Annexe A
CONVERSATIONS SUR LA RÉFORME RÉINVENTÉE
Compte rendu des rencontres régionales
INTRODUCTION
Le projet sur la réforme réinventée avait pour objet darrêter certains
critères devant permettre de définir pour les vingt prochaines années ce qui doit
caractériser une saine gouvernance dans des pays comme le Canada. Par
« gouvernance », on entend « la façon dont une société mène sa
barque ». Le travail sest déroulé de juillet 1999 à juin 2000 sous la
direction de Ruth Hubbard, conseillère supérieure au Bureau du Conseil privé, de
concert avec le Centre de la gouvernance (Université dOttawa) et du Forum des
politiques publiques (FPP). Le rapport final sera soumis au Greffier du Conseil privé, au
professeur Gilles Paquet ainsi quà David Zussman (FPP).
Dans le cadre de cette recherche, plusieurs rencontres régionales ont été
organisées afin de discuter du modèle proposé. À ces échanges, de portée très
générale, ont participé des représentants de tous les secteurs et des horizons les
plus divers, y compris des diplômés en affaires autochtones et des jeunes âgés de 18
à 25 ans. En tout, plus de 150 personnes ont pu faire entendre leur point de vue. La
démarche suivie est expliquée à lannexe 1, qui présente également la
version la plus récente du sommaire ainsi que du digramme daccompagnement.
RÉSULTATS
Est-ce que Ruth est sur la bonne voie?
La plupart des participants étaient davis que Ruth était effectivement sur la
bonne voie en ce qui concerne les problèmes à régler et la nécessité de prendre sans
tarder des mesures favorisant une saine gouvernance. Cest en tout cas ce qui ressort
des propos tenus à Ottawa. Selon certains, il importe de considérer tout à la fois le
problème lui-même et la nécessité dagir. Dautres ont mis laccent sur
ce quil nous en coûte maintenant de ne pas avoir repensé certaines de nos
positions (sur des « vaches sacrées » comme lassurance-maladie, par
exemple). Dautres aussi (en grand nombre très souvent) ont rejeté le
statu quo, même en en reconnaissant la nature évolutive. « Rien ne sert de
regarder en arrière », a-t-on pu entendre notamment, mais il ne faut pas pour
autant tomber dans lexagération (en parlant, par exemple, dun gouffre où les
Canadiens risquent de tomber à tous moments alors que, en réalité, bon nombre des
mêmes enjeux sont à lordre du jour, pour ainsi dire, depuis vingt ans). On ne
sentend pas non plus sur le degré durgence de la situation. À Saint John,
par exemple, on a souligné qu« il ne faut certainement pas perdre de vue le
caractère évolutif du statu quo ». Lexpression « réforme
réinventée » (en anglais reformcraft) ne plaisait pas non plus à tout le
monde.
Dans lensemble
En règle générale, les défis à relever paraissent énormes, « comme de
vouloir à bout de bras remettre à flôt le Titanic », a-t-on avancé à
Calgary.
Pour beaucoup, un renforcement au niveau des valeurs, du consentement et de
lapprentissage simpose, mais certains craignent que la question nait pas
été formulée assez clairement, ni même de la bonne façon. Dautres estiment que
le rôle des gouvernements doit être abordé avant de pouvoir sattarder vraiment à
ce en quoi les Canadiens croient.
Tout ne va pas aussi bien quil ny paraît au Canada : telle est la
préoccupation exprimée lors de diverses rencontres. Le Canada est bien vu sur la scène
internationale (« le pays où il fait le mieux vivre », clame lONU),
mais selon certains, une réalité tout autre se cache peut-être derrière les
évidences. À Victoria, des participants ont fait valoir quau chapitre de
lintégration sociale, le Canada se classe en tête de liste pour les efforts, mais
en bon dernier pour les résultats.
Sur le thème général de la saine gouvernance, les opinions exprimées sont
dune grande diversité. À Calgary, on croit que cest « permettre aux
citoyens de prendre leurs propres décisions... de se prévaloir à nouveau de leur droit
dintervenir et dassumer la responsabilité de leurs actes. Cest
également un moyen de se montrer davantage à lécoute de la population. »
Ailleurs, cest un concept qui doit « mettre en harmonie des valeurs qui, par
essence, sont opposées, et qui, de ce fait, doit trouver un juste équilibre entre les
diverses mesures à prendre. » La « quintessence » de ce nouveau schème
de pensée que nous préconisons se trouve exprimée dans lexemple qui a été
donné de ces vidéastes autochtones qui mettent en commun des connaissances et qui, du
même coup, favorisent une meilleure compréhension des choses.
