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Allocution du greffier du Conseil privé et secrétaire du cabinet
Conseil canadien des chefs d'entreprise (CCCE) Sommet national sur les politiques

L'importance des politiques publiques et de la fonction publique

Le 26 septembre 2006


Introduction

  • Merci Rick (George) pour cette aimable présentation; et merci également au Conseil canadien des chefs d’entreprise de m’avoir invité à prendre la parole à votre Sommet national sur les politiques, en particulier à l’occasion de votre 30e anniversaire.
  • Tom (d’Aquino) m’a demandé de vous entretenir ce matin de l’importance d’une fonction publique solide, professionnelle et apolitique pour la prospérité d’un pays, et j’ai accepté avec plaisir. En fait, je crois qu’il s’agit d’une question qui est trop souvent tenue pour acquise, et trop peu discutée dans un pays fier de sa tradition d’administration des affaires publiques --- qu’il s’agisse des forces armées, de la fonction publique ou des élus.
  • Permettez-moi tout d’abord de féliciter les membres du Conseil canadien des chefs d’entreprise à l’occasion du 30e anniversaire de leur organisme et de leur rendre hommage pour leurs nombreuses contributions au débat sur les politiques publiques et l’élaboration des politiques au Canada : notamment en interagissant avec le gouvernement au sujet du consensus intervenu à l’OCDE concernant un programme pour la croissance au milieu des années 80 et en participant aux débats nationaux sur l’ALE et l’ALENA, la nécessité d’éliminer le déficit, la réforme fiscale et la réduction des impôts, la mondialisation et, plus récemment, le contrôle sécuritaire et efficace des frontières. L’engagement du secteur privé dans l’élaboration des politiques publiques est essentiel, et le CCCE a joué un rôle important à cet égard.
  • De plus, à titre personnel et au nom de mes collègues de la fonction publique, je tiens à reconnaître l’engagement extraordinaire de Tom d’Aquino à l’égard de la valeur du dialogue entre le milieu des affaires et l’État au sujet des grandes questions d’intérêt public, au pays et à l’étranger, qui ont une incidence sur notre pays.

L’importance des politiques publiques et de la fonction publique

  • J’ai eu la possibilité de prendre la parole à vos sommets sur les politiques par le passé, à titre de sous-ministre de l’Industrie ou de sous-ministre des Finances, mais c’est la première fois que j’y participe en qualité de 20e greffier du Conseil privé, de secrétaire du Cabinet et de chef de la fonction publique du Canada.
  • Aujourd’hui, je veux axer mes observations essentiellement sur quatre grands points --- les quatre questions relatives à l’« importance » :

    • Premièrement, les questions de politiques publiques sont importantes pour la prospérité d’un pays dans le contexte actuel de la mondialisation;
    • Deuxièmement, la fonction publique est importante pour la performance d’un pays;
    • Troisièmement, le renouvellement de la fonction publique est important pour garantir une fonction publique où règnent l’excellence et le leadership; et
    • Quatrièmement, l’engagement et l’appui du secteur privé sont importants,
      pour les politiques publiques et la fonction publique.

  • Dans ce contexte, les deux ans ou presque que j’ai passés au Fonds monétaire international (FMI) m’ont permis de saisir l’importance de politiques publiques judicieuses et d’une fonction publique solide pour la prospérité d’un pays --- il suffit d’examiner les diverses expériences des 183 membres du FMI.

(i) Importance des politiques publiques

  • En premier lieu, les politiques publiques sont importantes. Pour tous les pays, petits et grands, la mondialisation et la révolution du savoir sont des réalités d’aujourd’hui. Elles changent de fond en comble la façon dont nous travaillons, vivons et interagissons.
  • Cependant, la mondialisation ne prédétermine pas les résultats économiques, sociaux et en matière de sécurité d’un pays : même si les politiques publiques et les institutions publiques peuvent dépendre dans une grande mesure de ces influences mondiales complexes, leur force revêt une grande importance.
  • Dans l’environnement mondial d’aujourd’hui, les pays comme le nôtre, qui sont relativement petits et très ouverts, doivent mieux comprendre les tendances, les enjeux et les débouchés mondiaux que leurs voisins de plus grande taille.
  • La prospérité du Canada dépendra de notre agilité et de notre souplesse, de notre capacité d’apprendre des autres, de notre capacité de canadianiser les meilleures pratiques mondiales et de notre volonté d’appliquer les bonnes politiques publiques au bon moment. Nous devons penser en fonction du monde pour réussir sur le plan intérieur.
  • Dans ce contexte, il est utile de faire un retour en arrière sur les 25 à 30 dernières années, qui couvrent la période d’existence du CCCE/BCNI, et d’examiner la mesure dans laquelle les politiques publiques du Canada ont contribué à façonner le présent alors que la mondialisation changeait le contexte international. Permettez-moi de vous donner quatre exemples éloquents :

