Lignes directrices pour la préparation des
réponses du gouvernement aux rapports des comités parlementaires
Mai 2005
Introduction
Les réponses du gouvernement aux rapports des comités parlementaires sont
pour lui un moyen clé de rendre des comptes au Parlement. Ces réponses lui
permettent de prendre connaissance des questions soulevées par les comités et
d’exprimer sa position sur des questions d’orientation et de programme. Les
réponses du gouvernement servent donc une fonction importante de notre système
parlementaire et exigent l’attention des ministres et des fonctionnaires.
Le présent document renferme les procédures que doivent suivre les
fonctionnaires lorsqu’ils préparent une réponse globale du gouvernement au
rapport d’un comité, et expose les principales étapes qui mènent au dépôt
de la réponse au Parlement.
Réponses aux rapports des
comités de la Chambre des communes
À la suite des recommandations du rapport Lefebvre (comité spécial, 1982),
le Règlement de la Chambre des communes a été modifié afin de permettre aux
comités permanents et aux comités spéciaux de demander au gouvernement une
réponse globale à leurs rapports. L’article 109 du Règlement stipule
que :
« Dans les 120 jours qui suivent la présentation d'un rapport d'un
comité permanent ou spécial, le gouvernement dépose, à la demande du
comité, une réponse globale et, lorsqu’une telle réponse est demandée,
aucune motion portant adoption du rapport ne peut être proposée jusqu’à ce
qu’une réponse globale n’ait été déposée ou jusqu’à l’expiration
de ladite période de 120 jours. »
Réponses aux rapports des
comités du Sénat
Le 3 juin 2003, le Sénat a adopté le septième rapport du Comité permanent
du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement concernant le dépôt
d’une réponse du gouvernement aux rapports présentés par les comités du
Sénat dans un délai de 150 jours civils. Les directives suivantes ont
été ajoutées à l’article 131 du Règlement
du Sénat :
« (2) Le Sénat peut demander au gouvernement d’apporter une réponse
complète et détaillée au rapport d’un comité particulier qui a été
adopté par le Sénat, si le rapport ou la motion d’adoption du rapport
contient une telle demande ou si une motion à cet effet est adoptée après l’adoption
du rapport. »
(3) Lorsque le Sénat adopte un rapport ou une motion aux termes du
paragraphe (2), le greffier communique immédiatement la demande et remet une
copie du rapport au leader du gouvernement [c’est-à-dire le leader du
gouvernement au Sénat] et à chaque ministre expressément désigné dans le
rapport ou la motion comme chargé de répondre au rapport; dans les cent
cinquante jours civils suivant l’adoption du rapport ou de la motion, le
leader du gouvernement dépose la réponse du gouvernement ou explique au Sénat
pourquoi il ne lui est pas possible de le faire.
(4) Lorsque le Sénat adopte une motion ou un rapport aux termes du
paragraphe (2), le rapport du comité particulier ainsi que la réponse du
gouvernement ou, s’il n’y en a pas, l’explication du leader du
gouvernement au Sénat, ou encore l’absence de réponse ou d’explication,
sont réputés renvoyés au comité particulier cent cinquante jours civils
après l’adoption du rapport. »
Ces changements offrent au Sénat une base concrète pour donner suite aux
réponses du gouvernement aux rapports des comités sénatoriaux.
Définition de réponse globale du
gouvernement
Le Règlement de la Chambre exige que le gouvernement présente une réponse
globale, mais sans en préciser la nature. À maintes reprises, la présidence a
refusé de se prononcer sur la définition du caractère global de la réponse
du gouvernement et a déclaré que la nature de la réponse devait être
laissée à la discrétion de ce dernier. Cela dit, il est manifestement dans l’intérêt
du gouvernement, du Parlement et du public, de demander des réponses à l’ensemble
des questions soulevées dans les rapports.
Les exigences du Sénat sont semblables, en ce sens que le gouvernement est
tenu de déposer une réponse globale au rapport d’un comité, bien que, comme
à la Chambre des communes, la nature même de la réponse soit laissée à sa
discrétion.
Il y a plusieurs façons de répondre à un rapport d’un comité permanent,
bien qu’on ait généralement recours à la première approche :
- Le gouvernement fournit une réponse
étoffée à chaque recommandation
ou à une série de recommandations sur un même thème.
