Le Canada et les Canadiens à l'aube
du nouveau millénaire
Allocution de
Mel Cappe
Greffier du Conseil privé et Secrétaire du Cabinet
lors du
Forum des sous-ministres adjoints
Ottawa (Ontario)
Le 27 octobre 1999
Le texte prononcé fait foi
Je voudrais ce matin me concentrer sur le programme d'action du gouvernement fédéral
à l'aube du nouveau millénaire et sur sa signification pour la fonction publique du
Canada. Ce programme va au coeur du rôle du gouvernement, en plus d'être critique pour
l'avenir de la fonction publique. Notre capacité à faire du Canada un meilleur endroit
où vivre en façonnant et en mettant en oeuvre des politiques d'intérêt public
constitue le principal attrait de notre travail comme fonctionnaires.
L'élaboration d'une politique dynamique est indispensable pour nous permettre de faire
de la fonction publique un employeur de choix au Canada. À la conférence de
l'Association professionnelle des cadres de la fonction publique du Canada (APEX), j'ai
dit que nous devions nous concentrer sur quatre domaines pour devenir cet employeur de
choix : la qualité et la nature du travail, notre milieu de travail, nos méthodes
de travail et notre capacité à développer le leadership.
Aujourd'hui, je voudrais me concentrer tout spécialement sur le premier de ces
domaines, soit la qualité et la nature de notre travail, ainsi que le prévoit le
programme d'action du gouvernement. Je vais également m'arrêter sur la question du
leadership. Il suffit d'examiner la genèse du programme d'action, qui a abouti au récent
discours du Trône, pour voir que nous avons actuellement en place les conditions et
l'orientation voulues pour donner à l'administration fédérale un rôle redynamisé en
matière de politique et un fondement solide pour faire de la fonction publique du Canada
un employeur de choix.
La politique gouvernementale et la fonction publique
Mon allocution portera sur les points suivants : premièrement, une mise au point
sur la situation actuelle de l'administration fédérale et son programme d'action à
l'aube du XXIe siècle; deuxièmement, certaines des répercussions de ce
programme sur l'élaboration des politiques et l'exécution des programmes;
troisièmement, les thèmes particuliers annoncés dans le discours du Trône.
Permettez-moi tout d'abord de tracer les grandes lignes de l'évolution du programme du
gouvernement jusqu'à maintenant. Il s'est produit trois virages remarquables dans la
direction de ce pays qui ont permis de placer le Canada dans une situation avantageuse
pour l'avenir : le redressement de notre situation financière, l'adoption d'un programme
centré sur les citoyens et la mise en valeur de la collaboration.
Redressement de la situation financière. En 1994, nous avions un défi
financier de taille que la fonction publique a relevé avec professionnalisme et
détermination. Nous l'avons fait en alliant à la volonté politique du gouvernement
notre propre engagement à faire preuve de professionnalisme et d'impartialité. Ce
redressement financier n'aurait pu se réaliser sans notre travail. Maintenant, grâce à
vos efforts et votre soutien, et à ceux de tous les Canadiens et de toutes les
Canadiennes, le gouvernement a un surplus budgétaire, le ratio de la dette au produit
intérieur brut diminue de façon constante, les taux d'intérêt sont bas, et le taux de
chômage décline constamment et se maintient aujourd'hui autour des 7,5 p. 100.
Sur le plan international, un avenir très prometteur attend le Canada au XXIe siècle.
Le Fonds monétaire international prévoit que la croissance du produit intérieur brut
réel du Canada sera la deuxième en importance parmi les pays du G-7 en 1999 et en 2000,
et que la croissance de l'emploi surpassera celle de tous les autres pays du Groupe. Selon
le Forum économique mondial, le Canada est passé du seizième au cinquième rang
entre 1994 et 1999 sur le plan de la compétitivité dans le monde. Les entreprises
canadiennes ont augmenté leurs exportations de 113 p. 100 entre 1990 et 1998.