Quelquun a fait remarquer la différence considérable qui existe entre les
termes qui dominent le discours des Autochtones (paix, honneur et respect) et ceux qui
dominent le discours du gouvernement du Canada (paix, ordre et bon gouvernement). Les
Autochtones sefforcent aussi de mieux « comprendre » le point de vue des
autres (même sils ne le partagent pas) et darriver à un consensus sur la
décision à prendre. Le « respect » du point de vue des autres,
indépendamment des possibilités dun terrain dentente, na pas le même
degré de priorité pour les non-Autochtones au Canada.
Toujours du côté des Autochtones, on a beaucoup insisté sur lintégration
sociale, cest-à-dire sur la possibilité pour tous les intervenants possibles de se
faire entendre (avec leur propre voix, même si cela suppose certaines périodes de
silence), mais aussi de le faire à leurs propres conditions (plutôt quà celles de
la majorité). Une intégration sociale dénuée de tout paternalisme et fondée sur la
dignité humaine, comme la souligné un des participants.
Daucuns sont davis quil faut absolument distinguer les formes
traditionnelles de pouvoir démocratique (vertical) des liens qui unissent les membres
dune même communauté. Cette distinction, selon eux, trouve son extension dans la
nécessité que la gouvernance supra-nationale ne se contente pas de montrer les liens qui
existent entre les différents paliers de gouvernement qui caractérisent
lÉtat-nation, mais bien quelle donne aussi un rôle actif aux citoyens.
Bon nombre de groupes ont évoqué les fluctuations dun pouvoir qui va dans tous
les sens au sein de cet État-nation dont on reconnaît le déclin, mais toujours pas,
sauf quelques rares exceptions, linutilité. Cest ce quillustrent
parfaitement les propos tenus à Edmonton, où lon estime que « les gens ne
sont pas prêts à renoncer à lidée même dÉtat-nation », mais
qu« il importe de (mieux) comprendre le rapport qui existe entre lÉtat
et la population. »
Certes, il y a place pour lamélioration, mais de nombreux participants partout
au pays se sont montrés positifs dans leurs commentaires. En fait, plusieurs ont noté
que la démocratie se porte bien à certains niveaux (en règle générale, au niveau
local ou communautaire), mais moins bien à dautres (sur la scène nationale, par
exemple). À Halifax, on a parlé des travaux ayant pour objet le bien de la collectivité
(comme le pavage des routes et lapprovisionnement en eau potable). À Regina, on a
cité en exemple la coopérative de Waskawan, qui soccupe dapprovisionner la
localité en eau. En définitive, leur pensée pourrait peut-être se résumer à
ceci : la gouvernance a certainement besoin de faire peau neuve, mais ne changeons
rien à ce qui fonctionne bien déjà. Cest certainement dans ce sens
quabondaient les nombreux participants de Winnipeg qui ont fait valoir que « la réforme, si
importante quelle puisse être, ne doit pas se faire au détriment de la
démocratie. »
Le thème de la perte des espaces publics « traditionnels » et de la
nécessité den trouver des nouveaux sest imposé à certains moments. Comme
un groupe la souligné, « ce ne sont pas les jouets et les outils qui
manquent, mais il faut bien les mettre quelque part. Il faut que les gens acceptent de
plier les épaules de façon à créer plus despace. » Du côté des
Autochtones, on a insisté sur le besoin de prévoir des espaces où les gens peuvent
participer au processus et donner leur point de vue, « même si la solution existe déjà
». À Toronto, on sest demandé si les organisations civiles de premier plan ne
finiraient pas un jour par intervenir en vue de créer et de maintenir ce genre
despace, tout spécialement dans les vastes agglomérations métropolitaines où
lordre social a bien besoin dêtre préservé.
L« intégration sociale » à tout prix suscite la méfiance,
principalement en raison du risque perçu de manipulation et de conflits
dintérêts. Il faut « protéger le public contre ses propres abus »,
cest-à-dire que la démocratie directe à létat pur présente certains
dangers. Ce quil faut, en fait, cest élargir le concept lui-même tout en
évitant que pareils dangers ne surviennent.