i.  Au début des années 80, le déficit fédéral équivalait à plus de 4 % du PIB, la dette montait en flèche, les dépenses fédérales correspondaient à plus de 17 % de l’économie, les impôts augmentaient et le RPC/RRQ accusait un déficit. Aujourd’hui, le budget fédéral est équilibré (pour une neuvième fois consécutive), la dette est remboursée progressivement (81 milliards de dollars); les dépenses de l’État équivalent à 13 % de l’économie, les impôts diminuent et le régime national de pensions est sain sur le plan actuariel (pour 70 ans).

ii.  Au début des années 80, le taux d’inflation au Canada s’établissait à 12 % et les taux hypothécaires frôlaient les 20 %. Aujourd’hui, nous avons une cible d’inflation de 1 à 3 %, un taux d’inflation faible et stable et des taux hypothécaires à long terme de moins de 6 %.

iii.  Il y a 25 ans, le Canada avait une économie de 250 milliards de dollars (américains), un déficit courant chronique, une dette extérieure qui augmentait rapidement, une réglementation lourde et un important écart de productivité par rapport aux Etats-Unis qui nuisait à la productivité. Aujourd’hui, l’économie canadienne atteint 1 billion et quart de dollars (américains), le Canada fait partie intégrante de l’ALENA, enregistre un excédent courant et a une dette extérieure plus faible que les États-Unis. Mais l’écart de productivité freine encore notre pays.

iv.  Au début des années 80, les enjeux en matière de sécurité attribuables à la guerre froide et au terrorisme n’étaient pas une préoccupation mondiale, et nos dépenses au titre de la défense et de la sécurité affichaient une tendance à la baisse à long terme. Aujourd’hui, la guerre froide est terminée, le terrorisme international est notre principal défi en matière de sécurité, les budgets de la défense et de la sécurité augmentent, des Canadiens et des Canadiennes combattent en Afghanistan, et le contrôle sécuritaire et efficace de la frontière entre le Canada et les États-Unis constitue une question stratégique clé.

L’idée générale qui se dégage de ces exemples est que les politiques publiques peuvent avoir un effet énorme sur les perspectives actuelles et futures d’un pays. Les choix que nous faisons en matière de politiques publiques influent sur nos possibilités de réaliser notre potentiel en tant que pays.

(ii) Importance de la fonction publique

  • C’est la principale raison pour laquelle la fonction publique revêt de l’importance. Je crois qu’il existe une étroite corrélation entre des politiques publiques judicieuses et une excellente fonction publique. La fonction publique peut avoir un point de vue à long terme sur les défis en matière de politique que doit relever un pays et investir dans l’analyse pour présenter aux gouvernements un éventail complet de possibilités d’action.
  • De plus, la fonction publique se résume à la prestation de services : elle offre des services qui ont une incidence sur tous les Canadiens, et plus ces services sont assurés avec efficacité et efficience, plus nous en bénéficions.
  • Dans son écrit intitulé The Lexus and the Olive Tree, Thomas Friedman soutient que dans le système mondialisé l’un des avantages concurrentiels les plus importants et les plus durables dont peut jouir un pays aujourd’hui, c’est une fonction publique réduite, efficace et honnête. En d’autres termes, la fonction publique revêt de l’importance, et une fonction publique efficace, efficiente et responsable peut faire partie des avantages comparatifs d’un pays.
  • Telle a certainement été l’expérience du Canada. En fait, les valeurs démocratiques, l’éthique de la recherche du bien public, le professionnalisme, l’impartialité politique et l’engagement qui caractérisent la fonction publique du Canada font ressortir son rôle en tant qu’institution nationale fondamentale.
  • Les fonctionnaires aident les gouvernements à façonner les politiques publiques --- que ce soit dans les domaines des sciences, de la concurrence, de la défense, de la santé, de l’environnement, du commerce, de l’énergie, des programmes sociaux ou de la politique étrangère --- les politiques publiques et les fonctionnaires ont une influence sur les Canadiens et les entreprises canadiennes.
  • Dans ce contexte, nous devons examiner ce que les Canadiens pensent de la fonction publique et pourquoi. Nous devons déterminer si les personnes les plus compétentes envisagent de poursuivre une carrière dans l’administration publique, et sinon, quelles en sont les raisons. En tant que fonctionnaires, nous devons évaluer la qualité de notre travail, et trouver quels sont les objectifs que nous devrions nous fixer.

