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Allocution du Premier ministre Paul Martin à l’occasion du dîner de clôture des célébrations du 60e anniversaire du Jour de la Victoire

Mai 09, 2005
Apeldoorn (Royaume des Pays-Bas)

Bonsoir.

On m’a demandé d’être bref, car il y aura de la danse plus tard. Quoique si vous me voyez danser, vous allez souhaiter que je ne me sois jamais arrêté de parler.

Je crois exprimer les sentiments de mes collègues au Parlement et ceux des chefs des autres partis en disant que c’est un grand privilège, voire un immense honneur, d’être ici avec vous ce soir, tandis que bon nombre d’entre vous vous préparez à quitter les Pays-Bas et à retourner au Canada.

Vous allez constater à votre retour qu’un nombre exceptionnel de Canadiens vous ont accompagné dans leurs pensées au cours de la dernière semaine – en regardant les cérémonies à la télévision, même aux petites heures du matin, et en lisant les innombrables articles de journaux qui ont paru au sujet de l’anniversaire du Jour de la Victoire et des hommes et des femmes dont les efforts et les sacrifices ont permis à la liberté de renaître sur le continent européen.

J’ai passé la journée hier à Ottawa avec de nombreux vétérans et soldats, à l’occasion de l’inauguration du nouveau Musée canadien de la guerre. Je vous recommande de le visiter la prochaine fois que vous vous rendez à Ottawa. C’est un monument à tous ceux qui ont revêtu l’uniforme et combattu pour le Canada et pour tout ce que représente notre pays. Vous serez très fiers.

Des milliers de Canadiens ont également assisté à l’inauguration. Unis dans leur respect et leur gratitude à l’égard de ceux qui ont servi notre pays, et ceux qui le servent aujourd’hui, ils se sont rassemblés le long du chemin que devait emprunter le défilé au centre ville; ils portaient des coquelicots et agitaient le drapeau.

Au passage des vétérans, dont nombreux étaient à pied et quelques-uns assis sur des chars, les applaudissements ont retenti, longuement et bruyamment.

Pendant la journée, tandis qu’on parlait de dévouement, qu’on évoquait les vies perdues au service d’un idéal et d’un mode de vie, je me suis mis à penser à ma visite ici, à la libération des Pays-Bas et à vous.

Au moment même où la France était libérée, au moment même où la Belgique connaissait à nouveau la liberté, les Pays-Bas demeuraient sous le joug de la tyrannie. Tout le monde savait que la tâche s’annonçait difficile, que ce serait peut-être la plus ardue sur le front occidental. On l’a confiée aux Canadiens. Et les Canadiens l’ont assumée avec ingéniosité et dévouement, avec une fierté profonde, conscients de leur identité.

Lorsque je songe à votre courage, à votre endurance, à votre capacité d’avancer, jour après jour, dans la boue, le froid et la neige, avec seulement une tasse de mauvais café et peut-être un petit verre de rhum dans le ventre, je me souviens des vers du poète John McCrae, qui a écrit à propos du sentiment de devoir que ressent le soldat à l’égard de ceux qui sont tombés au champs d’honneur – « Nous avancerons, jusqu’à la victoire ou l’épuisement, nous resterons fidèles à ce pour quoi ils ont donné leur vie. »

Ici, dans les champs et les villes, rue par rue, porte par porte, la liberté a été gagnée, la gloire a été acquise.

Vous étiez, et vos amis aussi, les « pousse-cailloux ». Vous avez fait bouger les choses. Vous vous êtes joints au combat à la fleur de l’âge, volontairement, afin de libérer ceux qui vivaient dans la peur et la noirceur, coupés des joies simples de la liberté. Vous avez quitté le confort de votre famille afin que d’autres familles puissent rester intactes.

Votre persévérance avait quelque chose de noble, car vous étiez liés à des personnes dont le nom vous était inconnu, des personnes qui vivaient, opprimées, dans des conditions que vous n’étiez pas prêts à accepter. Vous avez eu la volonté de rassembler votre courage devant la peur, de trouver l’espoir lorsqu’il ne semblait plus en avoir, de déclarer à chaque bataille, à chaque jour, à chaque pas, que la vie ne vaut rien sans liberté.

Vos réalisations, vos triomphes et le bien que vous avez fait sont le patrimoine de chaque Canadien, et c’est grâce à votre courage. Vous avez accompli votre devoir; de notre côté, nous avons un devoir envers vous, celui de cultiver la mémoire de vos exploits, d’entretenir ceux-ci, de nous assurer qu’ils perdurent, qu’ils restent dans notre mémoire et sont célébrés.

La route a été longue, et elle a été dure; mais au bout, la paix attendait.

Les générations qui vous ont suivi vous seront à jamais reconnaissantes.


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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants