I
INTRODUCTION
...la politique de renouvellement
énoncée dans le Livre blanc donnera à la fonction publique les moyens nécessaires pour
servir le Canada et les Canadiens à l'aube du 21e siècle 1.
Le premier rapport
En décembre 1989, le Premier ministre annonçait I'intention du gouvernement de
procéder à une réforme et à un renouvellement de la fonction publique du Canada afin
de pouvoir relever les défis du 21e siècle. En décembre 1990, le
gouvernement publiait un Livre blanc énonçant les principes et les
objectifs précis devant guider le processus de renouvellement 2. Le Livre blanc précisait que le
greffier du Conseil privé présenterait un rapport annuel « sur l'état de la fonction
publique en général, et pendant les cinq prochaines années, sur la mise en uvre
de Fonction publique 2000 en particulier ». Voici donc le premier rapport.
Je suis étroitement lié à Fonction publique 2000, ce qui est tout à fait
conforme à mon rôle de chef de la fonction publique. Tout comme mes prédécesseurs, je
suis chargé de conseiller le Premier ministre et le gouvernement sur la fonction publique
dans son ensemble, et sur les mesures qui peuvent se révéler nécessaires afin d'assurer
qu'elle conserve sa vitalité et qu'elle demeure toujours au service du Canada.
C'est donc cette responsabilité qui a donné lieu au présent rapport. C'est une
déclaration personnelle faisant état de mon point de vue sur la fonction publique
d'aujourd'hui et sur son évolution. Cette déclaration fait état des valeurs et des
traditions de la fonction publique telles que je les perçois, et elle établit les futurs
enjeux.
Ce rapport est complété par un deuxième volume qui décrit beaucoup plus en détail
qu'il nest possible de le faire ici les nombreuses composantes du renouvellement de
la fonction publique dans les ministères et les organismes de tout l'appareil
gouvernemental. Ce rapport complémentaire, intitulé Fonction publique 2000, les
progrès réalisés, remplit l'autre volet de lengagement (pris dans le Livre
blanc) à rendre compte publiquement des progrès réalisés par Fonction publique
2000.
Le rapport complémentaire renferme des douzaines d'exemples des mesures et des
initiatives prises par des particuliers et des groupes dans tous les secteurs du
gouvernement afin d'améliorer le service offert au public et de bâtir une fonction
publique de haute qualité pour l'avenir. J'espère que ces exemples, outre le fait
quils informent le lecteur, pourront aussi inciter d'autres fonctionnaires à faire
preuve d'énergie et d'imagination pour réaliser des progrès comparables dans leur
ministère.
Les destinataires du rapport
À qui ce rapport s'adresse-t-il?
- II s'adresse en premier lieu au Premier ministre qui, en tant que chef du
gouvernement, est directement responsable devant le Parlement pour les programmes et les
services fournis par le gouvernement aux Canadiens. C'est le Premier ministre qui, en
décembre 1989, a lancé le processus de réforme et de renouvellement de la fonction
publique sous le titre Fonction publique 2000.
- Ce rapport s'adresse également aux ministres, responsables des programmes
et des services pour lesquels les Canadiens paient leurs impôts. Tout comme un simple
particulier, les ministres se fient à la qualité et à la promptitude des services, aux
conseils et à l'appui qui leur sont fournis par la fonction publique.
- Le rapport s'adresse aussi aux parlementaires, à qui il incombe de tenir les
ministres responsables de leur gestion du gouvernement.
- Les fonctionnaires sont les auteurs de la réforme de la fonction publique,
en même temps quils en sont l'objet. Ils sont donc intéressés au premier chef par
les changements apportés à leur milieu de travail, et par les nouvelles méthodes
d'exécution des programmes et de prestation des services destinés aux Canadiens.
Ce rapport cherche aussi, et peut-être avant tout, à traiter des questions qui
intéressent lensemble de la population canadienne.
Les Canadiens ont besoin des milliers de programmes et de services différents fournis
par le gouvernement fédéral dans presque tous les secteurs de la vie économique et
sociale du Canada, et ils les réclament. II est dans l'intérêt des Canadiens d'avoir
une fonction publique efficace. Ce seront eux qui jugeront de la réussite de notre projet
de renouvellement.
Où en sommes-nous aujourdhui?