(iii) Importance du renouvellement de la fonction publique

  • Le défi que pose le renouvellement de la fonction publique est de taille.
  • En jetant un regard vers l’avenir, il faut se demander comment le Canada pourra maintenir une fonction publique solide fondée sur l’excellence au cours des prochaines années? Par exemple, il faut tenir compte des tendances suivantes :

    • Comme la population canadienne, la fonction publique vieillit, et à un rythme encore plus rapide.
    • À l’instar de la main-d’œuvre canadienne, la fonction publique est de plus
      en plus diversifiée, mais des mesures doivent être prises pour mieux refléter
      cette diversité grandissante.
    • Comme les employeurs, nous devons composer avec la nature évolutive
      du travail étant donné que la technologie est en train de changer
      complètement nos façons de faire les choses.
    • Comme tous et chacun, nous devons faire face au marché du travail national
      le plus vigoureux des 30 dernières années, et de nombreuses perspectives s’offrent aux plus compétents.
    • Parallèlement, les attentes de la population à l’égard de la fonction publique évoluent constamment : la responsabilisation, une gestion saine des fonds
      publics et des services essentiels efficaces constituent leurs priorités.
    • De plus, « l’image de la fonction publique » est probablement moins claire et peut-être moins positive pour la population qu’elle ne l’était au cours des dernières décennies.

  • Dans ce grand contexte canadien, le profil démographique de la fonction publique fédérale est encore plus déconcertant. Il y a 15 ans, les fonctionnaires âgés de 25 à 44 ans comptaient pour plus de 60 % de la fonction publique, et ceux âgés de 45 à 64 ans, pour moins de 30 %. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire avec 50 % des fonctionnaires qui ont entre 45 et 64 ans, et un peu plus de 40 % entre 25 et 44 ans.
  • Le vieillissement de l’effectif de la fonction publique se fait davantage sentir dans les échelons supérieurs : l’âge moyen des sous-ministres adjoints est de 53 ans, et celui des cadres supérieurs oscille entre 50 ans (EX-1) et 52 ans (EX-3). Autrement dit, près de 10 % des fonctionnaires et 26 % des cadres supérieurs possèdent au moins 30 années de service ouvrant droit à pension.
  • Puisque les moteurs de changement ne touchent pas seulement la fonction publique, nous devons les comprendre et les maîtriser si nous voulons attirer les meilleurs et les plus brillants des candidats du Canada dans la fonction publique et les maintenir en poste durant les années à venir.
  • Pour mener à bien le renouvellement des effectifs, la fonction publique dispose d’un avantage de taille --- elle offre des emplois d’une diversité et d’un intérêt incomparables, ainsi que la perspective d’une carrière multiple, à l’intérieur de la même institution. Notre « proposition de valeur » est la suivante : « Ces carrières sont sans pareilles! »
  • Par exemple, la fonction publique fédérale est le plus grand employeur au Canada, avec 230 000 employés; l’employeur le plus national du Canada, avec plus de 1 600 points de service dans tout le pays; la main-d’œuvre la plus polyvalente du Canada, car elle offre plus de disciplines professionnelles que tout autre employeur, et l’employeur le plus international du Canada, car elle est présente dans 115 pays à travers le monde. Une telle ampleur et une telle portée constituent des possibilités sans pareilles de carrières différentes, dans des domaines diversifiés, au sein même de la fonction publique.
  • Pour réussir, nous devons aborder le renouvellement de façon ciblée, pragmatique et axée sur les résultats. Nous devons :

    • repenser notre modèle de recrutement; la fonction publique ne peut pas
      se contenter de recruter les talents passivement
    • repenser notre modèle de perfectionnement; gérer avec un objectif d’excellence et mettre l’accent sur le leadership
    • repenser le modèle des emplois à vie, bons pour tous; encourager les échanges avec le secteur privé, le recrutement à mi-carrière et en fin de première carrière
    • repenser l’image de marque de la fonction publique; mettre l’accent sur l’excellence, les carrières uniques et la possibilité de faire une contribution
      utile au pays.