La situation financière des gouvernements s'est améliorée radicalement. En 1992, le
déficit du Canada était le deuxième en importance parmi les pays du G-7. En 1998, il
avait accumulé le plus important surplus après les États-Unis. Le gouvernement
fédéral a de nouveau la capacité de choisir la façon dont il contribuera à bâtir
l'avenir. Chose également remarquable, nous avons réussi ce redressement financier sans
compromettre notre belle qualité de vie. Au chapitre de l'indice du développement humain
établi par l'ONU, le Canada s'est classé bon premier au cours des six dernières
années.
Ce redressement permet au gouvernement d'adopter des politiques publiques plus ouvertes
et davantage axées sur l'avenir. Bref, nous sommes maintenant en mesure de faire des
choix. Le rôle du gouvernement peut donc maintenant être redéfini. Les dures leçons
des dernières années ont fait ressortir nos limites sur les plans des finances et des
politiques, tout en nous permettant de découvrir de nouvelles façons de faire les
choses.
Ce qui veut dire que s'il le veut, le gouvernement peut prendre les mesures
nécessaires pour s'attaquer aux priorités du siècle qui vient, et le faire de façon
plus rationnelle et coordonnée. La discipline financière devra continuer. Il faudra
continuer à mieux définir nos priorités, ce qui signifie que certaines bonnes
initiatives ne seront pas mises en oeuvre. Il faudra que les ministères coordonnent mieux
leurs ressources affectées aux politiques et à l'administration. Il faudra élargir les
partenariats avec les provinces, le secteur privé, les organisations bénévoles et
d'autres organismes de l'extérieur. Nous serons plus efficaces si nous travaillons
ensemble.
Un programme centré sur les citoyens. Le redressement de notre situation
financière est une réalisation marquante, sans doute la plus importante manifestation
d'une volonté nationale du Canada depuis la Seconde Guerre mondiale. Maintenant que nous
avons la capacité de faire des choix, sur quoi les ferons-nous porter? Ce sera sur un
programme centré sur les citoyens. Il s'agit là du deuxième grand virage dans la
politique fédérale. Le gouvernement a décidé de faire du citoyen - plutôt que de
l'économie, de l'indice des prix à la consommation ou de l'infrastructure - le pivot de
sa politique.
Jusqu'à récemment, la responsabilité première du gouvernement envers les citoyens
était considérée comme un acquis, comme une hypothèse de travail qu'il n'était pas
nécessaire d'expliciter. Les pouvoirs publics ont donc fait graviter leurs programmes
autour de questions structurelles, comme la réforme fiscale, la déréglementation,
l'élimination du déficit ou le libre-échange. Aussi importants et légitimes qu'ils
soient, ces objectifs ont souvent été considérés comme des fins en soi plutôt que des
moyens de réaliser des objectifs. Le programme d'action élaboré par le gouvernement
actuel traduit cette distinction et se démarque donc énormément.
Essentiellement, le gouvernement a fait de ses responsabilités premières envers les
citoyens les priorités de son programme : les enfants, les jeunes, la santé,
l'apprentissage et l'innovation. Non seulement se concentre-t-il plus intensément sur les
répercussions de ses politiques et de ses programmes sur les individus, mais il a aussi
modifié les délais d'exécution du programme d'action. Nos objectifs stratégiques ne
sont pas assortis d'échéances. De fait, ils rejoignent les priorités des Canadiens,
soit essentiellement le travail et la famille. Pour les réaliser, nous devrons investir
à long terme dans ces domaines fondamentaux plutôt que dépenser à court terme dans des
initiatives ponctuelles. Pour élaborer et gérer ce programme, chacun d'entre nous doit
se mettre à l'écoute des citoyens, les faire participer à l'élaboration des politiques
et organiser la prestation des services en fonction d'eux.
Ce virage a commencé en 1996, soit avant le discours du Trône de l'année suivante,
lorsque le gouvernement s'est concentré sur la question de l'unité nationale. On s'est
alors rendu compte que, pour être une priorité légitime plutôt qu'une préoccupation
tactique centrée uniquement sur une province, l'objectif de l'unité devait s'appliquer
à l'ensemble du pays. L'unité nationale doit être le but commun des Canadiens et des
Canadiennes.