Plusieurs groupes ont parlé de sensibilisation et dinformation. « Il
simpose de trouver des instruments déducation et dinformation à la
fois nouveaux et fiables qui, sans être totalement séparés des gouvernements, nen
soient pas non plus dépendants », a-t-on souligné dans lun dentre eux.
Plus précisément, leffet de rétroaction est considéré comme un élément
essentiel et indissociable de tout cadre ayant pour objet une saine gouvernance.
Presque tous les participants ont indiqué que la question valait bien le temps et
lénergie quils venaient dy consacrer, et ont admis avoir pris beaucoup
de plaisir à participer aux discussions. Bon nombre dentre eux se sont dits
agréablement surpris quun haut fonctionnaire du BCP ait choisi ce thème et
entrepris de lapprofondir au fil de consultations menées dun bout à
lautre du pays. On sest toutefois grandement préoccupé (pour diverses
raisons) des mesures à prendre pour que le plus grand nombre possible de gens prennent
part à ce débat crucial, ainsi que de labsence de pressions venant de la base pour
que des changements soient effectués, ces pressions constituant pour plusieurs groupes un
indispensable déclencheur. Les suggestions allaient dune démarche proactive
auprès des Cabinets fédéral et provinciaux ainsi que le secteur privé partout au pays,
à une démonstration des améliorations apportées en permettant une participation
réaliste à la prise de décisions également réalistes et en accroissant la confiance
de la population. On note par ailleurs un certain scepticisme quant à la volonté des
politiciens et des bureaucrates dOttawa daccorder quelque attention à la
question de la « saine gouvernance ». Dans plusieurs régions, les
participants ont dit souhaiter que le travail amorcé se poursuive et sallie les
hauts fonctionnaires et les politiciens.
Institutions et processus
Certains ont émis lidée quune amélioration des institutions et des
processus déjà en place serait préférable à un examen devant aboutir à un changement
fondamental, ce genre dexamen étant perçu comme une source de stagnation.
Plus on séloignait dOttawa dans ces consultations, plus limportance
de permettre aux régions dintervenir dans les affaires fédérales était affirmée
avec force. Dans les Maritimes et dans lOuest, lincapacité de se faire
entendre, durement ressentie selon toute apparence, donne lieu à des accusations de
comportement anti-démocratique à lendroit dOttawa, ce comportement causant
dans ces provinces un sentiment de frustration tel que les occasions de
« contourner » le gouvernement sen trouvent multipliées. Plus
particulièrement, ce sont surtout les rapports antagonistes et la culture du secret qui
caractérisent le parlementarisme canadien que les participants saccordaient à
dénoncer. Ils déploraient également lincapacité de trouver des moyens
constructifs (une meilleure utilisation des mécanismes parlementaires, notamment) de
faire participer les citoyens plus activement aux travaux, et ce, dès les premières
étapes. Cest ainsi quà Vancouver, par exemple, on a fait remarquer que
«Preston Manning na vraiment de chance de réussir que si Jean Chrétien
échoue. » À Victoria, quelquun a demandé « pourquoi le Premier
ministre sent-il le besoin de dire à propos dune ancienne ministre de la Santé
quelle na pas à être punie pour avoir donné son opinion sur le système
de soins de santé. » (Autrement dit, pourquoi la notion de « punition »
devrait-elle entrer en ligne de compte de toute façon?)
Pour dautres, cest le fédéralisme exécutif et limportance
exagérée qui est accordée aux relations intergouvernementales qui méritent notre
attention. Dautres encore, à Edmonton notamment, ont souligné labsence de
mécanismes de rétroaction entre les scrutins. Il a été question aussi de
létroitesse du principe du « parti politique légitime » tel
quexprimé dans Loi sur les dépenses délection : « Si vous ne
faites pas partie de léquipe, vous ne pouvez pas jouer. La porte est gardée, mais
cest une bien petite porte. En fait, lactivité politique dans sa
version informelle est profondément ancrée au pays. » Et les politiciens
saccrochent au pouvoir, a-t-on fait remarquer également (« Lopposition
la plus vive à la réforme du Sénat vient non pas des provinces, mais bien de la Chambre
des communes. »). À Saint John, on a parlé dune centralisation accrue
du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, mais aussi de la nécessité dune
nouvelle répartition, plus large, du pouvoir dans le contexte actuel. Cela dit, il semble
que lon ait constaté une baisse du sectarisme politique ainsi quune
conception moins limitée et davantage inclusive des valeurs une fois que celles-ci sont
ramenées à leur expression fondamentale (Calgary Inc., par exemple).