(iv) Importance du soutien du secteur privé
  • Permettez-moi de vous entretenir quelques instants de l’importance du soutien qu’offre le secteur privé à l’égard à la fois de l’élaboration des politiques publiques et de la force de la fonction publique.
  • En premier lieu, l’importance de tenir compte de l’opinion du milieu des affaires, au moment d’élaborer les politiques publiques. Certains entrepreneurs pourraient avancer qu’aussi nobles soient-ils, les efforts consentis à cet égard finissent par se traduire par une perte d’énergie; le gouvernement n’écoutera pas réellement le milieu des affaires et, de toute façon, il n’existe probablement aucune base commune pour tenir un tel dialogue. D’ailleurs, comme dans tout vrai dilemme, même si nous trouvions une meilleure façon de dialoguer ensemble, quelle différence cela ferait-il? Tout un chacun se tordrait de douleur en se disant que l’incapacité de dialoguer est une lacune purement canadienne.
  • Mais ce sont-là des arguments défaitistes et je suis fortement persuadé qu’ils sont faux sous tous les rapports. Par exemple, lorsque les chefs d’entreprise se sont présentés avec des points de vue clairs et bien articulés, ainsi qu’une expertise démontrée sur des questions de politique économique précises et qu’ils se sont adressés au gouvernement de façon soutenue, des progrès impressionnants ont été enregistrés. À mesure que le monde devient encore plus complexe, le dialogue devient encore plus essentiel.
  • En deuxième lieu, le renouvellement de la fonction publique peut bénéficier amplement de l’appui de ceux qui sont à l’extérieur du gouvernement. L’accroissement des échanges avec le secteur privé, de même qu’avec les universités et les ONG, nous permettrait d’élargir nos horizons et nous aiderait à préparer notre prochaine génération de dirigeants. L’expérience des dirigeants d’autres secteurs et, en particulier celle des cadres supérieurs d’entreprises, nous serait fort utile pour être à la fine pointe de la gestion et connaître les pratiques d’avant-garde en matière de ressources humaines et pour apprendre de quelle façon les adapter et les appliquer au secteur public.
  • Alors, où tout cela nous mène-t-il? En termes simples : la fonction publique est importante. La fonction publique et son renouvellement sont importants. La participation et l’avis du milieu des affaires sont importants. Nous devons avoir une perspective mondiale, tout en étant bien enracinés dans nos valeurs et nos forces économiques canadiennes. Nous devons être centrés, agiles et appropriés. Enfin, nous avons un urgent besoin de la participation accrue d’une plus grande diversité d’intervenants, y compris de PDG, pour soutenir une fonction publique forte au Canada.

Conclusion

  • Pour conclure, la fonction publique est une affaire de valeurs et de réalisation. Nous devons mettre l’accent sur l’excellence, le leadership et le travail d’équipe dans tout ce que nous accomplissons.
  • Les Canadiens et les Canadiennes ne devraient s’attendre à rien de moins qu’à l’excellence de leur fonction publique, et nous ne devrions accepter rien de moins de nous-mêmes. Les meilleurs et les plus brillants ne veulent pas travailler pour une organisation moyenne, et des politiques publiques ordinaires ne propulseront pas le Canada aux premiers rangs des pays.
  • À l’instar de mes collègues, je crois en la fonction publique et j’ai l’intime conviction que nous avons tous un rôle à jouer pour nous assurer d’une fonction publique forte, excitante et dynamique, aussi bien maintenant que dans les années à venir. La population canadienne a un intérêt dans cette entreprise, car c’est elle qui profite de l’excellence de la fonction publique.
  • Enfin, la population canadienne englobe le milieu des affaires et les dirigeants d’entreprises canadiennes.
  • Un ancien premier ministre de l’Irlande a fait la célèbre déclaration suivante, à propos du miracle économique irlandais : « Bien sûr que cela fonctionne en pratique, mais j’ignore si cela fonctionne en théorie! » Eh bien, en m’inspirant de cette boutade, je vous dirai que de bonnes politiques publiques et une fonction publique solide vont de pair, aussi bien en théorie qu’en pratique. Nous attendons de vous un appui actif et continu à l’endroit de la fonction publique du Canada.

Je vous remercie.


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Mise à jour : 2006-10-02 Haut de la page Avis importants