Pour des politiques nationales solides élaborées en
partenariat
Allocution de
Mel Cappe
Greffier du Conseil privé et Secrétaire du Cabinet
à l’occasion de la conférence intitulée
La participation des régions aux orientations
nationales:
« Un changement culturel »
et parrainée par Développement des ressources humaines Canada,
le Centre canadien de gestion, le Bureau du Conseil privé et
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
Le 7 septembre 2000
Le texte prononcé fait foi
Le titre de la conférence, Un changement culturel, est très
intéressant, et je vous expliquerai pourquoi dans quelques minutes. Le sujet de
la présente conférence est très important. Je reçois de nombreuses
invitations à faire des discours et je ne peux malheureusement pas toutes les
accepter, mais lorsque j’en reçois une qui porte sur les politiques et les
régions, je trouve qu’il est important que j’y participe.
L’élaboration des politiques et les moyens à redonner au gouvernement du
Canada à cet égard comptent parmi les objectifs importants que je me suis
fixés, et l’intégration des régions au processus est essentielle. Je
reviendrai sur le sujet pour vous l’expliquer.
Lorsque je regarde autour de moi, je constate avec plaisir que je connais un
grand nombre de personnes ici présentes, et que ces personnes sont à peu près
les mêmes que d’habitude. Mais ce qui me fait encore plus plaisir, c’est de
voir qu’il y a aussi des gens que je ne connais pas. Je suis donc heureux de
voir qu’il n’y a pas que des habitués ici. En effet, nous devons
réfléchir sur la façon de mobiliser les gens d’un peu partout dans la
fonction publique, tant dans les régions que dans les administrations
centrales, et sur la façon d’intégrer ce processus à l’élaboration des
politiques.
Ce processus est à la fois complexe et alambiqué mais en même temps
porteur de créativité. Notre façon d’établir des structures et des
mécanismes visant à apprivoiser cette créativité reste encore à
déterminer. La première fois que j’ai voulu aborder cette question de
manière organisée, j’étais sous-ministre à Développement des ressources
humaines Canada (DRHC). Nous avons réuni des gestionnaires de la région de la
capitale nationale et des régions et nous avons demandé à toutes ces
personnes de discuter de la façon dont les régions pourraient contribuer à l’élaboration
des politiques. Beaucoup de gens se sont présentés, car la réunion avait lieu
à Banff. Le processus s’est déroulé avec passablement de dynamisme et de
créativité et je constate aujourd’hui que nous avons dépassé cette étape.
Certains ministères sont maintenant engagés dans le processus. Le Centre
canadien de gestion (CCG) s’occupe d’une table ronde, et de nombreuses
personnes, tant dans les régions que dans les administrations centrales,
réfléchissent actuellement à la façon d’intégrer la pensée et l’action
régionales au processus de formulation des politiques.
La table ronde sur la gestion horizontale du CCG, présidée par Jim Lahey,
est une innovation importante de la présidente du CCG, Jocelyne Bourgon. Elle a
pour but d’amorcer une réflexion sur les problèmes inhérents à la
création et à l’élaboration des politiques et sur la mise en place d’un
processus horizontal pour y réussir.
Organisée par DRHC, le CCG, le Bureau du Conseil privé et Environnement
Canada, la conférence d’aujourd’hui est importante. Bien qu’il existe
maintenant un vaste consensus sur les avantages de la gestion horizontale et de
la collaboration, la plupart des fonctionnaires trouvent que cela prend du temps
et de l’argent. Il faut se pencher là-dessus et démontrer les bénéfices et
les avantages du processus de collaboration dont vous parlerez aujourd’hui.
Nous travaillons encore à réfléchir sur des solutions concrètes et c’est
à vous qu’il appartient aujourd’hui de proposer ces moyens et d’améliorer
nos processus d’élaboration des politiques. Nous parlons depuis longtemps de
partenariats entre le gouvernement fédéral, le secteur privé, et le secteur
bénévole, et aussi avec les provinces, les municipalités, les conseils de
santé régionaux et d’autres formes de gouvernements. Il nous reste cependant
un grand défi : celui de trouver des moyens de travailler en partenariat
avec nos propres collègues dans la fonction publique du Canada.
Les partenariats sont donc nécessaires au travail interministériel et au
travail avec les régions et les administrations centrales. Il s’agit là de l’un
des cinq processus satellites dont s’occupent les membres de la table ronde,
et probablement de celui qui a le plus d’ampleur. Il y a une centaine de
participants ici aujourd’hui, et, selon moi, c’est une manifestation de
votre engagement à vous pencher sur la question de l’élaboration des
politiques. À mon avis, le simple fait d’être ici démontre qu’il s’agit
là d’un changement important.
L’importance de la gestion horizontale dans un gouvernement moderne n’est
pas toujours évidente, parce que, comme je le disais précédemment, faire le
travail avec plusieurs autres personnes est onéreux. De même, nos politiques
sont devenues de plus en plus complexes. Nous devons avoir des processus et des
approches ingénieux pour traiter des questions stratégiques qui touchent
plusieurs ministères à la fois. Quant à moi, en tant que greffier, il ne m’arrive
presque jamais d’avoir une rencontre dans ma salle de conférence avec un seul
sous-ministre sur une question stratégique; d’habitude, plusieurs
sous-ministres y participent. Chaque question importante pour le gouvernement
passe par plusieurs ministères et il faut trouver un moyen d’impliquer les
gens dès le début de la création d’une politique pour que leur apport soit
significatif.
