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Déclaration du très honorable Paul Martin, Premier ministre du Canada, au sommet de l'OTAN

Février 22, 2005
Bruxelles (Belgique)

La relation transatlantique a résisté à l’usure du temps parce que nous sommes unis par des valeurs et des intérêts communs. Mais cette relation extraordinaire et fructueuse doit être entretenue, sous peine de s'éteindre.

Si nous la cultivons, elle restera l’expression éloquente de l’intérêt que nous portons collectivement à la paix et à la sécurité, tant pour nous-mêmes que pour d’autres pays du monde. C’est en effet sur la paix que repose la prospérité et le bien-être dont jouissent nos sociétés et auxquels d'autres aspirent.

Si nous négligeons cette relation, si nous laissons de légers différends couver et l’empoisonner, nous courons le grave risque de ne plus pouvoir gérer efficacement les menaces sérieuses et grandissantes qui pèsent sur nous aujourd'hui, notamment le terrorisme, les États dysfonctionnels et la prolifération d'armes de destruction massive.

Il faut donc mettre l'accent sur nos valeurs et nos intérêts communs et trouver des moyens d'accommoder nos différences. Nous devons en sortir plus forts et plus unis.

L'Europe et l'Amérique du Nord partagent une même vision du monde fondée sur la paix et la sécurité, la démocratie et la primauté du droit, le respect des droits de la personne, y compris ceux des minorités, et une économie de marché pondérée par le sentiment moral de ce qui constitue le bien commun. Cette vision du monde a bien servi nos propres sociétés et l'histoire montre que les pays qui ne tiennent pas compte de ces principes non seulement ont des problèmes internes, mais peuvent aussi être la cause d'instabilité dans le monde.

C’est dans ce contexte que l’OTAN a un rôle clé à jouer.

Si son engagement à la défense collective, qui est sa principale raison d'être, a été conçu dans un monde tout à fait différent, l'Alliance a fait ses preuves pendant les cinquante ans qu'a duré la guerre froide.

Elle s'est révélée également un outil précieux et souple dans l'univers de l'après-guerre froide. En tant qu’alliance militaire la plus efficace du monde, avec ses capacités de planification, son équipement, sa portée transatlantique et sa capacité de regrouper des intérêts et aptitudes communes, l’OTAN a donné des résultats en Bosnie, au Kosovo et maintenant en Afghanistan. Elle a formé des partenariats avec ses anciens ennemis et les a aidé à devenir des alliés à part entière.

Mais si nous n’entretenons pas le consensus politique qui sous-tend ces réussites, si nous ne faisons pas notre part dans le cadre de missions convenues et si nous n'observons pas nos engagements à l'égard du programme de transformation, notre alliance s'affaiblira lentement.

L’Europe a elle aussi un rôle important à jouer. C’est pourquoi nous appuyons tous les efforts qu’elle déploie pour renforcer ses capacités de défense. Sa force est la nôtre. L’EUFOR a assumé à juste titre le commandement de tous les soldats de l’Alliance en Bosnie, des soldats provenant entre autres du Canada, de la Norvège et de la Turquie. L’an prochain, l’OTAN et l’Union auront à se pencher sur le statut du Kosovo alors que nous cherchons à établir l’avenir de cette région dans les Balkans et en Europe.

En somme, il doit y avoir une relation forte et complémentaire entre l’OTAN et l’Union européenne, une relation qui tire parti de leurs forces respectives. Sans cela, nous courons le risque de perdre les avantages d’une relation transatlantique solide. L'OTAN a montré ce dont elle est capable dans des missions difficiles et l’Europe fait ses preuves en Bosnie. Plus que jamais, nous devons affermir les liens politiques qui unissent l'OTAN et l'Union européenne, discuter des véritables enjeux relatifs à notre sécurité et trouver des solutions communes qui se renforcent mutuellement tout en mettant en valeur les points forts de l’une et de l’autre.

Mais l’OTAN est plus qu’une alliance militaire.

Nous avons célébré ce matin le triomphe de la démocratie en Ukraine. Notre rencontre avec le président Ioutchenko a servi à rappeler que l'OTAN a un rôle à jouer en Europe et ailleurs, que ce soit en instaurant la confiance ou en servant de lieu de dialogue et de propagation d'idées.

Grâce au Partenariat pour la paix, nous avons été en mesure de promouvoir des réformes et l'adoption de concepts tels que la transparence, la responsabilisation et le contrôle civil des forces armées.

L'OTAN permet aussi d'encadrer les initiatives visant à instaurer la confiance qui nous seront utiles dans la poursuite de notre dialogue avec la Russie.

L'OTAN n’est pas qu’un simple gendarme; c’est en fait un outil politique qui nous permet de véhiculer l'idée que la sécurité est essentielle au développement, à la démocratie, aux droits de la personne et à la prospérité. Dans la mesure où les principales activités que nous menons pour assurer la sécurité sont accompagnées de démarches en ce sens, nous constaterons que non seulement l'Alliance se porte bien, mais que notre action prouve la validité des valeurs et de l’histoire que nous partageons.