L'année 1991 a été difficile pour le Canada, et pour la fonction publique. Le
processus de renouvellement constitutionnel actuellement en cours préoccupe les
gouvernements fédéral et provinciaux et fait s'interroger tous les Canadiens quant à
l'avenir du pays. Les gouvernements, ainsi que leurs employés, ont eu à composer avec le
maintien des compressions budgétaires, et avec toutes les conséquences qu'elles
entraînent, comme la diminution des ressources affectées aux programmes et les relations
plus difficiles entre la direction et les employés.
La conjoncture n'est donc pas idéale pour procéder à la réforme des institutions ou
d'essayer de redonner le sens du service dans une institution aussi vaste que la fonction
publique. Malgré ces obstacles, et malgré les événements tels que la grève de 1991
dans la fonction publique, je suis en mesure de faire état de véritables progrès en
matière de réforme et de renouvellement, et ceci dans un large éventail d'activités de
tous les secteurs du gouvernement. Ces progrès sont manifestes dans les douzaines
d'exemples figurant dans les pages du rapport complémentaire.
Nos progrès sont-ils aussi rapides que je le voudrais ? Non, mais
les progrès sont constants, et je crois que le processus de changement se fait de
lui-même et est bien enclenché. La réforme se poursuit parce que tous les employés,
peu importe leur niveau, ont compris la nécessité de remodeler leur milieu de travail,
et de réorienter leurs efforts sur le service. II s'agit là d'une réalisation
importante.
La fonction publique a-t-elle été transformée au cours des 18 mois écoulés
depuis la publication du Livre blanc ? Non, mais ce serait trop demander. Je
peux affirmer cependant que le processus de transformation est en cours, et que la
fonction publique de l'an 2000 sera très différente de celle d'aujourd'hui:
- elle se consacrera aux activités que seul le gouvernement peut et doit exercer;
- elle sera plus représentative de la population canadienne qu'elle sert;
- elle comprendra des personnes aux compétences diverses, y compris les employés déjà
en place qui auront alors acquis de nouvelles compétences et qui travailleront dans des
organisations d'une taille et d'une structure différente des ministères classiques;
- mieux encore, elle sera dirigée et gérée d'une nouvelle manière: elle sera encore
plus axée sur le service et les résultats et mettra encore plus l'accent sur
l'initiative individuelle, élément clé du succès.
À travers tous ces changements, je demeure persuadé quelle sera guidée, comme
elle l'est aujourd'hui, par les valeurs traditionnelles de la fonction publique que sont
la conscience professionnelle, l'impartialité et le service.
Menons-nous maintenant nos affaires dune façon fondamentalement différente?
Non, mais nous sommes en train de changer la façon dont nous menons nos
activités - nous sommes plus conscients de la valeur de l'argent, plus orientés vers les
résultats et plus réceptifs à l'innovation. Avec le temps, nous servirons mieux
les Canadiens et de façon différente.
Tous les fonctionnaires comprennent-ils la nécessité du renouvellement et
l'orientation que devrait prendre ce renouvellement ? Pas encore, mais
c'est parce quen fin de compte ce sont les gens qui évoluent, et cela ne se fait
pas en un jour.
L'essence de Fonction publique 2000 est de changer la perception qu'ont les
fonctionnaires à la fois d'eux-mêmes et de leur travail. À cet égard, Fonction
publique 2000 est un concept simple, bien qu'il nous ait fallu un moment pour
bien cerner ses finalités. Nous nous évertuons à donner à tous les employés
l'encouragement et les outils nécessaires pour qu'ils puissent mettre leur ingéniosité
au service des Canadiens.
C'est ce que j'appelle un « changement de culture ». Et
cest à cette nouvelle culture quaspire Fonction publique 2000.
Tout ce que nous avons réalisé dans ce processus de renouvellement s'est fait grâce
au dévouement de milliers d'employés, et ce à tous les niveaux, de la fonction
publique. Ces réalisations illustrent aussi le leadership et l'engagement des
gestionnaires qui se rendent compte que pour offrir un meilleur service aux Canadiens, ils
doivent s'appuyer sur les gens quils emploient. C'est en investissant dans les gens
et en encourageant l'esprit d'initiative que nous pourrons, dans les années à venir,
relever les défis proposés au gouvernement et à la fonction publique.
____________________
1 |
Préface du Premier ministre au Livre blanc,
Fonction publique 2000, le renouvellement de la fonction publique du Canada,
Ottawa, ministère des Approvisionnements et Services, 1990. |
2 |
Ibid. |
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