Partout, on a reproché aux gouvernements leur approche très fortement paternaliste.
Les préoccupations ne se situent toutefois pas toutes à ce niveau, comme le commentaire
suivant, entendu à Edmonton : « À quoi servent bien mes impôts? Cinquante
pour cent de ce que je gagne va se perdre dans un trou noir, et ce quon en fait
nen vaut pas toujours la peine. Les règlements municipaux sur les chats, par
exemple. » Dans un groupe, on a parlé dune représentation plus efficace à
certains niveaux (les administrations municipales et les gouvernements autochtones
notamment), ajoutant que ces nouvelles réalités doivent simplanter, et
durablement, dans nos institutions. « Le problème en est un non pas de structure,
mais de mentalité, a-t-on pu entendre à Halifax. La structure peut être parfaitement
valable, mais si les gens ne veulent pas quelle fonctionne, elle ne fonctionnera
pas. » Enfin, la question du calibre et de lenrichissement continu de la
fonction publique (comment attirer, et maintenir en poste, les meilleurs sujets
possibles?) est revenue plus dune fois dans les conversations.
Convictions et valeurs
Bon nombre de groupes se sont engagés dans une discussion sur ce en quoi lon
croit au Canada. À une extrémité du spectre, à Vancouver plus précisément, un
participant a affirmé que « ce qui compte, cest que le pays reste uni; rien
à voir avec des valeurs communes. Continuer de travailler ensemble et de vivre ensemble,
quon aime ça ou pas. La politique, par essence, cest ça. ». À
lautre bout, certains groupes croyaient en la nécessité dune vision commune
du Canada (une vision claire pour ceux et celles de lintérieur qui puisse se
comprendre aussi de lextérieur) qui serve aussi à expliquer le Canada aux autres
pays. À Fredericton, laccent était mis sur un partage avec les régions. Dans
dautres groupes, ce partage se limitait aux paiements de péréquation.
La plupart des participants, pour ne pas dire lensemble des groupes de
discussion, ont parlé des valeurs. Pour certains, le processus amorcé est aussi
important que les résultats attendus. La majorité des groupes estimait quen règle
générale (pensons à la Charte des droits, par exemple), on retrouve certaines
valeurs communes, celles-ci pouvant toutefois être interprétées de différentes façons
dune région à lautre du pays, et que dans une certaine mesure, pour la
plupart des Canadiens, cette communauté de valeurs est une condition essentielle à la
crédibilité des décisions qui sont prises. Durant le déjeuner, des jeunes ont parlé
avec inquiétude dun changement de valeurs qui sest opéré et qui est à la
source de ces accès de fureur que lon observe chez certains automobilistes et de
cette anxiété qui fait son chemin dans la population (peur des voisins). Dans un autre
groupe, on a parlé des dangers inhérents à la quête dunanimité et
duniformité dès quil est question de nos valeurs. On saccordait
généralement à reconnaître quil faut que le sens moral (lintégrité,
notamment) reprenne sa place dans les activités gouvernementales et politiques (parce que
ces activités sont essentielles, du point de vue moral aussi bien que du point de vue de
leurs résultats, et parce que dans le monde daujourdhui, la présence de
valeurs peut vraiment servir à transmettre aux décideurs ce que la société attend
deux). Prêcher par lexemple est également un moyen vital de faire la preuve
des valeurs proposées (y compris lhonnêteté) et de susciter la confiance. Cela
dit, lutilisation de lexpression « sens moral » (morality
en anglais) a fait bondir certains participants qui ont demandé que soit précisé le
sens donné à cette expression, et par qui.