En nous concentrant sur les citoyens, nous pouvons exploiter et promouvoir la plus
grande force d'unification de ce pays, c'est-à-dire l'attrait que représentent pour
chacun et chacune des collectivités saines, propres et sûres, des possibilités d'emploi
et de carrière satisfaisantes, des lois justes et équitables et le respect d'autrui.
Tant pour la personne qui habite à Chicoutimi que pour celle qui vit à Terrace, en
Colombie-Britannique, ces thèmes ont une valeur d'importance égale.
Ce thème de l'unité nationale, élaboré tout d'abord dans le discours du Trône de
1997, dépasse le simple dossier des relations fédérales-provinciales. Chaque politique,
chaque programme du gouvernement contribue au raffermissement de l'unité nationale. De
plus, on peut sans cesse renouveler le programme d'action de manière à renforcer
l'unité nationale. Nous ne serons jamais en mesure de dire « le bien-être de nos
enfants, c'est fait » ou « le développement des capacités et des
connaissances, c'est fait » et passer à autre chose.
Mise en valeur de la collaboration. Le mot d'ordre du nouveau programme d'action
et de service sera la collaboration. Ce troisième grand virage du cadre d'action résulte
en grande partie de l'orientation du gouvernement vers un programme centré sur le
citoyen. De plus en plus, les ministères fédéraux collaborent entre eux et avec les
gouvernements provinciaux et territoriaux, les secteurs privé et bénévoles et les
autres intervenants qui ont un rôle à jouer dans la résolution des problèmes qui
touchent tous les citoyens.
Dans le domaine des relations intergouvernementales, on s'employait il n'y a pas encore
si longtemps à éliminer les chevauchements et les doubles emplois; il suffisait,
croyait-on, d'établir des lignes de démarcation claires dans les domaines de compétence
pour permettre aux gouvernements fédéral et provinciaux de s'occuper de leurs propres
affaires sans avoir jamais plus à se parler. Basée sur la conception erronée d'une
compartimentalisation étanche entre les sphères de compétence fédérales et
provinciales, cette notion n'a rien à voir avec la manière dont les gouvernements
modernes doivent s'occuper des problèmes d'aujourd'hui et des priorités actuelles des
citoyens.
Lorsqu'il s'est donné par exemple pour objectif d'assurer le bien-être des jeunes
Canadiens, le gouvernement fédéral a dû se poser des questions. Pouvons-nous faire cela
par nous-mêmes? Les gouvernements provinciaux peuvent-ils faire cela par eux-mêmes? Les
gouvernements fédéral et provinciaux ensemble peuvent-ils s'en occuper? La réponse à
toutes ces questions est négative. Dans ce domaine, il faut l'engagement coordonné du
secteur du bénévolat, des parents et, autant que possible, du secteur privé.
Le gouvernement a modifié fondamentalement son approche en matière de relations
intergouvernementales et a rehaussé l'importance des partenariats avec les autres
secteurs de la société. En 1996, on a accru la coopération en ce qui touche le pouvoir
de dépenser. Le gouvernement a travaillé avec les provinces et les territoires pour
créer le Conseil des ministres sur la réforme des politiques sociales et établir des
priorités communes pour les enfants, les jeunes et les personnes ayant des handicaps.
Cela a mené à la création conjointe du Régime national de prestations pour enfants.
L'Entente-cadre sur l'union sociale, conclue en février dernier, constitue jusqu'à
maintenant la plus récente et la plus importante manifestation de cette stratégie de
collaboration. Celle-ci se manifeste ailleurs également, notamment aux niveaux de
l'exploitation et de la prestation des services. Par exemple, Revenu Canada a commencé en
juin dernier à percevoir la taxe de vente provinciale à la frontière internationale en
Ontario et il est en voie de conclure un accord semblable avec la
Colombie-Britannique. En septembre, Pêches et Océans Canada a signé avec le
gouvernement du Québec une entente afin d'améliorer et de mieux coordonner la conception
et l'exécution des programmes à l'intention de ceux qui gagnent leur vie par la pêche.