- Le gouvernement fait une annonce générale
sur la question traitée dans le rapport. Il pourrait s’agir, par exemple,
d’actions législatives ou de nouveaux programmes. Dans une lettre
adressée au président du comité, on indique que cette annonce tient lieu
de réponse « globale », sans répondre à chaque recommandation
séparément. La lettre peut aussi reprendre les principaux points du
rapport du comité et la façon dont ceux-ci sont abordés dans l’annonce
générale.
- Lorsqu'un comité parlementaire doit formuler d'autres recommandations
sur le même sujet dans un avenir rapproché, le gouvernement dépose une réponse
provisoire qui traite des points
soulevés par le comité.
Responsabilité ministérielle
Les fonctionnaires doivent seconder les ministres et leurs cabinets, de même
que le Bureau du Conseil privé (BCP), lorsqu’ils sont appelés à répondre
aux rapports des comités. Il leur faut notamment prendre connaissance des
délibérations des comités parlementaires au cas où une réponse demandée
devrait provenir de leur ministère.
Après le dépôt en Chambre d'un rapport, ou l’adoption au Sénat d’un
rapport ou d’une motion distincte demandant une réponse du gouvernement, le
BCP rédige une lettre à l’intention du sous-ministre du ou des ministères
concernés. Dans certains cas, la réponse est préparée conjointement par deux
ou trois ministères, mais en général, un seul ministère est responsable de
la coordination et du dépôt de la réponse. Un agent d’un secrétariat du
BCP servira de personne-ressource auprès du ministère et aidera les
fonctionnaires du ministère compétent à préparer la réponse pour que le
comité du Cabinet l'étudie en temps opportun. Il pourra aussi les conseiller
sur la nature et la teneur de la réponse.
Le Secrétariat de la législation et de la planification parlementaire (BCP)
suit de près les rapports des comités parlementaires qui appellent une
réponse globale du gouvernement. On peut le consulter pour toute question
concernant la préparation et le dépôt d’une réponse. Les cabinets des
ministres peuvent aussi demander conseil au cabinet du leader du gouvernement à
la Chambre ou au leader du gouvernement au Sénat.
Mémoires au Cabinet
Le projet de réponse globale est présenté au comité du Cabinet compétent
accompagné d’un mémoire au Cabinet (MC). Le MC doit fournir aux ministres
les grandes lignes du projet de réponse et indiquer clairement dans quelle
mesure et pour quelles raisons celle-ci donne suite aux recommandations du
comité parlementaire.
Le projet de réponse proposé est
joint en annexe au MC et, à ce titre, demeure un document confidentiel du
Cabinet tant que la réponse n’a pas été déposée.
Doit également être annexée au MC une lettre demandant qu’une copie de la
réponse, signée par le ou les ministres compétents, soit envoyée au
président du comité.
Le MC doit être soumis à l'examen du comité du Cabinet au moins
20 jours avant la date de dépôt prévue. Le Service du système des
dossiers du Cabinet (BCP) doit recevoir le MC au moins sept jours avant le
début de l’examen du Cabinet (c’est-à-dire 27 jours avant l’écoulement
du délai de 120 jours à la Chambre des communes ou du délai de
150 jours au Sénat.) Les ministres voudront bien prendre en considération
les réunions intermittentes des comités du Cabinet durant les périodes où le
Parlement ne siège pas, la réponse devant alors être déposée plusieurs
semaines avant le délai proposé à la page suivante. Si la réponse risque de
prêter à controverse, il faudrait prévoir davantage de temps pour l’examen.
La réponse du gouvernement, telle qu’approuvée par le Cabinet, sera le
document que le ministre présentera à la Chambre des communes ou que le
ministre ou le leader du gouvernement au Sénat présentera à la Chambre haute.
Respect des délais
À la Chambre des communes, la période de 120 jours civils pour le dépôt
de la réponse débute le lendemain du jour où le comité dépose son rapport.
Quand un comité parlementaire sollicite une réponse globale du gouvernement,
le président peut en informer la Chambre au moment du dépôt du rapport. En
plus d’être inscrite dans les Journaux pour ce jour précis, la
demande figure au site Internet parlementaire sous la rubrique « Travaux
des comités ». L'ajournement ou la prorogation du Parlement ne change pas
le délai fixé pour répondre à un rapport d’un comité de la Chambre de
communes. Par contre, la dissolution du Parlement met fin immédiatement à l’obligation
de répondre aux rapports des comités.
Les conséquences du non-respect du délai sont sérieuses (cela constitue un
outrage aux règlements d’une chambre du Parlement). Dans une décision rendue
le 19 avril 1993, le Président de la Chambre a conclu à une violation de
privilège prima facie, un décret et une réponse gouvernementale
n'ayant pas été déposés à la Chambre au moment prévu.
Au Sénat, le délai de 150 jours est calculé à partir non pas du dépôt
du rapport, mais du moment où la demande est formulée dans un rapport ou une
motion adoptée par ses membres. Même si l’ajournement des travaux n’a
aucune incidence sur l’échéance du dépôt de la réponse, la prorogation ou
la dissolution de la législature annule immédiatement l’obligation de
répondre aux rapports des comités du Sénat. Ce dernier peut cependant, après
la prorogation, renouveler sa demande.
Le gouvernement devrait faire tous les efforts nécessaires pour déposer sa
réponse au Sénat avant la fin du délai de 150 jours. L’article 131 du Règlement
du Sénat établit les conséquences qu’entraîne
le non-respect du délai prescrit. Le paragraphe 131(3) indique que le leader du
gouvernement au Sénat doit « dans les cent cinquante jours civils de l’adoption
du rapport ou de la motion, dépose[r] la réponse du gouvernement ou
explique[r] au Sénat pourquoi il ne lui est pas possible de le faire ».
Son explication sera ensuite transmise au comité qui a rédigé le rapport. En
pareil cas, les ministères fourniront l’explication nécessaire et, au
besoin, apporteront leur soutien, au leader du gouvernement au Sénat. Si ce
dernier ne donne pas d’explication, l’affaire est réputée, selon le
paragraphe 131(4), renvoyée au comité concerné. L’une des conséquences
possibles d’un renvoi automatique est la formulation d’une recommandation au
Sénat que le ministre en question soit jugé coupable d’outrage.
Voici les principales étapes de la préparation d’une réponse du
gouvernement et les échéances correspondantes suggérées :
Étape |
Délai
(nombre de jours civils
après
le dépôt du rapport du comité)
Chambre des communes |
Délai
(nombre de jours civils
après
le dépôt du rapport du comité)
Sénat |
Élaboration et approbation du MC et de la réponse par le
ministère et le ministre* |
1 - 90 jours |
1 - 110 jours |
Envoi du MC définitif signé au BCP* |
7 jours avant l’examen du comité du Cabinet |
7 jours avant l’examen du comité du Cabinet |
Examen du comité du Cabinet |
100 jours, tout au plus |
130 jours, tout au plus |
Examen du Cabinet |
100 - 120 jours |
130 - 150 jours |
Dépôt de la réponse du gouvernement |
120 jours, tout au plus |
150 jours, tout au plus |
* Le BCP doit participer à l’étape de l’élaboration et tout au
long du processus du MC
Procédure à suivre pour le
dépôt d'une réponse globale
à la Chambre des communes
Après l’approbation du Cabinet, le ministre concerné doit déposer la
réponse du gouvernement à la Chambre des communes. Quand la Chambre siège,
il y a deux façons de procéder :
- La réponse est déposée
directement à la Chambre. Le ministre
concerné, ou son secrétaire parlementaire, la dépose en deux exemplaires,
dans les deux langues officielles, au cours de la période consacrée aux
affaires courantes, en vertu du paragraphe 32(2) du Règlement.
- Le ministre remet directement au greffier de la Chambre la
réponse, accompagnée d’une lettre signée par lui, conformément au
paragraphe 32(1) du Règlement, sans déposer de documents durant la
période consacrée aux affaires courantes (mode de dépôt dit « en
catimini »). En général, on opte de préférence pour le dépôt
« en catimini », puisqu’il ne nécessite aucune intervention en
Chambre.
Dans le cas où la Chambre ne
siégerait pas à la date prévue pour le dépôt :
- Deux exemplaires de la réponse, dans les deux langues officielles,
sont envoyés directement au
greffier de la Chambre, le mercredi qui suit le quinzième jour du mois. Tous
les efforts doivent être faits pour déposer la réponse avant l’expiration
des 120 jours, car la Chambre étant appelée à siéger en tout temps, on
pourrait considérer une réponse qui est entre les mains du greffier comme
ayant été déposée en catimini le jour de la reprise des travaux. Dans le cas
où la Chambre ne siège pas et où le document est déposé le mercredi suivant
le quinzième jour du mois, il sera inscrit dans les Journaux de la
Chambre le lendemain du mercredi en question.
- Dans le cas où la Chambre ne siège pas, par respect pour la Chambre,
le ministre doit également garder le document confidentiel jusqu'à ce qu'il
soit reçu au bureau du greffier. Une fois déposée auprès du greffier, la
réponse peut être rendue publique, mais on doit en faire parvenir copie,
accompagnée d’une lettre du Ministre, aux porte-parole des critiques de l’opposition
afin de les informer du dépôt de la réponse et du fait qu’elle ne figure
pas encore dans les Journaux de la Chambre, et qu’elle est rendue
publique immédiatement.
Si le Parlement a été prorogé
le jour prévu pour le dépôt, la
réponse doit être déposée le premier jour de la nouvelle session
parlementaire.
Procédure à suivre pour le
dépôt d’une réponse globale au Sénat
Après que la réponse du gouvernement a été approuvée par le Cabinet,
elle est déposée au Sénat. Deux possibilités
s’offrent lorsque le Sénat siège.
- La réponse est déposée
directement au Sénat. Le leader ou le
leader adjoint du gouvernement au Sénat la dépose en deux exemplaires, dans
les deux langues officielles, au cours de la période réservée aux affaires
courantes et ordinaires.
- La réponse est remise directement au greffier du Sénat,
accompagnée d’une lettre signée par
le leader du gouvernement au Sénat, conformément au paragraphe 28(1), sans
déposer de documents durant la période consacrée aux affaires courantes. En
général, on opte de préférence pour le dépôt « en catimini »,
puisqu’il ne nécessite aucune intervention en Chambre.
Dans le cas où le Sénat ne
siégerait pas à la date prévue pour le dépôt,
la procédure suivante s’applique :
- Deux exemplaires de la réponse globale du gouvernement, dans les deux
langues officielles, sont envoyées
directement au greffier du Sénat le jour du dépôt.
- Lorsque le Parlement ne siège pas, par respect pour le Sénat, le
ministre doit garder le document confidentiel jusqu’à ce qu’il soit reçu
au bureau du greffier. Une fois déposée auprès du greffier, la réponse peut
être rendue publique, mais on doit en faire parvenir copie, accompagnée d’une
lettre du ministre, au porte-parole des critiques de l’opposition afin de les
informer du dépôt de la réponse et du fait qu’elle ne figure pas encore
dans les Journaux du Sénat, et qu’elle est rendue publique
immédiatement.
Distribution de la réponse
Quelle que soit la méthode de dépôt choisie :
- la réponse est un
document confidentiel du Cabinet jusqu’à ce qu’elle soit déposée
ou présentée au greffier, conformément aux modalités énoncées plus haut;
- par respect pour le Parlement, le rapport ne doit pas être
rendu public avant son dépôt;
- le ministre doit envoyer la lettre originale avec la réponse
au président du comité parlementaire au début de la matinée du jour où la
réponse est déposée. On pourra
également fournir des copies additionnelles aux membres du comité, avec l’aide
du greffier au besoin;
- une fois que la réponse du gouvernement est déposée, les
fonctionnaires doivent s’assurer que tous les parlementaires (c’est-à-dire
les députés et les sénateurs) et le personnel parlementaire ont rapidement
accès à la réponse et que cet accès est le même pour tous.
Il faut prévoir environ 500 copies de la réponse du gouvernement. Le
superviseur des services de distribution du Parlement aidera les ministères à
coordonner la distribution générale par le système postal du Parlement.
Communications
Selon la réponse du gouvernement, on peut recourir à des activités de
communication après le dépôt au Sénat ou à la Chambre. Il arrive que la
direction des communications de certains ministères veuille émettre un
communiqué, organiser un événement médiatique pour le ministre ou son
secrétaire parlementaire, ou encore informer les caucus du gouvernement et de l’opposition.
Encore une fois, les fonctionnaires doivent s’assurer que tous les
parlementaires ont rapidement accès
aux documents et aux événements organisés, et que cet accès est le même
pour tous.
Conclusion
Dans le système parlementaire canadien, les ministres sont responsables
devant le Parlement, tant individuellement que collectivement, pour les
politiques, les programmes et les activités du gouvernement. Les fonctionnaires
secondent les ministres dans l’exercice de leurs fonctions parlementaires. Par
conséquent, on devrait accorder une attention particulière à la préparation
des réponses afin de veiller à ce que, dans tous les cas, le gouvernement
dépose une réponse globale rédigée dans l’esprit de l’article 131 du Règlement
du Sénat ou de l’article 109 du Règlement
de la Chambre.
Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec le Secrétariat
de la législation et de la planification parlementaire/conseiller (BCP) au
947-3638.
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