Introduction
Je suis heureux de présenter le Onzième rapport
annuel au premier ministre sur la fonction publique du Canada.
Il décrit certains des principaux événements qui ont touché la fonction
publique au cours de l’année écoulée. Il fait état de nos progrès
dans la création d’une fonction publique toujours meilleure et il expose ce
que je vois comme certains des principaux défis que nous devrons relever au
cours de l’année à
venir et au-delà.
Cette institution nationale est de plus en plus importante pour l’avenir du
Canada. Plusieurs tendances – interdépendance croissante entre tous les
niveaux de gouvernement et entre les pays, progrès
rapides des technologies de l’information, population de plus en plus
instruite et diversifiée, et intérêt
grandissant pour les questions de bonne gouvernance – créent à
la fois le défi et la possibilité pour la fonction publique de réaffirmer et
de renouveler son rôle historique en tant que participante à
l’édification de notre pays.
Les attentes des Canadiens et des Canadiennes à
l’égard des fonctionnaires sont élevées, et avec raison. Ils souhaitent
obtenir de meilleurs services plus rapidement et de façon plus commode, sans
voir leurs impôts augmenter. Ils s’attendent que leurs gouvernements fassent
preuve de transparence et de sens des responsabilités, et ils le méritent
bien. Le Canada a besoin, peut-être
maintenant plus que jamais, d’une fonction publique fédérale
professionnelle, impartiale et compétente.
Progrès récents
Au cours des dernières
années, nous avons bien relevé ces défis :
Nous avons adopté un mode de gestion axé autant sur les résultats
que sur les activités. Cela se reflète
le mieux dans l’énoncé de politique du Conseil du Trésor intitulé Des
résultats pour les Canadiens et les
Canadiennes, qui a marqué un passage clair et
délibéré à
un style de gestion pangouvernemental ciblée sur les résultats et fondée
sur des principes, tout en respectant la primauté du droit.
Nous avons élaboré, dans le Code de valeurs et d’éthique
pour les fonctionnaires, les principes qui
sous-tendent notre travail.
Grâce à
la Loi sur la modernisation de la fonction publique, nous avons de
nouveaux outils pour mieux gérer les ressources humaines, et ce, dans le
cadre d’un nouveau partenariat entre les syndicats et la gestion.
Les nouvelles technologies ont ouvert la voie à
la mise en place d’une administration homogène.
Nous sommes en train de modifier notre façon de travailler et, grâce en
général à
la modernisation des services, et plus particulièrement
le gouvernement en ligne, nous avons amélioré la qualité et l’ensemble
des services que nous offrons aux Canadiens.
La transition à
un nouveau gouvernement aura sans doute été, pour la fonction publique, l’événement
marquant de la dernière
année. Pour améliorer la gestion publique, d’importants remaniements de
fonctions et de ministères
ont eu lieu à
la suite de ce changement. Je suis fier de notre performance à
l’égard du soutien continu qu’elle apporte au nouveau gouvernement face aux
responsabilités qu’il doit assumer. Nous sommes bien placés pour travailler
avec lui dans l’atteinte de ses objectifs afin de renforcer nos assises
sociales, de bâtir une économie du XXIe siècle
et de raffermir le rôle indépendant du Canada dans le monde. Entre autres, la
réforme démocratique et le nouveau programme de gestion offrent aux
fonctionnaires de nouvelles possibilités et de nouvelles façons de travailler.
Récents revers
Nous avons aussi connu des difficultés, que nous devons analyser pour en
tirer des enseignements. Nous avons tous été consternés par les rapports
faisant état de mauvaise gestion et, ce qui est le plus inquiétant, de
transgressions de la confiance publique. Nous sommes tous attristés par ces
événements, mais nous allons y voir. Nous savons cependant que ces incidents
sortent de l’ordinaire. Ces circonstances sont uniques et ne peuvent être
généralisées, parce que la vaste majorité des fonctionnaires sont dévoués,
consciencieux, compétents et très
intègres.
Toutefois, nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers. Il y a eu de vrais
problèmes,
aussi isolés soient-ils, et nous devons y faire face.
Régler ces problèmes
sur la place publique fait partie intégrante de notre travail. Cette approche a
un prix, mais c’est la chose à
faire. Depuis quelques années, nous avons entrepris une série de mesures afin
d’être
plus ouverts face à
nos défis de performance. En voici quelques-unes : fréquence accrue des
rapports du vérificateur général, publication des rapports de vérification
interne, législation pour l’accès
à l’information
et amélioration soutenue des rapports ministériels sur le rendement. Toutes constituent des
éléments clés de la gestion d’un gouvernement responsable et toujours plus
efficace.
Équilibrer contrôle et innovation
Pour aborder ces genres de problèmes,
il est important d’en comprendre les causes premières.
Au début des années 1990, bon nombre de théories de gestion mettaient l’accent
sur l’innovation et le service, aux dépens des contrôles et des règlements.
Dans une certaine mesure, ces théories ont influencé les pratiques d’administration
publique au Canada et à
l’échelle mondiale. Nous avons assoupli les contrôles transactionnels et
avons donné aux gestionnaires plus de latitude pour qu’ils innovent, qu’ils
soient plus créatifs et qu’ils prennent des risques. Nous espérions ainsi
que le public en bénéficierait grâce à
de meilleurs services, et c’est ce qui s’est produit dans la plupart des
cas. Il suffit de considérer l’ensemble des innovations fructueuses en matière
de services dans la dernière
décennie pour reconnaître à
quel point la fonction publique a changé au cours de cette période.
Or, nous avons aussi perdu de notre rigueur. Nous avons éliminé certains
contrôles ministériels tout en réduisant la surveillance centrale. Nous ne
nous sommes pas préoccupés d’assurer que les nouveaux employés aient à
leur disposition toute la formation nécessaire pour mener à
bien leur travail. Nous n’avons pas développé les systèmes
d’information nécessaires pour bien gérer le rendement des opérations et la
performance financière.
Dans notre effort pour mieux servir les Canadiens, nous avons peut-être
parfois perdu de vue l’essentiel.
Nous devons maintenant rétablir le juste équilibre. Nous devons restaurer
la rigueur sans toutefois réprimer la créativité. Nos expériences
antérieures nous rendent conscients que plus de bureaucratie ne réglera rien,
et que cela étoufferait certainement l’esprit créateur dont nous avons
besoin pour mieux servir les Canadiens et les Canadiennes. Non plus faut-il,
dans notre quête
de rigueur, perdre de vue le fait que lorsqu’il s’agit de la fonction
publique, c’est de personnes qu’il est question. Peu importe les
changements, ils devront être
effectués de façon humaine, pour aider le personnel à
mieux vivre les transitions et à
s’épanouir dans un environnement en constante mouvance.
Une fonction publique pour le XXIe siècle
Il ne suffit cependant pas d’atteindre l’équilibre. Nous devons aller
au-delà de
l’évaluation de notre performance à
partir de mesures et de règles
statiques. Nous devons répondre d’une norme de performance plus élevée.
Nous avons besoin d’un modèle
dynamique fondé sur un alignement continu des opérations avec des résultats
prioritaires, sur la réalisation de ces résultats et sur le réalignement avec
les nouvelles priorités. De cette façon, la transformation devient une
partie intégrante de nos responsabilités de gestion et un outil
définisseur de notre culture organisationnelle.
Je crois qu’il est juste de dire que les défis engendrent la croissance.
En fixant des buts élevés pour la fonction publique et en nous engageant à
les atteindre, nous grandirons sûrement.
Nous devons définir les idéaux auxquels nous aspirons, ceux qui nous poussent à
exceller dans tout ce que nous faisons au travail. Peut-être
ne les atteindrons-nous jamais pleinement, mais c’est grâce à
cet effort que la fonction publique réalisera toutes ses possibilités et que
tous les fonctionnaires deviendront des leaders.
La fonction publique du Canada :
se conformera aux plus hautes normes d’intégrité et de confiance
publique et sera reconnue comme telle par les Canadiens;
sera axée sur les gens et sera composée de fonctionnaires
passionnés par leur travail;
transformera continuellement ses politiques et ses programmes par l’innovation
et la créativité afin de mieux servir le public;
saura servir l’intérêt
public en offrant des résultats concrets et le meilleur rapport qualité
– prix;
sera reconnue comme chef de file en matière
de politiques adaptées aux divers besoins changeants des Canadiens, et elle
sera respectée pour la qualité de ses avis et de sa conduite;
sera ouverte et transparente;
reflétera la diversité et la dualité linguistique de la société
canadienne; et,
sera reconnue comme une institution essentielle où
tous les fonctionnaires sont des leaders.
Notre défi est de miser sur les atouts de la fonction publique dans le
contexte de la modernisation en cours, tout en renforçant la confiance du
public et des parlementaires en nous. Par-dessus tout, je pense que nous devons
favoriser une culture d’organisation où
chaque employé, à
tous les niveaux, sera un leader. Tous comprendront ce qu’agir correctement
veut dire, et ils agiront en conséquence. Cet objectif est au coeur
de la fonction publique de l’avenir.
Viser toujours plus haut
Chaque année, j’expose mes priorités stratégiques pour la fonction
publique. Il s’agit de sujets qui, à
mon avis, exigent une attention particulière
de la part des sous-ministres. Pour l’année à
venir, j’ai décidé de maintenir les priorités de l’année dernière :
langues officielles, diversité, apprentissage et fonction moderne de
contrôleur. De plus, j’ai ajouté la gestion des ressources humaines en tant
que priorité, incluant la mise en oeuvre
de la Loi sur la modernisation de la fonction publique et l’intégration
de la planification des ressources humaines dans la planification
opérationnelle des ministères.
Mais ces priorités ne sont qu’un élément de l’effort à
plus grande échelle que nous déployons afin de créer les conditions qui
continueront de favoriser l’excellence chez les fonctionnaires. C’est là
un processus continu, et nous nous en réjouissons. Nous nous développerons en
tant qu’institution en réfléchissant à
notre situation, en reconnaissant les domaines susceptibles d’être
améliorés et en nous engageant à
nous renouveler et à
nous réexaminer. Par-dessus tout, c’est en célébrant nos réussites et en
acceptant nos erreurs que nous avancerons sur la voie de l’apprentissage.
Au cours de l’année qui vient, nous continuerons à
avancer en nous consacrant à
d’autres tâches. En voici quelques-unes :
nous accélérerons la mise en oeuvre
de la fonction de contrôleur dans les organismes centraux et les ministères
pour assurer une surveillance appropriée des dépenses;
nous mettrons en oeuvre
la nouvelle loi sur la divulgation des actes fautifs par des fonctionnaires,
lorsque le Parlement l’aura adoptée, et nous créerons des outils pour
aider les employés et les gestionnaires à
faire en sorte que le respect de nos valeurs et notre sens de l’éthique
soient au coeur
de toutes nos activités;
grâce à
l’établissement de l’École de la fonction publique du Canada, nous
élaborerons et mettrons en place un programme d’apprentissage de base à
l’intention des fonctionnaires, de manière
que tous aient les compétences nécessaires pour accomplir leur travail; et,
nous continuerons d’accroître les modes de prestation des services
offerts aux Canadiens grâce à
nos initiatives de modernisation et à
notre présence dans les communautés canadiennes.
Conclusion
Nous avons connu bien des succès
au cours de la dernière
année, et j’en prévois encore davantage pour l’année à
venir. Nous avons en outre connu des revers, et nous en avons tiré des
enseignements.
Nous continuerons de nous appuyer sur la fonction publique d’aujourd’hui,
qui est forte de sa longue et brillante histoire, pour façonner celle de l’avenir,
qui n’aura son égale nulle part dans le monde. Le travail à
faire pour surmonter la disparité entre nos aspirations et nos réussites ne
finit jamais. C’est en acceptant ce fait avec honnêteté
et courage que nous ferons preuve de leadership.
Mon travail, je pense, consiste à
aider les fonctionnaires à
exceller au service des Canadiens et des Canadiennes. Je m’engage donc à
surmonter les obstacles avec eux lorsqu’il y en aura. Et, lorsqu’il se
présentera des possibilités, nous en tirerons avantage. Lorsque
des erreurs seront commises de bonne foi, nous les reconnaîtrons
ouvertement, les corrigerons et en tirerons des enseignements. Et, en périodes
de changements et d’incertitudes, nos valeurs fondamentales sauront
nous guider.
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