Le discours du Trône de 1999
Le discours du Trône de 1999 s'intitule Bâtir une meilleure qualité de vie pour
l'ensemble des Canadiens. Nous nous y employons tous les jours grâce aux services que
nous dispensons aux Canadiens et aux Canadiennes et grâce à un programme d'action
dynamique. Par la qualité et la nature de notre travail, nous pouvons, individuellement
et collectivement, faire du Canada un pays encore plus attrayant. Cela est un atout à
notre disposition pour inciter les gens à venir travailler avec nous et à maintenir en
poste les employés d'expérience déjà en mesure d'améliorer la qualité de vie des
Canadiens.
Le discours du Trône de 1999 s'articule autour du nouveau cadre stratégique
fédéral. De fait, la réflexion sur le discours s'est amorcée à la retraite du Cabinet
en décembre 1998 et s'est poursuivie à celle des sous-ministres en avril dernier. Aux
deux retraites, il était clair que la discipline financière resterait de mise, que la
collaboration continuerait d'être essentielle, et que l'accent continuerait d'être mis
sur les citoyens. Les sous-ministres ont ensuite été chargés de piloter
neuf documents de planification à moyen terme, qui ont été soumis à la retraite
du Cabinet en juin. Tout au long de la démarche, les comités du Cabinet revoyaient les
priorités de manière à orienter les stratégies.
D'autre part, le Projet de recherche sur les politiques avait pour objectif de
déterminer et d'analyser des questions à long terme sans avoir à mettre sur la table
une liste d'initiatives stratégiques. Les exercices à moyen terme servent avant tout à
clarifier notre réflexion pour l'étape suivante. Les documents issus de cette démarche
ont porté sur les thèmes suivants : la productivité, la réforme fiscale, la
qualité de vie, la diversité, les compétences et l'apprentissage, les relations
canada-américaines, le rôle du Canada dans le monde, le développement durable et les
institutions nationales.
Chaque initiative ou orientation pouvait s'enchâsser dans le grand thème d'une
meilleure qualité de vie pour les Canadiens dans leur milieu de travail, leur famille et
leur collectivité.
Au cours de l'été, les groupes responsables des politiques à moyen terme ont
commencé à préparer les conseils d'orientation stratégiques pour le premier ministre.
Ces conseils ont constitué la base du discours du Trône de 1999, qui concrétise
essentiellement les trois piliers du cadre stratégique fédéral établis ces cinq
dernières années : assainir les finances publiques tel qu'amorcé en 1994 et
terminé en 1997; mettre l'accent sur les citoyens, tel qu'énoncé dans le discours du
Trône de 1997; et, pour mieux répondre aux préoccupations des citoyens, établir une
stratégie de collaboration, inspirée elle aussi du discours du Trône de 1997. Accent
sur les citoyens, collaboration et prudence financière : voilà donc les grands
paramètres du plan d'orientation du gouvernement du Canada exposé dans le discours du
Trône de 1999.
L'accent sur les citoyens. Le discours du Trône de 1999 s'intitule Bâtir
une meilleure qualité de vie pour l'ensemble des Canadiens. Comme le dit le premier
ministre, « c'est au Canada qu'il faut se trouver au XXIe
siècle ». Le discours du Trône présente un programme clairement centré sur le
citoyen, qui engage le gouvernement à agir par rapport à neuf priorités : les
enfants, les jeunes, une économie dynamique basée sur des investissements dans
l'innovation et l'apprentissage, des soins de santé de qualité, l'environnement, les
collectivités, les Autochtones, et le rôle du Canada dans le monde.
Il s'agit là d'un programme stimulant qui concerne chaque ministère, chaque organisme
du gouvernement. Il est important pour les nouvelles initiatives stratégiques et la
prestation des services aux Canadiens. Il touche à des questions mondiales réelles
auxquelles chaque Canadien peut s'identifier et au sujet desquelles il peut s'attendre à
ce que son gouvernement intervienne. En outre, de notre capacité à respecter nos
engagements dans ces domaines dépendra le succès futur de notre pays. Ces questions
doivent orienter toutes les initiatives stratégiques futures et non pas uniquement celles
qui sont mentionnées dans le discours du Trône. Autrement dit, il s'agit d'aller
au-delà des résultats attendus de chaque nouvelle possibilité d'action ou de chaque
nouveau mode d'exécution des programmes et de voir comment vos choix se répercuteront
sur ces priorités au niveau du citoyen.
