ont en commun une affection invariable pour la politique et un amour profond du Canada. C’est un grand privilège d’être ici cet après midi pour rendre honneur à une pionnière qui apportera à ce corridor une présence féminine.
Il est regrettable que la très honorable Ellen Fairclough ne soit pas ici pour participer à cette cérémonie avec nous. C’est elle, la première femme ministre dans un gouvernement canadien, qui vous avait passé si élégamment le flambeau lors du congrès à la direction du Parti progressiste conservateur en 1993. Elle aurait été fière et émue.
Madame, tout au long de votre carrière politique et par la suite, vous vous êtes définie comme étant une femme courageuse, tenace, optimiste et spirituelle. Et vous l’avez démontré aux moments les plus forts de votre vie et aux moments les plus difficiles.
Au nom de tous les membres du Parlement, et de tous les Canadiens et Canadiennes, je vous remercie des services que vous avez rendus à notre pays et vous félicite du grand honneur qui vous est rendu aujourd’hui.
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