Politiciens
Tous les participants ne sentendaient pas sur limportance relative de
déployer quelque effort du côté des politiciens. Pour certains, ce nest
quune perte de temps (« leur objectif est de se faire réélire, ils ne
pensent pas au bien public »). Pour dautres, le souci de se faire réélire
est tout à fait légitime (sils veulent être en mesure de vraiment changer la
société pour le mieux). Pour dautres encore, nous avons les politiciens que nous
méritons. Certains, par contre, ont fait remarquer quaucun politicien ni aucun haut
fonctionnaire ne peut réussir à vraiment assumer les responsabilités
multidimensionnelles qui sont leur lot aujourdhui; cest humainement
impossible, et à tous les niveaux de gouvernement. Les critiques à lendroit des
politiciens nont donc pas manqué, mais on a reconnu quils ne sont pas
toujours responsables : cest toujours facile de blâmer quelquun
dautre; la capacité dobtenir un poste et celle de bien sacquitter des
obligations que ce poste suppose (= gouverner) exigent des qualités totalement
différentes. Selon un des participants, enfin, les politiciens sont prisonniers de
bureaucraties qui excluent toute forme de changement.
Cela dit, la plupart des participants étaient davis quune plus grande part
dhonnêteté de la part des politiciens (nécessité de dire la vérité aux
citoyens) suffirait à créer un climat de confiance et à leur donner une plus grande
crédibilité. À Moncton, on sest demandé si les politiciens sont prêts à
regarder les choses bien en face, « sils savent que ce sont eux qui doivent
travailler pour le peuple, et non pas le contraire. » Pour citer un autre
participant, « la réalité se trouve à lextérieur des 20 milles
carrés quoccupe Ottawa. »
À Victoria, on a souligné que Mike Harcourt est capable dinnover et de faire
certaines expériences depuis quil nest plus premier ministre; quant il
dirigeait le gouvernement, on lui mettait des bâtons dans les roues. Daucuns,
toutefois, étaient davis que les qualités de chef (chez les politiciens aussi bien
que chez les fonctionnaires) ont périclité ces dix dernières années; « les gens
ne veulent pas travailler pour des imbéciles », ont-ils ajouté. À Winnipeg comme
ailleurs, on a réclamé de toute urgence « un leadership clair et
courageux. » Parmi les exemples cités, on retrouvait Frank McKenna au
Nouveau-Brunswick, et Mike Harris en Ontario (dont les positions, croyait-on, sont très
claires et ne tiennent aucun compte de lopposition de certains fonctionnaires).
Plusieurs groupes ont indiqué que le rôle des députés fédéraux et
provinciaux/territoriaux devrait consister davantage à assurer un lien entre la
population et les gouvernements élus, dans le respect de nos valeurs communes. À Saint
John, les participants ont parlé de la nécessité que les politiciens travaillent à
resserrer le fossé qui existe entre les grandes décisions stratégiques et les
difficultés pratiques (quil sagisse du contenu de la politique ou du
calendrier prévu) que suppose leur mise en oeuvre.
Renforcement au niveau du consentement
À toutes les discussions, peu importe la région, les participants ont évoqué le
besoin dun renforcement au niveau du consentement. Bon nombre dentre eux ont
parlé de la nécessité pour les citoyens de se sentir en mesure dinfluencer les
décisions qui sont prises. « Il faut que les gens aient le sentiment quils
sont entendus; autrement dit, ils doivent être consultés, savoir quon est à
lécoute de ce quils ont à dire, et les attentes doivent être claires pour
tout le monde », a-t-on souligné à Fredericton. À Ottawa, les participants ont
parlé aussi de limportance que revêt pour les Canadiens linfluence que le
Canada peut exercer sur la scène internationale. Dautres ont noté aussi que les
attentes doivent être clarifiées et mieux gérées (« au gouvernement, les crayons
nont pas de gomme à effacer »).
Bon nombre de groupes ont mis laccent sur la nécessité dune plus grande
responsabilisation, dune transparence accrue, dun souci de poursuivre des
objectifs qui comptent pour la population. Il est peut-être temps de faire davantage
confiance aux citoyens, dont certains en savent probablement plus que les élus
eux-mêmes. À Moncton, on a fait valoir que plus les citoyens sont tenus à lécart
du processus décisionnel, plus ils seront difficiles à convaincre du bien-fondé des
décisions prises (lesquelles seront peut-être aussi moins axées sur les principes
moraux ou sur « le bien commun »). Une approche de type communautaire serait
sans doute préférable. À Toronto, les participants saccordaient à penser que
« le courant doit passer non pas du sommet vers la base, mais bien des citoyens en
montant. »
La question de la responsabilisation est apparue comme importante. Un participant a
souligné que le « réseau de mobilisation » (approche conçue par Ron Capelle
pour améliorer le cadre organisationnel) permettrait peut-être dassurer un lien
entre les élus et les groupes/individus qui ont à coeur le mieux-être de la société,
tout en veillant à ce que les critères de légitimité, dautorité et de
responsabilité (= pouvoir) restent bien clairs pour tout le monde. Certains se sont
demandés aussi dans quelle mesure les citoyens savent vraiment comment demander des
comptes aux gouvernements, ou même comment exprimer avec précision leurs propres
valeurs.