Partenariats et collaboration. Le discours du Trône de 1999 énonce pour le
gouvernement de vastes engagements que la fonction publique fédérale ne peut
manifestement pas réaliser par elle-même. Il reconnaît que des partenariats nouveaux et
redynamisés sont indispensables à la capacité du gouvernement d'intervenir dans ces
domaines et il l'enjoint de travailler de concert avec les gouvernements provinciaux et
territoriaux, les organisations communautaires et de bénévolat, les entreprises et les
particuliers au Canada. Les mots « partenaire » et « partenariat » sont
d'ailleurs employés 19 fois dans le discours, preuve concrète de la détermination du
gouvernement à respecter ce trait fondamental de son nouveau cadre stratégique.
Prudence financière. Le discours reconnaît les énormes obstacles financiers
que nous venons à peine de surmonter et il attache une grande importance à la prudence
en matière de gestion financière en enjoignant au gouvernement de continuer à réduire
le ratio de la dette au produit intérieur brut et à élaborer un plan d'allégement
fiscal à long terme.
Le programme d'action et la fonction publique du Canada
Que signifient pour la fonction publique du Canada le cadre d'action fédéral et le
discours du Trône de 1999? Le redressement de nos finances nous place dans une situation
inusitée, et nous pouvons désormais faire des choix face à l'avenir du Canada. Cela
constitue un point tournant important, auquel nous ne sommes parvenus qu'après avoir fait
des choix épineux et appris de dures leçons. Nous ne nous retrouverons plus dans une
situation déficitaire. Nous devons réfléchir attentivement aux répercussions
financières de chaque nouvelle grande initiative à l'étude. Cela signifie que
l'établissement des priorités, au sein des ministères et entre eux, deviendra une
activité extrêmement importante. Cela veut également dire qu'il faut savoir dire
« non ». Si nous avons des priorités, nous refuserons d'entreprendre des
initiatives superflues.
Le trait peut-être le plus distinctif du discours du Trône de 1999 est le fait que,
parce qu'il est axé sur les priorités des citoyens, il engage le gouvernement à
entreprendre un programme qui dépasse son mandat actuel. En ce sens, ce discours
constitue un événement en matière de politique et non pas un événement politique, qui
fixe les objectifs fondamentaux du gouvernement et de la fonction publique du Canada pour
une période beaucoup plus longue que les deux prochaines années. Ce programme centré
sur le citoyen signifie que les initiatives stratégiques et les nouveaux systèmes de
prestation des services doivent être fermement ancrés dans les préoccupations communes
des Canadiens d'un littoral à l'autre. Pour cela, nous devons viser l'avenir à long
terme et voir au-delà des paramètres particuliers d'un gouvernement ou d'un ministère.
Les politiques et les programmes doivent se compléter les uns les autres afin que nous
puissions améliorer la qualité de la vie quotidienne des citoyens.
Notre capacité de donner suite à ce plan dépendra de la collaboration. Cela veut
dire non seulement nouer des partenariats fédéraux-provinciaux et publics-privés, mais
aussi former des partenariats entre les ministères fédéraux : les décisions
horizontales doivent devenir la norme, et non l'exception, en matière d'élaboration des
politiques fédérales. Lors des travaux du Groupe de travail sur la politique
horizontale, des sous-ministres et sous-ministres adjoints, comptant ensemble
500 années d'expérience, ont découvert ce qui saute aux yeux : premièrement,
que l'union fait la force et, deuxièmement, que la meilleure façon d'amener les gens à
collaborer est de les en rendre imputables.
