GUIDE DU SOUS-MINISTRE
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Table des matières
Avant-propos du greffier du Conseil privé
et secrétaire du Cabinet
I. Le gouvernement responsable au Canada
1. Responsabilité
2. Obligation de rendre compte et
obligation de s'expliquer
II. Les responsabilités du sous-ministre
1. Appuyer la responsabilité individuelle et collective du ministre
2. La gestion du ministère
a) Pouvoirs statutaires et autres
(i) Finances et biens publics
(ii) Gestion du personnel
(iii) Langues officielles
b) Valeurs et éthique
3. La gestion du portefeuille
4. Appuyer l'obligation ministérielle de rendre compte au Parlement
a) Parlementaires et caucus parlementaires
5. Organismes fournissant des rapports au Parlement
III. Les obligations de rendre compte du sous-ministre
1. Obligations multiples de rendre compte
2. Obligation de rendre compte au Premier ministre
a) Le greffier du Conseil privé
b) Programme de gestion du rendement
3. Obligation de rendre compte au ministre
4. Obligation de régler les erreurs administratives
5. Obligation de rendre compte au Conseil du Trésor et à la Commission de la fonction publique
Cadre de
responsabilisation de gestion (Conseil du Trésor)
Avant-propos du greffier du Conseil privé
et secrétaire du Cabinet
La collectivité des sous-ministres : responsabilisation et
leadership
Le Guide du sous-ministre vise à clarifier le rôle des
sous-ministres dans l'administration fédérale. Il s'inspire de deux
publications du Bureau du Conseil privé, soit La fonction de
sous-ministre (1987) et Responsabilité constitutionnelle (1993). Le
présent document met tout d'abord en contexte les éléments clés d'un
gouvernement responsable afin de permettre au lecteur de bien
comprendre la responsabilité et l'obligation de rendre compte
individuelles et collectives des ministres. Le guide précise ensuite les
responsabilités des sous-ministres, ainsi que leurs obligations
multiples de rendre des comptes.
Les défis du XXIe siècle n'attendent qu'à être relevés
par les Canadiens et la fonction publique. Le gouvernement et la
gestion publique ont évolué au diapason de l'évolution du pays. La
capacité de la fonction publique de relever de nouveaux défis dépend
non seulement de la diligence que les sous-ministres mettront à
s'acquitter de leurs responsabilités, mais aussi du rôle de direction
qu'ils joueront dans la création au sein de la fonction publique d'une
culture de gestion axée sur l'excellence et sur l'obtention de résultats
pour les Canadiens.
On attend des sous-ministres qu'ils accordent une
importance particulière au leadership dont ils doivent faire preuve en
matière de gestion des ressources humaines, et qu'ils fassent en sorte
que les valeurs et l'éthique de la fonction publique deviennent partie
intégrante du travail quotidien au sein du gouvernement. Le
sous-ministre donne à son ministère une vision que partage
l'ensemble de l'organisation et qui la guide. Il veille à mettre en place
des gens compétents et un climat de travail sain, et à donner à son
ministère les moyens nécessaires pour qu'il réussisse. Il doit
également le doter de la capacité stratégique qui lui permettra de
servir le ministre et de soutenir efficacement les priorités de
l'ensemble du gouvernement.
Au sein de son ministère, le sous-ministre inspire la
confiance et favorise un environnement organisationnel axé sur
l'atteinte de résultats. Il met en place les conditions essentielles –
cohérence à l'interne, discipline au sein du ministère et
positionnement en vue de l'obtention des résultats stratégiques – pour
que soient transmises efficacement les directives stratégiques et que
l'on obtienne les résultats voulus à l'appui du programme du
gouvernement. Dans le cours normal des choses, l'information sur les
résultats obtenus est recueillie et sert à prendre les décisions au sein
du ministère, et les rapports publics doivent être équilibrés, exacts et
faciles à saisir. Le sous-ministre attribue les responsabilités et le
pouvoirs en fonction des ressources et des capacités existantes. Il
gère les ressources publiques en veillant à ce que le régime de
contrôle du ministère soit intégré et efficace et à ce que ses principes
sous-jacents soient clairs pour tout le personnel.
De par ses actions, le sous-ministre encourage
l'initiative, l'innovation et l'apprentissage au sein de l'organisation.
De concert avec son équipe de direction, il définit le contexte et les
pratiques de la gestion dynamique du risque organisationnel. L'une
de ses grandes préoccupations est d'améliorer constamment la
prestation des services aux Canadiens et de bien tenir compte des
points de vue de ces derniers dans l'élaboration des politiques et des
programmes.
De façon plus générale, les sous-ministres assurent le
leadership et la collaboration dans l'ensemble de la fonction
publique. Ils veillent à ce que leur propre ministère contribue au
respect des priorités pangouvernementales, comme l'utilisation des
langues officielles dans les lieux de travail et la promotion de
l'excellence par la diversité. Ils répondent collectivement de
l'épanouissement de la fonction publique d'aujourd'hui et de demain.
Dans le cadre de leurs responsabilités, les
sous-ministres peuvent déléguer certains pouvoirs, mais cela ne les
décharge pas moins de leur obligation d'en rendre compte. Ils ont
également pour tâche de créer un environnement propice à
l'apprentissage permanent et d'établir un climat d'ouverture
lorsqu'ils doivent régler les problèmes administratifs qui peuvent
survenir. Lorsque des erreurs se produisent, les sous-ministres
doivent se mettre promptement et ouvertement à la recherche des
causes et déterminer les mesures qui s'imposent afin d'empêcher que
ces erreurs se reproduisent et d'améliorer les pratiques de gestion.
En s'acquittant de leurs obligations avec diligence, les
sous-ministres permettent aux ministres de venir se présenter en tant
que collectivité au Parlement et de lui demander les fonds nécessaires
à la prestation des programmes et des services aux Canadiens. Les
sous-ministres aident à assurer l'exécution de ces programmes
conformément aux buts pour lesquels le Parlement donne son aval à
pareilles dépenses.
Les attentes à l'égard des sous-ministres en matière de
rendement et d'obligation de rendre compte ont été exprimées et
appuyées de différentes façons au fil des ans. Elles valent la peine
d'être répétées car la gestion publique et les défis que doit relever le
Canada changent. Le Cadre de responsabilisation de gestion du
Secrétariat du Conseil du Trésor, qu'illustre le présent guide, traduit
l'importance que le gouvernement accorde à la responsabilisation et
à l'excellence en gestion. Le Cadre et les obligations de rendre
compte des sous-ministres seront revus périodiquement afin qu'ils
soient toujours alignés sur les priorités du gouvernement et de la
population.
Le Guide du sous-ministre explique les responsabilités
que les sous-ministres assument lorsqu'ils acceptent leur nomination
à ce poste. Il les aidera à respecter leur engagement à assurer une
gestion stable, efficace et rationnelle de leur organisation, et ce, à
l'égard du premier ministre, des ministres et de la population canadienne.
I. Le gouvernement responsable au Canada
Au Canada, la notion de gouvernement responsable est
fondée sur les responsabilités individuelles et collectives des
ministres envers la Chambre des communes. Le Parlement confère
aux ministres les pouvoirs de l'état pourvu qu'ils rendent des
comptes à la Chambre des communes. La responsabilité
constitutionnelle des ministres envers la Chambre des communes
permet de garantir que l'exercice du pouvoir par l'exécutif se fait de
façon responsable dans l'ensemble du gouvernement.
La responsabilité et l'obligation de rendre compte sont
des éléments essentiels au fonctionnement du gouvernement du
Canada. Les pratiques administratives ayant évolué au cours des
trente à quarante dernières années, ces expressions et notions revêtent
également une importance accrue. Elles sont parfois utilisées de
façon interchangeable et peuvent recouper les notions de l'«
obligation de s'expliquer ». Cela a été relevé en 1996 par le Groupe
de travail des sous-ministres sur les valeurs et l'éthique dans la
fonction publique qui a proposé un moyen utile de comprendre ces termes.