Le consentement, selon certains, se définit comme suit : « Les Canadiens
veulent être sûrs que quiconque soccupe de telle ou telle activité mérite
vraiment leur confiance, et quils pourront obtenir sur demande linformation
qui les intéresse. » Si les résultats correspondent au sentiment populaire, leur
crédibilité dépend, selon certains, de la transparence du processus.
À Regina, on a parlé de la Saskatchewan comme dune excellente « serre
dexpérimentation » en raison de son histoire et aussi de la diversité qui la
caractérise. On a en outre souligné limportance de linnovation au niveau des
relations intergouvernementales et de la gouvernance.
Plusieurs groupes ont également fait remarquer combien il est important que tous ceux
et celles qui sont directement intéressés puissent faire entendre leur voix. À Halifax,
par exemple, on a fait valoir que « les enjeux doivent être formulés de manière
à être bien compris par tout le monde. Le consensus social, cest laffaire de
la Nouvelle-Écosse aussi bien que du Canada. » Les jeunes et les Autochtones ne
doivent pas non plus être laissés de côté, de souligner certains participants.
Les jeunes et les Autochtones
Deux groupes en particulier devraient faire lobjet dune plus grande
attention : les jeunes et les Autochtones. En ce qui a trait aux jeunes, les
participants ont avancé quils ont la tête (compétences) coupée du coeur
(sentiments), quils reconnaissent effectivement un rôle aux gouvernements, mais que
ceux-ci doivent trouver le moyen de se remanifester dans leur vie. Quant aux Autochtones,
certains ont indiqué quil devenait de plus en plus urgent de traiter dune
façon constructive leurs attentes aussi bien que leurs aspirations. Il simpose que
nous reconnaissions enfin nos différences plutôt que de continuer à les ignorer dans
lespoir que les problèmes disparaissent ou se règlent deux-mêmes.
Les spécialistes des questions autochtones ont souligné que ces différences
sétendent aussi à nos sytèmes de gouvernement (celui du Canada et celui des
Premières nations) et quil faut en tenir compte avec tout le respect
requis.
Prochaines étapes
À la lumière de certaines suggestions qui ont été faites, compte tenu aussi de la
nature des échanges qui ont eu lieu partout au pays, les prochaines étapes à franchir
nous apparaissent comme suit :
- À partir dexemples, insister sur la participation éclairée et sur un
renforcement du consentement :
- montrer jusquà quel point les gens ont influencé les décisions qui ont été
prises;
- commencer à semer au niveau des communautés et faire croître par la suite (éviter
de démolir pour ensuite reconstruire);
- agir de manière à renforcer plutôt quà diminuer la confiance;
- mettre laccent sur la transparence et sur la reddition de comptes tel que
demandé;
- Mettre laccent sur lapprentissage et sur la sincérité du propos :
- faire en sorte que le sens moral (y compris lintégrité) reprenne sa place au
coeur même des activités gouvernementales (fonctionnaires) et de la vie politique
(politiciens);
- favoriser lintégration sociale;
- agir dans lombre (les résultats doivent précéder lannonce).
- Commencer là où vous êtes :
- adapter le rôle des députés fédéraux et provinciaux/territoriaux aux exigences du
monde daujourdhui (reflets des valeurs propres aux Canadiens et trait
dunion entre les décideurs et les citoyens, par exemple);
- faciliter le dialogue sur une saine gouvernance au moyen dune plus grande
sensibilisation au problème lui-même et à la terminologie utilisée;
- transmettre ces idées aux gouvernements (à tous les niveaux).
Annexe 1
CONVERSATIONS SUR LA RÉFORME RÉINVENTÉE
FORMULE UTILISÉE
Quatorze rencontres de deux heures chacune ont été organisées. Toutes se
déroulaient sensiblement de la même façon : exposé de 25 minutes sur le modèle
proposé, suivi dune discussion de plus dune heure à partir dun
document de travail qui avait été envoyé à lavance aux participants. Ces
rencontres ont eu lieu à Saint John, Halifax, Moncton, Fredericton, Charlottetown,
Toronto, Winnipeg, Regina, Calgary, Edmonton, Vancouver, Victoria et Ottawa
(deux
séances, lune en anglais et lautre, en français).
Au terme de ces échanges, auxquelles prenaient part de 5 à 15 personnes, celles-ci
étaient appelées à remplir un bref formulaire servant à évaluer lintérêt du
sujet, lintérêt de la discussion et lutilité dy consacrer autant de
temps et dénergie. Les notes allouées allaient de 1 (bas de léchelle) à 5
(sommet). Au total, 126 questionnaires ont été remis. Les notes se répartissent comme
suit :
sujet moyenne de 4,38 (quarante-huit ont donné la note 4, quatre ont
donné la note 4,5 et soixante-six, la note 5)
discussion moyenne de 4,40 (quarante-quatre ont donné la note 4 et
soixante-huit, la note 5)
temps et énergie moyenne de 4,36 (cinquante-et-un ont donné la note 4
et soixante-deux, la note 5)
Un des participants a donné la note 1 dans les trois cas, et un autre na rien
répondu à la question 3.
Le même questionnaire a été utilisé après le déjeuner organisé expressément
pour donner la parole aux jeunes ainsi quau groupe détudes autochtones à
luniversité Trent, entendre leurs points de vue, connaître leurs
attentes. Les
résultats obtenus sont extrêmement satisfaisants.
Chaque fois aussi, un sommaire des propos tenus a été préparé et soumis à
lapprobation des participants.
Un certain nombre de rencontres bilatérales ont également été organisées au cours
de la même période. Y ont participé, notamment, des sous-ministres
fédéraux, des universitaires, des responsables de groupes de réflexion ainsi que le président du
conseil dadministration dune société dÉtat.
Toutes ces conversations se sont échelonnées sur les trois mois qui ont suivi
lexposé que jai donné en février 2000 dans le cadre de la conférence
John-Carson, à Ottawa. Au cours de cette période, mon modèle de réforme
réinventée a été modifié (grandement simplifié, entre autres
choses) au fil des
idées entendues, mais aussi grâce à deux importantes initiatives touchant la question
de la gouvernance. La première a été la séance de discussion et dintégration
(en vue de nouveaux échanges) qua organisée le Forum des politiques
publiques. La
seconde a été le projet lancé par Steve Rosell, du Meridian Institute, à San
Francisco, sous le thème « Renewing Governance Project ». Ce
projet, qui
prévoyait la tenue dun certain nombre de rencontres étalées sur une période de
18 mois, devait sachever par une conférence de recherche qui a eu lieu tout juste
après notre deuxième série de tables rondes.
Lexposé de 25 minutes na pas vraiment changé pour lessentiel,
mais certains changements contextuels importants ont été apportés. Vous trouverez
ci-joint la version la plus récente du document de présentation et du
diagramme.
APERÇU DES COMMENTAIRES
- dont lose momentum
- it needs to continue
- carry the discussion forward
- look forward to the next steps
- lots of luck it is a worthy task
- very promising that the federal government is engaging in this form of public enquiry
about governance
- sujet difficile à cerner...bonne occasion de réflexion
- topic still a bit fuzzy. Would be nice to move discussion forward to what can be
done....lack of models is not a problem, lack of political will is
- helped to advance my thinking
- thoughtful presentation
- it est très approprié dadresser ce sujet à ce moment
- an important debate. It is important to involve people who are not traditional elites
- .. I think it is important to recognize that the integrity of the Canadian constitution
(in global eyes) depends to a great degree on the relationship with Aboriginal people
- ...on devrait cesser de travailler dans les silos
- keep flexibility and adaptability whatever new governance system
- the most interesting question is what is the role of the federal government
- more time - aboriginal issues and representation
- il sera très important de donner des suites à cette série de tables rondes, notamment
pour que ce travail se traduise en actions concrètes pour améliorer nos façons de se
gouverner
- I hope this process leads to some real change
- use examples, move to concrete
- be sure to have a concrete doable plan for next steps
- keep it practical but forward looking
- too abstract (somewhat frustrating)
- (on balance) probably not (worth the time and energy to attend) based on the usual
reaction of the federal government but one lives in hope
- serious waste of public money
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