La stratégie de collaboration adoptée pour les neuf documents de planification à
moyen terme, autour desquels s'articule le discours de Trône, est la clé du succès et
doit être poursuivie et accrue. En même temps, la nécessité de la coordination
horizontale signifie que nous devons commencer délibérément à donner suite au plan
d'action du gouvernement. Pour cette raison, les mesures visant à donner suite aux
engagements pris dans le discours du Trône devront continuer de passer par les comités
du Cabinet et d'être approuvées par le Cabinet avant d'être annoncées.
Pour mettre en oeuvre le programme d'action du gouvernement, nous devons délaisser la
notion selon laquelle il existe une distinction entre d'une part l'élaboration des
politiques et d'autre part les opérations et la prestation des services. D'ailleurs,
cette notion n'a jamais tenu étant donné que les « politiques » englobent
l'ensemble des activités gouvernementales. Notre façon de nous organiser à l'interne,
de traiter avec les citoyens au guichet de service, de communiquer les uns avec les autres
et avec les Canadiens, tous ces facteurs déterminent notre capacité d'exécuter le
programme du gouvernement et s'inscrivent donc tous à ce titre dans la démarche
stratégique.
Conscients de ce fait, nous devons agir sur deux fronts. Premièrement, les opérations
et la prestation des services doivent être basées sur la prudence financière, l'accent
sur le citoyen et la collaboration dans le travail : il ne s'agit pas là uniquement
de lignes de conduite pour les services ministériels d'élaboration des politiques.
Deuxièmement, l'expérience sur le terrain doit éclairer les initiatives des groupes
d'élaboration des politiques. Pour y parvenir, nous devons non seulement maintenir les
communications bilatérales entre fonctions, mais aussi éliminer la notion même qu'il
s'agit de fonctions distinctes et agir de telle façon que notre travail intègre
l'ensemble des points de vue, les priorités et les limites entre nos bureaux nationaux et
régionaux.
Le leadership
Ce nouveau programme d'action et cette démarche de collaboration redéfinissent
également la notion de leadership. Exercer un leadership peut vouloir
dire collaborer, faciliter, laisser les autres mener, ou se retirer complètement
d'un domaine. Nous devrons être prêts à accepter ces rôles nouveaux et disposés à
travailler ensemble pour atteindre les objectifs stratégiques communs. Nous devons aussi
accepter le fait qu'il doit y avoir des leaders partout dans une organisation.
C'est le message que j'ai essayé de faire passer à la dernière conférence de
l'APEX. J'y disais que pour devenir un employeur de choix, nous devions absolument former
des leaders à tous les paliers de l'organisation. Il faut donner aux individus des
occasions et un milieu propice pour les aider à cultiver leurs habiletés de chefs de
file où qu'ils travaillent, que ce soit au guichet des services d'un ministère
hiérarchique ou au cabinet du sous-ministre.
Vous, les sous-ministres adjoints, serez à l'avant-garde de ce nouveau mode de
leadership. Vous serez le point de convergence des interventions au chapitre de l'action
centrée sur les citoyens et de la collaboration. Je vous mets aujourd'hui au défi
d'aller de l'avant. Je vous mets au défi de commencer à mettre en place un milieu où il
n'existe pas de distinction entre la politique et la prestation des services. Je vous mets
au défi d'intégrer la réalité des bureaux de l'administration centrale et des régions
pour élaborer et mettre en oeuvre les politiques. Je mets les bureaux régionaux au défi
de piloter des politiques et je mets les bureaux centraux au défi d'écouter ce que les
régions ont à dire.
Un employeur de choix. L'exécution du programme d'orientation du gouvernement
exigera la participation d'une fonction publique compétente et motivée; à cette fin,
nous devons devenir un employeur de choix. Le sens nouveau que vous donnez maintenant à
la notion de leadership nous aidera grandement à cet égard. Mais il faudra faire plus
que cela, car une simple modification du milieu de travail ne suffira pas à faire de nous
un employeur de choix.
