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Allocution du Premier ministre Paul Martin à l'occasion de la réunion internationale des ministres de la Santé sur la préparation à une éventuelle pandémie de grippe

Octobre 25, 2005
Ottawa (Ontario)

Le texte prononcé fait foi

C’est un privilège pour moi, et pour le Canada, de vous accueillir tous ici ce matin.

Le risque d’une pandémie de grippe aviaire exige que le monde prenne action dès maintenant. C’est ce qui amène le monde à se réunir autour d’une seule table aujourd’hui.

Nous venons de pays développés et de pays en développement de toutes les régions de la planète; des pays touchés ou menacés par la grippe aviaire. C’est la première fois, en effet, qu’une rencontre internationale de ce niveau, qui réunit des dirigeants politiques et des experts pour traiter de la question, a lieu. Dans ce cadre, les ministres de la Santé auront l’occasion de s’entretenir directement avec des experts et des représentants des organisations multilatérales pertinentes.

Cette réunion montre, d’après moi, le besoin d’un nouveau multilatéralisme, d’une collaboration entre les pays en voie de développement et les pays développés qui partagent un même intérêt de travailler ensemble sur des objectifs pressants qu’une seule nation ne peut atteindre seule.

Le défi auquel nous sommes confrontés est d’une rare complexité. Il s’agit d’accomplir une tâche sans précédent : bâtir une capacité de réaction et une réponse en situation d’urgence. La diminution du risque d’une pandémie – et notre réaction, dans l’éventualité où elle se produisait – exige le développement de nouveaux vaccins et médicaments, y compris leur production et leur distribution. Elle exige la progression de nos connaissances aux chapitres de la biotechnologie et de la santé des animaux, de même que l’amélioration des réseaux de communication entre les spécialistes de différents domaines. Mais l’un des défis les plus importants relève peut-être des communications auprès de nos propres citoyens. Les craintes du public et une mauvaise information pourraient trop facilement semer la panique. Cela compliquerait énormément notre réaction collective à une pandémie et exacerberait les effets potentiels de la maladie. Le meilleur antidote sera donc de présenter une évaluation claire, honnête et cohérente des risques qui se posent, d’être en mesure de collecter rapidement de l’information, et de nous exprimer d’une seule voix en des termes francs et constructifs – dès le début et constamment par la suite.

Chacun de ces efforts demandera une coopération et une coordination exceptionnelles, cela, autant au sein de nos pays qu’entre eux. C’est simple, le monde doit être prêt, sinon les conséquences seraient inacceptables.

Nous avons été nombreux à dégager de notre expérience du SRAS certaines leçons cruciales, toutes relatives aux secteurs clés dont nous discuterons au cours des deux prochains jours.

En premier lieu, il est important de disposer de l’information la plus précise possible, et de la mettre en commun de façon efficace. Ensuite, il est crucial que l’action des divers paliers de gouvernement, des agents sanitaires et des premiers intervenants soit prompte et coordonnée, et qu’elle suive un plan détaillé que tous peuvent appliquer. Finalement, nous avons pris conscience du besoin d’assurer la coopération et la préparation à l’échelle mondiale. Plus vite nous pourrons rendre compte des risques, plus rapide sera notre intervention, et mieux ce sera pour nous tous.

Le Canada a répondu à ces impératifs par la création d’une agence de santé publique et l’élaboration d’un plan concret pour répondre à une pandémie d’influenza. Par ailleurs, notre inventaire national de fournitures médicales comprend maintenant des doses substantielles d’antiviraux, et nous avons aussi conclu un contrat avec un producteur national pour fournir un vaccin dans l’éventualité d’une pandémie. Le Canada est le premier pays à faire cela.

Si un bon nombre de pays ont tiré les leçons du SRAS, il reste encore à chacun d’entre nous beaucoup à faire, et dans un contexte mondial, nous profiterons tous du travail que nous effectuerons ensemble. L’exemple suivant, qui découle du rapport entre l’être humain et les animaux, illustre, au même titre que d’autres, le défi auquel nous sommes confrontés.

Une des façons d’empêcher la propagation d’une maladie animale consiste à effectuer des tests de dépistage et à éliminer des animaux infectés. Il faut admettre toutefois que dans de nombreux pays, ces mesures préventives sont difficiles à mettre en œuvre.

Le fait demeure que pour beaucoup de familles et de fermiers pauvres, il peut être trop risqué de déclarer des cas de maladie chez leurs animaux, car ceux-ci sont une source d’alimentation autant que de revenu. Il arrive donc souvent que les animaux malades soient tués, pour ensuite être consommés ou vendus. Lorsqu’on rapporte des manifestations de la maladie dans ces régions, les autorités locales n’ont souvent pas les moyens d’intervenir.

Dans ces circonstances, il est extrêmement difficile de contenir la propagation de la maladie. Cela explique pourquoi la grippe aviaire est endémique dans un certain nombre des régions où elle a été détectée pour la première fois. Par conséquent, en dépit de nos meilleures tentatives de contenir cette maladie, celle-ci pourrait continuer de se répandre, à l’instar d’autres. Et même au sein d’une population humaine restreinte, les virus qui apparaissent chez les animaux risquent de plus en plus de subir une mutation qui leur permettra de se transmettre plus facilement entre êtres humains.

C’est dans les régions où la maladie est le plus susceptible de se déclarer qu’il y a le moins de capacité d’y répondre. Alors, le risque, sous une forme ou une autre, sera présent pour un bon moment. Notre obligation collective est de limiter les risques.

C’est pourquoi le Canada, parmi d’autres pays, est un partenaire actif dans le renforcement des capacités régionales par l’entremise d’une variété de programmes et d’investissements; et c’est pourquoi aussi nous sommes en faveur d’une proposition visant à accroître notre provision de vaccins dans le but de partager ceux-ci.

Il y a eu trois pandémies d’influenza au cours du siècle dernier; nous devons supposer qu’il pourrait en avoir une autre et agir en conséquence. Nous ne pouvons savoir, toutefois, quel en sera le degré de sévérité ou quand elle se produira. Chose certaine, le monde d’aujourd’hui n’a jamais été aussi petit et nos liens aussi étroits, et nous n’avons jamais été aussi interdépendants, donc aussi vulnérables au fléau d’une maladie pandémique.

Le cœur de la question est que notre santé, notre sécurité et notre prospérité mutuelles dépendent en grande partie de notre volonté de relever ensemble ces défis communs.

De plus, la préparation et la planification en vue d’une pandémie vont sans doute nous placer dans une meilleure position pour répondre à l’émergence d’autres maladies, à des catastrophes naturelles et à des menaces bioterroristes qui pourraient survenir dans l’avenir.

C’est pourquoi nous sommes réunis ici aujourd’hui.

J’attends avec intérêt de participer aux débats de l’avant-midi, et j’espère que nous aurons une discussion productive qui se poursuivra bien au delà de la conférence.

Merci.


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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants