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Allocution du Premier ministre Paul Martin à l’ouverture du Musée canadien de la guerre

Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, j’aimerais d’abord féliciter le personnel du Musée canadien de la guerre – et tous ceux et celles qui ont contribué à sa planification, à sa conception et à sa construction – pour avoir permis de concrétiser ce moment. Vous avez travaillé fort pour atteindre un rêve, un idéal. Vous voilà récompensés aujourd’hui. Profitez de cette journée. Vous le méritez.

Mai 08, 2005
Ottawa (Ontario)

Le texte prononcé fait foi

Bonjour.

Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, j’aimerais d’abord féliciter le personnel du Musée canadien de la guerre – et tous ceux et celles qui ont contribué à sa planification, à sa conception et à sa construction – pour avoir permis de concrétiser ce moment. Vous avez travaillé fort pour atteindre un rêve, un idéal. Vous voilà récompensés aujourd’hui. Profitez de cette journée. Vous le méritez.

Il y a tant de personnes à remercier; tant de personnes ont pris part à ce projet. En première ligne, les Amis du Musée canadien de la guerre et la campagne Passons le flambeau – qui a recueilli plus de 16 millions de dollars auprès de la population – de même que les vétérans et les innombrables Canadiens de tous les horizons qui ont fourni une contribution et participé de multiples façons.

Je tiens aussi à féliciter Joe Geurts et toutes les personnes qui ont pris part à la planification des expositions et des œuvres artistiques. Vous avez réussi à transformer l’expérience militaire et guerrière des Canadiens en un témoignage émouvant, rempli d’humanité et essentiel à notre compréhension de nous-mêmes.

Et enfin, Raymond Moriyama et Alex Rankin – messieurs, vous avez créé une véritable merveille d’architecture. Par cette réalisation, vous rendez honneur et donnez de la dignité à la vie de nos soldats et de nos vétérans, d’hier et d’aujourd’hui, qui ont connu la guerre, qui en ont traversé les épreuves, qui connaissent sa vérité.

Nous sommes rassemblés aujourd’hui – soldats, vétérans, Canadiens et Canadiennes – devant un monument au sacrifice et à l’identité nationale dans toute sa fierté.

Le brigadier général Alexander Ross a commandé un bataillon pendant la Première Guerre mondiale. Il était là le lundi de Pâques, en 1917, lorsque, après de longs préparatifs pendant l’hiver, des dizaines de milliers de jeunes Canadiens sont arrivés dans la boue au pied de la crête de Vimy. Tandis qu’une neige fine tombait sur les champs de la France, ils se sont avancés pour combattre un ennemi retranché et endurci.

Dans un moment de réflexion plus tard dans la journée, jour où le Canada a connu tant de gloire, mais en payant un lourd tribut, M. Ross a dit : « C’était le Canada qui défilait, de l’Atlantique au Pacifique. J’ai pensé alors, et je le pense toujours, qu’en ces quelques minutes, j’ai été témoin de la naissance d’un pays. »

Si vous cherchez le cœur de notre pays, si vous voulez savoir qui nous sommes et comment nous sommes devenus ce que nous sommes – aller voir ce qu’il y a à l’intérieur de cet édifice. L’histoire qui y est racontée est celle du Canada.

Il y a un an, j’ai eu l’honneur de me rendre à la plage Juno pour participer avec des vétérans canadiens à la commémoration du 60e anniversaire du Jour J. D’être témoin du retour de ces hommes sur les plages balayées par les vents, de voir l’émotion sur leur visage, les larmes dans leurs yeux – j’ai ressenti alors un immense sentiment de fierté et une gratitude infinie. J’ai été émerveillé par le dévouement de ces hommes qui sont partis en guerre volontairement, à la fleur de l'âge, afin de libérer ceux qui vivaient dans la peur et la noirceur, sous le joug de la tyrannie dans des pays étrangers.

Les emplacements de tir abrité construits par l’ennemi le long de la côte normande, tombés aux mains des forces alliées le 6 juin, s’enfoncent maintenant dans le sable. Ils nous rappellent que la nature tend à effacer une bonne partie de ce que nous construisons.