1. Responsabilité
La responsabilité identifie le secteur de compétence d'un
titulaire de charge publique (élu ou non élu); les pouvoirs
précis confiés au titulaire (par la loi ou par délégation)
définissent ce secteur.
Groupe de travail des sous-ministres sur les
valeurs et l'éthique dans la fonction publique
Soutenant la responsabilité constitutionnelle des
ministres et dépendant de celle-ci, le Parlement confère des pouvoirs
et fonctions à différents ministres en vertu de la loi, établissant les
secteurs de compétence de chacun. Le premier ministre, en sa qualité
d'architecte et d'arbitre de notre système de gouvernement, confie lui
aussi des fonctions aux ministres. De cette façon, leur responsabilité,
qui est inextricablement liée à leur responsabilité constitutionnelle au
Parlement, peut être perçue comme circonscrivant le secteur dans
lequel ils sont autorisés à agir. L'attribution de pouvoirs aux
ministres dans les lois est l'élément central de la responsabilité
fonctionnelle dans toute la fonction publique. Un sous-ministre est
également chargé de remplir les pouvoirs conférés par quelqu'un (par
exemple, le ministre ou le premier ministre), un organisme (par
exemple, le Conseil du Trésor ou la Commission de la fonction
publique), ou par une loi, un règlement ou une politique (par
exemple, la Loi sur la gestion des finances publiques ou le Code de
valeurs et d'éthique de la fonction publique).
Les ministres de la Couronne sont responsables devant
la Chambre des communes et comptables au premier ministre et à la
Chambre des communes de deux façons fondamentales :
- à titre collectif, pour l'appui qu'ils apportent à
l'équipe ministérielle et à ses décisions;
- à titre individuel, pour la manière dont ils exercent les
responsabilités propres au portefeuille qui leur a été
confié.
La responsabilité collective est la base d'un
gouvernement de Cabinet stable. Cela implique que ses politiques
sont présentées au Parlement comme les politiques convenues du
Conseil des ministres. Le même principe s'applique concernant le
financement de ces politiques ainsi que de toutes les activités du
gouvernement que doit approuver le Parlement. Les ministres sont
politiquement comptables à la Chambre des communes de la conduite
du gouvernement. Tous les membres du Conseil des ministres, y
compris les ministres d'état et les secrétaires d'état, sont appelés à
collaborer étroitement entre eux.
Le Parlement confère des pouvoirs aux ministres au
moyen des lois qu'il adopte et qui énoncent les pouvoirs et fonctions
établissant leur responsabilité individuelle. Dans la loi constituant le
ministère, le Parlement confie au ministre la « gestion et la direction
du ministère », et énumère les « pouvoirs et fonctions » du ministre.
Outre ces lois habilitantes, des conventions « non écrites » et des
précédents dictent aux ministres la manière dont ils doivent
s'acquitter de leurs responsabilités et rendre compte de l'exercice de
leurs pouvoirs juridiques. Par exemple, les fonctionnaires assistent et
soutiennent les ministres dans leur relation avec le Parlement en
répondant à des questions et en communiquant de l'information au
nom de leur ministre lorsqu'ils comparaissent devant des comités
parlementaires. Outre ces pouvoirs, les ministres peuvent se voir
confier d'autres responsabilités par le premier ministre. Le ministre
est responsable individuellement de ses propres actes, de la conduite
générale du ministère, des mesures prises (ou non prises) en son nom
par les fonctionnaires de son ministère, que le ministre ait été au
courant de toute activité au préalable ou non, ainsi que des pratiques
financières et administratives du ministère.
La responsabilité constitutionnelle des ministres ne
limite pas l'obligation des fonctionnaires d'observer la loi. Elle fait
au contraire en sorte que le Parlement puisse centrer la responsabilité
de la conduite du gouvernement sur celle de ses membres qui sont
nommés ministres et qui, en bout de ligne, doivent s'expliquer
personnellement à la Chambre des communes et à leur électorat de
leurs actions et de celles de leurs subordonnés.
2. Obligation de rendre compte et obligation de
s'expliquer
L'obligation de rendre compte est l'exercice ou la
justification de la responsabilité; il s'agit notamment de
rendre compte de la manière dont les responsabilités ont
été exercées et dont les problèmes ont été corrigés et, selon
les circonstances, d'accepter personnellement les
conséquences de problèmes attribuables au titulaire ou de
problèmes qui auraient pu être évités ou corrigés si
celui-ci avait pris les mesures qui s'imposaient.
L'obligation de s'expliquer est le devoir d'informer et
d'expliquer; cette notion exclut les conséquences
personnelles qui sont associées à l'obligation de rendre
compte.
Groupe de travail des sous-ministres sur les
valeurs et l'éthique dans la fonction publique
L'obligation de rendre compte est liée à la source du
pouvoir exercé et peut être vue comme étant la responsabilité
d'informer ou d'expliquer; sa pratique est liée à un jugement
concernant une action du titulaire. Elle implique rendre des comptes
à quelqu'un sur la façon dont on s'est acquitté des responsabilités
confiées, ainsi que sur les mesures prises pour corriger les problèmes
et veiller à ce qu'ils ne se posent plus. Les ministres doivent être
présents à la Chambre des communes pour rendre compte des
pouvoirs qui leur ont été conférés, répondre aux questions et défendre
la façon dont eux-mêmes ou leurs fonctionnaires ont exercé les
pouvoirs conférés. Pour les ministres, qui sont responsables en vertu
de la Constitution, l'obligation de rendre des comptes peut même
entraîner la perte du mandat confié. Dans le cas des fonctionnaires
qui sont comptables devant leur ministre, l'obligation de rendre
compte implique qu'on accepte les conséquences personnelles qui y
sont associées, par exemple des mesures disciplinaires, dans le cas de
problèmes qui auraient pu être évités si les mesures nécessaires avait
été prises.
L'expression « obligation de s'expliquer », d'un autre
côté, décrit le devoir d'informer et d'expliquer, mais exclut les
conséquences personnelles potentielles qui sont associées à
l'obligation de rendre compte. Un ministre peut être obligé de
s'expliquer au sujet des mesures prises par des organismes compris
dans son portefeuille, mais ne peut être tenu imputable, c'est-à-dire
ne peut subir les conséquences de pouvoirs dont il n'est pas investi.
En ce qui concerne les organismes non ministériels, le Parlement leur
attribue directement certains pouvoirs et fonctions, conférés à un
conseil d'administration, une commission, un conseil de fiducie ou
un autre organe de gestion établi par une loi. Un ministre répondra
aux questions du Parlement sur les activités de l'organisation. Les
ministres doivent aussi des explications concernant les tribunaux
indépendants relevant d'eux, par exemple le Tribunal canadien des
droits de la personne. Toutefois, les ministres ne sont pas tenus de
rendre compte des actions d'un organisme indépendant ou des
décisions d'un tribunal quasi judiciaire, étant donné que le Parlement
a conféré ces pouvoirs directement à ces organismes.
De même, les fonctionnaires doivent s'expliquer
devant des comités parlementaires; autrement dit, ils ont le devoir
d'expliquer et d'informer, mais ne sont pas tenus de rendre des
comptes au sujet des pouvoirs qu'ils exercent au nom de leur
ministre, et aucun comité ne peut ni prendre de mesures disciplinaires
contre eux ni leur imposer de sanctions.
II. Les responsabilités du sous-ministre
Les responsabilités du sous-ministre sont mieux
comprises dans le contexte du soutien qu'ils offrent aux ministres,
qui sont responsables devant la Chambre des communes, l'assemblée
élue du Parlement. Le sous-ministre est le bras droit du ministre dans
l'accomplissement de ses fonctions collectives et individuelles et
l'appui de son obligation de rendre compte au Parlement. À cet égard,
le sous-ministre est responsable de ce qui suit :
- donner des conseils professionnels et non partisans en
matière d'élaboration et de mise en œuvre des
politiques, tant en ce qui concerne le portefeuille du
ministre que le programme politique et législatif
global du gouvernement;
- assurer la gestion efficace du ministère et conseiller le
ministre sur la gestion de tout son portefeuille;
- exécuter les pouvoirs attribués au sous-ministre ou à
un autre fonctionnaire ministériel soit par le ministre,
soit directement par une loi.
Les sous-ministres ont également des responsabilités
liées à la gestion collective du gouvernement, ce qui inclut le fait de
réagir aux politiques du Conseil des ministres et de veiller à ce que
soient organisées les consultations interministérielles nécessaires sur
toute question susceptible de toucher les responsabilités générales des
ministres.
1. Appuyer la responsabilité individuelle et collective du
ministre
Le sous-ministre appuie à la fois la responsabilité
individuelle et collective du ministre quant au développement et la
mise en œuvre des politiques. On compte sur le sous-ministre pour
prodiguer des conseils de qualité sur toutes les dimensions
pertinentes d'un enjeu ministériel, qu'il soit économique, social ou
administratif. En conformité avec les priorités, objectifs et normes
établis par le gouvernement, le sous-ministre doit conseiller sur les
effets que les initiatives peuvent avoir sur le public, le ministère et le
gouvernement. Ses conseils, qui sont fournis en temps opportun, de
façon franche et sans appréhension, doivent offrir les meilleures
possibilités d'action qui soient, sur la base d'un examen impartial de
l'intérêt public et des objectifs déclarés du ministre et du
gouvernement. Ils doivent remettre en cause, guider, clarifier ainsi
qu'ouvrir de nouvelles perspectives permettant d'améliorer la vie des
Canadiens, d'une part, et montrer la cohérence stratégique du point
de vue de la direction du ministère et du portefeuille, d'autre part.
Dans une démocratie telle que nous la connaissons au
Canada, les représentants élus ont un rôle central à jouer pour que les
points de vue de leurs électeurs pèsent sur les questions relatives aux
politiques de l'état, à la législation et aux dépenses. Sachant la
primauté qu'ont les représentants élus pour ce rôle, la portée et la
complexité de plus en plus grandes du fonctionnement du
gouvernement et des ministères exigent souvent que les
fonctionnaires, dirigés par leurs ministres, procèdent à des
consultations avec les Canadiens, les gouvernements provinciaux et
d'autres parties impliquées dans les questions de politiques. Cela
permet aux ministres d'assumer leur responsabilité, qui est de
présenter des politiques, des programmes et des projets de loi qui
prennent en considération les opinions des Canadiens. Les efforts de
consultation doivent être conçus pour servir de complément, et non
pas de substitut, au rôle des représentants parlementaires.
Les conseils des sous-ministres doivent également
tenir compte de la responsabilité ministérielle collective et assurer
qu'en matière de stratégie, ils tiennent compte du programme global
du gouvernement et des retombées d'une initiative particulière. Au
moment de préparer les propositions à soumettre à l'examen du
Cabinet, d'autres ministères doivent être consultés afin que les
opinions du premier ministre et des autres ministres soient pris en
compte, et que les désaccords possibles soient dépistés et résolus. Le
succès d'une proposition peut aussi dépendre de l'appui et de la
collaboration d'autres ministres; la nécessité de coordonner les
responsabilités de plusieurs ministres avant de prendre certaines
initiatives est maintenant la règle plutôt que l'exception. Cela se fait
grâce à des groupes de travail interministériels et aux consultations
et négociations avec d'autres ministres ou leurs représentants. À
chaque étape du processus d'élaboration et de mise en œuvre des
politiques, les sous-ministres sont tenus de soutenir leur ministre.
Améliorer les services aux Canadiens de façon
continue dépend de la capacité qu'ont les ministères de mesurer les
niveaux de satisfaction, de fixer des objectifs d'amélioration, de
concevoir des plans pour atteindre ces objectifs, de superviser la mise
en œuvre et de rapporter les progrès. Les sous-ministres sont censés
s'assurer que leur ministère accomplit ces tâches et tienne compte des
priorités des citoyens relativement à l'amélioration des services, tout
en respectant les priorités d'ensemble du gouvernement.
2. La gestion du ministère
a)
Pouvoirs statutaires et autres
La loi habilitante d'un ministère confère la gestion et
la direction du ministère au ministre. Conformément à la loi
habilitante, le ministre est donc responsable de la formulation des
politiques et de l'élaboration des programmes. La loi constituant
chaque ministère comprend généralement une déclaration type selon
laquelle le gouverneur en conseil peut nommer un sous-ministre à
titre amovible, et qui précise que le sous-ministre est
l'« administrateur général du ministère ». Juridiquement, les sous-ministres agissent sous la direction et la gestion de leur ministre. Pour
remplir leurs fonctions, les sous-ministres doivent posséder certains
pouvoirs.
L'autorisation d'exercer bon nombre des pouvoirs du
ministre est donnée au sous-ministre par la Loi d'interprétation. Aux
termes du paragraphe 24(2) de cette loi, les fonctions administratives,
législatives ou judiciaires confiées au ministre peuvent être remplies
par son sous-ministre. Dans la pratique, toutefois, il peut exister des
limites constitutionnelles, juridiques ou administratives à la capacité
du sous-ministre d'exercer les pouvoirs du ministre. Ainsi, le
paragraphe 24(3) de la Loi d'interprétation interdit au sous-ministre
d'exercer un pouvoir juridique du ministre pour établir des
règlements. À l'occasion, une loi précise que seul le ministre peut
exercer un certain pouvoir. De même, n'étant pas député, le
sous-ministre ne peut pas répondre en Chambre au nom du ministre.
La politique du Conseil du Trésor exige en outre que les
présentations au Conseil pour de nouveaux fonds ou de nouvelles
politiques soient signées par le ministre; le sous-ministre ne peut pas
non plus signer les mémoires au Cabinet à la place de son ministre.
En dehors de la loi constituant le ministère et de la Loi
d'interprétation, des responsabilités plus précises sont parfois
conférées aux sous-ministres, qui leur permettent de s'acquitter des
fonctions nécessaires au soutien du ministre dans la gestion du
ministère. Le ministre peut être la source de ces responsabilités. Par
exemple, le Conseil du Trésor permet aux ministres d'avoir accès aux
fonds qui ont été affectés par le Parlement; le ministre peut déléguer
le pouvoir de dépenser au sous-ministre et à d'autres fonctionnaires
du ministère.
Également, certaines dispositions de la Loi sur la
gestion des finances publiques, de la Loi sur l'emploi dans la fonction
publique et de la Loi sur les langues officielles attribuent certains
pouvoirs directement à l'administrateur général. Ces pouvoirs sont
détaillés ci-dessous. Bien que le ministre ne puisse fournir de
directives quant aux activités spécifiques du sous-ministre dans ces
domaines, étant donné la responsabilité générale du ministre en ce
qui a trait à la gestion et la direction de son ministère, il lui revient de
s'assurer que le sous-ministre s'acquitte de ses obligations en vertu
de ces lois.
Le sous-ministre a également bon nombre d'autres
pouvoirs directs, à savoir :
- les obligations particulières imposées aux
sous-ministres par les politiques ou les directives du
Conseil du Trésor, en vertu de la Loi sur la gestion
des finances publiques (par exemple, les obligations
en matière de sécurité et de santé au travail en vertu
du Code canadien du travail);
- des pouvoirs découlant de décrets du Conseil pris en
vertu de la prérogative royale (p. ex. le pouvoir
d'effectuer des paiements à titre gracieux au nom de
la Couronne);
- les pouvoirs, tâches et fonctions que la common law
confère aux sous-ministres et aux autres
administrateurs généraux, et qui découlent de leurs
fonctions de gestion (p. ex. le pouvoir de définir les
qualités nécessaires pour tout poste au sein de leur
ministère).
Finalement, dans certains cas, des lois confèrent
spécifiquement à un sous-ministre en particulier l'autorité d'exercer
indépendamment des pouvoirs dans certains domaines. En général,
ces lois se rapportent aux ministères qui exercent des fonctions
réglementaires, dans des domaines tels que les douanes, les droits
d'accise et l'immigration, ou encore dans des domaines où il a été
jugé approprié d'isoler de toute intervention politique les décisions
à prendre . De plus, des lois peuvent également conférer des pouvoirs
à des fonctionnaires du ministère autres que le sous-ministre, par
exemple les agents des visas, les agents des pêches ou les inspecteurs
de la santé. Néanmoins, le sous-ministre a la responsabilité de
concilier l'exercice de ces pouvoirs dans le cadre de son obligation
globale de gérer le ministère et d'appuyer le ministre de façon
conforme avec le programme et la direction du gouvernement.
(i) Finances et biens publics
La Loi sur la gestion des finances publiques (LGFP)
autorise le Conseil du Trésor à établir des politiques, des directives,
des normes et des lignes directrices, y compris des règlements, sur la
gestion des finances et des biens publics. Les politiques du Conseil
du Trésor visent à faciliter l'atteinte des objectifs des programmes
dans le respect de la loi, à répondre aux besoins du Parlement en
matière de contrôle et de rapports et à assurer un usage efficace,
économique et prudent des ressources publiques. En vertu d'un
règlement, d'une politique ou d'une directive publiée selon les
pouvoirs que lui confère la LGFP, le Conseil du Trésor a confié des
fonctions et responsabilités considérables de gestion de fonds et de
biens publics aux administrateurs généraux, y compris aux
sous-ministres.
De plus, la LGFP donne au sous-ministre des pouvoirs
et responsabilités spécifiques quant à la gestion prudente des
ressources affectées à son ministère, qui doivent être exercés dans le
respect de certaines politiques, règles et normes, et faire l'objet d'une
vérification périodique. Les pouvoirs et responsabilités qui sont
spécifiquement attribués aux sous-ministres en matière de gestion
financière dans le cadre de la LGFP comprennent :
- au début de chaque exercice ou à tout autre moment
fixé par le Conseil du Trésor, préparer une répartition
du crédit ou du poste en affectation
(paragraphe 31(1));
- veiller, grâce à la mise en œuvre d'un système
adéquat de contrôles et de vérifications, à ce que les
affectations prévues dans une répartition approuvée
par le Conseil du Trésor ne soient pas dépassées
(paragraphe 31(3));
- établir des méthodes de contrôle et de
comptabilisation des engagements financiers
imputables sur le crédit ou le poste visé
(paragraphe 32(2));
- fournir les attestations nécessaires aux paiements
(article 34);
- tenir de bons inventaires des biens publics placés sous
la responsabilité de son ministère et se conformer aux
règlements du Conseil du Trésor régissant la garde et
le contrôle de ces biens (article 62).
(ii) Gestion du personnel
Une des principales fonctions des sous-ministres est
la gestion des ressources humaines. Ayant des responsabilités légales
et fonctionnelles, ils sont bien positionnés pour piloter la
transformation continue de la fonction publique en une institution
impartiale, nommée au mérite, représentative de la dualité
linguistique et de la diversité du pays, et adaptée aux besoins
d'aujourd'hui et de demain.
Les responsabilités portant sur la gestion du personnel
dans la fonction publique, dont les nominations, les relations entre
l'employeur et les employés et l'organisation des ministères, sont
attribuées directement à l'administrateur général plutôt qu'au
ministre. Ce sont le Conseil du Trésor et la Commission de la
fonction publique qui délèguent les pouvoirs en matière de gestion
des ressources humaines aux sous-ministres directement. Ces derniers
doivent se conformer aux politiques, aux directives, aux procédures
de rapport et d'examen, ainsi qu'aux normes établies par l'autorité
ayant délégué les pouvoirs. Il peut y avoir révision, abrogation ou
rétablissement des pouvoirs délégués. En plus de ces pouvoirs
délégués, certaines responsabilités relatives à la gestion du personnel
sont directement attribuées aux sous-ministres par la Loi sur l'emploi
dans la fonction publique (p. ex. renvoi pour un motif déterminé d'un
employé à l'essai [art. 28], mises à pied [art. 29] et mutations
[art. 34.1]).
La gestion efficace du ministère implique d'intégrer
minutieusement la planification de la gestion des ressources
humaines à celle des activités ministérielles. Il faut également que les
employés aient reçu la formation requise pour exercer les fonctions
qui leur sont attribuées, notamment en ce qui concerne les finances.
De la même façon, un sous-ministre doit veiller à ce que les pouvoirs
financiers soient adéquatement délégués et qu'on en rende compte,
et il doit renforcer la responsabilisation pour garantir une saine
gestion des ressources humaines, ce qui permettra de maintenir un
juste équilibre des compétences.
Bien que bon nombre de sous-ministres ne participent
pas aux négociations collectives, ils influencent beaucoup
l'interprétation journalière des conventions collectives par les
gestionnaires, et ils donnent le ton aux relations patronales-syndicales, lesquelles peuvent avoir une incidence appréciable sur la
qualité du service assuré par le ministère. Par exemple, en mettant sur
pied des comités de consultations patronales-syndicales ainsi qu'un
système de gestion informelle des conflits, les sous-ministres peuvent
favoriser le dialogue et la collaboration dans le cadre des activités du
ministère.
(iii)
Langues officielles
La Loi sur les langues officielles et la Charte des
droits et libertés obligent les ministères et organismes à offrir leurs
services dans les deux langues officielles. Le paragraphe 16(1) de la
Charte garantit que les employés fédéraux peuvent travailler dans la
langue officielle de leur choix, sous réserve de certaines limites. En
1973, le Parlement énonçait dans une résolution le principe de la
participation pleine et entière des deux groupes des langues
officielles au sein de la fonction publique.
Conformément à ces obligations et principes, c'est le
Conseil du Trésor qui est chargé d'élaborer les politiques et les
procédures nécessaires à l'atteinte des objectifs du gouvernement
dans ce domaine. La Loi sur les langues officielles attribue certains
pouvoirs au Conseil du Trésor et prévoit la délégation de ces
pouvoirs aux administrateurs généraux d'autres institutions fédérales,
dont les sous-ministres. La loi reconnaît en outre que le sous-ministre
a besoin d'être informé par le Commissaire aux langues officielles
des plaintes et des enquêtes concernant son ministère, ainsi que du
rôle qu'il a à jouer, à titre de gestionnaire du ministère, dans la
résolution des conflits. On s'attend à ce que'il favorise, par son
exemple et son action, une culture qui témoigne de l'engagement du
gouvernement d'utiliser les deux langues officielles dans le milieu de
travail et pour servir les Canadiens.
b)
Valeurs et éthique
Les Canadiens doivent pouvoir faire confiance à la
fonction publique. La promotion de valeurs et d'un code d'éthique
communs est particulièrement importante pour soutenir le rôle de la
fonction publique dans la gestion des ressources publiques. En 1996,
le Groupe de travail sur les valeurs et l'éthique dans la fonction
publique, composé de sous-ministres et dirigé par le regretté John
Tait, a aidé la fonction publique à mieux comprendre les défis
auxquels font face les ministères concernant la promotion de
décisions et d'initiatives fondées sur les valeurs. Son rapport, De
solides assises, a permis de redécouvrir les valeurs fondamentales qui
sous-tendent l'ensemble de la fonction publique :
Valeurs
démocratiques :
|
Aider les ministres, conformément à
la loi, à servir les intérêts de la
population.
|
Valeurs
professionnelles :
|
Servir les Canadiens et les
Canadiennes de façon efficace et non
partisane.
|
Valeurs morales :
|
Toujours agir de façon à ne pas trahir
la confiance de la population.
|
Valeurs humaines :
|
Faire preuve de respect, d'équité et de
courtoisie envers les citoyens et les
collègues.
|
Les qualités de chef du sous-ministre y sont
extrêmement sollicitées. Il doit montrer la voie afin que ses employés
et lui-même appuient et fassent valoir les valeurs et le code d'éthique
de la fonction publique. Le rôle premier des sous-ministres
concernant l'établissement d'une base solide dans les ministères
fédéraux est mis en lumière dans certaines politiques, notamment
dans le Code de valeurs et d'éthique de la fonction publique du
Conseil du Trésor concernant les valeurs et l'éthique et dans la
Politique sur la divulgation interne d'information concernant des
actes fautifs au travail. Les sous-ministres sont seuls responsables,
par leurs actions et leur comportement, de la protection des valeurs
de la fonction publique, et de leur intégration à toutes les activités,
par le moyen d'initiatives propres à leur culture et à leur organisation.
Puisqu'ils sont nommés par le gouverneur en conseil, les sous-ministres sont aussi personnellement assujettis au Code régissant la
conduite des titulaires de charge publique en ce qui concerne les
conflits d'intérêts et l'après-mandat, établi par le premier ministre.
3. La gestion du portefeuille
Chaque ministre est responsable d'un portefeuille
composé des organismes qui relèvent de lui ou d'elle. Le portefeuille
comprend le ministère chargé d'élaborer les lois et les politiques qui
seront adoptées et, souvent, de fournir des services aux Canadiens. Il
peut aussi comprendre :
- les organismes de service qui fournissent des services
publics dans le cadre stratégique et législatif établi par
le gouvernement en se fondant sur un plan
d'entreprise;
- les tribunaux administratifs qui entendent des appels
et prennent leurs décisions indépendamment du
gouvernement;
- les sociétés d'état qui fournissent des services
particuliers sur une base commerciale.
Chaque organisme est différent. Leurs mandats, leurs
structures organisationnelles et leurs rapports avec le ministre varient.
Les pouvoirs et les responsabilités des ministres à l'égard des
organismes de leur portefeuille varient en fonction de la loi
habilitante. Toutefois, ils fournissent tous des services aux Canadiens
et rendent compte à des ministres et, par l'entremise de ces derniers,
au Parlement.
Pour atteindre ses objectifs et servir efficacement les
Canadiens, le gouvernement doit élaborer et appliquer des politiques
et des programmes cohérents. Sur la base du rôle statutaire du
ministre, gérer un portefeuille, c'est veiller à ce que tous les
organismes travaillent ensemble le plus efficacement possible pour
appuyer leur ministre et le gouvernement. Le sous-ministre est chargé
de conseiller le ministre sur l'élaboration de politiques cohérentes et
la gestion du portefeuille ministériel.
Selon le portefeuille, le ministre peut attribuer des
responsabilités particulières au sous-ministre. En pareil cas, il
importe que le ministre précise aux chefs d'organisme ses attentes
concernant le rôle que doit jouer le sous-ministre en matière de
gestion du portefeuille. Ce rôle ne doit pas empiéter sur la
responsabilité des chefs d'organisme. Ceux-ci sont imputables
envers le ministre. De même, le statut indépendant des organismes,
sociétés d'état et tribunaux doit être respecté.
Comme les portefeuilles diffèrent, chaque sous-ministre devra élaborer une approche différente adaptée à la situation.
Il est utile que les ministres rencontrent régulièrement leur sous-ministre et leurs chefs d'organisme afin d'élaborer une orientation
commune, et afin de maintenir les communications nécessaires à une
gestion efficace du portefeuille.
4. Appuyer l'obligation ministérielle de rendre compte au
Parlement
L'une des responsabilités fondamentales du
sous-ministre est d'appuyer le ministre relativement à l'obligation qui
lui est faite de rendre des comptes au Parlement. Les sous-ministres
ne sont pas les premiers responsables de l'exercice des pouvoirs de
la Couronne et, par conséquent, leur relation avec le Parlement
diffère fondamentalement de celle des ministres. Le sous-ministre a
pour tâche d'aider son ministre à rendre des comptes en lui
fournissant l'information qui lui permet de s'expliquer au Parlement
quant à l'exercice des pouvoirs exécutifs (par exemple, des notes
documentaires pour se préparer à la période de questions quotidienne
de la Chambre des communes et du Sénat, des rapports ou autres
documents devant être déposés).
Les sous-ministres et d'autres fonctionnaires se
présentent devant les comités du Parlement au nom de leur ministre
afin de répondre aux questions sur le rendement de leur ministère ou
de fournir à cet égard des renseignements que le ministre ne pourrait
raisonnablement fournir lui-même en raison de certains détails ou du
niveau de complexité. Ils doivent souvent se présenter devant les
comités permanents chargés des dossiers liés au portefeuille de leur
ministre, et devant des comités législatifs ou spéciaux chargés
d'examiner certaines questions liées au portefeuille. Ils peuvent
également avoir à se présenter devant le Comité sénatorial permanent
des finances nationales ou devant d'autres comités du Sénat.
Il se peut que le sous-ministre, pour appuyer son
ministre à l'égard des travaux parlementaires sur les dépenses
publiques, doive expliquer aux comités du Parlement les politiques
et les actions de son ministère. Lorsqu'il est question, par exemple
des relations avec le Parlement en regard des politiques, des
programmes et des activités, il est important de faire une distinction
entre le rôle des ministres et celui des fonctionnaires au Parlement.
Les ministres sont responsables des questions qui relèvent du
domaine politique et partisan et doivent défendre les politiques
publiques devant le Parlement. Les sous-ministres et les
fonctionnaires ne défendent pas les politiques gouvernementales,
mais aident le ministre à fournir des explications et des informations
détaillées sur les politiques publiques. La fonction publique n'a pas
de voix ou d'identité distincte de celle de son ministre, mais elle n'a
pas non plus à rendre des comptes politiques comme le ministre.
Tenus à l'objectivité, les fonctionnaires n'ont pas à défendre les
décisions politiques qu'a prises le gouvernement ou à débattre de
controverses politiques. Si les choses fonctionnaient différemment,
on risquerait de voir se politiser une fonction publique
professionnelle et objective qui doit être au service du gouvernement
au pouvoir; on assisterait au déplacement de la responsabilité et du
pouvoir des ministres, qui sont élus démocratiquement, vers des
fonctionnaires qui sont simplement nommés.
Les sous-ministres et les autres hauts fonctionnaires
ont aussi l'obligation particulière de faire état des progrès réalisés par
le ministère, de ses activités et de son rendement. Cela comprend
notamment la gestion financière, l'exécution des programmes et la
prestation des services, ainsi que la gestion des ressources humaines.
Les sous-ministres doivent porter une attention particulière à cet
aspect de leur rôle et, lorsqu'on le leur demande, comparaître en
personne devant les comités parlementaires afin de rendre compte de
leur gestion du ministère. Ils doivent également s'assurer que leurs
fonctionnaires font de même.
Deux comités sont particulièrement importants en ce
qui a trait aux responsabilités du sous-ministre en matière de gestion
et d'administration : le Comité permanent des comptes publics et le
Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions
budgétaires. En général, le Comité permanent des comptes publics
agit en tant que vérificateur parlementaire de l'utilisation des crédits
budgétaires accordés au gouvernement par le Parlement. Il effectue
un examen rétroactif des comptes publics tout en s'efforçant de ne
pas s'immiscer dans l'administration courante. Il a aussi l'importante
tâche d'examiner les conclusions et les recommandations contenues
dans les rapports du vérificateur général, y compris la réponse du
ministère à ces recommandations. Depuis 1958, le président du
Comité a toujours été un membre de l'opposition. Le mandat du
Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions
budgétaires consiste entre autres à examiner l'efficacité, la gestion et
les opérations des ministères et des organismes centraux, ainsi qu'à
examiner certaines activités et dépenses des ministères et organismes,
de même que les programmes offerts par plus d'un ministère ou
organisme, et à en rendre compte. Les sous-ministres et les
fonctionnaires ministériels doivent s'assurer que leur participation est
coordonnée par le cabinet du ministre, qui est responsable des
relations avec le Parlement.
Lorsqu'ils comparaissent devant des comités de la
Chambre des communes ou du Sénat, les sous-ministres et les
fonctionnaires ont la responsabilité générale, aussi bien que
l'obligation légale, de tenir confidentiels certains types de
renseignements dont ils peuvent avoir connaissance dans l'exercice
de leurs fonctions, afin qu'ils puissent continuer à fournir des avis en
toute franchise et neutralité à leur ministre. L'exercice de cette
obligation et de ces responsabilités est soumis à l'application des lois,
et en particulier à l'obligation que le gouvernement peut avoir de
divulguer des renseignements au public en vertu de la Loi sur l'accès
à l'information, ou celle de protéger ces renseignements de la
divulgation en vertu d'autres lois, par exemple la Loi sur la
protection des renseignements personnels. Pour leur part, en vertu
d'une tradition parlementaire de longue date, le Parlement et ses
comités reconnaissent que la divulgation aux comités de
renseignements qui ne sont pas habituellement accessibles au public
doit être une décision qui relève des ministres, et qui est conforme
aux obligations statutaires.
Même si les comités parlementaires sont habilités à
interroger les témoins assermentés, les fonctionnaires ne prêtent
habituellement pas serment. Pour gérer une telle situation, le Bureau
du Conseil privé a élaboré quant aux réponses appropriées des lignes
directrices applicables à tous les fonctionnaires: Note sur les
responsabilités des fonctionnaires à l'égard des comités
parlementaires.
a)
Parlementaires et caucus parlementaires
Il est reconnu que des caucus de partis ou des groupes
parlementaires peuvent se rencontrer pour discuter de politiques, de
programmes ou d'activités du gouvernement. Comme il ne s'agit pas
de rencontres officielles du Parlement, ces caucus ou groupes ne
jouissent pas de ses privilèges et de ses pouvoirs. À l'occasion, on
demande aux sous-ministres et à d'autres hauts fonctionnaires, sous
l'autorité du ministre et à l'appui de sa responsabilité, de rencontrer
les représentants d'un caucus parlementaire, d'un comité de caucus
ou d'un groupe informel de parlementaires pour fournir des
explications objectives sur des programmes et des politiques du
gouvernement. Les représentants du caucus d'un parti peuvent aussi
communiquer directement avec les sous-ministres et les
fonctionnaires pour leur demander de tenir une séance d'information
sur une politique ou un programme. Ces derniers doivent s'assurer de
coordonner ces requêtes avec le cabinet de leur ministre.
Sous-ministres ou fonctionnaires ne doivent jamais
manifester de parti pris ni limiter les séances d'information au caucus
d'un parti donné. Comme il le fait quand il doit comparaître devant
un comité parlementaire, le sous-ministre renvoie au ministre toute
question de nature politique ou expression de désaccord sur une
politique gouvernementale. On ne s'attend pas en effet à ce qu'il
exprime des opinions ou tire des conclusions sur une politique
gouvernementale ou discute d'options à l'étude à moins que le
ministre ne l'y ait autorisé.
De telles rencontres sont habituellement informelles
et ne sont pas rapportées par les médias, mais sous-ministres et
fonctionnaires doivent être conscients que les parlementaires ne sont
pas tenus au secret et qu'il faut leur communiquer uniquement des
renseignements pouvant être rendus publics. Autrement dit, il est
interdit de leur communiquer des renseignements qui ne peuvent être
divulgués en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi
sur la protection des renseignements personnels.
Le processus législatif prévoit la tenue de séances
d'information après le dépôt de projets de loi du gouvernement. Ces
séances, qui sont organisées par le cabinet du ministre, doivent
toujours être offertes simultanément à tous les caucus de partis, en
même temps que celles auxquelles sont conviés les médias, ou avant.
Le document du Bureau du Conseil privé, Lois et règlements :
l'essentiel, contient d'autres détails à ce sujet.
Conscients de la responsabilité ministérielle et de
l'impartialité de la fonction publique, les sous-ministres doivent, de
concert avec les ministres et leur cabinet, s'efforcer de répondre aux
demandes d'information des députés et des sénateurs. Ils favorisent
ainsi la transparence au gouvernement et le respect du rôle essentiel
des députés de représenter leurs commettants en matière de
législation et de politiques gouvernementales.
5. Organismes fournissant des rapports au Parlement
Les sous-ministres doivent être disposés à fournir des
renseignements sur l'administration des programmes et des politiques
à certains organismes fournissant des rapports au Parlement quant
aux activités du gouvernement du Canada, par exemple, les agents du
Parlement qui fonctionnent indépendamment du reste du
gouvernement du Canada et dont le rôle principal est d'aider la
Chambre des communes à responsabiliser le gouvernement. Les
sous-ministres doivent s'assurer que leur ministère établit une
relation de travail respectueuse et constructive avec ces organismes,
et s'assurer que l'information requise pour remplir leurs mandats
législatifs est communiquée comme il convient. Le mandat et le
travail des organismes suivants touchent particulièrement de près le
sous-ministre dans son rôle de gestionnaire de ministère :
- la Commission canadienne des droits de la personne
qui, en vertu de la Loi sur l'équité en matière
d'emploi, procède à des vérifications chez les
employeurs;
- le vérificateur général, qui vérifie les comptes du
gouvernement du Canada et procède à des
vérifications et à des examens indépendants qui
fournissent des conseils objectifs et des garanties au
Parlement;
- le commissaire aux langues officielles, qui doit veiller
à l'égalité du statut du français et de l'anglais comme
langues officielles du Canada, ainsi qu'à la
conformité avec l'esprit et la lettre de la Loi sur les
langues officielles dans toutes les institutions
fédérales et tout le gouvernement du Canada;
- le commissaire à l'information et le commissaire à la
protection de la vie privée qui examinent les décisions
des institutions fédérales sur la communication de
renseignements en vertu de la Loi sur l'accès à
l'information et de la Loi sur la protection des
renseignements personnels.
III. Les obligations de rendre compte du sous-ministre
1. Obligations multiples de rendre compte
Le sous-ministre doit gérer une série d'obligations de
rendre compte à la fois multiples et complexes qui découlent des
divers pouvoirs, autorisations et responsabilités liés au poste. Il est
nommé par le gouverneur en conseil sur recommandation du premier
ministre pour appuyer un ministre dans l'exercice de sa responsabilité
ministérielle individuelle et collective. Ainsi, l'obligation de rendre
des comptes du sous-ministre correspond aux rôles et aux
responsabilités qui découlent de ses relations avec son ministre, le
premier ministre et l'ensemble du Conseil des ministres. Son travail
consiste donc à assurer que chacune de ces relations soit efficace et
harmonieuse, ainsi qu'à conseiller son ministre en ce qui a trait à sa
responsabilité ministérielle individuelle et collective. Simultanément,
le sous-ministre a l'obligation de rendre des comptes au premier
ministre, par l'entremise du greffier du Conseil privé.
Tel que noté dans l'ouvrage La responsabilité
constitutionnelle, cette relation triangulaire entre le premier ministre,
le ministre et le sous-ministre est très difficile à expliquer de façon
précise :
Le premier ministre coordonne les responsabilités
individuelles des ministres, pour en dégager
l'harmonie essentielle à la stabilité
gouvernementale... le fait que le premier ministre
nomme les sous-ministres leur rappelle ... la nécessité
d'embrasser d'un même coup d'œil toute l'activité du
gouvernement en même temps qu'il souligne l'intérêt
que les ministres, de par leur responsabilité
collective, et surtout le premier ministre, portent à
l'efficacité de la gestion de la fonction publique.
Les sous-ministres sont également comptables au
Conseil du Trésor et à la Commission de la fonction publique pour
les pouvoirs spécifiques qui leur ont été délégués ou conférés en
matière de gestion des finances et des ressources humaines.
Finalement, tel que noté dans la section intitulée « Les responsabilités
du sous-ministre » du présent guide, afin qu'ils exercent de façon
indépendante leur autorité dans certains domaines, certains sous-ministres peuvent se voir conférer des pouvoirs statutaires
particuliers, surtout dans le cas de ministères ayant des fonctions
réglementaires, par exemple, dans les douanes ou l'immigration.
Les nombreux rôles du sous-ministre sont
interdépendants et se recoupent souvent. Il revient au sous-ministre
de concilier ses obligations de rendre compte qui sous-tendent les
nombres rôles qu'il est appelé à jouer afin d'appuyer les
responsabilités individuelles et collectives du ministre. Cela doit être
fait en conformité avec le poste de fonctionnaire professionnel et
impartial du sous-ministre ainsi qu'avec son obligation de donner des
conseils spécialisés, objectifs et non partisans au ministre et au
gouvernement dans son ensemble.
Si un sous-ministre n'est pas en mesure d'atteindre ce
juste équilibre, il doit consulter le greffier du Conseil privé. Toute
question qui, selon lui, est suffisamment importante et qui pourrait
influer sur ses responsabilités, celles de son ministre ou le
programme ou la direction du gouvernement, nécessite également une
telle consultation du greffier.
2. Obligation de rendre compte au Premier ministre
Le premier ministre est responsable de l'unité et de la
direction du Conseil des ministres et des politiques
gouvernementales. Ainsi, comme on le note dans La responsabilité
constitutionnelle, « la loyauté suprême » du sous-ministre revient à
son ministre; celui-ci est, au sein du gouvernement fédéral, également
comptable envers le premier ministre, par l'entremise du greffier, afin
d'appuyer le ministre d'une façon qui est conforme au programme et
à la direction de l'ensemble du gouvernement. De cette façon, les
sous-ministres contribuent à maintenir l'unité du gouvernement.
a)
Le greffier du Conseil privé
Le greffier du Conseil privé, à titre de plus haut
conseiller auprès du premier ministre au sein de la fonction publique
et secrétaire du Cabinet, est la principale source de la fonction
publique auprès de laquelle le premier ministre peut obtenir des
conseils en matière de politiques et de gestion. Le greffier joue un
rôle clé au sein du gouvernement afin de dégager des consensus et
d'aider les sous-ministres à rendre leurs nombreux comptes.
Par exemple, à l'occasion, les vues du sous-ministre
quant à l'exercice des fonctions qui lui ont été explicitement
attribuées peuvent se révéler incompatibles avec les opinions du
ministre. Le cas échéant, il est absolument essentiel que le sous-ministre interprète correctement les responsabilités qui lui ont été
conférées directement par une loi. Il doit respecter ses obligations de
fournir des conseils impartiaux, professionnels et sincères au ministre
sur des questions de politiques et de programmes et sur une façon
prudente et adéquate de dépenser les fonds publics, ainsi que pour
bien soutenir les responsabilités collectives du Cabinet. S'il y a
mésentente entre le ministre et le sous-ministre concernant les
opérations du ministère et que ces derniers ne parviennent pas à la
résoudre, le sous-ministre soumettra la question au greffier du
Conseil privé.
Le ministre peut vouloir discuter d'un sujet qui le
préoccupe avec le greffier du Conseil privé avant de s'adresser au
premier ministre. Celui-ci intervient en dernier ressort pour régler
toute question qui empêche de concilier les responsabilités du sous-ministre, sur les conseils du greffier. Les sous-ministres devraient
également consulter celui-ci lorsque surviennent dans la gestion du
ministère ou du portefeuille des problèmes qui peuvent avoir une
incidence sur la capacité du Conseil des ministres en tant que
collectivité de maintenir la confiance de la Chambre des communes
et de faire avancer son programme législatif et politique. Dans de tels
cas, le sous-ministre peut également vouloir consulter le secrétaire du
Conseil du Trésor.
b)
Programme de gestion du rendement
L'évaluation du rendement des sous-ministres, liée à
l'obligation qu'ils ont de rendre des comptes, doit être faite dans le
cadre du Programme de gestion du rendement administré par le
greffier du Conseil privé. Les objectifs du Programme consistent :
- à favoriser l'excellence du rendement en
reconnaissant et en récompensant les personnes qui
atteignent des résultats correspondant aux plans
d'activités de l'organisation et aux objectifs
gouvernementaux, et qui démontrent leurs qualités de
leadership, leur attachement aux valeurs et leur sens
de l'éthique; et
- à établir un cadre permettant d'appliquer une
démarche cohérente et équitable en matière de gestion
du rendement.
Un accord de rendement est conclu entre le
sous-ministre et le greffier du Conseil privé en ce qui a trait à ce qui
est attendu du sous-ministre pour le cycle annuel de rendement.
L'accord comporte normalement les engagements clés liés au plan
d'activités et aux objectifs gouvernementaux, de même qu'à certaines
mesures de rendement. En outre, les sous-ministres sont chargés en
permanence de certaines fonctions, notamment de fournir un appui
de très grande qualité au ministre, au premier ministre et au Cabinet,
d'élaborer et mettre en œuvre de façon efficace et en temps opportun
des stratégies correspondant au programme du gouvernement, de
faire preuve de leadership en matière de gestion des ressources
humaines et financières, et de contribuer à l'atteinte des objectifs
globaux.
À la fin du cycle, le rendement est évalué en regard de
la réalisation des engagements convenus. Le greffier se renseigne sur
le rendement des sous-ministres et sous-ministres délégués auprès de
diverses sources, à savoir les ministres, le Comité de hauts
fonctionnaires, le Secrétariat du Conseil du Trésor et la haute
direction du Bureau du Conseil privé. En bout de ligne, une cote de
rendement est établie et une prime est ensuite approuvée par le
gouverneur en conseil.
3. Obligation de rendre compte au ministre
Dans le cadre de ses activités quotidiennes, c'est à son
ministre que le sous-ministre doit rendre des comptes. Cette
obligation ne peut exister sans qu'il soit fait référence à la
responsabilité des ministres devant le Parlement. Les sous-ministres
agissent au nom de leur ministre, exerçant les pouvoirs légaux de ces
derniers en leur nom et ayant un rôle à jouer en ce qui a trait au
contrôle et à la supervision des ressources financières, humaines et
autres du ministère. Ils doivent donc rendre des comptes à leur
ministre, mais peuvent également avoir à répondre aux comités du
Parlement, tel que noté dans la section intitulée « Appuyer
l'obligation ministérielle de rendre compte au Parlement » du présent
guide.
Cette obligation de rendre compte a des aspects à la
fois juridiques et administratifs, mais cela fait également partie d'une
relation très personnelle et professionnelle. Vu la nécessité pour le
ministre et le sous-ministre de former une équipe solidaire, la relation
peut aussi revêtir la forme d'un appel téléphonique spontané, de
renseignements donnés en route pour une réunion du Cabinet ou la
période de questions à la Chambre des communes. Comme les
députés tiennent le ministre responsable de toutes les activités de son
ministère, ce dernier doit pouvoir compter sur son sous-ministre pour
des conseils opportuns.
Comme le sous-ministre soutient les responsabilités
individuelles du ministre et joue un rôle particulier pour l'aider à
s'acquitter de la responsabilité collective du Conseil des ministres,
cette obligation du sous-ministre de rendre compte à son ministre
témoigne de :
- sa responsabilité envers le ministre pour les pouvoirs
qu'il exerce en son nom;
- son adhésion au principe de la responsabilité
collective qu'il démontre en assurant un appui
adéquat aux prises de position politiques du ministre
au chapitre des questions touchant le ministère ou le
gouvernement, et en veillant à ce que les politiques et
les programmes servent de complément aux objectifs
généraux du Conseil des ministres;
- sa responsabilité de veiller à ce que les pratiques de
gestion de l'ensemble du gouvernement soient
observées dans le but d'aider le Conseil des ministres
à pressentir le Parlement de manière collective dans
le cadre du Budget des dépenses et du processus
budgétaire, ainsi que de maintenir la confiance de la
Chambre des communes.
Le sous-ministre s'attache à entretenir une bonne
relation de travail avec le cabinet du ministre lorsqu'il est appelé à
fournir à celui-ci un appui complémentaire. Il convient toutefois de
rappeler que le personnel ministériel exclu n'est pas autorisé à donner
de directives aux fonctionnaires. Quand il demande de l'information
ou transmet les instructions du ministre, il passe normalement par le
sous-ministre.
4. Obligation de régler les erreurs administratives
Les ministres doivent être présents au Parlement pour
répondre aux questions concernant l'exercice de leurs pouvoirs, y
compris les erreurs administratives. Cependant, la responsabilité
ministérielle ne signifie pas que le ministre doive démissionner
aussitôt qu'une erreur est commise. Il est essentiel de prendre les
mesures nécessaires pour corriger les erreurs afin qu'elles ne se
reproduisent plus. Si un fonctionnaire fait une erreur, la
responsabilité du ministre est satisfaite s'il répond au Parlement de
l'erreur de son subordonné et met en œuvre les mesures correctives
requises, par exemple une mesure disciplinaire ou des changements
dans les processus de reddition de comptes et d'approbation.
Or, que se passe-t-il au niveau du sous-ministre
lorsque quelque chose fonctionne mal dans l'administration du
ministère? La responsabilité d'un sous-ministre n'est pas soumise aux
considérations politiques qui s'appliquent aux ministres, et elle ne
devrait pas l'être. Les dispositions suivantes devraient normalement
s'appliquer lorsqu'on examine de telles situations.
Tel que déjà mentionné, le ministre est comptable dans
le sens où il s'occupe des questions devant le Parlement et en accepte
la responsabilité. Le ministre dira au Parlement qu'une erreur s'est
produite, qu'il a enquêté sur la situation et pris des mesures afin que
cela ne se reproduise pas.
Le sous-ministre est responsable de l'efficacité de la
gestion de son ministère et doit rendre compte au ministre de ce qui
n'a pas fonctionné. Il doit aider le ministre à rechercher les causes, à
apporter les correctifs nécessaires et à régler tout problème
systémique qui aura été mis en relief. C'est au sous-ministre qu'il
incombe de s'attaquer ouvertement et directement aux problèmes et
d'améliorer les pratiques de gestion au sein du ministère. Il doit
établir les conditions qui favoriseront un climat d'apprentissage
permanent dans lequel les fonctionnaires s'efforceront d'atteindre à
l'excellence en gestion.
Dans son appui des responsabilités du ministre, le
sous-ministre peut très bien avoir à témoigner devant un comité
parlementaire pour expliquer ce qui n'a pas fonctionné. Il pourrait,
par exemple, dire : « Oui, une erreur a été commise. Je rends compte
au ministre et, avec son aide, j'ai réglé le problème ». Il pourrait
également ajouter devant le comité qu'une mesure disciplinaire a été
prise mais il ne nommerait pas les personnes concernées, même si
leur identité a déjà été révélée par les médias ou autrement. Il est
important à noter, toutefois, qu'en cas d'activités illégales, telle la
fraude, les sanctions seraient plus sévères que la simple discipline.
Le fait que les sous-ministres soient nommés en vertu
d'une recommandation du premier ministre témoigne de la
responsabilité qu'a celui-ci envers le rendement global du
gouvernement. En fin de compte, le premier ministre, grâce aux
conseils du greffier du Conseil privé, décidera si une quelconque
action est appropriée concernant la responsabilisation du sous-ministre.
5. Obligation de rendre compte au Conseil du Trésor et à
la Commission de la fonction publique
Le Conseil du Trésor est le conseil de gestion du
gouvernement. En vertu de la Loi sur la gestion des finances
publiques, le Conseil du Trésor agit au nom du Conseil privé de la
Reine pour le Canada à l'égard de toutes les questions liées à la
politique administrative, à la gestion financière, aux plans de
dépenses, aux programmes et aux priorités des ministères, à la
gestion du personnel et aux autres questions liées à une utilisation
prudente et efficace des ressources publiques dans le contexte des
objectifs que le gouvernement s'est fixés. Il se peut que le Conseil du
Trésor prenne des règlements et exige des rapports à cet égard.
Le sous-ministre a une obligation correspondante de
rendre des comptes au Conseil du Trésor, ainsi qu'à son ministre, en
vertu des responsabilités qui lui sont déléguées et de celles qui lui
sont assignées directement par la loi (p. ex. la Loi sur la gestion des
finances publiques et la Loi sur les langues officielles). L'obligation
qu'ont les sous-ministres de rendre compte au Conseil du Trésor sert
à assurer et à montrer, au besoin, que les ressources allouées aux
ministères sont bien gérées et sont employées à atteindre les résultats
dans le cadre des priorités déterminées par le ministre, le
gouvernement dans sa globalité ou la loi, et que ces résultats sont en
réalité atteints pour les Canadiens. Cette obligation va des moyens
concrets d'atteindre les objectifs généraux aux obligations
particulières découlant de la loi ou des politiques du Conseil du
Trésor. Dans la pratique, les sous-ministres s'acquittent souvent de
leur responsabilité envers cet organisme central par l'entremise du
Secrétaire du Conseil du Trésor et en lui présentant des rapports et en
travaillant avec son secrétariat. En plus de ces obligations spécifiques
de rendre compte, le sous-ministre demeure comptable envers son
ministre de la gestion globale du ministère.
De plus, le sous-ministre doit rendre compte à la
Commission de la fonction publique de l'exercice des pouvoirs et des
tâches que la Commission lui attribue, ainsi que des pouvoirs et des
tâches qui lui sont conférés en vertu de la Loi sur l'emploi dans la
fonction publique.
Les sous-ministres doivent rendre compte au conseil
de gestion du gouvernement et au secrétaire du Conseil du Trésor de
la capacité de gestion globale et de la performance de leur ministère.
Pour permettre de gérer cette responsabilisation et pour examiner
plus efficacement les résultats globaux de la gestion et du rendement,
le Secrétariat du Conseil du Trésor utilisent un Cadre de responsabilisation
de gestion pour la fonction publique. Ce cadre, illustré par les
figures 1 et 2, comprend la capacité de gestion et des indicateurs de
rendement.
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Figure 1 |
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Figure 2 |
Cadre de
responsabilisation de gestion (Conseil du Trésor)
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