Il faudra aussi réussir à mettre en oeuvre les principaux éléments du cadre de la
politique fédérale : la discipline financière, l'accent sur les citoyens, la
collaboration. Car, pour devenir un employeur de choix, il faut changer les perceptions
dans l'esprit des employés, ceux d'aujourd'hui et ceux de demain. Nous disposons déjà
d'un outil indispensable pour exécuter cette tâche : un cadre stratégique
dynamique, un programme politique emballant et des assises financières solides qui nous
permettront d'attirer dans nos rangs des Canadiens et des Canadiennes de talent et de les
maintenir en poste. C'est ce dont notre pays a besoin.
L'une des étapes essentielles est de rendre public cet état de fait, essentiellement
par nos actions. Nous devons poursuivre l'engagement que nous avons pris en matière de
discipline financière et de saine gestion économique. Nous devons être disposés à
collaborer avec nos partenaires des secteurs public et privé pour élaborer les
politiques publiques et les appliquer. La chose la plus importante sera de concentrer nos
efforts sur les préoccupations communes des Canadiens et d'y répondre. Nous devons
garder cela à l'esprit dans nos contacts quotidiens avec le public. Par le fait même,
nous montrerons à nos employés, et à ceux qui voudront le devenir, que la fonction
publique fédérale est un milieu de travail dynamique, créatif et surtout stimulant
parce qu'il est au service du pays et de ses citoyens.
Conclusion
Comme vous avez pu le voir dans le discours du Trône, le gouvernement vous appuiera
dans la mise en oeuvre de son programme stratégique en mettant l'accent sur le
recrutement, le maintien en poste et l'apprentissage permanent d'un effectif fédéral
compétent. Puisqu'il s'agit d'une composante essentielle de notre capacité à exécuter
ce programme, j'ai fait de ces enjeux humains une priorité, comme le savent très bien
les sous-ministres présents ici ce matin. Ils intègrent déjà ces enjeux à leurs
rôles à titre de champions et de participants aux travaux du Comité des hauts
fonctionnaires (CHF) et à ceux des trois nouveaux sous-comités du CHF sur le
recrutement, l'apprentissage et le milieu de travail. Cela accroîtra les retombées des
mesures importantes déjà prises grâce à La Relève et au Réseau du leadership.
Voilà aussi pourquoi le Réseau du leadership rend public aujourd'hui le deuxième
volume dans la série Une journée dans la vie de la fonction publique. Vous pouvez
y lire les observations d'un grand nombre de vos employés ainsi que les miennes sur la
fonction publique de demain. Une série d'initiatives horizontales contribue à
transformer nos engagements généraux en action concrète. Ces démarches constitueront
un prolongement naturel des résultats du sondage auprès des fonctionnaires, et dont les
résultats seront publiés prochainement. Il s'agit là de choses que je peux faire et que
les organismes centraux du gouvernement fédéral en général peuvent faire. En tant que
sous-ministres adjoints, vous jouez en définitive un rôle critique. Vous établissez en
grande partie le climat qui déterminera notre capacité à respecter les engagements
stratégiques du gouvernement en encourageant des personnes à se joindre à nous, à
rester avec nous, à croître avec nous.
En tant que chefs de qualité, vous contribuerez à former des meneurs dans vos
groupes. Je vous mets chacun au défi de retourner dans votre milieu de travail et de
prendre les mesures nécessaires pour montrer comment vous recrutez des bons éléments,
comment vous les maintenez dans leurs postes et comment vous canalisez leurs énergies
vers la mise en oeuvre du cadre stratégique fédéral. Ce faisant, je vous enjoins de
demeurer conscients du fait que nos activités - élaboration des politiques, opérations
et prestation des services - doivent se compléter les unes les autres. Nous ne pouvons
pas nous permettre de prendre des orientations différentes. C'est le message qui ressort
clairement du programme d'action du gouvernement et du discours du Trône, et c'est ce que
nous attendons de nos ministres.
Pour obtenir ce genre de collaboration, les leaders doivent travailler ensemble à
forger une vision du changement. Ils doivent donner suite à cette vision pour produire
des résultats qui sont importants pour les Canadiens et les Canadiennes. Ce faisant, nous
deviendrons un employeur de choix.
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