Mais perdureront le courage et l’héroïsme dont les Canadiens ont fait preuve à Vimy, à Dieppe et en Normandie, dans les rues et les champs de la Hollande, en défendant Hong Kong et la Corée, pendant des guerres à grande ou à petite échelle, et dans l’instauration et le maintien de la paix dans des pays ravagés et brisés par des conflits.

Perdureront le sentiment de justice et la résolution ferme qui ont permis à tant de personnes de combattre au nom de la liberté, de mobiliser leur courage dans la peur, de trouver l’espoir lorsqu’il ne semblait plus en avoir, de déclarer que la vie ne vaut rien sans liberté.

Perdurera le noble sacrifice consenti par les milliers de soldats canadiens qui ont donné leur vie afin que d’autres puissent être libérés, afin que d’autres puissent connaître à nouveau la paix.

Ce soir, en compagnie des chefs des autres partis fédéraux, je m’envolerai vers les Pays-Bas, où un pays et un continent soulignent le 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je dirai aux vétérans qui sont là, comme je le dis à ceux qui sont rassemblés ici ou qui écoutent à la télévision : vos réalisations, vos triomphes et le bien que vous avez fait sont le patrimoine de chaque Canadien, et c’est grâce à votre courage. Vous avez accompli votre devoir; nous avons, de notre côté, un devoir envers vous, celui de cultiver la mémoire de vos exploits, d’entretenir ceux-ci, de nous assurer qu’ils perdurent, qu’ils restent dans notre mémoire et sont célébrés.

Ce nouveau musée convient au Canada. Il évoque le patriotisme particulier des Canadiens, car nos célébrations sont empreintes d’une fierté discrète et d’un dévouement inaltérable.

On trouve de l’honnêteté en ce lieu. Les œuvres d’art et les expositions présentent la guerre dans toute sa vérité – sa gloire et ses coûts, sa capacité de blesser le corps et l’esprit, sa nécessité devant la tyrannie et la haine, son pouvoir de détruire et d’ennoblir l’être humain.

En regardant quelques-unes des peintures et des expositions, cela m’a rappelé à la fois la résolution immuable des hommes et des femmes qui ont porté notre uniforme pendant les guerres mondiales et des conflits régionaux, et combien il est important que nous réaffirmions, au Canada et dans tous les pays progressistes, notre engagement à l’égard de l’instauration et du maintien de la paix dans les régions perturbées du monde.

Dans cet édifice remarquable, nous traversons en pensée les siècles et le monde. C’est l’odyssée du Canada – remplie de dangers et de défis, de sacrifices et de peines, de triomphes et de tragédies.

À l’intérieur de ces murs semblables à des tranchées, qui sont familiers et singulièrement réconfortants, le temps est suspendu. Nous pénétrons, l’espace d’un instant, l’esprit de ceux qui ont vécu la guerre. Nous prenons conscience des coûts terribles de la guerre – un lourd tribut que la plupart d’entre nous ne pourrions jamais deviner. Nous prions silencieusement pour les soldats, connus et inconnus, qui ont trouvé le repos éternel loin de leur foyer.

Au cours de cette odyssée, nous apprenons à connaître les hommes et les femmes qui ont vécu les réalités de la guerre. Nous voyons leur visage et leurs effets personnels, nous lisons leurs lettres et écoutons leurs pensées. Nous sommes en mesure d’apprendre et de comprendre, et plus que jamais, nous sommes reconnaissants. Pour tant de personnes, la route a été longue, elle a été dure, mais au bout, la paix attendait.

Le jour du Souvenir, en 1935, le Canadien Horace Brown a écrit :

« Ils m’ont donné un nom. Ils m’ont surnommé le Soldat inconnu. Des rois et des chefs d’État sont venus s’incliner devant moi; des archevêques ont prié; des soldats se sont mis au garde à vous….Je voulais m’exprimer, mais les mots m’échappaient. »

Aujourd’hui, ce musée parle en son nom, et il parlera en son nom pendant des générations à venir.


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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants