LE DÉFI DU
RECRUTEMENT
Le recrutement est-il important? En un mot, oui. Le recrutement
est toujours un élément fondamental pour les organisations qui veulent
se renouveler de façon permanente. C’est une façon importante de
leur apporter des idées et des compétences nouvelles ainsi que de
nouvelles façons de voir les choses. Il leur permet ainsi de s’adapter
à un environnement externe en constante évolution.
Le recrutement est-il nécessaire en ce moment? Il est absolument
capital. Il représente, pour la fonction publique, un impératif
encore plus important que pour la plupart des organisations canadiennes,
car celle-ci doit servir l’intérêt public et assurer la pérennité
des valeurs et des principes qui définissent notre pays. L’insuffisance
de personnel est déjà évidente. La diversité de l’effectif doit
absolument être améliorée, et les nouvelles façons de travailler au
gouvernement ont une incidence sur le recrutement des gens et sur les
tâches qui leur sont confiées. Tout cela s’inscrit dans un contexte
où les travailleurs qualifiés sont de plus en plus recherchés sur le
marché du travail.
Une donne très claire
On observe déjà une pénurie de personnel dans certains
groupes, comme celui de la réglementation et de l’inspection et celui
des technologies et de la gestion de l’information. Cette situation
risque de s’aggraver à mesure que la fonction publique se fera damer
le pion par les autres employeurs qui ont des conditions de travail et
des carrières plus intéressantes à offrir.
Les taux d’attrition actuels et projetés montrent qu’il y aura
bientôt une pénurie de personnel dans toute la fonction publique, pas
seulement dans les domaines spécialisés. D’ici cinq ans, un nombre
important de cadres arriveront à l’âge de la retraite et, chose plus
importante encore, la situation sera la même dans les groupes qui
assurent généralement leur relève. Les efforts de recrutement et
de perfectionnement qui sont en cours ne permettront pas de répondre
à la demande prévue. Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada
estime qu’il faudrait encore de 2 000 à 2 500 nouvelles
recrues par an pour compenser l’attrition.
Ces réalités montrent que le recrutement devra viser tous les
niveaux de la fonction publique, pas seulement les niveaux subalternes.
Les bas niveaux de recrutement des années 1980 et 1990, le départ de
nombreux employés subalternes en raison des réductions d’effectif,
et le caractère de plus en plus compétitif du marché du travail ont
créé un vide démographique et une très faible représentation des
gens qui sont dans la trentaine.
Diversité et inclusion : deux aspects essentiels dans toute
organisation
Notre effectif n’est pas représentatif des collectivités que nous
servons, notamment pour ce qui est de la proportion des emplois
occupés par des membres des minorités visibles et des personnes
handicapées. En 1999, 1 Canadien sur 9 était membre d’une
minorité visible, alors que c’était le cas de seulement 1 fonctionnaire
sur 17. L’écart était encore plus grand dans les catégories de la
gestion et de la direction, où la proportion était de 1 sur 33.
Le Sous-comité a pris connaissance de ce qu’avaient à dire le
Groupe de travail sur une fonction publique inclusive et le Groupe de
travail sur la participation des minorités visibles à la fonction
publique fédérale. Ces deux groupes de travail considèrent que la
diversité devrait se manifester à tous les niveaux. Non seulement cela
est logique, mais encore c’est ainsi qu’une organisation montre qu’elle
valorise les gens et leurs différences et qu’elle voit dans celles-ci
un moyen de remettre en question et d’améliorer tout ce qu’elle
accomplit.
Le Sous-comité a constaté un écart appréciable entre les
engagements de la fonction publique et des ministères à l’égard du
recrutement inclusif et ce qui se fait dans la réalité. Les
gestionnaires embaucheurs n’ont actuellement rien qui les incite à
modifier leurs critères ou pratiques d’embauche. Dans leur optique,
les initiatives qu’il faudrait prendre pour rendre la fonction
publique plus inclusive ajouteraient à leur tâche et compliqueraient
un processus d’embauche déjà très lourd.
Une compétition très vive
Il importe de souligner que la fonction publique est loin d’être
toute seule à rechercher de nouvelles recrues de talent. Une
combinaison de facteurs démographiques et économiques a eu pour effet
d’ouvrir toutes grandes les portes du marché du travail, en
particulier pour les jeunes gens qualifiés. De nombreux employeurs,
surtout dans les secteurs public et quasi public, qui n’avaient
presque pas embauché depuis 15 ou 20 ans, sentent maintenant le
besoin de remplacer leur effectif vieillissant.
La compétition vient aussi de l’étranger. Les plus qualifiés de
nos compatriotes, qu’ils soient de nouveaux diplômés ou des
travailleurs expérimentés, ont maintenant tout un continent et même
une planète entière qui s’ouvrent à eux. Tout cela fait en sorte
que les grands employeurs adoptent maintenant des approches beaucoup
plus stratégiques et dynamiques qu’avant pour recruter de nouveaux
employés, et notamment des jeunes.
La technologie a tout changé
Les communications électroniques et les technologies de l’information
modifient le travail des fonctionnaires et la prestation des services
aux Canadiens. La mise en place d’un gouvernement électronique sera
facilitée par les nouvelles recrues qui seront déjà prêtes à
exploiter le potentiel des nouvelles technologies. Ces nouveaux
employés auront un cadre de référence beaucoup plus large que leurs
prédécesseurs étant donné qu’ils seront plus à l’aise dans la
nouvelle réalité planétaire.
Cette évolution pourra être facilitée par le recrutement de jeunes
employés et de travailleurs expérimentés appartenant à d’autres
organisations, déjà habitués à dispenser des services à l’aide
des nouvelles technologies. Les jeunes sont souvent plus à l’aise
avec ces dernières, même s’ils ne possèdent pas d’expertise
technique comme telle.
Le gouvernement électronique nous fournit également l’occasion d’axer
le recrutement sur un bassin plus large. Les universités, les pays
étrangers et les sites Internet sont autant d’endroits où il est
possible d’aller recruter la crème de la crème sans qu’il en
coûte trop cher au gouvernement.
Des ministères conscients de leur défi
Dans le cadre du travail entrepris par le Sous-comité du CHF et les
deux autres (bien-être en milieu de travail, et apprentissage et
développement), le greffier du Conseil privé a envoyé une lettre à
tous les sous-ministres en février 2000. Il voulait ainsi
connaître ce que chaque ministère comptait faire à l’égard du
recrutement, du maintien en poste et de l’apprentissage. Les réponses
concernant le recrutement figurent à l’annexe A.
Ces réponses révèlent que la plupart des ministères sont
conscients du défi considérable qui les attend d’ici cinq ans,
à l’heure où les départs à la retraite se multiplieront. Les
départs qui sont à prévoir dans la catégorie de la direction et dans
la collectivité des sciences et de la technologie sont
particulièrement inquiétants. Les ministères déplorent notamment la
faible représentativité de leur effectif et voient le recrutement qui
va bientôt commencer comme une occasion de rétablir l’équilibre
pour ce qui est des jeunes et des groupes visés par l’équité en
matière d’emploi.
Les ministères n’ont pas tous fait le même chemin; certains sont
à l’avant-garde en matière de recrutement, d’autres savent qu’ils
doivent se mettre à l’œuvre. Il leur faut mettre en commun les
approches innovatrices au profit de l’ensemble de la fonction publique
afin de rendre les pratiques de recrutement plus stratégiques pour l’avenir.
Même si les sous-ministres et leurs équipes de gestion sont
généralement conscients de la nécessité de recruter, on ne peut pas
en dire autant de tous les gestionnaires. Cela est en partie attribuable
au problème de la charge de travail et à l’habitude que l’on a
prise de recourir à des solutions ponctuelles à court terme (employés
occasionnels, personnes nommées pour une période déterminée, anciens
employés, etc.) plutôt qu’à des stratégies axées sur le long
terme.
Le Sous-comité a également entendu les points de vue du
sous-ministre champion de la collectivité des ressources humaines et du
président du Conseil des ressources humaines. Tous deux ont souligné
la nécessité d’un leadership plus stratégique pour tous les aspects
des ressources humaines, et en particulier pour le recrutement.
Les méthodes de recrutement existantes ne sont pas toutes utilisées
de manière uniforme ni optimale. Les ministères prévoient de
recourir davantage au Programme de recrutement postsecondaire, mais ce
nid de recrutement ne fournit que un pour cent des nouvelles nominations
chaque année. Le Programme de stagiaires en gestion et d’autres
programmes pangouvernementaux du même genre sont utilisés, mais rien
ne prouve qu’ils s’inscrivent dans des plans stratégiques concrets
de ressources humaines.
Le caractère non stratégique du recrutement est particulièrement
évident dans le cas des programmes d’embauche d’étudiants, des
programmes coop et des programmes de stages. Ces programmes permettent
chaque année à des milliers de jeunes gens d’être engagés dans la
fonction publique, mais les gestionnaires ne les intègrent pas à une
stratégie de recrutement à long terme. Il s’ensuit que les
étudiants ne reviennent pas nécessairement faire carrière à la
fonction publique une fois qu’ils ont obtenu leur diplôme. Certains d’entre
eux trouvent que le processus de recrutement ne leur garantit pas
toujours une affectation correspondant à leurs aptitudes et à leurs
intérêts, auprès d’un ministère ou d’un gestionnaire approprié.
De plus, ont-ils dit, on ne leur confie pas toujours du travail
valorisant, ce qui influe sur leur désir ultérieur de revenir à la
fonction publique.
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