Comme le faisait remarquer André Juneau dans son allocution d’ouverture, j’ai
présidé en 1996 les travaux d’un groupe de travail de sous-ministres sur la
gestion horizontale des politiques et ce fut un processus fascinant. Le groupe
de travail était composé de six sous-ministres et quinze sous-ministres
adjoints comptant au total plus de 350 années d’expérience au sein de la
fonction publique. Comme je me plais à le rappeler aux gens, nous avons
découvert une chose on ne peut plus évidente, c’est-à-dire qu’il faut
trouver des moyens de rassembler les gens afin d’améliorer la qualité du
travail.
Voici un extrait (un seul) de ce rapport dont on trouvera copie sur le site
Web du CCG :
L’ apparition d’une culture de collaboration au sein de la fonction
publique ne peut se faire d’un coup de baguette magique. Elle dépend des
valeurs, des connaissances et des compétences des gens en place et de l’émergence
d’une collectivité collégiale d’experts en politiques. Plus que tout,
elle nécessite, de la part de la haute direction, un engagement et un
leadership constants signalant que le travail en équipe interministériel
représente le meilleur gage d’excellence en matière de politiques.
Cet énoncé général de la gestion horizontale ne peut être plus vrai
aujourd’hui qu’il y a près de cinq ans, et il s’applique très bien à la
contribution des régions à l’élaboration des politiques. La conférence s’intitule
Un changement culturel et, comme en fait foi la citation que je viens de
vous lire, ce changement exige une culture axée sur la collaboration. Il ne s’agit
pas d’une chose avec laquelle nous avons grandi, mais plutôt de quelque chose
que nous avons appris à faire.
Permettez-moi d’ajouter qu’un changement culturel est vraiment
nécessaire, qu’il devra être profond et systémique, qu’il devra nous
toucher tous ainsi que notre façon d’exécuter notre travail au quotidien.
Il est important de se doter d’une solide capacité d’élaboration des
politiques, mais il est encore plus important de trouver un moyen de faire
contribuer les régions. Le Canada n’est pas un petit pays d’Europe. Il est
très grand et très diversifié. Ce n’est pas non plus un État unitaire, c’est
un État fédéral. Le rôle des fonctionnaires fédéraux des régions est
fondamental pour l’élaboration des politiques, parce que ces régions sont
les yeux et les oreilles des ministres et qu’elles leur donnent certainement
plus de poids. Il est donc essentiel que les régions puissent contribuer à l’élaboration
des politiques et expliquer ces dernières au nom du gouvernement fédéral.
Permettez-moi de revenir à l’objectif ultime que nous poursuivons, la
raison pour laquelle l’élaboration horizontale des politiques nous tient à
coeur. L’objectif de cette démarche à laquelle participent les régions et
les administrations centrales est d’améliorer les résultats. Il faut
toujours revenir à cet objectif. Il ne s’agit pas seulement de donner aux
gens des régions l’impression de faire partie d’une équipe, et il ne s’agit
pas d’une entreprise visant à se donner bonne conscience. Il s’agit plutôt
d’obtenir des résultats différents grâce à la participation des régions.
En ma qualité de greffier, j’ai passé beaucoup de temps à parler de la
diversité et de la façon dont nous devons la promouvoir au sein de la fonction
publique fédérale. L’ouverture des administrations centrales à la
contribution des régions constitue l’un des volets de cette diversité. D’ailleurs,
les différentes perspectives permettront d’accroître cette diversité, d’alimenter
et d’éclairer le processus d’élaboration des politiques. Ce processus est
le reflet de la réalité nationale. Le jeu en vaut la chandelle, car la
qualité des politiques et des résultats en sera accrue.
Il nous faut plus que jamais viser des idéaux. Il faut désormais retourner
à la préparation des outils et des méthodes pour favoriser la participation
des régions au processus d’élaboration des politiques. Donc, je vous
demande, en tant que participants à cette conférence, de faire vos
recommandations pour que des initiatives concrètes et précises soient mises de
l’avant.
Ces recommandations seront transmises à la table ronde du CCG que préside
Jim Lahey. Je suis persuadé que, grâce à la diversité que l’on trouve
dans cette salle ainsi qu’à votre experience et à vos connaissances
combinées, vous serez en mesure de formuler des observations éclairées sur la
façon de modifier la culture de la fonction publique de manière à la rendre
plus ouverte à la contribution des régions. L’un des grands atouts du Canada
est sa fonction publique; vous devrez concentrer votre réflexion sur des
façons de permettre aux régions de contribuer à l’élaboration des
politiques à l’échelle nationale dans le cadre d’une institution nationale
professionnelle et non partisane.
Lorsque je suis à mon bureau, à l’édifice Langevin, au centre du
gouvernement, il me semble que la vérité et la justice sont là, à portée de
la main. Mais je pense aussi que j’ai beaucoup à apprendre des gens qui sont
chargés d’appliquer les politiques et d’administrer les programmes. Il faut
que les gens au centre du gouvernement et des ministères fassent preuve d’ouverture
à l’endroit des régions et de la contribution qu’elles peuvent apporter en
vue d’améliorer la qualité de nos interventions stratégiques.
Merci beaucoup et bonne chance.
|