Même lorsqu’on demande à l’OTAN d’assumer des responsabilités militaires, on constate que son rôle à l’égard de la stabilisation et la sécurité, bien qu’essentiel, ne suffit pas à contrer de nouvelles menaces. L’OTAN a relevé admirablement le défi qui s’est posé en Afghanistan, où la Force d’assistance internationale à la sécurité est tout à son honneur. Mais les événements en Afghanistan et ailleurs ont laissé voir également qu’une intervention de la communauté internationale requiert une gamme d’instruments. Vivre l’après-11 septembre suppose une démarche holistique qui associe défense, développement et diplomatie.

Le Canada investit dans ces trois secteurs. Nous pensions autrefois que les dépenses militaires étaient aux antipodes de l'aide au développement. Plus maintenant. La sécurité est un pilier essentiel des investissements futurs dans la santé, l’éducation et le développement à plus grande échelle.

Les liens entre ces trois secteurs sous-tendent le concept d'équipes de reconstruction provinciale, que l’on met en place actuellement dans des régions de l'Afghanistan où Karzai tente de rétablir l'autorité de Kaboul. Lorsque les forces canadiennes seront déployées à Kandahar cet été, elles seront secondées par des agents du développement qui identifieront les principaux projets d'assistance susceptibles de réduire les tensions et par des diplomates qui travailleront de concert avec les autorités provinciales et locales.

Cette approche sous-tend également les activités que l’Alliance prévoit en Irak.

L'Irak a besoin des trois éléments suivants : la gouvernance démocratique, la sécurité et un plan de développement durable. À moins qu’on réalise des progrès en fait de gouvernance et de sécurité, aucun développement ne sera possible.

Le Canada aide à former des policiers en Jordanie depuis le début de 2004, et nous sommes maintenant prêts à déployer jusqu’à trente formateurs militaires à l'extérieur de l'Irak qui assureront la formation des forces armées irakiennes, et ce, dès que les opérations auront été mises au point par l’Alliance. De plus, nous affecterons 1 million de dollars au fonds fiduciaire de l’OTAN afin de contribuer au financement de leur formation.

Nous savons tous, cependant, que la sécurité n'est qu'une partie de la réponse en ce qui concerne l'Irak. Le succès remarquable des récentes élections, appuyé par le Canada, illustre bien le désir de la démocratie du peuple irakien. Si celui-ci ne s'attend pas à des miracles, nous devons toutefois veiller à ce qu'il profite sans tarder de certains bienfaits de la démocratie, sinon les progrès accomplis jusqu’à présent seront éphémères. Le Canada a mis en place un programme important d'aide au développement pour compléter son assistance à la sécurité.

S’appuyant sur une alliance militaire solide, un rôle de plus en plus important dans le dialogue politique et une volonté de rapprocher sécurité et reconstruction, ce sommet nous permet d’atteindre les pays du Moyen-Orient élargi au moyen du Dialogue méditerranéen et de l'Initiative de coopération d'Istanbul, et ce, dans l'espoir de pouvoir accroître la confiance de nos partenaires dans cette région.

Au Moyen-Orient, la situation requiert l’instauration d’un climat où les points de vue modérés primeront sur ceux des extrémistes.

En effet, le processus de paix a progressé de façon impressionnante au cours des dernières semaines. Cependant, nous ne pouvons nous satisfaire de cela : tout pourrait facilement basculer. Nous devons songer à la meilleure façon d’aider. Nous avons bon espoir que la rencontre prochaine à Londres servira de catalyseur au renforcement des capacités des Palestiniens.

Pour l’instant, il est préférable de procéder à des ententes bilatérales et s’en remettre aux Nations Unies. Il se pourrait que l’OTAN n’ait pas de rôle à jouer en tant que tel. Toutefois, à titre de membres de l’Alliance, nous comprenons tous l’importance capitale que revêt le processus de paix au Moyen-Orient pour la paix et la sécurité internationales. Nous nous devons de garder l’esprit ouvert pour mieux favoriser un environnement sécurisé.

L’OTAN doit également faire preuve de vigilance face aux menaces émergentes.

Nous reconnaissons tous la gravité de la menace de prolifération et de la situation des droits de la personne que présente l’Iran. Et nous convenons tous qu’il est nécessaire d’encourager l’Iran à mettre un terme à son programme d’armement nucléaire et à procéder à des réformes. Notre message est unanime – nous espérons pouvoir faire face aux enjeux grâce au dialogue et à la diplomatie et appuyons les efforts de l’Union européenne à cette fin.

Si les prochaines étapes seront déterminées par l’AIEA et le Conseil de sécurité, nous devons tout de même nous préparer à respecter nos engagements et à durcir le ton au besoin.

En conclusion, la relation transatlantique nous importe à tous. Et dans cette relation, l’OTAN est à la fois un instrument pratique et un véhicule fondamental du renforcement des relations transatlantiques et de la poursuite de nos valeurs et intérêts communs au-delà de notre région.

Qu’il soit question de l’Irak, de l’Afghanistan, des Balkans, du Moyen-Orient ou même de l’Iran, nous devons toujours nous laisser guider par nos objectifs communs. Nos points de vue divergeront à l’occasion, mais nous ne pourrons les laisser nous diviser. Le monde a besoin de notre appui collectif à l’égard de l’alliance Atlantique, de même que nos investissements dans cette dernière.


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Mise à jour : 2006-07-28 Haut de la page Avis importants